Un spectromètre par transformée de Fourier ne décrit pas directement les raies d'un spectre, mais les fréquence spatiales qui transcrivent ces raies, dans un interférogramme. Il réalise physiquement une opération équivalente à une transformation de Fourier ; l'interférogramme donne ensuite la mesure du spectre par une transformation de Fourier inverse, calculée.
Un spectromètre par transformée de Fourier est un instrument basé sur un interféromètre de Michelson.
Un spectromètre par transformée de Fourier correspond à un interféromètre de Michelson réglé en anneau : les 2 miroirs sont, à une image via la séparatrice près, parallèles, séparés de la différence de marche.
Les interférences sont localisées à l'infini. Les voir nécessite de regarder à l'infini, p.ex. au foyer d'une lentille.
Principe de l'interféromètre de Michelson ; transformation de Fourier.
Expliciter en quoi un interféromètre est dit de Fourier.
On note la différence de marche entre les 2 faisceaux monochromatiques interférant à l'infini, et le déphasage. La relation entre et s'exprime, à la longueur d'onde :
On notera par la suite, en fonction du nombre d'onde :
Issus de la même source, ces faisceaux sont cohérents, et leurs amplitudes vont s'additionner. En notation complexe :
L'intensité diffractée, pour une différence de marche entre les 2 miroirs, sur l'axe, càd dans l'anneau central, constitue l'interférogramme. En lumière monochromatique de nombre d'onde , le signal d'interférence s'écrit à la différence de marche :
Les unités couramment employées sont, pour le spectre, les nombres d'onde, comptés en et la différence de marche, comptée en cm. La période spatiale de l'interférogramme est , soit tout simplement la longueur d'onde .
Pour une source non-monochromatique de densité spectrale , dans la bande spectrale , l'interférogramme prend la valeur :
Sans cohérence temporelle entre les différentes couleurs, il y a sommation des intensités spectrales . La partie modulée (càd qui dépend de la différence de marche ) de l'interférogramme, correspond à la partie réelle de la TF de la densité spectrale :
En fait, l'interférogramme réalise la TF de la distribution spectrale de la source. Il s'ensuit que la TF inverse de l'interférogramme permet de remonter au spectre :
Cette dernière étape est réalisée par calcul (et l'essor des spectromètres par transformée de Fourier a accompagné celui des ordinateurs).
Un spectromètre par transformée de Fourier comprend un interféromètre à 2 ondes, de type interféromètre de Michelson.
FTS du CFHT
L'appliquette ad-hoc décrit le FTS (Fourier Transform Spectrometer) du télescope CFH.
L'interféromètre est de type Mach-Zehnder, plus efficace que l'interféromètre de Michelson car il peut récupérer, sur 2 voies en opposition de phase, 2 interférogrammes : la totalité des photons émis est ainsi utilisée (aux réflexions et transmissions près), contrairement à l'interféromètre de Michelson qui renvoie la moitié des photons vers la source.
Un filtre est nécessaire pour sélectionner une bande passante limitée du spectre étudié. L'interférogramme associé à cet exemple va comprendre des motifs liés au signal spectral dans le filtre.
Au proche voisinage de la différence de marche nulle, les franges restent bien contrastées. Le contraste des franges baisse rapidement au fur et à mesure de l'éloignement de la différence de marche nulle.
L'interférogramme complet comprend divers motifs, construits selon les interférences entre les raies sélectionnées par le filtre.
La visualisation d'un train de franges de l'interférogramme montre une belle portion de sinusoïde modulée par l'enveloppe du train de franges.
Décrire l'allure de l'interférogramme.
Le spectre comprend les données en entrée :
L'avantage de travailler avec une telle unité spectrale est d'avoir des variables directement conjuguées entre le spectre et l'interférogramme :
Ces unités employées, quoique hors SI, présentent l'avantage d'être inverses l'une de l'autre.
L'interférogramme calculé représente la quantité :
où l'on reconnaît la partie réelle de la TF de la densité spectrale .
L'interférogramme réalise physiquement la TF de la distribution spectrale de la source. La TF inverse de l'interférogramme, calculée, permet de remonter au spectre.
L'interféromètre étant réglé en anneaux, le principe instrumental ne nécessite pas l'introduction d'une fente d'entrée, contrairement à un spectromètre à réseau. L'étendue de faisceau n'est donc pas drastiquement limitée par une fente ; en pratique, elle est limitée par la nécessité de travailler dans un coeur de frange.
Ceci est convenablement dimensionné dans un exercice.
L'animation ci-jointe montre comme évolue l'interférogramme en fonction de la différence de marche, pour une onde strictement monochromatique.
Les miroirs étant parallèles, les franges d'interférence présentent la symétrie de révolution autour de l'axe optique ; ce sont des anneaux. On remarque que, par stationnarité de la différence de marche , avec l'inclinaison, autour de l'inclinaison nulle, la tache centrale est relativement plus large que les autres anneaux.
Difficulté : ☆☆ Temps : 30 min
On illumine un interféromètre de Fourier avec une source ponctuelle présentant un doublet, aux nombres d'onde et voisins. Chacune des raies est supposée monochromatique, et leurs intensités égales.
Déterminer l'expression de l'interférogramme . Mettre en évidence deux périodes caractéristiques de l'interférogramme.
Déterminer la période des battements et représenter l'allure de l'interférogramme, pour le doublet du sodium : et .
Difficulté : ☆☆ Temps : 30 min
Les 2 miroirs d'un interféromètre de type Michelson sont réglés parallèles (au rôle de la séparatrice près). On note la différence de marche à incidence nulle.
Montrer que la différence de marche pour un faisceau d'incidence devient . Faire un schéma.
[1 points]
A quelle condition la différence de marche varie-t-elle de moins d'une fraction de longueur de longueur d'onde ?
[1 points]
Faire l'application numérique pour une ddm de 1 cm, et une fraction limitée à 10%, à 1 micron.
[1 points]
Un interférogramme présente une modulation, de période égale à la longueur d'onde moyenne sélectionnée par le filtre.
L'interférogramme présente à plus grande différence de marche des motifs liés à la nature du signal. A très grande différence de marche, il perd tout contraste.
Introduire la notion de contraste, qui rend compte d'une modulation amoindrie dans l'interférogramme d'une raie réelle, qui n'est pas strictement monochromatique.
Le contraste représente globalement l'allure de l'interférogramme, avec des trains de franges plus ou moins contrastés (chaque frange n'étant localement qu'essentiellement un bout de sinusoïde de période égale à la longueur d'onde moyenne sélectionnée par le filtre d'entrée.
Un laser présente une bonne réalisation pratique d'une raie monochromatique. Sa longueur de cohérence peut être tellement grande que la réalisation de son interférogramme conduit effectivement à un signal également modulé à toute différence de marche :
Mais une source réelle ne présente pas un telle cohérence (autrement dit, elle est moins monochromatique), et cela modifie les propriétés de l'interférogramme, qui apparaît moins contrasté.
Le contraste des franges est le rapport entre l'amplitude de modulation de la frange à l'énergie totale collectée dans le filtre.
Le contraste se mesure localement dans l'interférogramme par :
Dans l'interférogramme d'une source avec une seule raie plus ou moins large, il intervient comme :
La visibilité des franges, ou leur contraste, dépend de la largeur des raies du spectre. Une approche simple est proposée en exercice.
Des animations montrent comment la visibilité évolue avec la largeur des raies, mais aussi avec la largeur du filtre.
La visibilité des franges dépend de la largeur spectrale des raies étudiées. Plus les raies sont larges, moins les franges sont visibles à grande différence de marche.
Difficulté : ☆☆☆ Temps : 45 min
On alimente un spectromètre par TF par un spectre avec une seule raie, non monochromatique, de largeur . On note l'intensité spectrale, et l'intensité dans la raie. Pour simplifier les calculs, on ne s'intéresse pas à un profil réaliste, mais à un profil de raie en émission idéalisé par :
Justifier le fait que l'intensité totale enregistrée à la différence de marche est la somme de toutes les intensités spectrales reçues.
[3 points]
Mener le calcul de l'interférogramme.
[3 points]
Montrer la relation :
et exprimer la fonction de visibilité des franges en fonction de et .
[1 points]
Représenter schématiquement la fonction . Déterminer la première valeur qui annule la fonction de visibilité.
[2 points]
Décortiquer le fonctionnement d'un spectromètre par transformée de Fourier, en s'appuyant sur les propriétés d'une TF en lien avec les caractéristiques souhaitées du spectre.
Une observation par spectrométrie de Fourier nécessite le choix de paramètres de Fourier efficaces pour l'enregistrement rapide de l'interférogramme. La comparaison entre le spectre initial et le spectre calculé à partir d'un interférogramme simulé permet de jauger la pertinence des choix effectués.
L'interférogramme, obtenu par pas de différences de marche équidistants de , admet une fréquence de coupure . La valeur de cette fréquence, donc la valeur de , ne peuvent pas être prises au hasard.
Le spectre étant recalculé à partir de l'interférogramme par transformée de Fourier rapide (fft), la validité du principe suppose que les bornes de l'intervalle spectral libre, multiples entiers consécutifs de , encadrent entièrement le domaine spectral défini par le filtre d'entrée.
Quand bien même la largeur de l'intervalle spectral libre est suffisante, mais avec un spectre distribué sur 2 intervalles, le résultat ne sera pas correct, par suite du repliement des fréquences lors de la fft. Le nombre de points de l'interférogramme doit être optimisé. S'il diffère légèrement de la valeur optimale, le mauvais échantillonnage du signal conduit à retrouver un spectre à l'aspect tordu, par suite du repliement indu de fréquences mal séparées.
La résolution spectrale varie en fonction de la différence de marche maximale explorée. Elle s'exprime simplement :
Exemple : pour une raie à et , et le pouvoir de résolution vaut donc .
Rien ne sert de suréchantillonner l'interférogramme dès lors que le nombre de points a été optimisé au sens des propriétés de la transformée de Fourier rapide.
Montrer comment les paramètres d'un interférogramme doivent être choisis pour une optimisation de son acquisition respectant la résolution spectrale désirée.
Le but de l'interférométrie consiste à obtenir une information spectrale avec les éléments désirés. Les paramètre de l'interférogramme doivent donc obéir à cette contrainte.
Le spectre est essentiellement caractérisé par :
Deux paramètres construisent l'interférogramme :
Le lien entre les paramètres du spectre et de l'interférogramme dérivent des relations suivantes :
Le principe même de la spectrométrie par transformée de Fourier nécessite de sélectionner une région spectrale pas trop large, par un filtre adéquat, autour des raies à étudier. Ceci peut se comprendre de diverses manières : d'un point de vue expérimental, un filtre large va conduire à une teinte plate très rapidement, de laquelle plus aucune information ne sera extractible ; du point de vue de Fourier, il s'agit de pouvoir travailler dans une région limitée du spectre afin qu'un échantillonnage limité, conduisant à un intervalle spectral libre limité, suffise à recouvrer toute l'information spectrale.
On note respectivement les bornes inférieure et supérieure de la bande passante utile. La largeur de la bande passante détermine le domaine des nombres d'onde dans lequel il ne doit pas y avoir confusion spectrale.
En d'autres termes, l'échantillonnage doit assurer une fréquence de coupure spatiale telle que la largeur spectrale du filtre soit comprise dans l'intervalle spectral libre :
avec un entier naturel.
Il apparaît immédiatement la condition : . Si l'on suppose la différence de marche maximale fixée, et donc la résolution fixée, on peut préciser le choix du nombre de points optimal , résultant des 2 conditions ci-dessus.
En omettant tout d'abord que et doivent être entiers, leurs solutions réelles doivent vérifier :
Comme ces 2 solutions ne sont pas nécessairement entières, il s'agit de déterminer les entiers et assurant de façon optimale :
C'est à dire :
et simultanément
Les 2 inégalités concernant les entiers successifs et assurent la validité de l'intervalle spectral défini par .
paramètres | symbole | unité | |
---|---|---|---|
borne min. | |||
borne max. | |||
largeur du filtre | |||
ddm maximale | cm | ||
pas en ddm | cm | ||
nombre de ddm | |||
résolution | |||
largeur interv. spectr. libre |
Reproduire le spectre nécessite le choix d'une résolution spectrale suffisante, ainsi que le choix en accord d'un nombre de points suffisant.
Pour la simulation il s'agit :
La simulation propose la valeur de adaptée à l'intervalle spectral et à la résolution proposée.
Vérifier alors :
Sur une source brillante, la spectrométrie par transformée de Fourier permet d'atteindre des résolutions inégalées. Ceci peut s'avérer nécessaire pour des objectifs scientifiques tels la reconnaissance d'isotopes, ou l'identification complète d'un spectre de roto-vibration
L'étendue de faisceau admissible par un interféromètre de Fourier permet de réaliser un spectre sur un champ étendu. L'avantage de ce principe est de pouvoir analyser toute une région spatiale dans une raie donnée, ou d'observer un point du champ à diverses longueurs d'onde, en ayant un grand choix possible de résolutions spectrales. Ce genre d'observation a été réalisé avec le FTS du télescope CFH, sur différents objets : les poles de Jupiter montrant des aurores, des enveloppes d'hydrogène circumstellaires, des environnements stellaires.
pages_fourier/fts-interferogramme-sexercer.html
Les 2 ondes peuvent-elles être cohérentes ?
On rappelle :
Les 2 ondes monochromatiques sont incohérentes entre elles. Le signal d'interférence s'écrit donc, pour les raies supposées monochromatiques, comme somme des intensités :
On en déduit :
On y reconnaît un terme d'interférence, de fréquence spatiale , modulé par une enveloppe de fréquence .
Les nombres d'ondes respectifs valent 16961 et 16978 , soit une demi-différence de .
La fréquence spatiale des battements, d'après ce qui précède, vaut , la période spatiale est donc :
D'où l'allure de l'interférogramme :