De par sa proximité, le Soleil nous fournit une grande quantité d'informations sur son comportement. On peut le définir en deux lignes, comme n'importe quelle étoile, ou alors entrer dans le détail d'une physique qui se complexifie chaque jour : à mesure qu'une question est résolue, elle en entraîne alors une nouvelle.
Dans ce cours, nous allons nous efforcer de donner une vision relativement large de ce qu'est le Soleil. Pour cela, nous avons divisé le cours en quatres parties. La première constitue une visite détaillée du Soleil. La seconde partie est plus observationnelle. On y abordera les questions d'astrométrie solaire (ou comment repérer la position d'une structure sur un astre gazeux). La troisième partie concerne l'activité du Soleil et les relations que le Soleil entretient avec les objets du système solaire et en particulier la Terre. Ce sera l'occasion de parler un peu de météorologie de l'espace. Vous pouvez d'ailleurs commencer par lire cette partie du cours avant d'aborder les autres aspects. La quatrième partie s'intéressera au rayonnement électromagnétique produit par le Soleil et à son analyse, des rayons gamma jusqu'aux ondes radio.
Le Soleil est une étoile, c'est-à-dire un astre qui produit sa propre énergie. Formé de gaz, essentiellement d'hydrogène, il est une merveille d'équilibre entre deux forces : la gravitation, qui pousse ses couches extérieures vers son cœur, et le rayonnement, qui cherche à faire jaillir la matière vers l'extérieur. Cet équilibre peut être stable sur une très longue durée : dans le cas du Soleil, dix milliards d'années environ.
Cette étoile est particulièrement importante car elle fournit l'essentiel de l'énergie reçue par les planètes du système solaire. Néanmoins, elle reste relativement banale comparée à l'ensemble des autres étoiles. Il s'agit d'une étoile de classe G (voir le diagramme de Hertzsprung-Russel), située sur la séquence principale, donc dans la phase principale de sa vie. Malgré son rayon de 7x105 km et sa masse de 2x1027 tonnes, le Soleil est d'une taille modeste (Bételgeuse dans la constellation d'Orion a un rayon qui lui est 1100 fois supérieur).
Situé à une distance moyenne de 150 millions de km de la Terre, le Soleil permet d'étudier en détail la physique se déroulant depuis son cœur jusque dans les régions les plus périphériques de son atmosphère. C'est la seule étoile que nous puissions étudier avec une telle précision temporelle et spatiale. Les théories peuvent ensuite être testées sur d'autres étoiles, de type solaire ou non, pour essayer d'avoir une vision globale de la physique qui régit l'évolution des étoiles.
En vous aidant du diagramme de Hertzsprung-Russell de la page précédente et sachant que la luminosité d'une étoile est donnée par la relation avec R le rayon de l'étoile et T sa température de surface, donner l'ordre de grandeur du rayon (en fonction du rayon du Soleil) des étoiles suivantes : Véga, Etoile de Barnard, Bételgeuse et Rigel.
Donnée : TSoleil = 6300 K (noté aussi ).
Le Soleil et le système solaire sont nés d'un même nuage de gaz, provenant lui-même d'étoiles ayant explosées dans un lointain passé. Sous l'action des forces de gravitation, ce nuage grossit peu à peu. Il attire ainsi les atomes de gaz passant près de lui. Sa masse est suffisamment importante pour attirer aussi les grains de poussière composés de carbone, d'azote, d'oxygène ainsi que, en moins grande quantité, magnésium, silicium, soufre et fer. Tous les éléments nécessaires à la formation du système solaire sont présents dans le nuage.
Probablement sous l'impulsion d'une faible perturbation provenant d'une lointaine étoile, ce nuage de gaz commence à s'effondrer sous son propre poids. Petit à petit, il s'aplatit et se met à tourner sur lui-même : tel un patineur qui replie les bras, il tourne de plus en plus vite (voir exercice suivant pour comprendre le processus). Au centre de ce nuage, la pression et la température augmentent considérablement. Il y a 4,6 milliards d'années, les réactions thermonucléaires se sont initiées dans le cœur de cette boule de gaz.
Toujours sous l'effet des forces de gravitation, la matière s'organise autour de l'étoile. Les particules de poussière les plus lourdes s'agglomèrent. Elles forment des cailloux de plus en plus gros. C'est la toute première phase de la formation des planètes à surface solide. Dans sa rotation, le nuage rejette vers sa périphérie les particules de gaz plus légères. Des poches de gaz de plus en plus grandes se forment. Véritables aspirateurs de matière, elles donneront naissance aux planètes gazeuses que nous connaissons aujourd'hui. Et oui ! Toutes les planètes ne sont pas solides !!
Pendant plusieurs millions d'années, les corps de matière solide et de gaz vont subir de constantes transformations dans de violentes collisions. Puis, petit à petit, tous les débris sont absorbés. La situation se stabilise. Grâce à la datation de roches, il a été établi que la Terre avait mis 100 millions d'années à se former.
Le système solaire est né : en son centre une étoile, notre Soleil. Dans sa proche périphérie, des planètes à surface solide appelées planètes telluriques car ressemblant à la Terre. Plus loin, des planètes de gaz, dites Joviennes car semblables à Jupiter. Entre les deux, une ceinture des cailloux de quelques dizaines de kilomètres, la ceinture d'astéroïdes et, plus loin, aux confins de notre système solaire, un autre réservoir de roches, témoins de notre système solaire primitif. Sous l'effet de perturbations interstellaires, certains de ces cailloux sont renvoyés vers l'intérieur du système solaire formant ainsi des comètes.
L'existence d'une quantité appelée "moment angulaire" non nul entraîne la rotation d'un objet (voir exercice). C'est ce qui s'est passé pour le nuage proto-solaire. Ce nuage n'était pas sphérique et les différentes particules le constituant, dans leur mouvement aléatoire, ont induit une composante non nulle du moment cinétique. Ce faisant une autre force est intervenue : la force centrifuge qui tend à renvoyer les particules vers l'extérieur (c'est cette pseudo force que vous sentez en voiture en prenant un virage). La résultante des forces de gravitation et centrifuge est une force dirigée vers un plan perpendiculaire à l'axe de rotation (voir figure).
La conservation du moment cinétique indique que la « quantité de rotation » d'un objet isolé se conserve (est constante) : pas de création, pas de destruction. En grandeur non vectorielle, le moment cinétique s'écrit :
Où désigne l'angle entre r et v. Si t = 0 (r et v alignés), L = 0 ; si = 90, L est maximum. Autrement dit, pour faire tourner une porte, il vaut mieux appliquer une force dirigée perpendiculairement à son axe de rotation que parallèlement !…
Dans cet exercice, nous allons essayer de comprendre pourquoi le nuage proto-solaire s'est aplati au cours de son évolution et pourquoi il s'est mis à tourner.
Dans le cas où les forces sont conservatives (pas de perte d'énergie sous forme de chaleur), comme c'est le cas pour la gravitation, pour tout objet en rotation, il y a conservation d'une grandeur que l'on appelle «moment cinétique» L (ou moment angulaire). Son expression est :
où est le rayon vecteur entre l'axe de rotation et l'objet, et la vitesse de rotation de l'objet. Ce sont des grandeurs vectorielles (donc orientées en sens et direction). Le produit vectoriel signifie que est perpendiculaire à la fois à et à . Pour connaître son orientation, faites l'expérience suivante :
Avec votre main gauche (laissons la droite pour écrire*), pointez votre pouce selon une direction qui sera (disons de droite à gauche), votre majeur qui sera (perpendiculaire à , vers vous pour simplifier le mouvement), votre index (tendu perpendiculairement aux deux autres doigts) pointera alors la direction de (axe de rotation de votre système). Quelle est cette direction ?
(* si vous êtes gaucher, prenez votre main droite avec le majeur pour , le pouce pour ,votre index pointe vers )
Revenons à notre nuage en rotation. On supposera , angle entre le rayon vecteur et le vecteur vitesse , égal à 90˚. Sachant que le rayon du nuage proto-solaire se réduit (à cause de la gravitation) au cours de son évolution, comment la vitesse évolue-t-elle au cours du temps ?
Vous avez déjà rencontré une application du principe de conservation du moment cinétique dans votre cours sur les orbites des planètes. Savez-vous de quelle loi il s'agit ?
Le Soleil est un plasma c'est-à-dire un gaz fortement ionisé. Il est constitué d'électrons, de protons et d'atomes et molécules plus ou moins ionisés (ayant perdu au moins un électron, ce qui rend l'atome ou la molécule électriquement non neutre).
Quelques ordres de grandeur de dimensions solaires :
Le tableau donne les abondances relatives d'éléments constituant le Soleil. On peut constater la présence d'atomes lourds (tel que le fer, le phosphore etc). Ces éléments n'ont pas été produits par le Soleil. Ils proviennent des résidus d'étoiles ayant servis au nuage proto-solaire.
H (Hydrogène) | 1 000 000 | Al (Aluminium) | 2,5 |
He (Hélium) | 50 000 | Si (Silicium) | 35 |
C (Carbone) | 350 | P (Phosphore) | 0,27 |
N (Azote) | 110 | S (Soufre) | 16 |
O (Oxygène) | 670 | K (Potassium) | 0,11 |
Ne (Néon) | 28 | Ca (Calcium) | 2,1 |
Na (Sodium) | 1,7 | Fe (Fer) | 25 |
Mg (Magnésium) | 34 |
Abondance approximative (relativement à l'hydrogène) des principaux éléments chimiques dans l'atmosphère du Soleil.
Bien que la notion de surface n'ait pas grand sens dans le cas d'une sphère de gaz, on distingue toutefois deux grandes zones : l'intérieur et l'atmosphère du Soleil. Schématiquement, l'intérieur du Soleil est toute la région inaccessible par des moyens optiques (quels qu'ils soient).
La « surface » solaire (qui définit aussi son rayon) est définie par l'altitude à partir de laquelle les photons à 500 nm se propagent librement.
L’intérieur solaire est composé de trois régions :
L’atmosphère est elle aussi composée de trois zones :
Il faut cependant noter que si l'intérieur du Soleil a une limite supérieure (la "surface"), l'atmosphère solaire n'en a pas ! La couronne solaire, à environ 3 rayons solaires, est accélérée pour donner lieu à un vent solaire, s'étendant dans tout le milieu interplanétaire. La plupart des étoiles possèdent un tel vent, alors appelé vent stellaire.
Le noyau est la région la plus centrale du Soleil. C'est de là que provient toute l'énergie solaire, traversant toutes les couches jusqu'à la surface, puis l'espace interplanétaire.
La température est de l'ordre de 15 millions de Kelvin, alors que la concentration y est de 5 x 1031 particules.m-3 (à comparer à l'atmosphère terrestre qui en contient 1025 m-3). La densité est de 150 x 103 kg.m-3. La pression y est de 2,2 x 1011 atm. Ce sont les fortes température et pression qui permettent aux réactions thermonucléaires de s'initier.
Le noyau est supposé occuper environ 200 000 km, soit 0,3 rayon solaire, et représenter environ 60% de la masse totale du Soleil. Le noyau est une zone particulièrement importante puisqu'il est le siège des réactions thermonucléaires donnant lieu à l'énergie dégagée par le Soleil sous forme de rayonnement. On estime cependant que la production thermonucléaire ne s'effectue que dans une région faisant 0,1 rayon solaire.
La rotation du noyau est rigide, c'est-à-dire qu'il tourne comme un solide sur lui-même.
La chaîne de réactions nucléaires menant de l'hydrogène à l'hélium est la suivante :
Schématiquement, on considèrera que quatre atomes d'hydrogène se groupent pour former un atome d'hélium 2He4 (cette notation indique : 4 particules dans le noyau et 2 électrons autour). Nous allons par des considérations simples estimer la durée de vie du Soleil en supposant que la seule perte de masse se produit par rayonnement.
Données :
Rappel : La masse atomique est la masse moyenne d’un atome. Elle prend en compte le nombre de particules constituant le noyau mais également la présence d’isotope (même nombre de protons et électrons mais nombre différent de neutrons) de cet élément dans la nature. Ainsi, l’hydrogène devrait avoir une masse atomique de 1 (1 proton dans le noyau). La présence en quantité non négligeable de deutérium (H2 : 1 proton + 1 neutron) et de tritium (H3 : 1 proton, 2 neutrons) change cette masse pour 1,0079.
Si la masse atomique d'un atome d'hydrogène est de 1,0079, quelle est la masse atomique M4H de 4 atomes d'hydrogène ?
La masse atomique MHe4 de l'hélium 2He4 est 4,0026. Calculer la perte de masse ΔM entre le M4H et MHe4 en kg.
En utilisant la relation d'équivalence masse-énergie d'Einstein, E=mc2 , déduire l'énergie libérée par cette perte de masse. Dans cette relation E est l'énergie libérée (exprimée en Joules, J), m est la masse transformée en énergie (exprimée en kg), et c est la vitesse de la lumière (exprimée en m/s).
Quelle est la fraction de masse d'hydrogène convertie en énergie ?
En considérant que seule 10% de la masse totale du Soleil est susceptible de subir de telles réactions au cours de toute sa vie, déduire la quantité totale d’énergie disponible. Pour cela, calculer d'abord la masse totale qui sera convertie puis appliquer la relation d'équivalence.
Sachant que le Soleil irradie = 4.1026 J/s, estimer le temps t nécessaire pour consommer tout l'hydrogène du cœur (donner le résultat en secondes puis en années). On supposera que l'énergie irradiée par le Soleil restera constante tout au long de sa vie.
Pour pouvoir fusionner les atomes d'hydrogène afin d'obtenir de l'hélium, il faut les rapprocher à une distance d'environ 10-12 m. Or ils se repoussent par la force coulombienne (les deux charges de même signe se repoussent).
Pour qu'il y ait fusion, il faut que l'énergie thermique d'un atome soit supérieure à l'énergie potentielle électrique à une distance inter-atomique de 10-12 m. Soit :
où est la constante de Boltzmann, T la température, e la charge de l'électron, une contante appelée la permittivité du vide et r la distance entre les charges (cf. valeurs numériques ci-dessous), toutes les variables devant être exprimées en unités du Système International.
En déduire la température nécessaire pour amorcer lees réactions de fusion nucléaire.
= 1,38 × 10-23 J/K,
e = 1,6 x 10-19 C,
= 8,85 × 10-12 F/m.
La zone radiative entoure le noyau de 0,3 à 0,8 rayon solaire. La densité décroît de 1,4 x 1031 m-3 à 1,7 x 1028 m-3 à mesure que l'on s'approche de la surface. De même, la pression décroît de 3 x 1010 à 6 x 106 atm, et la température de 8 x 106 à 1,3 x 106 K.
Comme son nom l'indique, l'énergie émise par le coeur est transférée vers la surface sous forme de radiations électromagnétiques, c'est-à-dire sous forme de photons. Ces photons rentrent en collision avec les particules (atomes ionisés) du milieu. Ces collisions successives ont deux effets :
On pense que cette zone contient entre un tiers et la moitié de la masse du Soleil. La rotation y est rigide.
La zone de convection est la dernière couche de l’intérieur du Soleil. La température décroît suffisamment (de 2x106 à 6x103 Kelvin) pour que des atomes se forment. La densité aussi décroît considérablement. L'énergie n’est plus transportée par rayonnement mais par convection vers la surface : le rayonnement chauffe la matière qui monte, se refroidit à proximité de la surface et se renfonce alors. La signature de cette convection est visible au niveau de la photosphère sous la forme de granulation.
La rotation de la zone convective est différentielle en latitude : elle tourne plus rapidement à l'équateur qu'aux pôles. Or la zone radiative a une rotation plutôt solide. Cette différence est très importante car on pense que la zone de frottement entre rotation rigide et différentielle - appelée tachocline - est à l'origine du champ magnétique solaire qui se forme ainsi par effet dynamo (voir chapitre suivant).
La photosphère est la première couche de l'atmosphère solaire. C'est partie "visible à l'œil nu" du Soleil (attention : ne regardez jamais le Soleil sans des moyens de protection adéquats pour les yeux). C'est une zone d'environ 500 km d'épaisseur où la température décroît avec l'altitude de 5800 K à 4200 K. 99% de la lumière émise par le Soleil provient de la photosphère.
Les structures les plus typiques de la photosphère sont les granules. Il s'agit du sommet des cellules convectives engendrées dans la zone de convection. C'est aussi ici que le champ magnétique généré au niveau de la zone de convection émerge. Bien que ce champ ne soit pas visible, un certain nombre de signatures le caractérisant émaillent la photosphère :
La chromosphère s'étend de 500 à 2000 km d'altitude. Visible comme un fin liseré rougeâtre autour du Soleil lors des éclipses totales de Soleil, la chromosphère peut être observée au-dessus du disque solaire grâce à des filtres spéciaux qui coupent l'intense lumière de la photosphère. Le filtre typique est centré sur la raie dite « Hα » de l'hydrogène (à 636,5 nm), mais on peut aussi choisir des filtres centrés autour des longueurs d'onde des raies du calcium.
La particularité essentielle de cette couche de l'atmosphère du Soleil est que la température croît avec l'altitude, passant de 4200 K à près de 10 000 K. Cette croissance de la température avec la distance au Soleil reste l'un des grands mystères de la physique solaire actuelle.
Tout comme dans la photosphère, le champ magnétique joue un rôle particulièrement important pour structurer et conditionner l'évolution à court terme de la chromosphère. Les structures caractéristiques sont :
La couronne est le nom que l'on donne à l'ensemble de l'atmosphère extérieure du Soleil... qui s'étend jusque dans le milieu interplanétaire. C'est un milieu très peu dense. La température y atteint quelques millions de Kelvin (on le sait grâce à l'observation de certains ions qui ne peuvent exister qu'à des températures très élevées).
Il s'agit de régions où les lignes de champ magnétique, au lieu de se refermer sur le Soleil, s'ouvrent vers l'espace (voir section suivante), favorisant ainsi l'émission rapide de particules dans le milieu interplanétaire. Les trous coronaux se situent principalement autour des pôles solaires et s'étendent vers les régions de plus basses latitudes. Ils sont parfois de très grande taille pouvant atteindre 50% de la surface solaire pour les plus grands. La densité et la température y étant plus faibles, ces régions paraissent sombres.
La couronne est souvent le siège de phénomènes violents comme les éruptions, qui se caractérisent par une brusque libération d'une quantité importante d'énergie, ou comme les éjections de masse coronale (en anglais Coronal Mass Ejection, CME), "bulles" de matière coronale qui s'envolent dans le milieu interplanétaire. L'étude de ces phénomènes revêt une importance particulière car ce sont des sources importantes d'émission et d'accélération de particules dans l'espace qui peuvent affecter de façon significative l'environnement des planètes (Terre incluse).
Du fait de sa très faible densité, la couronne solaire n'est observable en longueur d'onde visible qu'au cours d'une éclipse naturelle (le disque solaire est caché par la Lune) ou artificielle (le disque solaire est caché par un masque mis devant un télescope). La couronne solaire est visible lors d'une éclipse solaire car les photons émis par la photosphère sont diffusés par les particules de la couronne solaire.
Le Soleil émet en permanence près d'un million de tonne de matière par seconde dans le milieu interplanétaire. C'est ce que l'on appelle le vent solaire. Le vent solaire est un plasma c'est-à-dire un gaz constitué principalement d'électrons et de protons mais également d'ions (tels que He² et d'autres plus lourds).
En fait, il existe deux vents :
La vitesse du vent solaire lent est d'environ 350 km.s-1. Il varie peu en fonction du cycle solaire et ne dépend pas de l'activité solaire. Le vent solaire rapide quant à lui varie entre 500 et 800 km.s-1. Il dépend fortement du cycle et de l'activité solaire. Ce sont ses sursauts qui peuvent avoir des conséquences sur la Terre.
Si l'origine du vent solaire est à peu près comprise (voir page En savoir plus), l'existence d'une composante rapide est pour l'instant encore la source de nombreux débats.
Les électrons ont en moyenne une vitesse supérieure à la vitesse de libération du Soleil et peuvent s'échapper de son attraction. Ces particules étant chargées négativement, une différence de potentiel se créé entre la couronne (qui sera un peu plus positive due à la perte des électrons) et les couches supérieures négatives (due à un surplus d'électrons). Cette différence de potentiel engendre un champ électrique E dirigé du Soleil vers le milieu interplanétaire. La force qui s'exerce sur les protons (particules de charge positive) tend à les accélérer. Ceux-ci vont ainsi pouvoir aussi s'échapper de l'attraction solaire.
Le vent solaire se propage radialement dans une zone très étendue appelée l'héliosphère. A un peu moins de 100 UA (soit dans la partie externe de la Ceinture de Kuiper, ceinture d'objets glacés orbitant au delà de Neptune), la sonde Voyager 1 a atteint en 2004 la première de ces limites extrêmes de notre système solaire : le choc terminal (suivi par Voyager 2 en 2007). Dans toute l'héliosphère, le vent solaire est supersonique. Perdant peu à peu de la vitesse à mesure qu'il rencontre les particules du milieu intersidéral, le vent solaire devient sub-sonique (plus petit que la vitesse locale du son) au niveau du choc terminal.
Juste après le choc terminal on trouve l'héliogaine (zone très turbulente). Au-delà, la configuration est purement théorique (et se base sur les observations de l'interaction du vent solaire avec les planètes et des modèles).
L'héliopause est la région où le vent solaire est arrêté par le vent stellaire. Dans l'hypothèse où le vent stellaire se déplacerait à une vitesse supersonique, un choc doit être présent devant l'héliopause. Ce phénomène est d'ailleurs observé autour d'autres étoiles.
La position du Soleil est définie par l'ascension droite et la déclinaison de son centre, comme pour toute étoile (voir chapitre Mécanique Céleste, Temps et Calendriers). Cependant, le Soleil nous offre des détails beaucoup plus précis qu'aucune autre étoile : des détails de l'ordre de 70 km sont maintenant accessibles depuis des télescopes terrestres. Il est donc nécessaire de définir des systèmes de coordonnées qui permettent de repérer sans équivoque ces structures.
Définir un système de coordonnées pour le Soleil n'est cependant pas aussi simple que cela peut paraître. La vitesse de rotation du Soleil varie avec la latitude, et aucun point fixe (et de durée de vie suffisante) ne peut servir de repère puisque le Soleil est gazeux. D'autre part, le Soleil est une sphère : la troisième dimension de notre étoile doit être prise en compte. Enfin, les systèmes de référence sont liés à un observateur. Il faudra adapter les repères pour des observations faites par des satellites dont la distance au Soleil serait plus réduite par rapport à un observateur situé sur Terre. SoHO par exemple est un satellite situé au point de Lagrange - environ 1,5 million de kilomètres de la Terre dans la direction du Soleil - qui voit le Soleil 1% plus gros qu'un observateur sur Terre. Par la suite, nous considèrerons cependant uniquement le point de vue d'un observateur au sol.
La première idée est de repérer une structure par ses coordonnées rectangulaires (X,Y,Z) sur disque projeté sur le plan du ciel (voir figure).
Les positions sur les axes X et Y sont comptées en secondes d'arc (sur le ciel) depuis le centre du disque solaire. Les positions sur l'axe Z sont exprimées en kilomètres depuis le centre du Soleil ou en unité de rayon solaire.
Le centre du disque apparent a pour coordonnées (0,0). Ce repère est fixe par rapport au disque apparent du Soleil (il ne tourne pas avec la rotation solaire).
Cependant, ce repérage (X,Y,Z), s'il est commode à un instant donné, présente plusieurs limitations :
Un autre système de coordonnées est alors préféré : les coordonnées héliographiques.
Ce système est très semblable au système terrestre de latitude et longitude. Il est défini par rapport au disque apparent du Soleil en lumière blanche (la photosphère).
La latitude héliographique Θ est comptée depuis l'équateur solaire entre -90° au Sud et +90° au pôle Nord solaire.
La longitude héliographique Φ est un peu plus compliquée à compter car il n'existe pas naturellement de référence fixe (comme par exemple le méridien terrestre passant par Greenwich sur Terre).
L'intérêt de ce système de coordonnées est qu'une structure présente sur le disque solaire conservera les mêmes coordonnées pendant des durées relativement longues. Les variations observées seront dues à l'évolution propre de la structure (changement de forme ou mouvement propre sur le disque solaire) et non pas à la seule rotation solaire. Comme les mouvements propres sont généralement plus lents que la rotation solaire, on pourra repérer un groupe sur une plus longue période qu'avec les coordonnées cartésiennes qui changent en permanence.
Une première solution est de définir les longitudes par rapport au méridien central. Le méridien central est la ligne passant par les pôles solaires nord et sud et le centre apparent du disque solaire à un instant donné. Les longitudes sont alors comptées positivement vers le bord solaire Ouest (-90° au bord solaire Est et +90° au bord solaire Ouest).
Attention : on utilise des mesures d'angle, mais 1° de latitude/longitude sur le Soleil ne correspond pas à 1° sur le ciel. Le Soleil tournant sur lui-même, la longitude d'une structure varie à chaque instant (environ 13,2°/jour, déterminé à partir d'une rotation synodique moyenne de 27,2753 j).
La grille du Soleil en coordonnées héliographiques montre que les lignes de longitude se resserrent près du bord est et ouest. Savez-vous expliquer pourquoi ?
Nous ne sommes pas tout à fait au bout de nos peines. En effet, l'orientation des axes propres du Soleil (axe de rotation, équateur) ne sont pas confondus avec les axes X,Y du système héliocentrique cartésien à cause de :
Par conséquent :
La figure illustre les inclinaisons apparentes du Soleil au cours de l'année.
Pour tenir compte de ces variations d'orientation, deux nouveaux angles sont nécessaires :
Le Soleil nous laisse donc voir alternativement ses pôles nord et sud : le pôle sud quand est négatif, le pôle nord quand est positif. Pour bien voir l'évolution de tous ces paramètres au cours de l'année, nous vous recommandons d'utiliser cet applet.
La figure montre la carte du Soleil du 5/01/2008 et 11/10/2008. Les axes du système cartésien sont dessinés en vert, tandis que les axes du système héliographique sont en rouge. L'Ouest est à droite, le Nord vers le haut. Donnez une valeur approximative des angles P, B0 pour les deux dates.
Pour donner une valeur absolue de longitude, on introduit la longitude (absolue) du méridien central L0 à partir d'un méridien de référence.
Le méridien de référence (ϕ= 0°) est défini comme le méridien qui passait par le nœud ascendant de l'équateur solaire à Greenwich à 12h le 1er Janvier 1854.
Ce méridien de référence tourne avec le Soleil. Sa vitesse de rotation se détermine par rapport à une période de rotation sidérale constante de 25,38 jours. La longitude du méridien central décroît ainsi de 360° à 0° à mesure que le méridien de référence se déplace vers l'ouest (rotation solaire).
La longitude du méridien central L0 est donnée par :
Avec l'écart en longitude entre le méridien central et le méridien de référence, compté positivement vers le bord ouest du Soleil. (Une autre façon de calculer la longitude du méridien central : pour les structures à l'ouest du méridien de référence et 360° + pour les méridiens à l'est avec dans ce cas négatif). La figure donne quelques exemples de valeurs de pour différentes dates.
La longitude absolue d'une structure sur le disque, connaissant sa longitude relative (par rapport au méridien central) et la longitude du méridien central est donnée par :
La rotation du Soleil et le déplacement orbital de la Terre sont dans le même sens (dans le sens inverse des aiguilles d'une montre quand on regarde depuis le pôle nord du plan orbital terrestre). Ceci est précieux pour orienter les cartes pendant des observations. Il suffit de couper l'entraînement du moteur d'une monture équatoriale et de laisser défiler le Soleil. La dérive de l'image indiquera la direction est-ouest (sens de rotation de la Terre) et également la direction est-ouest du Soleil.
Les deux cartes présentent l'orientation du Soleil les 19 et 20 Mars 2008. Le méridien en bleu est le méridien central, le méridien en rouge est le méridien de référence (Φ = 0°). Les méridiens sont indiqués tous les 10°. L'Ouest est situé vers la droite. Pouvez-vous donner un ordre de grandeur de la longitude du méridien central ?
La carte donne la position de toutes les taches ou groupes de taches visibles sur le Soleil le 31/08/2001. Chaque groupe est identifié par un numéro qu'il conservera pendant toute sa vie. Ce numéro NOAA est donné par le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
La figure montre l'ensemble des paramètres définis précédemment sur un seul et même graphique :
Nous avons vu que le système héliographique permettait de situer toutes les structures qui apparaissent sur le disque solaire et de les suivre pendant leur transit sur le disque solaire. Mais clairement, il ne peut pas nous aider pour des structures sur le bord sur disque (telles que les protubérances) : latitudes et longitudes ne peuvent pas excéder la taille du disque solaire.
Quand un point d'observation se situe très près du bord solaire, même si les coordonnées héliographiques sont toujours définies, elles sont rarement commodes (car pas assez précises). On utilise alors un troisième système de coordonnées : héliocentrique-radial.
Le système héliocentrique-radial est défini par :
Il n'y a aucune contrainte sur les valeurs des deux paramètres.
Tout comme les coordonnées cartésiennes, les coordonnées d'un point sur le disque changent en permanence. C'est pour cette raison que ce système est préférentiellement utilisé pour les structures hors du Soleil.
Le numéro de rotation Carrington indique le nombre de rotations du Soleil, vu depuis la Terre, depuis le 9 Novembre 1853. Cette date ne correspond à rien de particulier du point de vue astronomique. C'est juste le jour où Carrington a commencé ses observations systématiques du Soleil à Greenwich.
Le numéro de rotation Carrington est un nombre entier non nul. Les jours correspondant à une même rotation ont ainsi le même numéro de rotation. Puisque c'est un point de vue de l'observateur terrestre, c'est la rotation synodique du méridien central qui indique la vitesse moyenne de rotation du Soleil (27,2753 jours).
Quel est le numéro de la rotation Carrington du Soleil au 9/11/2008 ? au 12/03/2009 ?
Nous allons traiter les deux cas les plus usuels de changement de coordonnées. Les formules suivantes ne sont pas à connaître par cœur, mais sont à savoir utiliser.
Soient (X,Y) les coordonnées d'un point en coordonnées cartésiennes - héliocentriques (en secondes d'arc sur le ciel), la latitude et longitude (relative), le rayon du Soleil (en secondes d'arc sur le ciel), et P et B les angles d'orientation des axes propres. Nous avons les relations suivantes :
Le passage des coordonnées cartésiennes (X,Y) aux coordonnées radiales() se fait par les formules :
La figure montre une observation réelle du Soleil. La grille de coordonnées héliographiques a été superposée à cette image de la haute photosphère. Déterminez les coordonnées héliographiques (relatives et absolues) de toutes les taches. En déduire les coordonnées cartésiennes et radiales.
L’observation systématique du Soleil, sur des échelles de temps de quelques jours à quelques semaines, montre que notre étoile est loin d’être une simple boule de gaz présentant toujours le même aspect. C’est un fait connu depuis des millénaires. Par exemple, d’anciens livres chinois datant de 800 avant notre ère mentionnent déjà la présence de taches à la surface du Soleil. Il a cependant fallu attendre le XVIIe et surtout le XIXe siècle pour que des études plus systématiques soient menées et que l'origine de ces taches soit connue.
Le Soleil est la seule étoile offrant une telle quantité d’observation à haute résolution temporelle et spatiale. Autrement dit, on peut voir des détails comme sur aucune autre étoile et dans des laps de temps très courts. Les conclusions qui émanent de ces études peuvent alors servir de guide pour les recherches sur les autres étoiles, au moins celles de type proche de celui du Soleil.
Ensuite, comme révélé par E. Sabine (1852), l’activité solaire provoque des perturbations de l’environnement magnétique de la Terre. Les manifestations les plus spectaculaires sont les aurores polaires. Mais ces perturbations peuvent aussi avoir des conséquences beaucoup plus dramatiques sur les technologies modernes (communications, satellites, centrales électriques etc). La communauté scientifique se rassemble ainsi pour essayer d'établir des prévisions de l’activité solaire. C’est ce que l’on appelle la météorologie de l’espace (ou « space weather » en anglais).
Enfin, une dernière question : quelle influence le Soleil a-t-il sur notre climat ? L’activité solaire peut-elle modifier notre climat ?
Même si tous les processus physiques à l’origine de l’activité solaire ne sont pas bien compris, il y a un consensus général pour admettre que le champ magnétique solaire joue un rôle fondamental. Nous allons donc dans un premier temps donner les grandes lignes de ce qu’est le champ magnétique solaire. Nous verrons ensuite quelques manifestations du cycle solaire et de l’activité solaire. Nous parlerons ensuite des conséquences de cette activité sur terre à travers la météorologie de l’espace (space weather) et les variations climatiques.
Nous avons déjà vu quelques exemples de signature du champ magnétique solaire dans le chapitre décrivant le Soleil. Rappelons les principaux, au niveau de :
L'origine du champ magnétique solaire n'est pas complètement comprise. Cependant, la théorie de la dynamo solaire est le mécanisme actuellement le plus accepté.
En raison de la rotation rigide de la zone radiative et de la rotation différentielle de la zone convective, les vitesses varient rapidement à l'interface entre les deux régions. Cette zone particulière est appelée la tachocline.
La faible épaisseur de la tachocline implique la présence d'une forte turbulence et de champs magnétiques horizontaux importants. Cela crée des conditions favorables à l'efficacité du mécanisme dynamo dont l'existence est indispensable pour expliquer l'amplitude du champ magnétique solaire et ses variations cycliques. Pour résumer, le champ magnétique est induit par la rotation interne du gaz conducteur de courant électrique.
Une dynamo est une machine qui convertit de l’énergie mécanique en électricité. Les dynamos sont largement utilisées dans les centrales électriques et également pour produire l’électricité des bicyclettes.
Comment ça marche ?
L’effet dynamo est basé sur la loi de Faraday qui dit que des particules en mouvement (énergie mécanique) dans un champ magnétique engendrent un courant électrique (énergie électrique).
L’effet dynamo sur le Soleil est un peu plus complexe en l’absence de champ magnétique initial (c’est cela que l'on essaie de générer !). Il faut faire appel à une loi de plus : la loi d’Ampère qui dit que des particules chargées en mouvement (autrement dit un courant) engendrent un champ magnétique.
Le Soleil est un plasma. En particulier dans la tachocline, les particules en mouvement vont être soumises aux lois d’Ampère et de Faraday qui peuvent se résumer ainsi :
Courant → Champ magnétique → Champ électrique → Courant
Et voilà, le tour est joué ! Il s’agit ici des grandes lignes. L’écoulement des particules doit avoir des propriétés particulières pour que l’effet dynamo fonctionne correctement. Mais cela sort largement du cadre de ce cours.
Le mécanisme de dynamo est compliqué du fait de la rotation différentielle du Soleil. Sans rentrer dans les détails, le film de cette page montre l’évolution du champ magnétique solaire sous l’influence de la rotation du Soleil.
La dynamo solaire serait à l’origine du champ magnétique du Soleil, à grande échelle. Cependant, d’autres dynamos pourraient avoir lieu plus près de la surface du Soleil et expliqueraient la présence des petits tubes de flux magnétiques que l’on observe entre les granules de la photosphère. Cette question reste néanmoins encore ouverte.
Les taches solaires, les boucles coronales, les protubérances sont le signe de la présence de champ magnétique. Mais pour comprendre les mécanismes physiques qui gouvernent l’évolution de ces structures, il est aussi intéressant de connaître la polarité (l’orientation nord ou sud) ainsi que l’intensité du champ dans ces régions.
Un magnétogramme est une carte du Soleil montrant l’orientation (la polarité) des lignes de champ magnétique. Généralement, il s’agit juste de la composante dirigée selon la ligne de visée (direction Soleil-observateur), autrement appelée composante longitudinale.
La figure ci-contre présente une observation de la photosphère obtenue le 13/05/2005. Elle montre la présence de différents groupes de taches solaires (identifiés par leur index international NOAA). La grille de coordonnées héliographiques (voir la section suivante) a été ajoutée pour repérer plus facilement les structures.
La deuxième image indique l’orientation (la polarité) des lignes de champ magnétique. Les zones noires représentent des régions où le champ magnétique s’éloigne de l’observateur (polarité négative). Dans les zones blanches, les lignes de champ magnétique pointent vers l’observateur (polarité positive). Les zones grisées sont des régions de champ magnétique d’intensité faible. En effet, dans les taches, le champ magnétique peut atteindre quelques milliers de Gauss (1 Gauss = 10-4 Tesla), tandis qu’en dehors de ces régions (et hors petits tubes de flux) il est de l’ordre de 10 Gauss.
Un autre point est remarquable : les taches de tête (les plus à l’ouest, c’est-à-dire à droite sur le magnétogramme) sont d’une polarité dans un hémisphère (positive dans l’hémisphère nord dans le cas présenté) et de l’autre polarité dans l’autre hémisphère (négative dans l’hémisphère sud). Ces orientations se maintiennent pendant 11 ans et s'inversent au cycle suivant.
Les taches et groupes de taches sont soumis à l’orientation globale de champ magnétique solaire, mais se comportent aussi comme si un aimant était placé juste sous la surface. Nous avons maintenant les éléments suffisants pour comprendre le cycle solaire et l’activité solaire (tout du moins dans la mesure des connaissances actuelles …).
Samuel Heinrich Schwabe (1844) a montré que le nombre apparent de taches sur la surface du Soleil suivait un cycle périodique de 11 ans (voir premier graphe de la figure).
Edward Walter Maunder (1904) compléta la description en montrant que les taches apparaissaient tout d’abord aux hautes latitudes (maximum 40°) puis de plus en plus bas à mesure que le cycle avançait (minimum 5°). Cette description est connue sous le nom de « Diagramme Papillon » (voir second graphe de la figure). A cette époque, le caractère magnétique des taches solaires n’était pas connu. C’est Georg Ellery Hale qui le mit en évidence au début du XXe siècle.
Ce cycle de 11 ans appelle le cycle solaire. La période de 11 ans est en fait une valeur moyenne. Entre 1700 et aujourd’hui les cycles ont varié entre 9 ans et 14 ans pour les valeurs extrêmes.
On peut facilement constater d’après la première figure que le nombre de taches au cours de chaque cycle varie énormément. Il est très difficile, encore à l’heure actuelle, de prévoir les niveaux du cycle à venir et de nombreuses équipes y travaillent à travers le monde. La figure suivante montre la prévision pour le nouveau cycle (numéro 24) dont le début est prévu pour la mi-2007.
Enfin, le « vrai » cycle solaire est plutôt de 22 ans si l’on tient compte de la polarité globale du Soleil. En regardant le Soleil dans sa globalité (grande échelle), il se comporte comme si une barre aimantée, placée en son centre, tournait de façon plus ou moins régulière. Après 11 ans, les pôles nord et sud sont inversés ; il faut attendre de nouveau 11 ans (en moyenne toujours) pour retrouver l’orientation initiale des pôles. La Terre aussi a vu l'inversion de l'orientation de ses pôles magnétiques dans son histoire. La dernière fois, c’était il y a 740 000 ans …
L’aspect du champ magnétique à grande échelle change considérablement au cours du cycle (voir figure).
Le cycle solaire est aussi un indicateur de l’activité éruptive du Soleil. Le nombre d’éruptions solaires suit en effet la même courbe : réduit au moment du minimum des cycles, il augmente très fortement pour atteindre un maximum aux alentours du maximum du cycle (en fait, les derniers travaux sur le sujet sembleraient montrer que le maximum d’activité est atteint environ deux ans après le maximum du cycle).
Bien sûr, tout ceci n’est que statistique et ne concerne que le nombre d’éruptions. Du point de vue de l’intensité, de très fortes éruptions sont souvent enregistrées pendant la phase de décroissance des cycles.
Les éruptions solaires sont les événements les plus énergétiques se produisant dans le système solaire. L'énergie libérée par seconde au cours d'une grande éruption solaire peut atteindre 1022 Joules. L'énergie totale rayonnée est comprise entre 1022 et 1025 Joules. Une petite région peut émettre autant d'énergie en quelques dizaines de secondes que l'ensemble du Soleil.
Parmi toutes les sources d'énergie présentes à la surface du Soleil, celle d'origine magnétique est la seule pouvant expliquer les quantités d'énergie libérées lors d'une éruption solaire. Une éruption s'accompagne d'une émission importante de rayonnement (dans toute la gamme électromagnétique) et de l'accélération de particules à des vitesses proches de celle de la lumière.
On distingue plusieurs types de phénomènes éruptifs :
Ce sont des éruptions qui se déroulent dans la chromosphère et la couronne solaire. Elles ont lieu au sein de régions comprenant plusieurs taches solaires. Ces zones sont alors appelées « régions actives ».
La phase de croissance d’une éruption ne dure que quelques minutes (voir la figure). Actuellement, il est encore difficile de prévoir l’heure d’une éruption ainsi que son intensité. Dans la plupart des cas, on peut, au mieux dire que le risque (ou la chance !) est important ou non selon le degré de « complexité » des lignes de champ magnétique à l’intérieur d’une région active. Une tache solaire isolée et bien « circulaire » a peu de chance de générer un flare. Par contre, si plusieurs taches de polarité opposées sont présentes dans une zone relativement peu étendue, les risques d’éruption sont beaucoup plus grands. Un exemple est donné dans cette figure.
Les éruptions s’accompagnent d’intense rayonnement électromagnétique, notamment dans la gamme des rayons X. Pour décrire une éruption, on utilise une échelle logarithmique basée sur l’intensité en Watts du rayonnement X (dans la gamme 1 à 8 Angstroem).
On parle d’un flare de classe A, B, C, M ou X (dans l’ordre croissant). Il y a un facteur 10 en intensité entre deux classes. A l’intérieur d’une même classe, on donne un chiffre (entre 1 et 9.9) qui précise le degré d’intensité. Une éruption de classe M est plus intense qu’une éruption de classe C et une éruption C1.6 est moins intense qu’une éruption C7.4
Sur les deux graphiques du 26 et du 29 octobre 2003, on peut voir que le Soleil a produit dans l'intervalle de temps 3 éruptions de classe X dont une (le 28) qui a dépassé l’échelle prévue (X-17 : aucune lettre au-dessus de X n'était prévue).
En comparant les deux graphes (qui correspondent à deux dates différentes mais aux mêmes échelles d’intensité), on constate que le niveau moyen de rayonnement X est de 10 à 1000 fois plus important en période proche du maximum du cycle solaire (premier graphe) que de minimum ( second graphe).
Les filaments (ou protubérances quand elles sont vues sur le bord du Soleil, le limbe) sont des structures magnétiques typiques de la chromosphère et basse couronne solaire. Le champ magnétique est peu intense. Elles peuvent s’étendre sur de très grandes distances. Les filaments sont parfois déstabilisés et expulsés dans le milieu interplanétaire.
Ces éruptions de filament entraînent des éjections de masse coronales (CME selon l’acronyme anglais couramment utilisé – Coronal Mass Ejection), sortes de nuages magnétisés qui se propagent dans le milieu interplanétaire à des vitesses allant jusqu'à 2000 km/s. Des particules très énergétiques sont envoyées dans le milieu interplanétaire et celles déjà présentes sont accélérées sont l'impulsion de l'onde de choc qui se déplace en amont des CME. Toutes ces particules très énergétiques viennent se superposer à celles du vent solaire.
Le film ci-contre montre un mois d’observation de la haute couronne solaire. Le petit cercle blanc représente la position du disque solaire. Il a été masqué ainsi que la chromosphère et la basse couronne car l’intensité de la haute couronne est près d'un million de fois plus faible. Les panaches blancs, statiques illustrent les régions d’échappement du vent solaire. De temps en temps, de larges bouffées blanches viennent se superposer. Ce sont des CME, des bulles de plasma qui partent dans le milieu interplanétaire.
L’observation est réalisée par un instrument (LASCO) embarqué à bord du satellite SOHO qui est situé à environ 1,5 millions de kilomètres devant la Terre en direction du Soleil. Quand les éjections de plasma sont dirigées vers la Terre, les particules énergétiques interagissent avec le récepteur de l'instrument et produisent des traînées sur l’image, comme, par exemple, à 3h18 le 27/10/2003 et surtout à 16h27 le 28/10/2003. Dans ce dernier cas, il s’agit d'une éruption X17.
Le 5 novembre 2003, le Soleil a produit une autre éruption classée X28 : en fait tous les récepteurs ont été saturés, d’où la difficulté pour lui donner sa valeur d’intensité maximale. C'est la plus grosse éruption jamais enregistrée.
Les éruptions provoquent des variations rapides et importantes des flux électromagnétiques et des flux de particules très énergétiques envoyées dans le milieu interplanétaire. Nous allons maintenant voir quelles peuvent être les conséquences sur Terre de telles variations.
Les particules (électrons, protons, ions) émises par le vent solaire ou lors des diverses éruptions solaires se propagent librement dans le milieu interplanétaire. Elles vont donc rencontrer des obstacles comme des comètes, des astéroïdes ou des planètes. Nous allons nous intéresser rapidement au cas de la Terre.
La Terre possède un champ magnétique propre (engendré par les mouvements du noyau liquide de fer) dont les pôles nord et sud sont proches (mais non confondus) avec les axes de rotation de la planète. Cette enveloppe magnétique entourant notre planète s’appelle la magnétosphère. Elle permet de dévier les particules du vent solaire. Elle est donc comme une sorte de bouclier magnétique qui protège notre planète des particules très énergétiques et dévastatrices pour toute forme de vie.
La magnétosphère subit aussi la pression du vent solaire : elle est comprimée du côté «jour» et allongée du côté «nuit». La limite extrême de la magnétosphère dans la direction du Soleil est située environ 60 000 km et s'étend sur des distances beaucoup plus considérables dans la direction anti-solaire. La Lune qui gravite à 300 000 km autour de la Terre est donc à l’intérieur ou à l’extérieur de ce bouclier magnétique.
Mais, selon l’orientation relative des lignes de champ magnétique terrestres et interplanétaires, des particules peuvent pénétrer le bouclier magnétique terrestre.
Les particules du vent solaire sont électriquement non neutres. Elles se déplacent en spiralant le long des lignes de champ magnétique interplanétaire. Comme des trains se déplaçant le long de lignes de chemin de fer, elles ne peuvent passer d’une ligne de champ magnétique à une autre que s’il existe une sorte d’aiguillage. Celui-ci peut se produire lors de reconnexion des lignes de champ magnétique de la Terre et du Soleil comme illustré dans le film ci-contre.
Les aurores polaires (boréales dans l’hémisphère nord, australes dans l’hémisphère sud) sont une première manifestation de la précipitation des particules du vent solaire dans la basse atmosphère de la Terre. Les aurores sont des phénomènes courants. Elles se produisent même en période de Soleil calme. Elles ne sont généralement observables qu’aux environs des cercles polaires (nord et sud) formant ainsi un ‘ovale auroral’. En cas de très fortes éruptions solaires, les aurores peuvent être observées à beaucoup plus basses latitudes et remplir l’intégralité de l’ovale auroral.
Si les aurores sont sans danger, la pénétration de particules énergétiques dans notre environnement peut avoir des conséquences plus dramatiques pour nombre de systèmes industriels et technologiques. Le graphe suivant résume les systèmes particulièrement sensibles.
Lorsque de très fortes éruptions solaires, l'intrusion brutale et massive de particules énergétiques dans l'environnement magnétique de la Terre induit des fluctuations importantes du champ magnétique de la Terre. Ces fluctuations induisent des champs électriques qui créent eux-mêmes des différences de potentiel (voltage) d'autant plus importantes sur des structures conductrices de grande dimension. Des nouveaux courants, induits par ces perturbations magnétiques, vont s’écouler le long de structures conductrices, comme par exemple les lignes à haute tension, les oléoducs ou gazoducs, les cables sous marins etc.
Les centrales électriques fonctionnent très souvent en régime maximum (ou très proche du maximum). Un gros surplus de courant peut alors provoquer des surtensions dans les transformateurs et conduire à leur rupture totale. C’est ce qui s’est passé au Canada le 13 mars 1989 : en l'espace de 90 secondes, le Québec a été privé de la moitié de sa production électrique plongeant la population dans un black-out électrique qui a duré près de neuf heures.
Des études récentes ont montré qu'une éruption équivalente à celle qui s'est produite en mai 1921 priverait d'électricité près 130 millions de personnes aux US.
L'écoulement de courant le long des oléoducs provoque des corrosions prématurées des conduites. Passant souvent dans des régions protégées, ces structures nécessitent donc une maintenance particulière.
Les communications longues distances (radio par exemple) utilisent l’ionosphère comme « miroir » pour renvoyer les signaux vers la Terre. Lors de fortes éruptions, les courants ionosphériques sont perturbés entraînant par la même occasion des perturbations des transmissions, voire des coupures totales. Les grandes stations de radio françaises ont pour cela des services chargés du suivi de l’activité solaire pour mettre en place les mesures nécessaires à la bonne transmission des programmes.
Les avions peuvent également subir des black-out de communication (l'exemple le plus célèbre étant celui de Air Force One en 1984, avec le Président de Etats-Unis à son bord).
Enfin, les vols longues distances passent souvent près des pôles, là où viennent se précipiter les particules. Comme ils s’effectuent en plus à haute altitude, les passagers et équipages d’avion peuvent être irradiés. Le problème se pose surtout dans le cas de multiples expositions (vols réguliers, pour les équipages par exemple). C’est une question prise très au sérieux. La Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) en partenariat avec l’IPEV (Institut Pole Emile Victor), l’IRSN (L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), l’Observatoire de Paris et le GSF (GSF-National Research Center for Environment and Health) collabore au service SIEVERT d’évaluation de l’irradiation et des conséquences sur la santé humaine.
Bien sûr, ce problème d’irradiation devient particulièrement critique pour tous les voyages habités en dehors de l’atmosphère et surtout de la magnétosphère terrestre. Comme nous l’avons vu, la Lune passe une partie de son temps en dehors de cette protection. Donc même pour aller sur la Lune, des mesures de protection importantes doivent être prises. Que dire alors de voyages vers d’autres planètes, telle que Mars…
Les flux électromagnétiques varient de façon importante au cours du cycle solaire et lors d’éruptions. C’est par exemple le cas pour les rayons X (nous avons vu que des augmentations d’un facteur 1000 ou plus surviennent en l’espace de quelques minutes lors d’éruptions). Les flux ultraviolets augmentent aussi considérablement.
Ceci a une conséquence directe sur notre atmosphère : celle-ci va en effet légèrement s’échauffer et donc augmenter de volume. Or, un grand nombre de satellites artificiels gravitent à des orbites relativement basses. Une augmentation du volume occupé par l’atmosphère terrestre implique une augmentation de la densité et donc des frottements des satellites qui perdent alors leur altitude.
Des mesures de suivi et de correction de l’altitude sont prises en permanence par les opérateurs et les agences spatiales (quand des moteurs de contrôle d'altitude sont présents sur les satellites, ce qui est loin d'être toujours le cas). Quand les corrections deviennent trop importantes, les satellites sont précipités dans l’océan, de façon contrôlée... ! C’est ce qui s’est passé pour la station orbitale russe MIR.
Le Soleil a bien évidemment une influence sur le climat de la Terre. C’est la seule source d’énergie externe que nous recevons.
Intégré sur toutes les longueurs d’onde, le flux solaire présente de très faibles variations : de l’ordre de 0,1% au cours du cycle solaire. Ces variations sont insuffisantes pour expliquer les changements de température observés.
Par contre, si l’on regarde les variations temporelles des flux en fonction de la longueur d’onde, on s’aperçoit que le flux UV varie de plus de 10% au cours du cycle solaire. Or, ce flux UV est responsable de l’état de la couche d’ozone. Mais ces variations sont liées à l’activité solaire et donc à un cycle de 11 ans.
La question du rôle du Soleil dans le réchauffement climatique doit être abordée du point de vue des échelles des temps et des cycles solaires. Mais ceci dépasse le cadre de ce cours.
Pour aller plus loin, quelques références en français :
et quelques documents en anglais :
Compte tenu des conditions de température et d'irradiation de l'atmosphère solaire, les mesures in situ sont très difficiles. Les sondes se sont approchées à 0.3 Unités Astronomiques du Soleil. Des projets sont en cours d'élaboration pour pénétrer à une distance de 3 rayons solaires dans la couronne. De même, si le vent solaire peut être étudié in situ autour de la Terre et jusque dans les régions des premières planètes géantes, les mesures aux confins de l'héliosphère sont rares et difficiles (seules les sondes VOYAGER, lancées en 1977, ont atteint ces limites en 2004 et 2007).
Pour comprendre les processus physiques se déroulant à l'intérieur du Soleil, dans son atmosphère et aux confins de l'héliosphère, nous n'avons pas d'autre choix que d'étudier le rayonnement électromagnétique qui nous parvient, des rayons γ au rayonnement radio. Les processus d'émission des ondes renseignent sur les conditions physiques au moment de l'émission et dans les régions traversées par ce rayonnement.
Différents types mécanismes d'émission de rayonnement électromagnétique coexistent.
L'agitation des particules constituant un gaz produit un rayonnement continu, dans tout le spectre électromagnétique. C'est le rayonnement thermique. A ce spectre continu se superposent des absorptions (ou émissions) très localisées dans le spectre provenant de processus non-thermiques.
Nous allons voir les principaux types d'émission et les propriétés qu'elles permettent de déduire.
La "lumière" peut être décrite sous la forme d'une onde ou sous la forme d'une particule (le photon). Ces deux notions se sont imposées pour décrire correctement l'interaction de la "lumière" avec des structures solides ou des atomes. Ce que nous appelons communément la "lumière" se réfère en fait à la gamme visible de l'émission d'un Soleil. Mais le Soleil, comme la plupart des étoiles, émet dans une gamme beaucoup plus étendue de longueur d'onde.
Le rayonnement électromagnétique est constitué par un champ électrique et un champ magnétique (dont le vecteur est perpendiculaire au champ électrique) qui oscillent. Une onde est définie par la fréquence de cette oscillation et l'amplitude du champ électrique (l'amplitude du champ magnétique peut être négligée pour ce qui nous intéresse).
Longueur d'onde λ et fréquence ν sont reliées par l'équation :
où c est la vitesse de la lumière. Donc, plus une longueur d'onde est grande plus la fréquence est petite.
L'énergie d'une onde est donnée par : E = hν
où h est la constante de Planck (h=6,6 10-34 J.s). Donc, plus la fréquence est petite (grande longueur d'onde) plus l'énergie de l'onde est petite.
La distribution de l'énergie émise en fonction de la longueur d'onde (ou de la fréquence) s'appelle un spectre.
Le spectre électromagnétique s'étend de façon continue des rayons gamma (très courte fréquence, très grande énergie) au domaine des ondes radio de très grandes longueurs d'onde. Le tableau suivant donne le nom des différents domaines et leurs limites en longueur d'onde.
Nom du domaine spectral | Longueur d'onde |
Gamma - X (dur) | <0,1 nm |
X (mous) | 0,1 - 10 nm |
Extrême UltraViolet (EUV) | 10 - 120 nm |
UltraViolet (UV) | 120 - 400 nm |
Visible | 400 - 800 nm |
Infra-Rouge (IR) | 800nm - 1 mm |
Radio | >1 mm |
Noms et limites (en longueur d'onde) des différents domaines spectraux. L'abbréviation classique des différents domaines est aussi indiquée avec le nom.
L'agitation thermique des particules constituant un corps produit un rayonnement continu, dans tout le spectre électromagnétique. Ce rayonnement thermique est décrit par la loi du corps noir (absorbant parfait).
Le Soleil, comme la plupart des étoiles, rayonne comme un corps noir. La loi fondamentale, la loi de Planck, donne l'intensité (autrement appelée luminance) en fonction de la longueur d'onde :
avec :
h la constante de Planck (h=6,6 10-34 J.s), c la vitesse de la lumière (c=3 108 m.s-1) et la constante de Boltzman (=1,38 10-23 J.K-1)
L'intensité décrit donc la puissance rayonnée par unité de surface, d'angle solide et de longueur d'onde. La figure ci-contre montre la courbe d'intensité pour des étoiles de température différente en fonction de la longueur d'onde. Deux points sautent aux yeux :
Ces deux remarques sont exprimées par deux lois lois simplifiées déduites de la loi de Planck.
La loi de Wien relie la longueur d'onde maximale à la température de surfaceT :
μm.K
Nous retrouvons bien que plus une étoile est chaude plus la longueur d'onde du maximum d'intensité est petite (vers le bleu).
La loi de Stephan donne l’émission totale (en tenant compte de toutes les longueurs d'onde) du corps par unité de surface :
Avec σ = 5,6698 x 10-8 W.m-2.K-4
Enfin, considérons le cas où le terme dans l'exponentielle de la loi de Planck est petit :
La loi de Planck se simplifie alors pour donner la loi de Rayleigh-Jeans :
Dans le cas des basses fréquences (grandes longueurs d'onde), l'intensité est directement proportionnelle à la température.
Données :
1a) Déterminez la température (dite effective) du Soleil sachant que son pic d'émission () se situe à 500 nm. Même question pour la Terre ( = 9,6 μm).
1b) Calculez le rapport de température .
2a) A partir des résultats précédents, déterminer la longueur d'onde minimale pour l'utilisation de la loi de Rayleigh-Jeans dans le cas du Soleil et de la Terre.
2b) A quelle domaine de longueur d'onde / fréquence avons-nous à faire ?
A partir des résultats précédents, calculez l’émission totale du Soleil (à sa surface) ainsi que celle de la Terre. Une analyse dimensionnelle explicite des résultat est demandée.
En déduire l'énergie solaire par unité de surface reçue au niveau de la Terre (appelée constante solaire C : elle est mesurée au-dessus des nuages). Dans l’exercice on négligera la hauteur des nuages au-dessus de la surface de la Terre devant la distance Soleil-Terre.
Le rayonnement thermique donne un spectre continu. Cependant, si nous regardons attentivement le spectre solaire, nous nous apercevons qu'il est parsemé de stries noires. Elles sont appelées "raies d'absorption" car elles correspondent à l'absorbtion du rayonnement (le fond continu) par des atomes présents (principalement) dans l'atmosphère du Soleil.
L'état énergétique d'un atome, d'un ion ou d'une molécule n'est pas continu mais quantifié. Un atome passe d'un niveau d'énergie à un autre par palier (par la suite nous ne parlerons que d'atome pour ne pas alourdir le texte mais ce qui est décrit s'applique également aux ions et aux molécules). Un atome absorbe (ou émet) de l'énergie correspondant à chaque saut de palier. Ainsi, un photon qui possède une énergie exactement égale à un saut énergétique d'un atome donné sera absorbé.
Chaque atome possède une "carte énergétique" propre : les sauts autorisés pour le fer par exemple ne sont pas ceux du carbone ou de l'hydrogène. Ainsi, la position de ces raies d'absorption permettent de connaître les éléments présents dans l'atmosphère solaire. La "carte énergétique" d'un atome est connue par les physiciens atomistes.
L'hélium a ainsi été découvert sur le Soleil avant d'être trouvé sur Terre, d'où son nom !
Les atomes ayant absorbé de l'énergie sont dits excités. Ils ne resteront pas dans cet état pour une longue durée. Ils vont se désexciter en retombant directement ou par paliers successifs dans un état énergétique plus stable. Ce faisant, ils vont émettre des photons (paquets d'onde électromagnétique) correspondants à ce(s) saut(s) énergétique(s). Autrement dit, un atome peut émettre un photon à la même énergie qu'il peut en absorber. La longueur d'onde d'émission (d'absorption) est directement liée au saut énergétique franchi :
avec h la constante de Planck, c la vitesse de la lumière, la fréquence et la longueur d'onde. Ainsi, plus la longueur d'onde est grande (fréquence petite) plus l'énergie du photon est petite.
Nous avons vu le processus d'émission et d'absorption de la lumière par un atome en l'appliquant dans le domaine visible du spectre solaire. Mais le phénomène conduit également à des l'absorption et de l'émission dans l'infrarouge ou l'ultraviolet.
La figure ci-contre montre un exemple de profils de raie : il s'agit simplement d'une coupe horizontale dans le spectre montré précédemment. Les atomes ou molécules ayant produit ces raies d'absorption sont indiqués. Des éléments lourds tels que du magnésium (Mg), du fer (Fe) ou du carbone (C) sont présents. Ces atomes n'ont pas été produit par le Soleil. Ils proviennent du nuage protosolaire. Ce sont donc des résidus d'anciennes étoiles ayant explosées dans le passé.
Le phénomène d'absorption se produit tout au long du parcours des photons entre leur point d'émission et celui d'observation. En ce qui concerne le rayonnement solaire, une autre source d'absorption est aussi présente lors d'observation depuis le sol : l'atmosphère terrestre. C'est ainsi que l'on voit apparaître la signature de molécule d'eau sur le spectre solaire. Est-ce à dire qu'il y a de l'eau sur le Soleil ? Non, bien sûr. Pour bien s'en convaincre, il suffit de regarder comment ces raies disparaissent d'un moment à l'autre de la journée ou d'une journée à l'autre. L'absorption est en effet plus ou moins forte selon la densité de molécules absorbantes le long du trajet du rayonnement.
Comme on peut le constater sur la figure, la profondeur relative des raies varie énormément. Certaines raies produisent une absorption d'à peine 10% alors que les raies du Mg produisent une absorption de près de 90% du rayonnement. La forme, la profondeur, la largeur et la position de ces raies vont fournir des indicateurs pour déduire la température, la densité et la vitesse moyenne du milieu.
Les raies ne sont pas toutes formées à la même altitude dans l'atmosphère du Soleil (voir un exemple ici). En observant des raies formées à différentes altitudes, on peut ainsi déduire une carte non seulement en deux dimensions (le plan d'observation) mais en trois dimensions du Soleil (en ajoutant la hauteur grâce à des observations simultanément dans plusieurs raies spectrales).
Vous souhaitez observer la photosphère et la chromosphère simultanément. En vous aidant de la figure précédente, choisissez un couple de raies pour mener à bien votre observation (on pourra ne pas se limiter à une gamme de longueur d'onde en faisant l'hypothèse que vous utilisiez des instruments différents).
Comment peut-on déduire température, densité, vitesse ?
Sans entrer dans le détail car c'est un domaine fort compliqué, surtout en physique solaire où les détails des profils spectraux sont si fins que beaucoup de processus physiques doivent être pris en compte. Nous allons juste en donner les grandes lignes.
Cette ligne de recherche s'appelle le transfert de rayonnement. Comme son nom l'indique, il s'agit de comprendre comment le rayonnement est transféré d'une couche à l'autre de l'atmosphère en prenant en compte tous les processus d'émission et d'absorption.
On considère un morceau de plasma illuminé par dessous. L'intensité du rayonnement incident sur cette tranche de plasma est prédéfinie par un modèle (par exemple la loi du corps noir). Ensuite, on établit un modèle d'atmosphère pour notre tranche de plasma. Elle a donc une composition (avec un plus ou moins grand nombre d'atomes selon la raie que l'on veut modéliser), une densité (pour chacun des atomes inclus), une température, une vitesse. Nous nous plaçons pour l'instant dans le cas ou nous pouvons négliger la présence d'un champ magnétique.
Le rayonnement incident d'intensité I va donc traverser cette tranche de Soleil fictif. Il subira un certain nombre d'absorption et d'émission. Quelle intensité peut-on espérer à la sortie de notre tranche de plasma ? Quelle forme aura le profil de la raie qui nous intéresse ?
Tout revient à connaître précisément le taux d'émission et d'absorption dans notre tranche de plasma. C'est là que les soucis commencent ... Selon que le milieu laisse ou non passer tout ou partie des photons les équilibres à écrirent deviennent plus complexes. Des connaissances précises des transitions énergétiques autorisées pour chaque élément sont nécessaires. C'est là que les "physiciens atomistes" interviennent pour nous aider !!
Les équations sont rentrées en un programme qui va traiter l'avancement des photons au sein de chaque tranche de plasma dont l'accumulation représentera l'atmosphère totale. Le profil de raie résultant sera alors comparé aux observations. Si le modèle ne donne pas satisfaction, le modèle atmosphérique est changé jusqu'à obtenir un résultat ajustant les observations.
Ce processus itératif peut être optimisé par une connaissance précise de l'impact des différents paramètres (température, densité, etc.) sur les raies. Certaines raies sont en effet plus sensibles à la température alors que d'autres seront plus sensibles à la densité. Rapidement, la température va influencer la largeur d'une raie, la densité la profondeur de la raie et la vitesse la position de la raie.
Tous les photons ne sont pas dus à des transitions des électrons d'un atome. Un très grand nombre d'entre eux sont émis suite à l'accélération d'une particule chargée. On distingue alors plusieurs sortes de rayonnement en fonction du type d'accélération subit par la particule.
En particulier, le Soleil, le milieu interplanétaire et les planètes produisent de larges émissions dans le domaine radio. Nous allons maintenant en voir quelques exemples.
Lors d'éruptions solaires, des particules sont accélérées à de très fortes énergies. Ces particules se propagent le long des lignes de champ magnétique interplanétaire, formant parfois des faisceaux de particules. En se propageant, ces particules vont provoquer des émissions dans le domaine radio. Nous allons voir les processus de base de ces émissions (le détail est en dehors des limites de ce cours : c'est encore un sujet d'investigation fortement débattu !)
On distingue deux types d'émissions radio : les émissions de type II et de type III. Un exemple de ces émissions est présenté sur la figure figure ci-contre. Ce rayonnement électromagnétique est caractérisé par une dérive en fréquence de l'émission en fonction du temps. Du point de vue observationnel, la différence principale entre ces deux types d'émission réside dans la pente de la dérive de l'émission avec le temps : les émissions de type III dérivent beaucoup plus vite que les émissions de type II.
Les faisceaux en se déplaçant dans le milieu interplanétaire produisent ce que l'on appelle des "ondes de Langmuir" à une fréquence proche d'une fréquence particulière appelée "fréquence plasma" qui s'écrit :
avec la fréquence plasma (en Hz), est la densité d'électrons, la charge élémentaire (1,6 x 10-19 c), la masse de l'électron (9 x 10-31kg), la constante diélectrique (8,8 x 10-12 F. m-1).
Pour concrétiser le sujet, supposons que nous soyions dans le vent solaire. Une densité typique est 10 particules.cm-3. La fréquence plasma vaut alors 28 kHz : nous sommes dans la gamme des ondes radio.
Ces ondes sont électrostatiques : elles ne se propagent pas. Seules des mesures dans la source de ces ondes permettent de les mesurer, et donc de déterminer la densité n du milieu. Toutefois, par certains processus, ces ondes sont transformées en ondes électromagnétiques qui, elles, vont se propager et qui sont à une fréquence proche de cette fréquence plasma.
Comme le faisceau se déplace dans un milieu dont la densité décroit quand la distance au Soleil augmente, la fréquence diminue avec le temps. C'est ce qui explique la dérive en fréquence des émissions avec le temps.
On utilise ces pentes de dérive pour déterminer la vitesse des faisceaux de particules. En effet, on peut montrer que la pente peut s'écrire :
où df/dt représente la variation de la fréquence en fonction du temps (la pente dans le diagramme précédent), , V la vitesse du faisceau d'électrons, n(r) un modèle de densité électronique en fonction de la distance au Soleil et dn(r)/dr la variation de cette densité en fonction de la distance au Soleil. Donc, si l'on se donne un modèle de densité électronique dans le milieu interplanétaire, on peut déduire V à partir de la mesure de pente df/dt.
Les particules des faisceaux d'électrons produisant les émissions de type III ont une vitesse plus grande que dans le cas des émissions de type II. Vrai ou faux ? Justifiez.
Ce mécanisme d'émission de rayonnement résulte du comportement collectif des particules - des électrons - accélérées. En effet, si un plasma subit une perturbation, ses électrons vont spontanément et collectivement se mettre à osciller à la fréquence particulière appelée fréquence plasma. Elle donne l'échelle de temps caractéristique de la réponse collective des électrons à la perturbation (les protons, beaucoup trop massifs, peuvent être considérés comme immobiles). C'est une des caractéristiques fondamentales d'un plasma.
Cette fréquence est donnée par :
avec la fréquence plasma (en Hz), est la densité d'électrons, la charge élémentaire (1,6 x 10-19 c), la masse de l'électron (9 x 10-31kg), la constante diélectrique (8,8 x 10-12 F. m-1). Si on peut mesurer la fréquence plasma, on peut déterminer la densité du milieu. Les ondes à cette fréquence sont électrostatiques : elles sont constituées par un champ électrique qui oscille, sans champ magnétique - contrairement à des ondes électromagnétiques - et ne se propagent pas. Elles sont convectées par le milieu si celui-ci se déplace ; c'est donc par le biais de mesures in-situ que l'on peut les mesurer.
La fréquence plasma constitue une fréquence de coupure pour un milieu : en-dessous de cette fréquence les ondes ne se propagent plus.
En dehors de cette émission plasma, due au comportement collectif des particules accélérées, chaque particule émet du rayonnement à une fréquence proportionnelle à l'intensité du champ magnétique :
où indique la norme du produit de la charge d'un électron et du champ magnétique. On appelle cela le rayonnement cyclotron qui se trouve être un rayonnement du domaine radio. La mesure de cette fréquence permet de déterminer le champ magnétique dans des régions où les méthodes spectroscopiques échouent (quand le champ magnétique est trop faible).
Quand les particules émettrices de rayonnement cyclotron atteignent des vitesses non négligeables devant celle de lumière, la fréquence, et donc l'énergie, du rayonnement est augmentée d'un facteur et on parle alors de rayonnement synchrotron.
Avec
Où v est la vitesse de la particule émettrice et c la vitesse de la lumière. Étant donné la valeur du champ magnétique dans la couronne solaire et la vitesse des particules accélérées au cours d'une éruption, les sursauts synchrotrons solaires sont généralement observés dans le domaine centimétrique et millimétrique.
Energie de l'électron | ||
10 GHz | 3 cm | 1,5 MeV |
102 GHz | 3 mm | 3 MeV |
103 GHz | 0,3 mm | 13 MeV |
104 GHz | 0,3 mm | 44 MeV |
Tableau de correspondance entre la fréquence synchrotron (en GHz), la longueur d'onde équivalente, l'énergie des électrons (en MeV). Les valeurs sont données pour un champ magnétique de 500 Gauss.
Lors d'éruption particulièrement violentes, les particules peuvent atteindre des énergies très importantes (108 MeV) et être très relativistes. Le rayonnement synchroton obtenu est alors dans la gamme des rayons X et γ. Ce dernier rayonnement résulte également de transitions énergétiques dans le noyau (et non le cortège électronique) des atomes.
Lorsqu'un électron s'approche d'un ion, il ressent son champ électrique et subit une accélération qui est d'autant plus grande que l'électron passe près de l'ion. S'il passe à une distance suffisament petite, l'accélération peut être assez violente pour provoquer une émission dans le domaine des rayons X appelée alors rayonnement de freinage (il est généralement nommé par son nom allemand : bremstrahlung).
Les raies spectrales nous permettent d'obtenir des informations sur la composition du milieu traversé par le rayonnement mais elles nous disent encore beaucoup d'autres choses.
La figure ci-contre représente le spectre solaire avec des raies d'absorption identifiées par des lettres. Complétez la table suivante à partir des éléments connus.
Désignation | Elément | Longueur d'onde (nm) |
A | O2 | 759.370 |
H | 656.281 | |
a | O2 | 627.661 |
D1 | Na | |
He | 587.5618 | |
E2 | Fe | |
Mg | 517.270 | |
b4 | Fe | 516.891 |
H | 486.134 | |
Fe | 430.774 | |
Ca+ | 396.847 | |
K | Ca+ | |
P | Ti+ | 336.112 |
T | Fe | 302.108 |
La première colonne indique la désignation de la raie en accord avec le spectre ; la deuxième colonne indique le nom de l'élément ayant donné lieu à la raie ; la troisième colonne donne la longueur d'onde de la raie (en nm).
L'effet Doppler permet de recueillir des informations sur la vitesse globale des atomes à partir des raies spectrales. Quand un atome qui émet un photon à la longueur d'onde se déplace, la longueur d'onde observée sera déplacée d'une quantité dépendant de cette vitesse V :
Les raies spectrales vont donc être décalées vers les grandes fréquences si l'objet observé s'approche de l'observateur et vers les fréquences plus petites si l'objet s'éloigne. La mesure du décalage spectral peut donc nous donner une information sur la vitesse de l'objet observé, le long de la ligne de visée. C'est aussi la technique utilisée pour mesurer le décalage vers le rouge des galaxies.
Au niveau photosphérique, le Soleil effectue une rotation équatoriale en 25 jours. Sachant que le diamètre du Soleil est de 1,4 106 km, déduire le décalage entre les longueurs d'onde des bords est et ouest du Soleil dans la raie Hα de l'hydrogène (656,3 nm).
En présence d'un champ magnétique, certaines raies spectrales se retrouvent subdivisées en plusieurs raies fines et elles sont polarisées. La polarisation d'une raie signifie que le champ électrique de l'onde oscille en décrivant des figures spécifiques : cercle, segment de droite ou ellipse. La polarisation est alors circulaire, linéaire ou elliptique respectivement. Ce phénomène s'appelle l'effet Zeeman.
Nous allons regarder un exemple restreint mais qui permet de comprendre comment les magnétogrammes sont obtenus.
Quand le champ magnétique est aligné avec la ligne de visée, la polarisation des ondes est circulaire. Les raies sont divisées en deux raies séparées de la longueur d'onde centrale (celle en absence de champ magnétique) par :
où est la longueur d'onde (exprimée en Angstroem - 1 A = 0,1 nm), B est l'intensité du champ magnétique (exprimé en Gauss) et est appelé facteur de Landé. Ce facteur est caractéristique de la raie spectrale considérée.
La séparation est donc d'autant plus grande que :
Nous avons vu qu'en observant plusieurs raies simultanément, on peut déduire des cartes de température, de densité, etc. en 3 dimensions. En couplant aussi des mesures de polarisation, on peut aussi dresser des cartes 3D du champ magnétique.
Calculer la séparation Zeeman des deux raies suivantes, en présence d'un champ magnétique de 1000 Gauss :
Ce chapitre est une présentation de quelques problèmes de physique sous forme de cours ou d'exercices appliqués au Soleil. Ce chapitre est d'une difficulté plus soutenue, et nécessite une certaine familiarité avec les équations.
Le Soleil émet du rayonnement, donc de l'énergie, dans toute les directions de l'espace. En mesurant l'énergie du rayonnement reçu au niveau de la Terre, on peut remonter à l'énergie totale émise par le Soleil. La puissance émanant du Soleil et reçue au niveau de la Terre est la constante solaire.
Difficulté : ☆☆ Temps : 10 minutes
Sachant que la puissance provenant du Soleil reçue par la Terre au niveau des nuages est de 1360 W m-2 (la fameuse "constante solaire"), et sachant que le Soleil est à 150 millions de km de la Terre, en déduire la puissance rayonnée par le Soleil.
Supposons que le Soleil soit tout simplement une boule de gaz à l'équilibre hydrostatique. C'est-à-dire que le Soleil est une boule de rayon , au repos, et dont la température T , la densité ρ et la pression P ne dépendent que du rayon r où l'on se place.
Étudions un élément infinitésimal cylindrique de cette boule. Cet élément, situé à une distance r du centre du Soleil, est de section ds et de hauteur dr. Sa densité est celle du milieu environnant, ρ(r), et sa masse vaut dm = ρ(r) dr ds (voir figure ci dessous) :
Trois forces s'exercent sur ce cylindre de gaz. Deux forces de pression P(r)ds et P(r+dr)ds ainsi que le poids du cylindre :
où est la constante universelle de gravitation et M(r) est la masse totale contenue dans la sphère de rayon r, soit :
avec
Supposer que le Soleil est au repos implique que la somme des forces s'exerçant sur ce cylindre est nulle. C'est-à-dire que la différence entre les forces de pression est exactement équilibrée par la force de gravité. On a donc l'équation d'équilibre hydrostatique locale :
Pour obtenir une équation globale, multiplions chaque membre de l'équation par le volume
et intégrons le résultat entre r=0 et r= .
Le membre de droite donne :
Où Ep est l'énergie potentielle gravitationnelle et l'énergie potentielle gravitationnelle totale du Soleil.
Le membre de gauche donne :
où Pcentre est la pression au centre du Soleil et en supposant que la pression est nulle à sa surface. Une intégration par partie donne :
En faisant l'hypothèse des gaz parfaits on a : PV=NkBT où N est le nombre totale de particules dans le système et kB la constante de Boltzman. En remarquant que l'énergie interne du système s'écrit , on peut récrire l'équation des gaz parfaits en :
où ρe est la densité volumique d'énergie interne. En la réinjectant dans l'équation précédente le membre de gauche donne finalement :
où est l'énergie interne totale du Soleil. Au final, l'équation d'équilibre hydrostatique intégrée donne donc :
.
Cela signifie que si le Soleil se contracte et que son énergie potentielle diminue de ΔEp, son énergie thermique augmente de ΔET=ΔEp/2 et le Soleil se réchauffe. Pendant une contraction, la moitié de l'énergie potentielle gravitationnelle en jeu est donc convertie en énergie interne. L'autre moitié est en fait évacuée sous forme de rayonnement.
Difficulté : ☆ Temps : 5 minutes
On a vu que le rayonnement solaire peut être alimenté par la contraction du Soleil. Sachant que le Soleil est vieux de plus de 4 milliards d'année, que sa masse vaut 2.1030 kg, son rayon 7.108 m, la constante de gravitation =6,7.10-11 m3 kg-1 s-2 et connaissant la puissance rayonnée par le Soleil (d'après l'exercice précédent ), cette hypothèse est-elle réaliste ?
Difficulté : ☆☆ Temps : 10 min
En conservant les hypothèses mentionnées ci-dessus et en supposant de plus que le Soleil est de densité homogène et uniquement composé d'hydrogène dont un atome pèse μ=1,6.10-27 kg, en déduire la température approximative du milieu de l'intérieur solaire.
Faisons maintenant l'hypothèse absurde que la couronne solaire est à l'équilibre thermodynamique. Cela se traduit par l'égalité entre l'énergie thermique et l'énergie cinétique des particules du milieu, ce que l'on peut écrire :
où mp et <vp2> sont respectivement la masse et la vitesse quadratique moyenne d'un proton dans la région considérée, k la constante de Boltzmann et T la température du milieu.
Si l'on se place dans la couronne, à une distance de 3 rayons solaires, où la température est estimée à 3 millions de Kelvin, on peut en déduire <vp> :
On trouve donc <vp2>1/2 ≈ 2,7 105 m.s-1.
Calculons maintenant la vitesse d'évasion, grâce à l'équation :
Ce qui permet d'en déduire la vitesse d'évasion :
On trouve donc une vitesse d'évasion de 2,5 105 m.s-1. Légèrement inférieure à la vitesse thermique des protons du milieu. Cela signifie donc qu'une grande partie des particules s'échappe alors de l'attraction solaire, formant ainsi le vent solaire.
L'atmosphère du Soleil étant magnétisé, il est intéressant d'étudier la trajectoire des particules chargées en présence d'un champ magnétique. Nous considérons un champ magnétique uniforme dirigé suivant l'axe z. Nous considérons une particule dont les composantes de la vitesse sont suivant x et y. L'équation fondamentale de la dynamique décrivant le mouvement d'une particule chargée dans un champ magnétique s'écrit :
Les quantité v et B sont vectorielles. En projetant cette équation, on obtient les équations suivantes :
Soit:
En tenant compte des conditions initiales différentes pour la composante x et y, on trouve :
Les composantes de la vitesse de la particule oscillent entre -Vc et +Vc à la fréquence de Larmor définit par :
Ces équations définissent donc une rotation de la particule dans le plan (Oxy) perpendiculaire à la direction du champ magnétique. Autrement dit, une particule se propage dans le champ magnétique suivant un mouvement de rotation dans un plan perpendiculaire à la direction du champ magnétique. Une particule accélérée se propage donc dans l'atmosphère solaire en suivant les lignes de champ magnétique. De même, les particules chargées émises par le Soleil se propagent dans l'espace interplanétaire en suivant les lignes de champ magnétique.
L'équation de la dynamique des particules chargées dans un champ électrique et magnétique s'écri t:
v, E et B sont des quantités vectorielles. En multipliant à droite et à gauche par v, on obtient :
Soit:
L'énergie cinétique vaut 1/2 mv2. La variation d'énergie de la particule est donc uniquement due au travail du champ électrique. Étudier l'accélération des particules lors des éruptions solaires revient donc à comprendre l'apparition et le développement de champs électriques intenses dans l'atmosphère solaire. La théorie physique décrivant le couplage du plasma avec le champ magnétique prédit un développement turbulent du champ électrique aux petites échelles spatiales lors d'une éruption solaire.
pages_atmosphere-solaire/so-questions1.html
pages_introduction-soleil/so-exo-tau.html
C'est aussi le principe qu'utilisent les patineurs pour effectuer leur rotation sur la glace : ils plient les bras (vous pouvez aussi l'expérimenter sur une chaise tournante sans trop de frottements)
pages_astrometrie-solaire/so-exo-carrington.html
Si besoin est, vous pouvez calculer le jour Julien à partir du site suivant.
pages_rayonnements/so-exo-temperature-soleil.html
On rappelle que :
On rappelle que :
pages_rayonnements/so-spectre-3.html
Il faut calculer les vitesses de rotation de l'équateur solaire, la variation de vitesse entre les deux bords, et, en appliquant la formule de l'effet Doppler, calculer le décalage en longueur d'onde.
pages_physique-solaire/so-energie.html
Le rayonnement solaire se propage suivant une sphère, dans toutes les directions. Plus le rayon de cette sphère augmente, plus le rayonnement par unité de surface de cette sphère diminue. Rappelons que la surface d'une sphère est .
pages_physique-solaire/so-exo-energie-solaire.html
On pourra supposer que le Soleil est de densité homogène car cela ne modifie pas de manière significative son énergie potentielle gravitationnelle totale.
pages_physique-solaire/so-exo-hydrostatique.html
A partir de l'équation d'équilibre hydrostatique local, on peut appliquer la loi des gaz parfaits en supposant la densité constante et en déduire la température.