Les céphéides, du nom de l'étoile de la constellation de Céphée, sont de véritables phares : leur éclat , modulé, porte loin, si bien que leurs variations sont observables dans des galaxies à grande distance.
Les céphéides occupent une position particulière dans la bande d'instabilité du diagramme HR.
La courbe de lumière d'un céphéide retranscrit sa pulsation radiale.
La magnitude absolue des étoiles variables céphéides varie linéairement avec le logarithme de leur période. Cet étalonnage permet de mesurer la distance d'objets plus lointains, pour lesquels on mesure les périodes et magnitude apparente.
On donne sur la figure le résultat des mesures de magnitude apparente et de période obtenues à partir des courbes de lumières de céphéides de quatre galaxies sélectionnées dans l'amas de galaxies de la Vierge (amas Virgo): NGC4321, NGC4496A, NGC4639 et NGC4536. Parmi elles, la galaxie NGC4639 fut en particulier observée parce que l'on y a observé une supernova de type Ia.
Identifier un objet via une propriété caractéristique peut permettre la détermination de sa magnitude absolue, et donc de sa distance.
Les étoiles céphéides sont des étoiles pulsantes dont la luminosité varie périodiquement au cours du temps. Elles tiennent leur nom de l'étoile Céphée, identifiée en 1784 par John Goodricke.
En étudiant les céphéides du Petit Nuage de Magellan, Henrietta Leavitt découvrit en 1912 que la période de variation de leur éclat apparent est corrélée à leur magnitude absolue moyenne.
Les étoiles du Petit Nuage de Magellan étant toutes à la même distance de nous, leur éclat apparent (magnitude apparente ) est donc un indicateur de leur luminosité intrinsèque (magnitude absolue ) par la relation :
où la distance est exprimée en parsec.
La relation énoncée par H. Leavitt est de la forme :
avec la valeur moyenne de la magnitude absolue et la période. Comme le coefficient est négatif, plus une céphéide est lumineuse, plus sa période est longue. Pour les céphéides de type I, .
La relation admise aujourd'hui s'exprime avec les coefficients suivants, pour diverses bandes (B, V, I) :
Cette relation constitue bien un indicateur de distance puisque la mesure de la période permet de déterminer et donc la distance par comparaison avec la magnitude apparente médiane. La pente de la relation pouvait être établie avec les céphéides du Petit Nuage de Magellan, mais la détermination du coefficient , qui fixe le point zéro de la relation nécessite un étalonnage avec des céphéides de distances connues. Cet étalonnage fut réalisé par E. Hertzsprung en 1913, puis par H. Shapley en 1918 en utilisant une population de céphéides observées dans des amas globulaires de notre Galaxie. Quand, en 1924, Edwin Hubble mesure pour la première fois des céphéides dans M31, puis M33 et NGC6822, il utilisa cet étalonnage pour déterminer leurs distances.
Type 1 | Type 2 | |
Type | F - G | F-G |
Classe | Ia | Ia |
période | de 3 à 50 j | de 5 à 30 j |
de -2 à -6 | de 0 à -2 | |
de 0 à -6 | de 0 à -4 |
Les céphéides ont l'avantage d'être intrinsèquement très lumineuses et donc de pouvoir être observées à grande distance ( 25 Mpc avec le télescope spatial Hubble). Leur mécanisme de pulsation est de plus physiquement bien connu, ce qui en fait un indicateur de distance très fiable. Ces étoiles sont observables essentiellement dans les galaxies spirales ou irrégulières, où il existe des populations stellaires jeunes.
Les céphéides sont des étoiles en phase de combustion centrale de l'hélium. Lorsque l'étoile entre dans la phase d'instabilité, ses couches externes sont soumises à de légères variations de pression. Une compression conduit à l'ionisation du gaz, en particulier l'hélium présent proche de la surface. Or l'hélium ionisé est très opaque au rayonnement et agit donc comme un écran, qui, poussé par la pression de radiation, fait gonfler l'enveloppe de l'étoile comme un ballon.
La luminosité de l'étoile est fonction à la fois de sa température superficielle et de son rayon d'après la loi de rayonnement du corps noir. Quand l'enveloppe enfle, la surface émettrice augmente. En se détendant, l'enveloppe se refroidit et les ions d'hélium se recombinent avec les électrons. L'atmosphère redevient alors perméable aux photons et retombe vers l'étoile.
L'accroissement du rayon et la baisse de température induisent des effets opposés pour ce qui est de la luminosité. En pratique, les variations de rayon et température sont en quadrature, et la luminosité est en phase avec la température.
La durée de vie d'une céphéide dans cet état d'oscillation est de l'ordre de un million d'années. La plupart des étoiles entre 3 et 15 masses solaires passent par cette phase. Les étoiles les plus massives ont les périodes les plus longues : ayant un rayon plus important, elles mettent plus de temps à se dilater.
A l'aide de l'appliquette ci-dessous, déterminer la relation période-luminosité d'un échantillon de céphéides de notre galaxie.
Solution :
Difficulté : ☆☆ Temps : 1 h
On se propose d'estimer les distances des galaxies M31, M33 et NGC 6822 à partir des observations de Hubble de 1923-1928 et de la relation période-luminosité des céphéides établie pour le Petit Nuage de Magellan. On dispose de courbes de lumière d'étoiles variables céphéides observées par Hubble entre 1923 et 1928 pour la nébuleuse d'Andromède M31, ainsi que pour M33 et NGC 6822. Ces données sont extraites de trois articles de Hubble dans les "Contributions from the Mount Wilson Observatory" publiés en 1924, 1926, et 1929. Les magnitudes utilisées par Hubble sont des magnitudes photographiques mesurées sur des photographies obtenues au foyer des télescopes de 1.52 m et 2.54 m du Mont Wilson. Ces magnitudes photographiques sont proches de celles du filtre bleu (B) utilisées plus tard dans le système photométrique UBVRI .
On dispose par ailleurs de courbes de lumières de céphéides du Petit Nuage de Magellan mesurées en magnitudes B et V par Halton Arp en 1955 et 1956, ainsi que d'une formule de correction pour remettre ces magnitudes dans le système des magnitudes photographiques de Harvard qu'utilisait Harlow Shapley en 1918. Dans ce système de magnitude, la relation période-luminosité des céphéides de Henrietta Leavitt (1912) s'exprime comme suit :
où est la période mesurée en jour.
On donne dans la table les magnitudes médianes en bande B et les périodes des courbes de lumière des céphéides du Petit Nuage de Magellan. Convertir ces magnitudes dans le système des magnitudes photographiques de Harvard, à l'aide de la relation de conversion :
Calculer le logarithme de la période, donnée en jours.
Mesurer la pente de la relation période-luminosité obtenue. Identifier et éliminer les points qui s'écartent de la distribution. Commenter et comparer le résultat à celui de Henrietta Leavitt.
Le point zéro absolu (ordonnée à l'origine) de la relation période-luminosité calibrée par H. Shapley en 1918 à partir des céphéides observées dans divers amas globulaires dont il connaît la distance par les RR-Lyrae est égal à -0.65.
Calculer le module de distance et la distance en années de lumière du Petit Nuage de Magellan.
A période égale, les céphéides des galaxies M31, M33, et NGC6822 présentent des magnitudes apparentes respectivement 5.90, 5.90 et 5.65 magnitudes moins brillantes. En déduire leur distance.
A l'époque de Hubble, on ne connaissait pas encore les effets de l'extinction interstellaire, découverts par Trumpler quelques années plus tard. Le tableau donne les valeurs de l'extinction galactique et extinction interne moyenne pour diverses galaxies, ainsi que les valeurs admises actuellement pour leur module de distance. Corriger le module distance des extinctions galactiques et internes, et comparer à la valeur admise aujourd'hui .
Nom | ext. galactique | ext. interne | |
PNM | 0.37 | 0.35 | 18.70 |
M31 | 0.41 | 0.70 | 24.45 |
M33 | 0.32 | 0.38 | 24.60 |
NGC 6822 | 0.86 | 0.09 | 23.50 |
Difficulté : ☆☆ Temps : 45 min
On se propose de calculer la distance de l'amas de galaxies de La Vierge en utilisant des mesures de céphéides obtenues avec le télescope spatial.
Nom | site | |
NGC 4321 | 31.15 | HST |
NGC 4496A | 31.13 | HST |
NGC 4639 | 32.00 | HST |
NGC 4536 | 31.10 | HST |
NGC 4571 | 30.76 | Sol |
La table ci-jointe fournit, pour 5 galaxies attribuées à l'amas de La Vierge, les modules de distance déterminés par les céphéides, ainsi que la provenance de la mesure (HST ou terrestre). Par ailleurs, on connaît la valeur moyenne des vitesses radiales observées de l'amas :
et la vitesse de chute de notre Groupe Local de galaxies en direction de l'amas de La Vierge :
Déterminer la distance des objets de cet amas. Semble-t-il ramassé ou étendu ?
[3 points]
On cherche à déterminer la valeur moyenne de la distance de cet amas, qui présente une grande extension. Montrer que l'identification des céphéides favorise la détection des composantes les plus proches. Quel biais cela peut-il introduire ?
[1 points]
Calculer la valeur moyenne de la distribution des distances.
[0.5 points]
En appliquant la loi de Hubble, déduire une estimation de la constante d'expansion de l'Univers .
[1 points]
Difficulté : ☆☆ Temps : 45 min
La céphéide RS Pup est entourée d'une nébuleuse circumstellaire, qu'elle éclaire. Les courbes de lumières des globules dans cette nébuleuse présentent la même périodicité que celle de la céphéide, mais avec un retard dû à la propagation de la lumière de l'étoile aux globules. Ce délai se traduit par un déphasage de leur courbe de lumière. Les globules très proches du plan perpendiculaire à la ligne de visée ont été sélectionnés : ils apparaissent sur les "coquilles" de la nébuleuse entourant la céphéide. La période de la céphéide, mesurée suite aux observations régulières sur la céphéide, vaut P = 41.4389 j.
L'exercice se propose de reprendre les travaux d'un groupe d'astronomes, principalement de l'Observatoire de Paris, qui ont abouti à la mesure de la distance de cette étoile. Ces mesures effectuées en 2007 constituent à ce jour la mesure de distance la plus précise pour une céphéide.
Montrer que la distance linéaire entre RS Pup et un globule s'écrit : avec la distance angulaire observée entre l'étoile et le globule, et la distance du système par rapport au Soleil. Pourquoi n'a-t-on sélectionné que des globules dans le plan perpendiculaire à la ligne de visée ?
[2 points]
Montrer que l'on peut écrire , avec un entier et la phase du signal, exprimée en fraction de période. Exprimer le facteur en fonction de la période de la céphéide, puis le calculer pour une distance exprimée en UA.
[1 points]
Montrer que la phase peut être mesurée, mais que le nombre entier de périodes reste a priori inconnu.
[1 points]
L'appliquette ci-jointe donne, pour les globules sélectionnés, les mesures de . Le nombre a été retrouvé par essai/erreur sur quelques valeurs. Déduire alors de la nouvelle appliquette la distance (en prenant soin d'éliminer l'une des mesures qui apparaît visiblement contradictoire avec les autres). Montrer qu'elle est directement donnée en parsec. Est-elle compatible avec la valeur rapportée par les auteurs de ce travail : ?
[2 points]
pages_etalonnage-primaire/cepheides-sexercer.html
S'aider du tableau.
Sélectionner la case B1, et entrer dans la ligne de commande = 0.815 * B +2.52
Sélectionner la case E1, et entrer dans la ligne de commande = log(P)
Les calculs indiqués donnent :
Identifier les 2 points qui s'écartent de la distribution, et les éliminer en remplaçant leur magnitude par un tiret avant de procéder à l'ajustement.
La plupart des céphéides du Petit Nuage de Magellan s'ajustent autour d'une droite de pente légèrement inférieure à 2. Deux des étoiles apparaissent sensiblement en dehors de la relation période-luminosité : PNM01925, PNM02060. Il est probable que cet écart provienne d'un mauvais étalonnage de leur magnitude.
Après exclusion de ces valeurs, l'estimation linéaire donne une pente de -2.03 et une ordonnée à l'origine de 17.9 ; la pente semble cohérente avec la pente de -1.74 de la relation de Henrietta Leavitt.
Se servir encore de l'appliquette, pour identifier l'ordonnée à l'origine lorsque l'estimation a une pente forcée à -1.74.
En forçant une pente de -1.74 on obtient pour le diagramme en magnitude apparente une ordonnées à l'origine de 17.5.
En soustrayant membre à membre les relations en magnitudes apparente et absolue, on trouve le module de distance du Petit Nuage de Magellan
soit, d'après la définition du module de distance, une distance de 42.4 kpc (132 milliers d'années de lumière). En comparant aux dimension de la Voie Lactée , on constate que le Petit Nuage de Magellan est tout proche de notre Galaxie. En fait, il en est l'un des proches satellites.
Se servir, encore, du module de distance.
D'après les données, les modules de distance de M31, M33 et NGC6822 sont respectivement de 24.05, 24.05 et 23.80, soit des distances de 646, 646 et 575 kpc (2.0, 2.0 et 1.8 millions d'années de lumière).
En comparant à la dimension de la Voie Lactée, on voit que la distance de ces nébuleuses les place bien au-delà des limites de notre Galaxie. C'est cette découverte, couplée à la mesure de la taille de la Voie Lactée par H. Shapley, qui permit de clore le débat sur l'existence des univers îles et transforma notre univers d'étoiles et de nébuleuses en un univers de galaxies.
Comment joue l'absorption sur le module de distance du Petit Nuage de Magellan ?
Exprimé avec les mains : l'absorption ôte des photons, donc rajoute de la distance. Le module de distance est augmenté des effets de l'absorption dans notre Galaxie et interne à l'objet considéré.
L'absorption corrigeant à la hausse le module de distance du PNM de 0.72 magnitude, on trouve un module de 18.15+0.72 = 18.87, en bon accord avec la valeur admise aujourd'hui.
Pour les autres objets, repérés par rapport aux céphéides du PNM, il faut tenir compte de la correction différentielle par rapport au PNM.
On trouve finalement :
Nom | ext. galactique | ext. interne | |||
PNM | 0.37 | 0.35 | 18.15 | 18.87 | 18.70 |
M31 | 0.41 | 0.70 | 24.05 | 24.40 | 24.45 |
M33 | 0.32 | 0.38 | 24.05 | 24.03 | 24.60 |
NGC 6822 | 0.86 | 0.09 | 23.80 | 24.03 | 23.50 |
Ces résultats tenant compte de l'absorption sont en bien meilleur accord avec les valeurs admises aujourd'hui.
pages_etalonnage-primaire/cepheides-sevaluer.html
Il s'agit simplement d'exprimer de 2 façons différentes la distance linéaire entre l'étoile et le globule.
Il s'agit d'une simple application numérique.
Écrire le retard en fonction de la période et des données introduites.
Quelle grandeur est observable ?
Se servir de la relation trouvée entre les données et .
Le choix d'unité n'a pas été mené au hasard.