Théorème des accroissements finis

Auteurs: Alain Vienne, Marc Fouchard

Les racines du polynôme de la méthode de Laplace

Auteur: Alain Vienne

Lors de la découverte d'un nouvel objet dans le système solaire, on souhaite rapidement connaitre sa trajectoire. Celle-ci est généralement héliocentrique et, dans un premier temps, on la suppose képlérienne. Or les observations terrestres donnent uniquement la direction de l'astre mais pas sa distance. La méthode de Laplace propose un moyen qui, à partir de 3 observations de direction faites à des dates assez rapprochées, donne les vecteurs position et la vitesse de l'astre. Le détail de la méthode peut être trouvé dans le cours suivant: Dynamique du système solaire. On peut y voir notamment que la méthode conduit à chercher les racines d'un polynôme de degré 8. Il y est affirmé qu'il y a 4 racines réelles (1 négative, 3 positives) et 4 complexes non réelles. C'est cette affirmation qui est étudiée dans l'exercice qui suit.

Le polynôme est de la forme:

f(r)=r^8 + a_6 r^6 + a_3 r^3 + a_0

On sait que a_0 < 0 et qu'il existe au moins 2 solutions distinctes strictement positives. L'une des deux est r=SS est la distance Terre-Soleil. On peut aller voir l'exercice qui vérifie cette racine ici. La deuxième solution distincte de S et strictement positive suppose que les 3 observations ont été bien faites et correspondent physiquement à un même objet du système solaire. Elle n'est pas garantie mathématiquement mais s'appuie sur l'argument que cette solution "doit exister".

Voici à titre d'exemple le graphe du polynôme dans le cas de 3 observations de Jupiter à son opposition (courbe "complète" et un agrandissement):

lagrange_typ.pnglagrange_typ_agr.png
Le polynome de la méthode de Laplace dans le cas de 3 observations de Jupiter (courbe "complète" et un agrandissement). L'axe horizontal est gradué en ua. On note que ce polynôme n'est pas très bien conditionné car la vue d'ensemble ne donne pas une idée des racines ni même du nombre de ces racines. La deuxième figure est agrandissement sur la partie utile. On voit la racine r=1 ua (S) et les 2 autres racines dont celle qui nous intéresse à 5 ua.
Crédit : Astrophysique sur Mesure / Vienne

Ex: Les racines du polynôme de la méthode de Laplace

Auteur: Alain Vienne

exerciceLes racines du polynôme de la méthode de Laplace

Difficulté : ☆☆   Temps : 1h

Soit un polynôme à coefficients réels de la forme:

f(r)=r^8 + a_6 r^6 + a_3 r^3 + a_0

On sait que a_0 < 0 et qu'il existe au moins 2 solutions distinctes strictement positives.

Question 1)

Calculer f'(r) et étudier le polynôme g(r)=\frac{f'(r)}{r^2} dans le cas où a_6 \ge 0

Question 2)

En déduire que a_6 est strictement négatif

Question 3)

Montrer que g s'annule en un point \beta positif

Question 4)

g'(r) peut donc s'écrire g'(r)=40 r^2 (r-\gamma ) (r+\gamma ) (avec \gamma positif). Monter que g(\gamma ) \le 0.

Question 5)

Monter que g(- \gamma ) > 0.

Question 6)

Montrer que g s'annule en \beta_1, \beta_2 et \beta_3 tels que \beta_1<-\gamma < \beta_2 < + \gamma < \beta_3

Question 7)

Etudier les 2 cas \beta_1 < \beta_2 < 0 < \beta_3 et \beta_1 < 0 <  \beta_2  < \beta_3. Monter que le premier cas est impossible et que le deuxième cas conduit à une ou trois racines positives

Question 8)

Conclure.


Les racines des polynômes de Legendre

Auteur: Alain Vienne

En Mécanique Céleste, on est souvent conduit à utiliser les polynômes de Legendre que l'on note ici P_n .

C'est le cas, par exemple, dans le développement du potentiel terrestre. Si on suppose que la Terre est un sphéroïde, le potentiel peut s'écrire:

U(r,\varphi)=\frac{KM_T}{r} \ [1 - \sum_{m=1}^{\infty} J_{2m} (\frac{a_e}{r})^{2m}  P_{2m}(\sin\varphi) \ ]

K est la constante de gravitation de la Terre, M_T la masse totale de la Terre, a_e son rayon équatorial et J_{2m} des coefficients numériques. r et \varphi sont le rayon et la latitude du point pour lequel on évalue le potentiel U .

Un autre exemple d'utilisation est de considérer 2 corps M et M' décrivant autour d'un centre P des orbites proches d'un mouvement elliptique. Pour décrire les perturbations (gravitationnelles) entre M et M', on doit écrire l'inverse de la dsitance entre M et M', 1/\Delta, en fonction de leurs éléments d'orbite. On montre facilement que:

\frac{1}{\Delta} = \frac{1}{r'} (1-2\rho \cos S + \rho^2)^{-1/2}

Avec r=PM, r'=PM', \rho = r/r' et S l'angle entre M et M' vu de P.

Cette dernière expression est développée en puissance de \rho grâce aux polynômes de Legendre:

(1-2\rho \cos S + \rho^2)^{-1/2} =  \sum_{n=0}^{\infty} \rho^n  P_n(\cos S)

Ce développement est rapidement convergent si \rho est petit. C'est le cas si, par exemple, M est la Terre, P le Soleil et M' un satellite artificiel.

Plus de détails de ces développement peuvent être vus dans le cours de Mécanique Céleste de Luc Duriez.

Les polynômes de Legendre ont de nombreuses propriétés. Celle que nous allons utiliser dans l'exercice qui suit est la formule de Rodrigues:

P_m(x)=\frac{1}{2^m \  m!} \  \frac{d^m}{dx^m} (x^2-1)^m

Cette formule va nous permettre de montrer que l'équation P_m(x)=0 a toutes ses racines dans [-1,+1] et en a m distinctes.


Ex: Les racines des polynômes de Legendre

Auteur: Alain Vienne

exerciceLes racines des polynômes de Legendre

Difficulté : ☆☆   Temps : 1h (pour une rédaction correcte)

Les polynômes de Legendre, bien connus en Mécanique Céleste, peuvent se déterminer par la formule de Rodrigues:

P_m(x)=\frac{1}{2^m \  m!} \  \frac{d^m}{dx^m} (x^2-1)^m

Question 1)

Montrer que l'équation P_m(x)=0 a toutes ses racines dans [-1,+1] et en a m distinctes.


Projection de Mollweide

Auteur: Marc Fouchard

La projection de Mollweide est la projection d'une sphère sur un plan qui conserve les aires au sacrifice de la conservation des distances et des formes. La projection d'une sphère rempli une ellipse dont le petit axe est le double du grand axe.

L'avantage d'une telle projection en astronomie est qu'elle permet d'avoir une idée globale de la répartition d'une certaine quantité sur la sphère céleste par unité de surface (ou stéradian). Par exemple, l'image suivante montre la répartition du rayonnement du fond cosmologique sur une projection de Mollweide de la sphère céleste. Comme ce rayonnement est mesuré par unité de surface (ou par stéradian), la conservation des aires est ici fondamentale pour bien visualiser les données.

Le rayonnement du fond cosmologique par WMAP
figures/ilc_9yr_moll1024.png
Répartition du rayonnement du fond cosmologique observé par le satellite WMAP (l'échelle de couleur est entre +/- 200 micro Kelvin par rapport à une valeur moyenne) sur une projection de Mollweide de la sphère céleste. Le plan de référence est celui de la Voie Lactée dont le rayonnement a été soustrait.
Crédit : NASA/WMAP

Sur une sphère, on défini un système de coordonnées en choisissant un plan de référence (par exemple l'équateur), à partir duquel seront mesurées les latitudes, notées \phi, un méridien de référence (par exemple le méridien de Greenwich) à partir duquel sont mesurées les longitudes, notées \lambda. Pour chaque angle un sens positif est défini (par exemple vers le nord pour les latitudes et vers l'ouest pour les longitudes).

Les coordonnées (x,y) par la projection de Mollweide d'un point de coordonnées (\lambda,\phi) de la sphère céleste sont définies par:

\begin{array}{lcr} x&=&\frac{2\sqrt{2}}{\pi}\lambda \cos \theta, \\ y&=&\sqrt{2}\sin \theta, \end{array}

où la longitude \lambda est mesurée entre -\pi et \pi et \theta est un angle auxiliaire défini par :

2\theta + \sin (2\theta) = \pi \sin  \phi. (*)

L'équation (*) ne peut être résolue analytiquement. Le but de cet exercice est de trouver une méthode permettant de déterminer \theta afin de pouvoir calculer x et y.


Ex : projection de Mollweide

Auteur: Marc Fouchard

exerciceprojection de Mollweide

Difficulté : ☆☆   Temps : 1h30

Question 1)

Nous allons commencer par étudier la fonction:

f (\theta)=\arcsin \left( \frac{2\theta+\sin(2\theta)}{\pi}\right),

sur l'intervalle I=[-\pi/2,\pi/2].

Montrer que f est définie et continue sur I et qu'elle est impaire.

Question 2)

Montrer que f est dérivable sur ]-\pi/2, \pi/2[, puis en prolongeant par continuité sur I.

Question 3)

En déduire que f est strictement croissante de I dans lui-même et donc qu'il existe une fonction réciproque, notée g. Déterminer les propriétés principales de g et en particulier que g([0,\pi/2])=[0,\pi/2]

Question 4)

On remarque que pour \phi donné, g(\phi) est la solution de l'équation (*).

En déduire l'image des points, ou des ensembles de points suivants, par la projection de Mollweide :

  1. points de latitude nulle.
  2. pôles.
  3. deux méridiens de longitude \lambda = \pm \pi/2 .
  4. deux méridiens de longitude \lambda = \pm \pi .
  5. parallèle de latitude \phi.

Question 5)

La fonction g n'est pas définie analytiquement. On va montrer ici qu'on peut estimer g(\phi) par la méthode de Newton-Raphson. Soit h_\phi la fonction définie sur [-\pi/2,\pi/2] par :

h_\phi(\theta)=2\theta+\sin(2\theta)-\pi\sin \phi.

Résoudre l'équation (*) revient donc à résoudre h_\phi(\theta)=0.

Montrer que si h_\phi(\theta)=0 alors h_{-\phi}(-\theta)=0 et que si \phi\in[0,\pi/2] alors la solution de h_\phi(\theta)=0 est dans [0,\pi/2]. De même montrer que h_0(0)=0 et h_{\pi/2}(\pi/2)=0.

Question 6)

Ainsi on peut se limiter à résoudre h_\phi(\theta)=0 pour \phi\in]0,\pi/2[. On sait déjà que la solution se trouve dans ]0,\pi/2[ d'après la question 3. Montrer que, pour \phi\in]0,\pi/2[, h est définie continue dérivable et strictement croissante sur [0,\pi/2[ et que sa dérivée est définie continue, strictement positive et strictement décroissante sur [0,\pi/2[.

Question 7)

Soit \theta_S la solution de h_\phi(\theta)=0. Soit \theta_0 \in [0,\theta_S[. On note S(\theta_S,0) et A_0(\theta_0,h(\theta_0)) les points de la courbe représentative \mathcal{H} de h dans un repère orthonormé. On note B_1(\theta_1,0), le point d'intersection de la tangente en A_0 à \mathcal{H} avec l'axe des abscisses. Montrer que \theta_1=\theta_0-\frac{h_\phi(\theta_0)}{h_\phi'(\theta_0)} et que \theta_0 < \theta_1 < \theta_S.

Question 8)

Montrer que la suite définie par \theta_0=0 et \theta_{n+1}=\theta_n-\frac{h_\phi(\theta_n)}{h_\phi'(\theta_n)} converge vers \theta_S.

ensavoirplusConvergence de la méthode de Newton-Raphson

La convergence de cette suite dépend fortement du choix de \theta_0. La figure ci-dessous montre le nombre d'itérations nécessaires pour attendre un précision relative de l'ordre de 10^{-12} sur \theta_S en fonction de \theta_0 et \phi. On voit que pour certains choix la convergence est très mauvaise voire impossible. Par contre avec \theta_0=0, la méthode converge pour toute valeur de \phi même si ce n'est pas le choix optimal.

Convergence de la méthode de Newton-Raphson pour la projection de Mollweide
figures/test_conv.png
Nombre d'itérations nécessaires pour attendre un précision relative de l'ordre de 10^{-12} sur \theta_S en fonction de \theta_0 et \phi.
Crédit : Astrophysique sur Mesure / Marc Fouchard.


Réponses aux exercices

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Exercice 'Les racines du polynôme de la méthode de Laplace'


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Exercice 'Les racines des polynômes de Legendre'


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Exercice 'projection de Mollweide'