Auteur: Alain Vienne
Lors de la découverte d'un nouvel objet dans le système solaire, on souhaite rapidement connaitre sa trajectoire. Celle-ci est généralement héliocentrique et, dans un premier temps, on la suppose képlérienne. Or les observations terrestres donnent uniquement la direction de l'astre mais pas sa distance. La méthode de Laplace propose un moyen qui, à partir de 3 observations de direction faites à des dates assez rapprochées, donne les vecteurs position et la vitesse de l'astre. Le détail de la méthode peut être trouvé dans le cours suivant: Dynamique du système solaire. On peut y voir notamment que la méthode conduit à chercher les racines d'un polynôme de degré 8. Il y est affirmé qu'il y a 4 racines réelles (1 négative, 3 positives) et 4 complexes non réelles. C'est cette affirmation qui est étudiée dans l'exercice qui suit.
Le polynôme est de la forme:
On sait que et qu'il existe au moins 2 solutions distinctes strictement positives. L'une des deux est où est la distance Terre-Soleil. On peut aller voir l'exercice qui vérifie cette racine ici. La deuxième solution distincte de et strictement positive suppose que les 3 observations ont été bien faites et correspondent physiquement à un même objet du système solaire. Elle n'est pas garantie mathématiquement mais s'appuie sur l'argument que cette solution "doit exister".
Voici à titre d'exemple le graphe du polynôme dans le cas de 3 observations de Jupiter à son opposition (courbe "complète" et un agrandissement):
Difficulté : ☆☆ Temps : 1h
Soit un polynôme à coefficients réels de la forme:
On sait que et qu'il existe au moins 2 solutions distinctes strictement positives.
Calculer et étudier le polynôme dans le cas où
En déduire que est strictement négatif
Montrer que s'annule en un point positif
peut donc s'écrire (avec positif). Monter que .
Monter que .
Montrer que s'annule en , et tels que
Etudier les 2 cas et . Monter que le premier cas est impossible et que le deuxième cas conduit à une ou trois racines positives
Conclure.
Auteur: Alain Vienne
En Mécanique Céleste, on est souvent conduit à utiliser les polynômes de Legendre que l'on note ici .
C'est le cas, par exemple, dans le développement du potentiel terrestre. Si on suppose que la Terre est un sphéroïde, le potentiel peut s'écrire:
est la constante de gravitation de la Terre, la masse totale de la Terre, son rayon équatorial et des coefficients numériques. et sont le rayon et la latitude du point pour lequel on évalue le potentiel .
Un autre exemple d'utilisation est de considérer 2 corps et décrivant autour d'un centre des orbites proches d'un mouvement elliptique. Pour décrire les perturbations (gravitationnelles) entre et , on doit écrire l'inverse de la dsitance entre et , , en fonction de leurs éléments d'orbite. On montre facilement que:
Avec , , et l'angle entre et vu de .
Cette dernière expression est développée en puissance de grâce aux polynômes de Legendre:
Ce développement est rapidement convergent si est petit. C'est le cas si, par exemple, est la Terre, le Soleil et un satellite artificiel.
Plus de détails de ces développement peuvent être vus dans le cours de Mécanique Céleste de Luc Duriez.
Les polynômes de Legendre ont de nombreuses propriétés. Celle que nous allons utiliser dans l'exercice qui suit est la formule de Rodrigues:
Cette formule va nous permettre de montrer que l'équation a toutes ses racines dans et en a distinctes.
Difficulté : ☆☆ Temps : 1h (pour une rédaction correcte)
Les polynômes de Legendre, bien connus en Mécanique Céleste, peuvent se déterminer par la formule de Rodrigues:
Montrer que l'équation a toutes ses racines dans et en a distinctes.
Auteur: Marc Fouchard
La projection de Mollweide est la projection d'une sphère sur un plan qui conserve les aires au sacrifice de la conservation des distances et des formes. La projection d'une sphère rempli une ellipse dont le petit axe est le double du grand axe.
L'avantage d'une telle projection en astronomie est qu'elle permet d'avoir une idée globale de la répartition d'une certaine quantité sur la sphère céleste par unité de surface (ou stéradian). Par exemple, l'image suivante montre la répartition du rayonnement du fond cosmologique sur une projection de Mollweide de la sphère céleste. Comme ce rayonnement est mesuré par unité de surface (ou par stéradian), la conservation des aires est ici fondamentale pour bien visualiser les données.
Sur une sphère, on défini un système de coordonnées en choisissant un plan de référence (par exemple l'équateur), à partir duquel seront mesurées les latitudes, notées , un méridien de référence (par exemple le méridien de Greenwich) à partir duquel sont mesurées les longitudes, notées . Pour chaque angle un sens positif est défini (par exemple vers le nord pour les latitudes et vers l'ouest pour les longitudes).
Les coordonnées par la projection de Mollweide d'un point de coordonnées de la sphère céleste sont définies par:
où la longitude est mesurée entre et et est un angle auxiliaire défini par :
(*)
L'équation (*) ne peut être résolue analytiquement. Le but de cet exercice est de trouver une méthode permettant de déterminer afin de pouvoir calculer et .
Difficulté : ☆☆ Temps : 1h30
Nous allons commencer par étudier la fonction:
,
sur l'intervalle .
Montrer que est définie et continue sur et qu'elle est impaire.
Montrer que est dérivable sur , puis en prolongeant par continuité sur .
En déduire que est strictement croissante de dans lui-même et donc qu'il existe une fonction réciproque, notée . Déterminer les propriétés principales de et en particulier que
On remarque que pour donné, est la solution de l'équation (*).
En déduire l'image des points, ou des ensembles de points suivants, par la projection de Mollweide :
La fonction n'est pas définie analytiquement. On va montrer ici qu'on peut estimer par la méthode de Newton-Raphson. Soit la fonction définie sur par :
.
Résoudre l'équation (*) revient donc à résoudre
Montrer que si alors et que si alors la solution de est dans . De même montrer que et .
Ainsi on peut se limiter à résoudre pour . On sait déjà que la solution se trouve dans d'après la question 3. Montrer que, pour , est définie continue dérivable et strictement croissante sur et que sa dérivée est définie continue, strictement positive et strictement décroissante sur .
Soit la solution de . Soit . On note et les points de la courbe représentative de dans un repère orthonormé. On note , le point d'intersection de la tangente en à avec l'axe des abscisses. Montrer que et que .
Montrer que la suite définie par et converge vers .
La convergence de cette suite dépend fortement du choix de . La figure ci-dessous montre le nombre d'itérations nécessaires pour attendre un précision relative de l'ordre de sur en fonction de et . On voit que pour certains choix la convergence est très mauvaise voire impossible. Par contre avec , la méthode converge pour toute valeur de même si ce n'est pas le choix optimal.
pages_af/exo-racines-laplace.html
Voir que, dans ce cas, est strictement croissant puis utiliser le théorème des valeurs intermédiaires.
Le théorème des valeurs intermédiaires donne qu'il y a une racine pour . Cette racine est unique car est croissant. On dresse alors le tableau de variation de et comme est négatif, de la même manière, il n'y a qu'une seule racine positive. Ce qui n'est pas notre cas.
Utiliser le théorème de Rolle pour sur l'intervalle définie par ses 2 racines positives
Le théorème de Rolle pour sur l'intervalle définie par ses 2 racines positives indique que s'annule en un point distint des 2 racines de . est donc positif non nul. Or
Dresser le tableau de variation de et voir qu'on ne pourrait alors avoir l'existence de .
Supposer que et dresser le tableau de variation de . On n'oublie pas que est négatif.
Cette affirmation est directement issue du tableau de variation de qui normalement a déjà été fait.
Dresser le tableau de variation de dans ces 2 cas.
Comme on a supposé qu'il y avait au moins 2 racines positives, il y en a exactement 3. La question précédente avait montré une racine négative. Il y a donc exactement 4 racines réelles.
Or si on considère le polynôme dans , le polynôme a 8 racines complexes. On en déduit que admet aussi 4 racines complexes non réelles.
pages_af/exo-poly-legendre-racines.html
Notez que a racines. Elles sont non disctinctes car il s'agit de et chacune d'elles étant d'ordre .
Les racines étant d'ordre m, on a et pour tout , où
Appliquer le théorême de Roll au polynôme sur l'intervalle
On a donc qui s'annulle en , et (ces trois racines sont distinctes)
Appliquer le théorême de Roll au polynôme sur l'intervalle , puis sur . On a donc les racines , , et (ces quatres racines sont distinctes). Rédigez ensuite la récurrence. Une rédaction propre n'est pas si aisée. Faites la avec soin et choissisez bien vos notations (par exemple, bien différencier l'indice du polynôme et l'indice de la récurrence).
pages_af/exo-proj-mollweide-af.html
La fonction est continue dérivable et strictement croissante. Ainsi l'image de est l'ensemble . Donc la fonction est bien définie sur . est symétrique par rapport à zéro, . Donc est une fonction impaire sur .
Pour le prolongement par continuité en de la dérivée de , on pourra faire le changement de variable et faire le développement limité en zéro.
est dérivable sur par composition de fonction continues et dérivables. On a:
.
Cette fonction n'est pas définie pour . On pose alors . Ainsi:
.
Les développements limités en zéro nous indiquent que le dénominateur est de l'ordre de alors que le numérateur est de l'ordre de . Ainsi on a: . Comme est impaire on a de même en prolongeant par continuité .
D'après la question précédente, on voit que est strictement supérieur à zéro sur , et ne s'annule qu'en . Ainsi est strictement croissante sur . Comme , par parité on en déduit que . Donc est une fonction bijective de dans lui-même. Il existe donc une fonction réciproque . D'après les propriétés de , on en déduit que est une fonction impaire définie et continue sur et dérivable sur ouvert. De plus comme on a , on a aussi .
On a , or est impaire, donc , ce qui répond au premier point. Ensuite, comme on en déduit que si alors la solution de est dans . Les deux dernières égalités viennent directement du fait que et .
est définie continue dérivable sur comme composée de fonctions définies continues et dérivables. On a qui est continue et strictement positive sur . Elle est aussi dérivable, avec . est strictement négative sur et nulle en 0. Ainsi est strictement décroissante sur .
On utilisera le théorème des accroissements finis.
L'équation de la tangente est . Pour on obtient . Comme , que et que est croissante, on en déduit que De plus ainsi on a bien D'après le théorème des accroissements finis, il existe tel que . Ainsi, en considérant comme le point d'intersection entre l'axe des abscisses et la droite passant par et de coefficient directeur , on a . Comme est une fonction strictement décroissante sur , on en déduit que , soit . Ainsi on a bien .
On sait que si alors . Autrement dit , donc . Ainsi d'après la question précédente on sait que . Donc . Si on suppose maintenant alors, toujours d'après la question précédente on a , en outre . Ainsi, on a . Donc la suite est croissante et majorée, donc elle converge vers une limite . Par continuité de et , on a , et comme , on en déduit que , donc .