Nous venons de voir quelques propriétés sur les lentilles. Nous allons pouvoir commencer à parler d'instruments astronomiques. Chouette ! Ah, mais, regardons un télescope... Horreur, de lentilles, il n'y a point ! À la place, un miroir ! Oui certes, mais nous les avons déjà vus. Quoique... celui-ci n'est pas plan... Et quand je me regarde dedans, je vois mon image grossie, parfois rétrécie, à l'envers ou à l'endroit. Non, ce miroir ne ressemble pas à ceux déjà rencontrés. Vous l'aurez compris, ce chapitre sera consacré aux miroirs dits sphériques.
Vous noterez assez vite la très forte ressemblance entre ce chapitre et le précédent.
Qu'est-ce qu'on appelle un miroir sphérique ? Comme son nom l'indique, c'est un miroir. C'est-à-dire une portion de verre recouverte d'une surface métallique réfléchissante. Mais nous venons de le voir dans l'introduction, il ne s'agit pas d'un miroir plan. En effet, celui-ci est découpé dans une portion sphérique de verre.
En pratique, les miroirs sont rarement taillés dans des portions de sphère. Ils sont découpés dans des paraboloïdes de révolution (miroirs paraboliques) ou dans des hyperboloïdes de révolution (miroirs hyperboliques). Cependant, en première approximation, nous pourrons les considérer comme sphériques.
On voit qu'il est possible d'aluminer soit l'intérieur, soit l'extérieur de la sphère. On obtient alors deux types de miroirs :
On retrouve ces miroirs dans la vie quotidienne. Les miroirs convexes par exemple, sont maintenant utilisés dans les rétroviseurs extérieurs des voitures, ou pour les miroirs que l'on dispose à la sortie des garages ou à certaines intersections où la visibilité est nulle. Les miroirs concaves se retrouvent dans certaines salles de bain ou miroirs de poche.
Prenons une petite cuillère. Regardons-la attentivement. Son dos est convexe, son creux est concave. On a à notre disposition les deux types de miroirs.
Si nous nous regardons dans le dos de la cuillère que voyons nous ? Notre reflet, plus petit et à l'endroit. Rapprochons ou éloignons-la. On obtient toujours la même chose.
Si on l'éclaire avec le faisceau lumineux d'une lampe torche et que l'on place un écran à proximité, on aura beau faire toutes les contorsions possibles, jamais nous n'arriverons à voir l'image de ce faisceau sur l'écran. Au contraire, il diverge.
Cela ne vous rappelle rien ? Ça ressemble un peu au comportement de la lentille divergente, non ? Alors peut-être qu'en retournant la cuillère, on retrouvera l'équivalent d'une lentille convergente...
Regardons nous maintenant dans le creux de celle-ci. Ah ? Cette fois, notre reflet est à l'envers. Rapprochons-la. Notre image grossit puis se retourne. Notre reflet est à l'endroit et grossit. Bon, d'accord, ça ne marche pas avec toutes les cuillères. Il faut en général se rapprocher beaucoup et se contenter de l'image de notre oeil. Dans ce cas, prenez un miroir de poche.
Et si on reprend la lampe torche, cette fois, le faisceau converge et on peut en faire l'image sur un écran, comme une lentille convergente.
On vient de mettre en évidence quelques propriétés des miroirs sphériques :
Un miroir sphérique est découpé dans une sphère. Appelons le centre de cette dernière.
Notons au passage le point , sommet du miroir, c'est-à-dire l'intersection de l'axe optique (l'axe de symétrie du miroir) avec le miroir.
Tout rayon lumineux passant par le centre du miroir est rayon de la sphère. Que se passe-t-il quand il atteint le miroir ? Il arrive perpendiculairement à la tangente au miroir. Donc, localement, tout se passe comme si le rayon lumineux incident tombait à la verticale d'un miroir plan. Possédant un angle d'incidence nul, il repart d'où il vient (cf lois de Snell-Descartes). Il repasse par le centre.
Bref, tout rayon incident passant par le centre d'un miroir est confondu avec son rayon réfléchi.
Le sommet appartient à l'axe de symétrie du système. Donc, si un rayon incident arrive en , son rayon réfléchi sera son symétrique par rapport à l'axe optique.
Considérons un faisceau parallèle (objet à l'infini) et parallèle à l'axe optique (cas du Soleil arrivant sur un miroir ardent) et observons ce qui se passe. Dans le cas d'un miroir concave (donc convergent), tous les rayons convergent en un point. Comme pour les lentilles, nous appellerons ce point foyer principal image. Ce point est l'image réelle d'un point situé à l'infini. Dans le cas d'un d'un miroir convexe, tous les rayons divergent. Cependant, ils semblent tous provenir d'un point situé derrière le miroir (il suffit de les prolonger). Nous appellerons également ce point foyer principal image. Il est l'image virtuelle d'un point situé à l'infini.
Le foyer principal image est le point image d'un point objet situé à l'infini sur l'axe optique.
Ce point peut être réel (cas du miroir concave) ou virtuel (cas du miroir convexe).
Par retour inverse de la lumière, si on place une source ponctuelle au foyer image, les rayons ressortiront parallèles. Il existe donc un point où si l'on place une source ponctuelle, les rayons issus de ce point seront parallèles entre eux et parallèles à l'axe optique. Ce point est appelé foyer principal objet. Il est confondu avec foyer principal image. Dans le cas d'un miroir concave, ce point est le point objet réel donnant une image à l'infini. Dans le cas d'un miroir convexe, ce point est le point objet virtuel donnant une image à l'infini.
Le foyer principal objet est l'antécédent d'un point image situé à l'infini sur l'axe optique.
Ce point peut être réel (cas du miroir concave) ou virtuel (cas du miroir convexe).
On appelle distance focale image la distance séparant le sommet du miroir au foyer image . On la note . C'est une quantité algébrique, c'est-à-dire qu'on la compte positivement dans le sens de propagation de la lumière incidente. est négative dans le cas d'un miroir concave, et positif dans le cas d'un miroir convexe.
Remarquons tout de suite que, comme les foyers image et objet sont confondus, la distance focale objet , distance entre le sommet et le foyer principal objet , est égale à la distance focale image . Nous parlerons alors indifféremment de distance focale image et objet sous le terme distance focale.
Comme au chapitre précédent, on définit la vergence comme étant l'inverse de la distance focale image.
Elle s'exprime toujours en ou encore en dioptrie (noté ).
On admet (cela se démontre) que le foyer est au milieu du segment
Considérons un faisceau de rayons parallèles mais arrivant avec une incidence par rapport à l'axe optique. Il converge en un point appartenant nécessairement au symétrique de l'axe . Tout rayon passant par le sommet du miroir a pour image son symétrique par rapport à l'axe optique. On s'aperçoit que ce point, que nous appellerons foyer secondaire image, est à la verticale du foyer principal image.
Remarque : En fait, cette dernière remarque est vraie dans l'approximation de Gauss, qui garantit un aplanétisme approché.
Si nous faisons varier l'inclinaison du faisceau, ce point (le foyer secondaire) parcourt ce qu'on nomme le plan focal du miroir.
Pour un miroir convexe, on retrouve le même phénomène, sauf que les foyers secondaires images sont virtuels et situés derrière le miroir. Comme précédemment, nous allons pouvoir définir un foyer secondaire objet, comme étant l'antécédent d'un point image situé à l'infini, en dehors de l'axe optique. L'ensemble des foyers secondaires objets constitueront le plan focal objet.
Dans les conditions de Gauss, les plans focaux sont perpendiculaires à l'axe optique. Dans la vraie vie, ce sont des surfaces non planes. Les plaques photos utilisées au foyer d'un télescope de Schmidt étaient par exemple sphériques.
Avec ce que nous venons de voir, nous allons pouvoir définir quelques propriétés sur les rayons lumineux se réfléchissant sur les miroirs. Elles nous permettront d'aborder, comme au chapitre précédent, la construction des images.
Arrêtons nous quelques instants sur les similitudes qu'il existe entre lentilles minces et miroirs sphériques.
Une fois n'est pas coutume, commençons par la différence. Si la lumière passant à travers une lentille se propage toujours dans le même sens, celle se réfléchissant sur le miroir repart d'où elle vient. Pour la lentille, l'espace objet et image sont situés chacun d'un côté de la lentille. Ils sont confondus pour le miroir. Mais par une vue de l'esprit, nous allons nous apercevoir que formellement ces deux systèmes sont strictement équivalents.
Reprenons un des dessins que nous avons faits au chapitre précédent. Celui de la lentille convergente par exemple. Plions-le le long de la lentille. Une fois plié, ce dessin ne ressemble-t-il pas comme deux gouttes d'eau à celui du miroir concave ? Et si on fait de même avec une lentille divergente, ne retrouve-t-on pas le miroir convexe ? Quand je vous disais que c'était la même chose.
On appelle espace image réelle la zone de l'espace où l'image formée sera réelle. Dans le cas d'une lentille mince, c'est la partie de l'espace située en aval de la lentille.
On définit de la même manière l'espace image virtuelle la partie où cette image sera virtuelle. Dans le cas d'une lentille, c'est la portion de l'espace située en amont de la lentille.
En continuant ainsi, on définit également l'espace objet réel, où l'objet est réel pour le système optique, et l'espace objet virtuel où celui-ci sera virtuel. Dans le cas d'une lentille, ils se situent respectivement en amont et en aval de la lentille.
Dans le cas des miroirs sphériques, au vu de notre pliage, espaces objet réel et virtuel sont inchangés. Par contre espaces image virtuelle et réelle sont intervertis.
Nous disposons de tous les outils et de l'expérience acquise avec les lentilles pour aborder les constructions géométriques avec les miroirs sphériques. Afin d'éviter un long copier-coller, ainsi qu'un inventaire à la Prévert de tous les cas possibles, comme au chapitre précédent, je me contenterai de donner le premier exemple et laisserai en exercice les cas suivants.
On dispose d'un objet en amont d'un miroir concave et de son foyer objet. On cherche à tracer son image réfléchie.
Comme promis, bah... c'est à vous de jouer ! Ah zut, il n'a pas oublié. Et non !
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On reprend le schéma de la page précédente, mais on rapproche l'objet du miroir.
Au niveau de quel point (, ou ) se situe l'image de cet objet ?
L'image est-elle réelle ou virtuelle ? Inversée ou non ?
Difficulté : ☆☆ Temps : 10 min
On place un objet devant un miroir convexe.
Quelle est la taille de l'image par rapport à celle de l'objet ?
Comme pour les lentilles, nous allons démontrer une série de relation de conjugaison, qui nous permettront d'effectuer des calculs de position et de taille d'image.
Nous les démontrerons à partir des constructions géométriques. Puis nous les comparerons à celles obtenues pour les lentilles minces. Oui, je cherche à vous convaincre que ces deux systèmes optiques sont équivalents.
La définition du grandissement dans le cas d'un miroir sphérique est la même que pour les lentilles minces. Il s'agit du rapport entre la taille de l'image et celle de son antécédent .
En appliquant le théorème de Thalès, on trouve immédiatement que :
Connaissant la distance de l'objet et de l'image par rapport au sommet , il est donc possible de calculer la taille de l'image.
Difficulté : ☆ Temps : 10 min
Voici trois nouvelles constructions :
Calculez le grandissement dans chacun des trois cas.
Et si on ne connaît pas la position de l'image ? Nous allons utiliser les foyers. En appliquant cette fois-ci le théorème de Thalès deux fois avec deux rayons différents, on obtient :
En introduisant les distances focale objet et image , on obtient :
Et voilà, connaissant la distance focale et la distance de l'objet, on peut calculer le grandissement.
Remarquons qu'à partir de ces deux formules, on va pouvoir calculer la distance de l'image.
Nous venons d'établir la relation de conjugaison de Newton. Elle est aussi appelée relation de conjugaison avec origine au foyer, car les distances de l'objet et de l'image sont comptées à partir des foyers principaux.
Au signe près, elle est identique à celle des lentilles minces.
Aurait-on pu retrouver cette relation justement à partir de celle établie au chapitre sur les lentilles ? Oui, si on se souvient qu'il suffit de "plier" notre dessin pour passer des lentilles aux miroirs. Le pliage change le signe de . Ce qui explique la perte du signe dans la relation de conjugaison de Newton.
Et si on s'admirait devant un miroir ? On dispose d'un petit miroir de poche, de distance focale . On place notre visage à de ce dernier.
Quelle est la taille de notre reflet ?
Quelle est sa position ?
Nous pouvons également obtenir une relation similaire, avec origine au sommet du miroir cette fois-ci. En partant de la formule du grandissement :
On obtient ainsi la relation de conjugaison de Descartes :
Remarque, on note parfois les distances et respectivement et .
Là encore, les 2 relations de Descartes pour les lentilles et les miroirs ne se distinguent que par un signe . Le pliage, qui affecte tout ce qui se passe "à droite" de la lentille, change le signe de toutes les grandeurs algébriques situées en son aval. On change donc en et en ...
Admirons nous encore !
Recalculez la distance de notre reflet en appliquant cette fois-ci la relation de conjugaison de Descartes.
Si vous vous souvenez de la relation donnée quelques pages plus tôt : , on peut trouver d'autres relations de conjugaison.
Partant de la relation de conjugaison de Descartes, avec origine au sommet, on obtient d'abord :
Puis en appliquant les relations de Chasles et , on montre que :
On a établi plusieurs relations de conjugaison. vous n'êtes pas obligé de toutes les connaître. Une suffit. Apprenez celle avec laquelle vous vous sentez le plus à l'aise. De toutes façons, les autres se déduiront de la vôtre, ou se retrouvent à l'aide de petits dessins.
Un petit résumé des relations de conjugaison précédemment établies.
Lentilles minces | Miroirs sphériques | |
---|---|---|
grandissement | ||
Relation de Newton | ||
Relation de Descartes | ||
pas d'équivalent |
Que se passe-t-il si on prend un miroir sphérique et qu'on fait tendre son rayon de courbure vers l'infini ? Il devient plat.
Nous devrions donc pouvoir retrouver les propriétés du miroir plan à partir de celle du miroir sphérique, en faisant tendre vers l'infini.
La première conséquence est que la distance focale tend également vers l'infini, puisqu'elle vaut la moitié de .
et tendent vers l'infini. Or comme , la longueur devient très vite négligeable devant les deux autres. D'où et donc le grossissement tend vers 1.
On retrouve bien le fait que notre image dans un miroir a la même taille et est dans le même sens.
Où se situe l'image ? Prenons la relation de conjugaison de Descartes. Si la distance focale tend vers l'infini, alors . On a donc :
soit
.
L'objet et l'image sont équidistants du miroir.
En faisant tendre le rayon de courbure vers l'infini, nous venons de démontrer que le miroir plan possède un grandissement de 1, et que image et objet sont équidistants du miroir, autrement dit, ils sont symétriques l'un de l'autre.
Nous venons de voir qu'il existait 2 types de miroirs sphériques : des miroirs concaves, comme un miroir de poche par exemple, qui ont la propriété de faire converger un faisceau lumineux ; des miroirs convexes, comme un rétroviseur, qui ont la propriété de faire diverger un faisceau lumineux.
Nous avons défini quatre points particuliers pour un miroir. Ces points sont appelés éléments cardinaux du miroir.
Les distances entre les points et sont appelées distances focales. Ce sont des données du miroir. Elles caractérisent la vergence du miroir, c'est-à-dire son pouvoir de dévier les rayons lumineux.
À l'aide de quatre rayons, il nous est désormais possible de tracer l'image d'un objet se reflétant sur le miroir. Le rayon lumineux passant par le centre revient sur lui-même, celui arrivant parallèle à l'axe optique ressort en croisant le foyer principal image, et celui passant par le foyer principal objet ressortira parallèle à l'axe optique. Enfin, le rayon frappant le miroir au sommet aura pour image son symétrique par rapport à l'axe optique.
Enfin, nous avons quelques relations qui nous permettront de calculer des tailles d'images, les distances où elles se forment et pourquoi pas des champs de vue et des grossissements. Ce sera pour bientôt.
Et on vient de voir en prime qu'un miroir plan est un miroir sphérique de rayon de courbure infini.
pages_miroirs-spheriques/ms-ccv-or-iv.html
Tracez l'image à l'aide des rayons présentés ici.
L'image se situe à l'horizontal du point .
L'image est virtuelle et dans le même sens que l'objet.
pages_miroirs-spheriques/ms-cvx-or-iv.html
Tracez l'image. Mesurez la ainsi que la taille de l'objet.
L'image est deux fois plus petite que celle de l'objet.