L'observation dans l'infrarouge thermique ou à des fréquences plus basses obéit à des règles particulières, dès lors que tout le rayonnement de corps noir de l'environnement s'ajoute au signal. Il en résulte une technique d'observation particulière, pour distingue la source des autres contributions.
Dans le domaine radio se rajoutent les difficultés à obtenir une résolution spatiale précise, dues à la diffraction, et la spécificité de la détection cohérente : les collecteurs deviennent des antennes directement sensibles au champ électromagnétique.
L'observation sur Terre à toute longueur d'onde supérieure à environ est perturbée par le rayonnement thermique terrestre. Elle nécessite la capacité de discriminer les photons issus de la source céleste de ceux correspondant à l'environnement chaud : le ciel, le collecteur, l'instrument (le détecteur est nécessairement refroidi, sinon il s'auto-éblouirait et toute détection serait impossible).
L'observation de Jupiter, aux alentours de 10 microns, conduit à une image où la contribution essentielle provient du ciel.
Il apparaît nécessaire de soustraire le fond de ciel. Ceci est réalisé en déplaçant très rapidement (à une fréquence de plusieurs Hz) un miroir dans la chaîne d'acquisition du télescope (typiquement le miroir secondaire, dit secondaire vibrant), afin de pointer alternativement la cible et le ciel juste à côté.
Cette opération permet de faire apparaître Jupiter, mais il subsiste alors des gradients sur l'image, selon que l'on soustrait le ciel d'un côté ou de l'autre de la cible.
La soustraction du fond de ciel moyen permet d'aboutir à une image de meilleure qualité. Cette image est obtenue en dépointant le télescope entier, à une cadence plus basse.
Corps noir
Les observations dans l'infrarouge thermique doivent tenir compte de tous les éléments qui participent au signal, en plus de la source : ciel, télescope, environnement du détecteur.
Pour observer dans un certain domaine spectral, la température du détecteur doit absolument être inférieure à la température de rayonnement associée, via la loi de déplacement de Wien, à la longueur d'observation.
On peut justifier ceci très brièvement en évoquant le deuxième principe de la thermodynamique : si le détecteur est plus chaud que la source, l'énergie s'écoule du détecteur vers la source, et cette dernière ne risque pas de beaucoup impressionner le détecteur.
Sur Terre, la température ambiante (de l'ordre de 300~K) correspondant à un rayonnement maximal à selon la loi de Wien. Toute observation à une longueur d'onde supérieure à doit s'affranchir du flux infrarouge ambiant.
De ce qui précède, il s'ensuit que toute mesure d'un faible flux dans l'infrarouge thermique se doit d'être une mesure différentielle, où l'on cherche à distinguer une source sur un fond brillant, à moyenner et à soustraire, car il surpasse le signal.
Les différentes étapes pour l'imagerie infra-rouge sont résumées dans l'appliquette ci-jointe.
Images IR
Utiliser les appliquettes ci-jointes pour visualiser les étapes du traitement des images IR (Jupiter à 10 microns, ESO).
Etudier en coupe, sur chaque image : le fond de ciel, une coupe de Jupiter parallèle aux bandes, une coupe orthogonale.
La loi du corps noir permet de comprendre l'appellation infrarouge thermique, domaine privilégié d'émission des corps (noirs ou approchés) de température de l'ordre de plusieurs dizaines à quelques centaines de Kelvin, lorsque le visible est le domaine privilégié d'information des corps stellaires plus chauds.
Imagerie IR
Difficulté : ☆☆ Temps : 15 min
La figure ci-jointe montre la planète Saturne et ses anneaux, dans l'infrarouge thermique à .
Etudier la carte de température des anneaux. Que met en évidence cette observation ?
La période orbitale des anneaux étant de l'ordre de 10 h, estimer l'ordre de grandeur de la durée de réchauffement des anneaux.
Difficulté : ☆ Temps : 10 min
On cherche à observer dans l'infrarouge aux longueurs d'onde suivantes : 2, 5, 20, 60 microns. Indiquer les températures maximales du détecteur, pour éviter qu'il soit saturé par son propre signal (on prendra une marge d'un facteur 10 par rapport à la loi de Wien).
[2 points]
Proposer des solutions pour le refroidissement nécessaire.
[2 points]
La diffraction d'une part, et la faible énergie transportée par le rayonnement radio nécessitent de grands radiotélescopes.
L'interféromètre VLA permet d'imager par interférométrie à diverses longueurs d'onde radio.
Aux grandes longueurs d'onde, lorsque la détection du signal est cohérente, la tache image s'appelle lobe d'antenne. Pour une antenne seule, c'est directement la tache de diffraction, égale par définition à l'étendue de faisceau cohérente, qui fixe la résolution angulaire, dans ce cas égale au champ objet.
Le signal radio se caractérise par :
Cf. pages sur l'interférométrie.
pages_infra-rouge/observation-infrarouge-sexercer.html
Interpréter la figure en s'appuyant sur le codage de couleur de la température.
Sur ce cliché, les anneaux tournent dans le sens horaire. Le codage de couleur indique une température de l'ordre de 83 K. Après leur passage dans l'ombre de la planète, ils émergent à une température inférieure, d'ordre de 80 K.
Estimer la mesure du secteur angulaire sur lequel la température des anneaux retrouvent la valeur chaude d'équilibre.
Très grossièrement, le secteur angulaire sur lequel la température des anneaux retrouve la valeur d'équilibre représente de l'ordre de 45 degrés, soit 1/8 de période. La constante de temps du réchauffement est donc de l'ordre de grandeur de l'heure.