La MMSN est une entité théorique qui permet d’avoir une idée de la structure initiale du disque proto-planétaire qui a formé les planètes du système solaire, en faisant l’hypothèse que celles-ci se sont, en gros, formées à leur emplacement actuel (cf. cours).
A partir de la masse et de la composition actuelle des 8 planètes du système solaire, donner une estimation de la distribution radiale de la matière solide (roches+ glaces) dans la MMSN. Pour cela on peut supposer que la masse solide de toutes les planètes était initialement repartie dans un disque continu s’étendant de l’orbite de Mercure à celle de Neptune. L'information que l'on cherche est alors quelle est la densité surfacique ∑de matière (par exemple en kg/m2) dans ce disque en fonction de la distance radiale r au soleil. Il peut ensuite être intéressant de tracer un graphe représentant ∑(r).
Attention: si pour les planètes telluriques la masse solide de ces planètes peut-être considérée comme étant égale à leur masse totale, il n'en va pas de même pour les planètes géantes (qui contiennent également beaucoup de gaz). La masse totale de matière solide (roche+glaces) contenue dans les planètes géantes n'est pas connue avec une grande précision, mais on pourra prendre les fourchettes suivantes:
Jupiter: entre 10 et 45 MTerre de matière solide
Saturne: entre 20 et 30MTerre de matière solide
Uranus: entre 9 et 13 MTerre de matière solide
Jupiter: entre 12 et 16 MTerre de matière solide
Donner la vitesse de libération vlib à la surface d’un planétésimal de taille R et de densité ρ, en supposant, pour simplifier, que celui-ci a une forme sphérique.
Application numérique : donner vlib pour un corps de 1km, pour un corps de 100km, pour la Terre, et pour Jupiter.
Comme nous l’avons vu (cf. lien1 et lien2 ), l’étape intermédiaire dans le scénario de formation planétaire est celle qui fait passer de planétésimaux kilométriques à des « embryons » planétaires de 500-1000km. Lors de cette étape, le processus fondamental est l’attraction gravitationelle mutuelle des planétésimaux lors de leurs rencontres. Dans sa version initiale, le modèle d’accrétion des planétésimaux supposait que ceux-ci croissent de manière « ordonnée », c’est à dire tous ensemble et à la même vitesse. Même si on sait qu’aujourd’hui ce scénario ne correspond pas à la réalité (l’accrétion se faisant par effet « boule de neige » bien plus rapide), il est quand même intéressant d’avoir une idée du rythme de croissance pour cette croissance « ordonnée ».
Pouvez vous ainsi estimer le temps qu’il faut pour former des corps de 1000km à partir d’une population de corps de 1km ? On supposera que :
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On peut considérer que la masse de chaque planète était initialement uniformément répartie entre la moitié de la distance jusqu'à la planète précédante (plus proche du Soleil) et la moitié de la distance jusqu'à la planète suivante (plus éloignée du Soleil). Dans ce cas, on peut facilement estimer la densité surfacique moyenne de matière dans l'anneau défini par ces 2 limites. Attention: On prendra en compte la ceinture d'astéroides, en considérant que la masse totale de celle-ci (environ 1022kg) se situe à une distance moyenne de 3UA du soleil.
On a ici besoin de seulement 2 informations essentielles: la position et la masse de chaque planète du système solaire. Ces informations peuvent être très facilement trouvées sur Internet. Une fois qu'on a cela, la procédure est simple: on part de la planète la plus proche du soleil, donc Mercure, et on repartit la masse Mmer de cette planète entre 0.5amer et 0.5*(amer + avenus).
Dans ce cas on obtient donc pour Mercure
Ensuite pour Venus, on obtient
Ensuite pour la Terre, on obtient
Ensuite pour Mars (en considérant que la masse de Mars s'étendait jusqu'à mi-chemin de la distance jusqu'à la ceinture d'astéroïdes):
Pour les astéroïdes
Pour Jupiter (en considérant que la masse de matière solide de Jupiter est d'environ 30MTerre)
Pour Saturne (en considérant que la masse de matière solide de Saturne est d'environ 25MTerre):
Pour Uranus (en considérant que la masse de matière solide d'Uranus est d'environ 11MTerre):
Pour Neptune (en considérant que la masse de matière solide de Neptune est d'environ 14MTerre, et en considérant que la matière de Neptune étant étendue jusqu'à 35UA):
...Et on peut constater qu'on est assez loin d'obtenir une belle courbe régulière....
pages_planetologie-formation/exo-estimation-veplanetesimal.html
Pour un corps sphérique, la vitesse de libération à la surface s'exprime sous la forme:
A.N.: La densité de la Terre est de 5.54g/cm3, celle de Jupiter de 1.34 g/cm3, ce qui donne donc, avec leur rayon respectifs de 6400km et de 71000km, vlib(Terre)=11.2km/s et vlib(Jup)=59.5km/s. Pour un corps de 1km, si on suppose une densité typique d'un astéroïde (3g/cm3), on obtient vlib = 1.28m/s. On remarque que, pour un corps de densité astéroïdale, on peut appliquer la relation simplifiée (et très pratique!):
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On peut commencer par estimer, pour un planétésimal de taille r, quel est le nombre d’autres planétésimaux (de même taille r) qu’il va rencontrer par unité de temps. Pour cela, on peut supposer que ce planétésimal avance en ligne droite à la vitesse dans un disque d’épaisseur (où a est la distance au soleil eti est l'inclinaison des orbites de tous les planétésimaux)
Pendant un temps dt, un planétésimal balaye le volume . Il faut maintenant estimer le nombre de planétésimaux contenus en moyenne dans ce volume. Ce nombre est donné par (m étant la masse d'un planétésimal). Le terme en (r + r)2 vient du fait que même des corps dont le centre n'est pas dans le volume balayé par le planétésimal considéré peuvent être impactés par lui en raison de leur taille non-nulle r. En remplaçant vcol par e.vKep, e/i par 2 et m par 4/3ρπr3 on obtient un taux de collision de , où Ωk est la vitesse angulaire orbitale. Comme on suppose que tous les planétésimaux ont toujours la même taille, on a donc, qu'à chaque collision, le planétésimal accrète 1 fois sa propre masse. Donc , ce qui donne, en remplaçant dN/dt par la formule précédente et (1/m)*(dm/dt) par (3/r)*(dr/dt), la formule . On remarque que cette formule très simple ne dépend ni de e, ni de i, ni de la taille des planétésimaux. Et, à 1UA, cela donne un taux de croissance , soit environ 2.5 millions d'années pour former un corps de 1000km.