Nous avons vu que les noyaux sont des systèmes de nucléons liés par la force forte nucléaire, donc extrêmement stables, c'est-à-dire peu susceptibles de se détacher sans intervention extérieure. Cela dit, on observe dans la nature des nucléons qui se séparent de manière spontanée pour former d'autres noyaux. Pour expliquer la manifestation de cette désintégration spontanée de certains noyaux (dits radioactifs) en d'autres noyaux, une autre force à distance doit être invoquée moins élevée que la force forte nucléaire, et elle doit agir sur les quarks. On l'appelle la force nucléaire faible. Elle agit sur une propriété de la matière autre que sa masse, sa charge électrique, ou sa charge de couleur : sa saveur.
Les saveurs, contrairement aux trois autres forces à distance, ne sont pas liées de manière attractive ou répulsive par une force, mais elles sont transmutées par la force nucléaire faible. Elle agit à distance en convertissant la saveur d'un quark en une autre saveur. En particulier, pour les quarks, la saveur d'isospin, , peut prendre deux valeurs, ou .
Sa manifestation la plus courante est la radioactivité β qui transforme la saveur d'un quark en la saveur , ou vice-versa.
La saveur n'est pas conservée par la force nucléaire faible !
La force nucléaire faible ne lie pas la matière de manière attractive ou répulsive, mais elle la transmute !
Un quark qui a est appelé un quark Up (haut), il est noté u, et un quark qui a est appelé un quark Down (bas), il est noté d. Par exemple, le proton est constitué de 2 quarks u et 1 quark d. Le neutron est constitué de 2 d et 1 u.
La force nucléaire faible peut ainsi transformer spontanément un neutron en proton en convertissant un quark d en un quark u. On voit tout de suite que cette transformation ne peut se faire qu'en faisant intervenir d'autres particules puisque principalement la charge électrique est différente. Elle fait donc intervenir l'émission d'un électron (de charge électrique négative) et d'une autre particule élémentaire qui est l'antineutrino électronique () (de charge électrique nulle, et de masse si faible que seule une limite supérieure a pu être mesurée à ce jour).
Une des manifestations courantes de la force nucléaire faible est la radioactivité β- (β- est une façon de noter l'électron e-) qui transforme un neutron en proton (voir l'illustration précédente). Elle ne change pas le nombre de nucléons A, mais la charge électrique du noyau, Z, donc l'élément obtenu sera un noyau différent, →.
La probabilité de désintégration radioactive décroit de facon exponentielle dans le temps. Si on a noyaux d'une même espèce à un moment donné, il en restera à un temps ultérieur. Lorsque , on parle de demi-vie d'un élément ( avec la constante de décroissante exponentielle) ou de période radioactive. Le nombre de désintégrations par seconde est mesuré en becquerel (Bq). Les périodes peuvent être de quelques secondes, de quelques minutes (le carbone-11 utilisé en médecine , 20 minutes), de quelques jours, de quelques années (le carbone-14 utilisé pour la datation, , 5730 ans), de l'âge du soleil (l'uranium-238 contenu dans le sol terrestre, , ), voire supérieures à l'âge de l'univers (le calcium, , ). De manière artificielle, on peut aussi créer de nouveaux éléments radioactifs.
Difficulté : ☆
Un quark u a une charge électrique de , un quark d de .
Quelle est la charge électrique du proton constitué de 2 quarks u et 1 quark d ?
Quelle est la charge électrique du neutron constitué de 1 quark u et 2 quarks d ?
La charge électrique d'un nucléon est-elle conservée lorsqu'un quark change de saveur sous l'action de la force faible ?
Lors de la transmutation d'un élément en un autre sous l'action à distance de l'interaction faible, des antiparticules peuvent être émises.
Une particule élémentaire a une particule élémentaire jumelle de même masse, mais de charge électrique opposée, qui est appelée antiparticule. On parle ainsi d'antiparticules de matière (ou particules d'antimatière), et de paires de particule-antiparticule ou matière-antimatière. Une antiparticule est sujette aux mêmes forces que leur particule jumelle. Comme l'univers est composé de particules, la durée de vie d'une antiparticule est très faible, car en interagissant avec sa particule jumelle, elles s'annihilent toutes les deux en se transformant en énergie en respectant la loi de conservation de la masse-énergie.
L'antiélectron (ou positron, e+) est l'antiparticule de l'électron (e-, même masse, mais de charge électrique opposée). Il ne doit pas être confondu avec le proton (p de charge ) qui est 200 fois plus massique !
L'antineutrino () est quasiment similaire au neutrino () de charge électrique nulle. Ayant une masse quasi nulle (seule une limite supérieure leur est attribuée), ils ont une probabilité extrêmement faibles d'interaction : ils traversent la matière sur de très grandes distances en n'étant quasiment pas affectés.
L'antiquark () est l'antiparticule du quark (), de même masse, mais de charge électrique, de saveur et couleur opposées.
Difficulté : ☆
A quoi ressemblerait un univers composé d'antimatière ?
Contrairement à l'interaction forte, l'interaction faible n'agit pas seulement sur les quarks, comme le couple (u, d) pour lequel la saveur est conservée, mais aussi sur les couples électron-antineutrino électronique ou antiélectron-neutrino électronique pour lesquels la saveur est aussi conservée.
Difficulté : ☆☆
Un corps humain de contient d'atomes de potassium qui a trois isotopes : , et en particulier il contient d'atomes qui est un élément radioactif. Cet atome présente à 89 % une radioactivité β-, et à 11 % une radioactivité β+ ou une capture électronique. Son taux de désintégration est d'environ 4400 atomes par seconde.
Donnez le nombre de neutrons de chacun des isotopes de potassium.
Ecrivez les trois réactions (β-, β+ et capture électronique) en vous aidant du tableau des éléments.
Combien de neutrinos et d'antineutrinos électroniques sont émis chaque jour par un seul corps humain ? et par 7 milliards d'humains ?
Si on considère ceux produits par les roches terrestres (environ géoneutrinos par jour), et ceux par les centrales nucléaires ( par jour), combien en sont émis par l'activité naturelle et artificielle terrestre ?
Comparer au nombre de ceux-ci produit par le Soleil (~ neutrinos par jour)