Histoire et société


Histoire de l'étude des astres

Pratique savante ancienne

Très tôt les hommes se sont intéressés au ciel, et ont noté les déplacements de certains astres : ils ont ainsi remarqué qu’il y avait une relation étroite entre les mouvements du Soleil et les saisons, entre la Lune et d’autres phénomènes, marées, éclipses... L'étude des astres est une pratique savante extrêmement ancienne et les hommes de science étaient à la fois astronomes et l’astrologues, mus par des impératifs agricoles et religieux.

Cette pratique n'a cessé de se développer et de se transformer, d'évoluer en fonction des découvertes astronomiques et des mentalités ; de l'utilisation de méthodes expérimentales et rationnelles.

Les astres commandaient ce qui se passe sur Terre. De là à penser qu’ils devaient aussi influer sur la vie des Hommes, il n’y avait qu’un pas, franchi somme toute très logiquement. On pouvait donc, en connaissant, mais à l’avance (ce qui est plus compliqué) le cours des astres, faire des prédictions et sonder l'avenir.

L’astrologie était pratiquée en Mésopotamie vers 2500 av. JC. Les premières traces écrites datent de 1800 ou 1700 av. JC. Il s’agit d’abord de prédictions générales ou politiques, c’est l’astrologie naturelle. Vers le 3ème siècle av. JC. (mais il est probable qu’elles se sont perdues plus facilement) on voit apparaître des prédictions individuelles. C’est l’astrologie judiciaire.

Les étoiles du zodiaque observées par Ptolémée
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Crédit : Observatoire de Paris
Etoiles du zodiaque observées par Ptolémée
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Crédit : Observatoire de Paris

Notons que dès cette époque, des astronomes, comme Eudoxe de Cnide (vers 406-355) s’opposaient à l’astrologie. Aristote (384-322) a été pour beaucoup dans le développement de l’astrologie. Mais c'est surtout Ptolémée (vers 100-vers 170) qui va la codifier dans son Tetrabiblon, dont beaucoup d’astrologues se réclament encore.

Eudoxe de Cnide
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Crédit : Larousse.fr

De l'antiquité au 17ème siècle

L'astrologie dans l'antiquité

L’astrologie est d’abord très répandue à Rome où Tacite, par exemple, considérait qu’elle était dûment prouvée, et attribuait ses erreurs à l’incompétence de certains astrologues (superbe cercle vicieux), mais aussi dans les pays arabes, et en Occident chrétien.

L'astrologie du Moyen-Age au 17eme siècle

Par contre le Haut Moyen Age marque un reflux très net pendant près de 500 ans de l'importance de l'astrologie ; mais elle repart de plus belle vers le 12ème siècle, comme l’alchimie et pour les mêmes raisons : la redécouverte des grandes œuvres de l’Antiquité.

Tycho Brahé
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Tycho Brahé
Crédit : Observatoire de Paris

S’ouvre alors un âge d’or, jusqu’au 17ème siècle. Les rois ont leur astrologue, l’astrologie est enseignée à la faculté. Des astronomes dont la contribution reste monumentale ont calculé, voire vendu, des horoscopes. Tycho Brahé, excellent observateur (1546-1601) mélange allègrement astronomie et astrologie. Il s’élève contre les astrologues qui se basent sur des calculs astronomiquement erronés. Il voulait « débarrasser l’astrologie de l’erreur et de la superstition (sic), afin d’obtenir un meilleur accord entre elle et l’expérience ». Képler, son disciple, découvrira les lois du mouvement des planètes à partir des observations de Tycho Brahé, mais il vendait des horoscopes, sans conviction toutefois, comme en atteste cette citation :

« De quoi vous plaignez-vous si une fille que vous jugez folle soutient et nourrit une mère sage mais pauvre ? […] Si l’on n’avait eu le crédule espoir de lire l’avenir dans le ciel, auriez-vous jamais été assez sage pour étudier l’astronomie pour elle-même ? ».

Un autre exemple qui montre que l'astrologie était un moyen de subvenir au besoin du savant de l'époque : en mai 1718, à 30 ans, Joseph Delisle, astronome français, sollicite de Réaumur, pour pouvoir vivre, la chaire du Collège Royal (Collège de France) :

« je me trouve réduit, si j’ose le dire, à calculer pour l’astrologie judiciaire et ainsi à prostituer l’Astronomie à des recherches pour lesquelles j’ai un souverain mépris ».


La révolution copernicienne

L'astrologie trouve naturellement sa place dans le monde de Ptolémée, à l'époque du géocentrisme, où :

Quatres représentations du Monde: Ptolémée, Tycho Brahé, Copernic et Descartes
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Les quatres visions du monde
Crédit : Observatoire de Paris

Au 16ème siècle, Copernic propose un monde centré sur le Soleil. Cette théorie, l'héliocentrisme, mettra très longtemps à être admise. Cette réticence à admettre que l'homme n'est pas au centre du monde ira jusqu'à pousser Tycho Brahé à proposer une théorie qui garde la Terre au centre du monde et fait tourner les autres planètes autour du Soleil qui, lui-même, tourne autour de la Terre.

Aristote, Ptolémée et (le jeune) Copernic
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Aristote, Ptolémée et (le jeune) Copernic
Crédit : Observatoire de Paris

La révolution galiléenne

Galilée
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Galilée
Crédit : Observatoire de Paris

Galilée, physicien et astronome du XVII èm sièvle, va découvrir que des satellites tournent autour de Jupiter et qu'il y a des taches sur le Soleil. Les corps célestes ne sont pas parfaits. Quand Newton découvre la gravité, on découvre que les corps célestes obéissent à la même loi que celle qui gouverne la chute des corps sur Terre.

À la fin du 17ème siècle, seuls la Grande Bretagne, la France, les Pays-Bas et le Danemark acceptent la théorie copernicienne. Il faudra encore un siècle pour que le reste de l'Europe admette que la Terre n'est pas au centre du monde. L'église ne l'admettra qu'au début du 19ème siècle.

Satellites de Jupiter
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Observation des satellites de Jupiter par Galilée
Crédit : Observatoire de Paris
Taches solaires observées par Galilée
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Tâches à la surface du Soleil observées par Galilée

Aujourd'hui

journal d'astrologie
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Journal d'astrologie de janvier 2007

L'astrologie était répréhensible en vertu de la loi du code pénal de 1832… Cette loi a été abrogée en 1994. Cette utilisation commerciale débridée profite aux astrologues et à l'État (de l'ordre d'un milliard d'euros d'impôts par an, auxquels s'ajoutent les recettes de l'exploitation directe par la Française des Jeux de loteries du type Astro-Loto).

L'astrologie se diversifie avec les horoscopes chinois ou tibétains mais garde une notoriété que n'ont pas les autres parasciences.

Une explication de cette force est la précision des éphémérides astronomiques. Comme le dit un site astrologique : "La grande force de l’astrologie horoscopique est de pouvoir dessiner le passé, expliquer le présent et anticiper l’avenir en se basant sur la position des astres à un instant donné. Une position passée peut être retrouvée et une position future peut être calculée, ouvrant ainsi la voie à des interprétations valables pour chaque être humain, quel que soit la période de sa vie que l’on étudie".


L'astrologie et les religions

Les religions contre l'astrologie

Jérémie
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le prophète Jérémie (La Maesta de Duccio, Sienne, musée de l'Oeuvre du Dôme)
Crédit : DP

Malgré les arguties des théologiens, c’est un problème de concilier l'omniscience divine et le libre arbitre de l’homme. La doctrine astrologique, selon laquelle c’est le cours des astres qui va déterminer l’avenir, n’arrange rien ! Elle porte en elle la menace du fatalisme, qui dégage la responsabilité de l’homme.

Vers 600 avant JC déjà le prophète Jérémie (10,2) conseille : « Ne redoutez pas les signes du ciel, que craignent les nations ». L’astrologie est interdite par le concile de Laodicée en 381, à nouveau par celui de Tolède en 447, par celui de Braga en 560, puis plusieurs fois encore, ce qui prouve qu’elle avait la vie dure. Quand les écrits d’Aristote arrivent en Europe au début du 13ème siècle, l’Eglise en interdit la lecture. Mais ensuite il sera au contraire vénéré, et son autorité reconnue, depuis le 13ème siècle environ, jusqu’à Copernic et Galilée. En fait, un seul astrologue sera brûlé, Cecco d’Ascoli, en 1327.

Une échappatoire habile consiste à distinguer l’homme du reste de la création. Pour Albert le Grand (vers 1200-1280) et son disciple St Thomas d’Aquin (1228-1274) les événements terrestres sont commandés par les astres, mais pas le destin individuel de l’homme, qui « peut toujours agir, sous l’empire de la raison, contre l’inclination produite par les corps célestes ». En conséquence ils distinguent deux astrologies, l’une permise (l’astrologie naturelle), l’autre interdite (l’astrologie judiciaire).

Képler, lui, dit « qu’il faut distinguer ces effets des astres, qui sont généraux, de ce qui serait interventions dans les affaires individuelles des humains ». Notons que la position de l’Islam est assez voisine.

En tous cas l’Eglise a toujours vu l’astrologie d’un mauvais œil, et son action a été sans doute plus efficace que celle des scientifiques.


Diversité culturelle

Les zodiaques d'autres pays

Toutes les civilisations ont regardé le ciel, établi des calendriers et cherché des réponses aux questions existentielles dans les mouvements des astres. Les représentations des zodiaques frappent toujours par leur beauté et souvent par la présence d'animaux mythologiques.

Egypte, zodiaque de Denderah
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Zodiaque de Denderah, exposé au Louvre
Crédit : Louvre - DP
Denderah Antoniadi
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Notes graphiques d'Antoniadi sur le zodiaque circulaire de Dendérah, découvert par le Général Desaix lors de la campagne d'Égypte et ramené par la suite au musée du Louvre
Crédit : Fonds Antoniadi - Bibliothèque/Observatoire de Paris
monde Arabo Musulman
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Zodiaque arabo-Musulman du 13ème siècle
Crédit : DP
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Représentation de l'astrologie/l'astronomie/la géomancie dans le monde Arabo-Mulsulman, date?
Crédit : DP
Carte des étoiles - Chine
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Carte du ciel chinoise. date?
Crédit : DP
Maya
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Zodiaque Maya. date?
Crédit : DP
Calendrier Aztèque
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Calendrier divinatoire sacré Aztèque. date?
Crédit : DP
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Mosaïque du 6ème siècle, synagogue de Beit Alpha, Israël.
Crédit : DP

Cette mosaïque de la synagogue de Beit Alpha, Israël, date du 6ème siècle. On y voit les signes du zodiaque autour du chariot central du Soleil (un motif grec). Aux quatre coins, les piliers" ("tekufot") de l'année, solstices et équinoxes, chacun dans le mois de son arrivée : tekufah deTishrey, (tekufah deTevet), tekufah deNi(san), tekufah deTamuz


La société face à l'astrologie

Qui croit en l'astrologie?

Eh bien, madame Ispanin, il y en eut de la bagarre entre Jupter et Uranus à votre sujet, cette semaine!
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Crédit : Sempé

Depuis les années 1930, l’astrologie connaît un renouveau dans les media et dans le monde politique. Elle bénéficie d’une croyance répandue dans le public, révélée par des enquêtes où :

Cinq études menées entre 1982 et 2000 montrent une régularité dans l'audience des parasciences : les femmes, les jeunes, les personnes qui croient en un au-delà après la mort sont plus enclins à déclarer des croyances dans l'astrologie et les parasciences. Une attitude sceptique n’est pas le privilège de ceux ont accès à l'instruction. Cette croyance augmente en fait chez les personnes qui manifestent un intérêt déclaré pour la science, mais qui n'ont pas fait d'études scientifiques. Elle est maximale chez les personnes ayant un niveau d’éducation moyen, puis décroît chez ceux qui ont suivi des études supérieures. Elle est faible chez les personnes ayant un contact avec la nature comme les agriculteurs.

D'autres enquêtes du CSA menées en 1994 et 2003, montre une baisse des superstitions, surtout chez les jeunes, entre ces deux dates: 37% des personnes apportent crédit à l'astrologie en 2003 (contre 60% en 1994), 23% aux prédictions des voyantes (contre 46%), 22% à la communication avec les morts (contre 37%) et 21% à la sorcellerie (contre 41%).

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Enquête de Boy et Michelat, 2003
Crédit : Observatoire de Paris

L’utilisation d'éphémérides calculés par ordinateur, l'imitation du discours scientifique laisse penser que les prédictions astrologiques ont la rigueur de résultats scientifiques. Certains astrologues vont même jusqu'à demander une reconnaissance académique afin d'avoir accès à des financements publiques.

L'astrologie est un art divinatoire, comme il en existe des centaines. La liste des arts divinatoires est une merveille de poésie et fait intervenir la farine d'orge, les cloches, les bâillements, les oignons, les entrailles d'animaux, le charbon, les araignées, les taches d'encre, les gouttes d'huile, la neige, la cire, les perles, les menstrues, le vin, les rochers, les fleuves, les fromages, le sable, les ombres, les tarots, le vent.... Dans cet inventaire à la Prevert, l'astrologie se trouve entre l'Astragalomancie (divination par les osselets ou l’emploi de dés cubiques) et l'Axinomancie (divination à l'aide d'une hache chauffée à blanc). Cette liste reflète surtout l'immense imagination de l'esprit humain quand il veut trouver autour de lui des liens avec sa propre existence.

La croyance en l'astrologie est dangereuse dans la société, lorsqu'elle amène un responsable (politique, d'entreprise …) à prendre des décisions importantes sur la base de thèmes astrologiques au lieu de rechercher des critères objectifs.


Les arts divinatoires

Plusieurs de ces arts divinatoires sont liés au ciel, comme la néphomancie (lire dans les nuages), l'uromancie (observation du ciel), la météoromancie (divination par les météores).

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Extrait de la page Wikipédia sur les Arts divinatoires
Crédit : wikipedia

bibliographieScineces et parasciences


Les frontières du domaine scientifique

L'avancée des connaissances scientifiques a apporté de nombreuses réponses dans des domaines qui relevaient auparavant de la religion ou de la superstition. Au Moyen-Age, l'astrologie médicale cherchait à diagnostiquer les maladies en établissant des correspondances entre les parties du corps et le cosmos et les alchimistes cherchaient l'ultime remède avec la pierre philosophale. Aujourd'hui, la médecine a considérablement amélioré les conditions de vie des hommes et des femmes. Un domaine de la médecine, la chronobiologie, s'intéresse aux relations entre les rythmes de vie et la santé et aborde ainsi des phénomènes du domaine astrologique.

carte des liens entre les parties du corps et les planètes
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Crédit : Observatoire de Paris

La chronobiologie

La chronobiologie étudie l'impact des rythmes sur les êtres vivants et donc en particulier des rythmes diurnes, mensuels et annuels, et donc indirectement gouvernés par le Soleil et la Lune. Ainsi, les saisons ont un impact important sur les fonctions biologiques. La saison modifie la durée du jour, la température, la luminosité, l'alimentation... Les premiers apprentissages de l'enfant se font dans un environnement lié à la saison de naissance. Cet effet se traduit par des "traits de caractère" liés à la saison de naissance, du moins dans les pays où les différences de saison sont marquées. Une étude du Royal College of Psychiatry montre un lien entre une naissance au printemps et un risque d'anorexie chez chez les enfants. Une autre étude montre que la saison de naissance serait aussi une des causes, multiples, de l'intolérance au gluten.

Une autre étude, menée en France, concerne l'impact de la saison de naissance sur les résultats scolaires. L'inscription à l'école, et donc les apprentissages scolaires se font à âge fixe, que les enfants soient nés en début ou en fin d'année. Cela se traduit par des difficultés scolaires pour les enfants nés en fin d'année, qui ont une maturité moindre que les élèves nés en début d'année. Cet effet, très faible, n'est décelable que par des études statistiques portant sur un grand nombre d'élèves.

La date de naissance a donc un impact sur la vie d'une personne, mais il n'est pas besoin d'aller chercher les positions des planètes dans le ciel pour étudier cela.

Le "Désenchantement du Monde"

Le monde occidental est entré dans un processus de rationalisation de l'univers. Les connaissances scientifiques ont évacué la pensée magique. En se fondant sur l'expérimentation, la science a abandonné, depuis le 19ème siècle, la spéculation métaphysique. La science est de plus en plus complexe et hyperspécialisée, de plus les connaissances scientifiques progressent plus vite qu'elles ne sont transmises dans la société. L'harmonie et la beauté du monde révélées par la science ne sont accessibles qu'à une petit caste de l'humanité. D'où la perte apparente de sens global qui a été nommée, par le sociologue et économiste allemand Max Weber (1864-1920) : "Désenchantement du Monde par la Science" !

Une limite importante de la science est liée à la rigueur nécessaire à sa démarche. Un résultat scientifique est toujours assorti d'un domaine d'application et de marges d'erreurs.

Or, la société réclame des certitudes.

Les messages des scientifiques ont du mal à être entendus quand ils sont porteurs d'inquiétudes sur l'avenir du monde. Les scientifiques décrivent les dangers potentiels du réchauffement climatique. Or la prise en compte de ce danger nécessite des évolutions radicales des modes de vie. Mais la marge d'incertitude sur les résultats est souvent prise comme prétexte pour retarder les prises de décision.

Certains astrologues ne prétendent pas avoir une approche scientifique, et parlent de la symbolique des signes astrologiques. Ce discours n'a pas de prétention scientifique. Il contient alors un message semblable à celui de la symbolique des couleurs, des fleurs ou des nombres, qui sort du domaine scientifique.

Négationnisme et relativisme

Le "négationnisme", qui existe en histoire, touche aussi les découvertes scientifiques, quand elles remettent en cause des croyances, des modes de vie, des modèles économiques. Il y a alors une tentation de nier la vérité de ces découvertes. Cela a été le cas avec le géocentrisme. Aujourd'hui, l'impact de l'activité humaine sur l'évolution du climat donne lieu à un "négationnisme" qui associe attitude réactionnaire et intérêts économiques et qui freine la prise de conscience sociétale et les évolutions nécessaires.

Ce négationnisme est dangereux quand il aboutit à refuser d'affronter les problèmes soulevés. Les scientifiques tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme dans plusieurs domaines comme celui du changement climatique (du aux gaz à effet de serre générés par l'activité humaine), de la disparition d'espèces animales (rôle des insecticides dans la disparition des abeilles), les pollutions chimiques (perturbateurs endocriniens dans les produits dits "lights")...

ozone
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Crédit : Benjah-DP

Dans les années 1970, les scientifiques découvrent que l'ozone, présent dans la haute atmosphère de la Terre forme une couche qui filtre les rayonnements Ultra Violet (UV) et nous en protège. Les observations montrent que cette couche protectrice se dégrade rapidement, et les études montrent que les coupables sont en particulier les chlorofluocarbure ou fréons (CFC) utilisés dans par de nombreuses industries. Les gaz émis montent dans la haute atmosphère et y catalysent la destruction de l’ozone en le transformant en dioxygène, ce qui est à l’origine du trou dans la couche d’ozone. Une réaction internationale amène les états à proposer progressivement l'interdiction de la mise sur le marché et de l'utilisation de ces molécules.

A partir des années 1980, le "relativisme" a remis en question la valeur intrinsèque et l’objectivité de la science, considérée comme comparable à toute autre « croyance ». Un des arguments du relativisme est que nos propres biais cognitifs et culturels ne nous rendent pas objectifs. Ainsi certains chrétiens refusent de "croire" que la race humaine est issue d'une évolution d'espèces animales et revendiquent de mettre le créationnisme sur le même plan que l'évolutionnisme dans les programmes scolaires.

Le scepticisme scientifique, proche du rationalisme, cherche à s'opposer aux pseudo-sciences. Cependant, certains mouvements sceptiques, comme les climato-sceptiques qui refusent de voir une origine humaine dans le changement climatique, se rapprochent du négationnisme.


Citations

complementÀ propos de la séparation astrologie et astronomie :

Tycho Brahé (1546-1601) s’élèvait contre les astrologues qui se basent sur des calculs astronomiquement erronés. Il voulait « débarrasser l’astrologie de l’erreur et de la superstition (sic), afin d’obtenir un meilleur accord entre elle et l’expérience »

Kepler (1571-1630) « De quoi vous plaignez-vous si une fille que vous jugez folle soutient et nourrit une mère sage mais pauvre ? […] Si l’on n’avait eu le crédule espoir de lire l’avenir dans le ciel, auriez-vous jamais été assez sage pour étudier l’astronomie pour elle-même ? »

Delisle (1688-1768) :« je me trouve réduit, si j’ose le dire, à calculer pour l’astrologie judiciaire et ainsi à prostituer l’Astronomie à des recherches pour lesquelles j’ai un souverain mépris »

À propos de l'astrologie et de la superstition

Voltaire (1694-1778) "Traité sur la tolérance (1767)" : La superstition est à la religion ce que l’astrologie est à l’astronomie, la fille très folle d'une mère très sage.

À propos du destin

Albert Jacquart (1925-): "Quand accepterons-nous d'être lucides et de comprendre que la spécificité de l'homme est de pouvoir prendre en charge son destin ? Demain n'est pas inscrit dans les planètes ni dans les nombres. Demain sera ce que nous décidons aujourd'hui."

À propos de la vigilance

Léonard de Vinci (1452-1519): Qui ne doute pas acquiert peu.

Blaise Pascal (1623-1662): Pour examiner la vérité, il est besoin, une fois dans sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu'il se peut.

Friedrich Nietzsche (1844-1900): Ce n'est pas le doute qui rend fou : c'est la certitude.

Hubert Reeves (1932-): Devenir adulte (...) C'est apprendre à vivre dans le doute et l'incertitude.

À propos du négationnisme

André Comte-Sponville (1952-) "À propos du négationnisme", L'Express, 30/5/96 : ,

"Ce qu'il faut rappeler d'abord, contre ces âneries [des négationnistes] c'est qu'aucune connaissance n'est possible sans un certain nombre de croyances bien établies. Nul ne peut tout vérifier, tout contrôler, tout examiner. Comment la biologie pourrait-elle se développer si chaque biologiste devait refaire lui-même toutes les expériences, s'il devait vérifier les connaissances physiques ou chimiques dont il se sert, s'il devait démontrer chacun des théorèmes mathématiques qu'il utilise ?

La "cité des savants", comme disait Bachelard, ne peut progresser que par la convergence de plusieurs disciplines, chacune complétant l'autre, en amont ou en aval, et l'ensemble produisant - à coups de rectifications permanentes - ce consensus si remarquable des scientifiques d'abord, puis, autour d'eux, grâce à eux, des esprits informés. C'est ainsi que nous savons que la Terre tourne autour du Soleil ou que l'eau est constituée de deux atomes d'hydrogène pour un atome d'oxygène. Connaissance ? Croyance ? L'une et l'autre - c'est ce que j'appelle une croyance bien établie, et qui distingue le savoir de la religion. Celui qui voudrait revenir au géocentrisme de Ptolémée ou aux éléments des anciens alchimistes, ce n'est pas la foi qui lui manquerait ; c'est la culture, et c'est le sérieux."


Bibliographie/Webographie

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