Les étoiles et les planètes sont les objets de l'univers qui aboutissent au vivant. En effet, la formation des atomes nécessaires à la vie est liée aux différentes étapes de l'évolution stellaire. Ensuite, le regroupement d'atomes en des chaînes carbonées constituant la matière vivante s'est probablement passé dans le Système Solaire, voire sur notre planète. Les planètes se forment dans l'environnement des étoiles : cela s'est passé autour de notre Soleil mais aussi, nous le savons maintenant, autour de la grande majorité des étoiles de la Galaxie.
Nous donnons dans ce chapitre un panorama des processus de la formation et de l'évolution des étoiles, puis de la structure des planètes du Système Solaire et des exoplanètes orbitant autour d'autres étoiles.
Certaines notions de physique et d'astronomie utiles à la compréhension de ce cours sont données au fil du texte. En physique, il s'agit des propriétés de la lumière et du principe de la spectroscopie, de la notion de corps noir, de la structure de la matière (atomes, électrons, ions), de l'effet Doppler-Fizeau. En astronomie, certaines définitions fondamentales (planète, étoile, galaxie) sont utiles.
Ce chapitre a pour but de vous expliquer ce qu'est une étoile : pourquoi elle brille, comment elle se forme et évolue. Nous commencerons par examiner quelles caractéristiques des étoiles peuvent être déduites de l'observation (taille, masse, luminosité...) avant de déduire ce que cela nous apprend de leur évolution par l'intermédiaire d'un diagramme fondamental : le diagramme de Hertzsprung-Russell.
La voûte céleste est constellée de myriades d'étoiles.
Une multitude d'objets sont visibles de nuit. Sous un ciel sans nuage, sans Lune et sans pollution lumineuse, plusieurs milliers d'étoiles sont visibles à l'œil nu. Malheureusement, ce nombre est de plus en plus restreint par l'activité humaine (éclairage urbain...) et, dans le centre des grandes villes, au mieux quelques dizaines d'étoiles sont visibles.
En plus de ces étoiles, outre la Lune et les cinq planètes visibles à l'œil nu (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne), le ciel est barré par la Voie Lactée, grande bande laiteuse (d'où son nom), faiblement lumineuse, aux contours flous. En la parcourant à l'œil ou aux jumelles, on se rend compte qu'elle est composée de zones brillantes et de zones sombres, de nébuleuses, d'étoiles en amas... Au télescope, elle se décompose en une nuée d'étoiles. La Voie Lactée n'est, en effet, que le disque de notre Galaxie vue par la tranche. Par extension, notre Galaxie porte ainsi le nom de Voie Lactée.
D'autres objets sont également visibles : des nébuleuses qui peuvent être extérieures à notre Galaxie - comme les Nuages de Magellan ou la nébuleuse d'Andromède, qui sont des galaxies proches de la nôtre - ou, au contraire, des éléments de notre Galaxie - comme la nébuleuse d'Orion, un nuage interstellaire, ou des groupes de millions d'étoiles liées par la gravitation appelés « amas globulaires » qui, comme la Voie Lactée, ne sont pas résolus en étoiles par l'œil.
Parmi les étoiles de notre Galaxie, la Voie Lactée, seules 6000 à 7500 sont visibles à l'oeil nu (sur l'ensemble du ciel). Pour se repérer dans le ciel, les astronomes des siècles passés ont dessiné arbitrairement sur la sphère céleste des figures reliant les étoiles les plus brillantes qu'ils ont nommées constellations. Les noms des constellations boréales (situées dans l'hémisphère nord) nous viennent principalement de l'antiquité, et sont des personnages (Andromède, Cassiopée...), des animaux (le Cygne, la Grande Ourse...), ou des objets (la Lyre, la Balance...) liés à la mythologie (principalement grecque et romaine). Mais les astronomes de l'antiquité n'ont pas observé la partie la plus australe du ciel (visible dans l'hémisphère sud) et ne l'ont donc pas organisée en constellations.
Ce travail fut effectué par des astronomes comme Bayer au 17ème siècle qui choisit des noms d'animaux (le Phénix, le Poisson Volant...) et La Caille au 18ème siècle qui préféra des noms d'instruments scientifiques (le microscope, la machine pneumatique...). Cependant, les limites des constellations restaient floues, et certaines nouvelles constellations mordaient sur les anciennes. La situation fut réglée en 1922 par l'Union Astronomique Internationale qui découpa une bonne fois pour toute le ciel en 88 constellations. En 1930, l'astronome belge Eugène Delporte en fixa précisément les limites selon des arcs de méridien ou de fuseaux horaires.
Les étoiles des constellations n'ont pas de liens physiques entre elles. Seule leur position apparente dans une même zone du ciel, lorsqu'elles sont vues depuis la Terre, les relie. En particulier, leurs distances peuvent être très différentes. Comme les étoiles ont des vitesses différentes les unes des autres, la forme des constellations évolue au cours du temps. Au bout de quelques dizaines de milliers d'années seulement, la forme d'une constellation n'est plus reconnaissable.
Durant l'antiquité, les astronomes nommaient les étoiles d'après leur position dans la constellation à laquelle elles appartenaient. Au moyen-âge, les astronomes arabes fixèrent le nom des étoiles les plus brillantes sur le même principe (Rigel dans la constellation d'Orion, qui était pour l'astronome grec Ptolémée « l'étoile la plus brillante du pied gauche en contact avec l'eau », signifie simplement « le pied » en arabe) et ces noms sont restés d'usage courant.
Au début du 17ème siècle, l'astronome allemand Bayer classa les étoiles des constellations par luminosité décroissante en suivant l'alphabet grec puis l'alphabet latin suivi du génitif du nom latin de la constellation. Ainsi, Arcturus, l'étoile la plus brillante du Bouvier (Bootes en latin) se nomme-t-elle aussi α Bootis (ou α Boo). De même, Castor et Pollux, les deux étoiles les plus brillantes des Gémeaux (Gemini) sont respectivement et α et β Geminorum ( α et β Gem). Parallèlement, l'astronome anglais Flamsteed désigna les étoiles visibles de chaque constellation en les comptant par ascension droite croissante. La manière de nommer une étoile par un numéro et d'une lettre grecque ou latine suivis du génitif du nom latin de la constellation à laquelle elle appartient s'appelle ainsi dénomination de Bayer-Flamsteed.
De nos jours, où le catalogage des étoiles n'est plus une fin en soi, et où le nombre d'étoiles connues est considérable, les étoiles sont nommées d'après leur numéros dans des catalogues spécifiques (catalogues d'étoiles brillantes, de binaires, de variables, d'étoiles observées avec tel ou tel instrument...). Une étoile appartenant à plusieurs catalogues a donc plusieurs noms. L'étoile Véga de la Lyre, par exemple, apparaît ainsi sous plus de cinquante noms comme α Lyr, GJ 721 (étoile numéro 721 du catalogue d'étoiles proches de Gliese et Jarheiss), HIP 91262 (catalogue Hipparcos), HD 172167 (catalogue Henry Drapper), CCDM J18369+3847A (catalogue CCDM d'étoiles doubles), etc.
L'essentiel de l'information en provenance des astres est sous forme de lumière (à différentes longueurs d'onde). Cette lumière peut être analysée de différentes manières :
Ces méthodes d'analyse peuvent éventuellement être couplées (spectrophotométrie, spectro-imagerie…) ou associées à d'autres techniques d'analyse de la lumière (interférométrie…).
Nous allons voir comment ces différentes techniques permettent de connaître des propriétés physiques des étoiles.
La parallaxe trigonométrique d'une étoile (ou parallaxe annuelle) est l'angle sous lequel est vu le demi-grand axe de l'ellipse apparente que semble effectuer une étoile à cause de son mouvement réflexe dû à la rotation de la Terre autour du Soleil. Il est noté π ou lorsqu'il y a ambiguité avec le nombre pi.
La distance D d'une étoile est alors donnée par la formule :
où R est le demi grand-axe de l'orbite terrestre c'est-à-dire une unité astronomique.
Par définition, la distance est de 1 parsec si la parallaxe est de 1 seconde de degré.
Comme R = 1 unité astronomique (u.a.), on a
L'étoile la plus proche a une parallaxe : .
Sa distance est donc : .
La précision des meilleures parallaxes était au début du siècle d'environ 1 millième de seconde de degré (1 mas). C'est en particulier la précision médiane du catalogue Hipparcos qui a mesuré les positions, parallaxes et mouvements propres d'environ 120 000 étoiles. Ainsi, seule la distance des étoiles proches était connue grâce à la mesure de leurs parallaxes trigonométriques. En effet, avec une telle précision, à 100 parsecs par exemple, l'erreur relative sur la parallaxe est de 10 % ce qui donne une erreur sur la distance du même ordre. Or, la Galaxie fait quelque 30 000 parsecs de diamètre ! Les parallaxes trigonométriques ne permettaient alors que d'obtenir la distance d'étoiles du voisinage solaire. Le satellite GAIA, lancé en 2013 et qui a une précision de quelques millionièmes de seconde de degré, permet maintenant un décryptage complet des différentes populations de notre Galaxie (plus d'1 milliard d'objets en 2018).
La distance d'étoiles plus lointaines, qui ont une parallaxe trigonométrique trop petite pour les instruments actuels, est mesurée par des méthodes indirectes. Par exemple en comparant leur luminosité intrinsèque et leur luminosité apparente observée depuis la Terre comme nous le verrons plus loin. On parlera alors de parallaxe spectroscopique ou photométrique selon que sa luminosité intrinsèque (on dit plutôt absolue) a été calibrée par spectroscopie ou photométrie.
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On représente le Soleil par une bille de 1 cm de diamètre. Quelle est la distance, à l'échelle, de l'étoile la plus proche ?
Données : la distance de l'étoile la plus proche, proxima du Centaure, est 1,3 parsec.
Relations entre les différentes unités :
Les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres dans notre Galaxie. Ces mouvements sont régis par la loi de la gravitation. La vitesse d'une étoile par rapport au Soleil se décompose en une vitesse sur la voûte céleste, appelée vitesse tangentielle, et une vitesse sur la ligne de visée de l'étoile appelée vitesse radiale. Ces deux composantes de la vitesse se mesurent par des méthodes très différentes.
À cause de sa vitesse tangentielle, la position d'une étoile va varier au cours du temps. La différence de positions sur la voute céleste à différentes époques est un angle. On appelle mouvement propre μ d 'une étoile la variation de position divisée par la variation de temps. Il est donc homogène à un angle divisé par un temps. Il est le plus couramment exprimé en seconde de degré par an.
La vitesse tangentielle VT de l'étoile est égale au produit de son mouvement propre par sa distance. Si l'on exprime la distance d en parsec et le mouvement propre μ en seconde par an, la vitesse tangentielle , exprimée en km/s est donnée par la formule numérique suivante :
La vitesse radiale ne modifie pas, par définition, la position sur le ciel d'une étoile. Elle est mesurée par une autre technique - la spectroscopie - grâce à l 'effet Doppler (voir dans les pages suivantes).
La position d'une étoile dépend de sa position à une certaine époque, de sa parallaxe et de son mouvement propre selon les relations :
où et sont les coordonnées équatoriales à un instant t, et à l'instant t0 de référence, et les composantes du mouvement propre de l'étoile, sa parallaxe et et les composantes du facteur parallactique de l'étoile à l'instant t. Le facteur parallactique est simplement la projection de l'orbite de la Terre dans la direction de l'étoile.
Une étoile double est un système de deux étoiles proches sur la sphère céleste. Une étoile double visuelle peut être une binaire visuelle (deux étoiles gravitant l'une autour de l'autre et donc liées physiquement) ou une étoile double optique (étoiles fortuitement proches sur le ciel mais qui sont en fait à des distances différentes).
Une étoile binaire (ou simplement binaire ou étoile double physique) est un système de deux étoiles orbitant l'une autour de l'autre sous l'effet de la gravité (comme la Terre tourne autour du Soleil). Une binaire est dite :
Le concept de binarité est donc subjectif : une binaire visuelle peut être résolue par un gros instrument et pas par un plus petit. De même la binarité spectroscopique ou photométrique dépend de la précision des détecteurs.
La plupart des étoiles se trouve dans des systèmes binaires ou multiples (il existe également des étoiles triples, quadruples...).
Les binaires jouent un rôle primordial dans notre connaissance des étoiles. En particulier, le calcul des éléments orbitaux (période, demi-grands axes, inclinaison...) des composantes d'une binaire est le seul moyen direct de mesurer des masses d'étoiles grâce aux lois de Kepler comme nous allons le voir dans les pages qui suivent.
Si l'on arrive à observer l'orbite des deux composantes d'un système binaire visuel, on peut déterminer leurs masses.
En effet, en posant P la période, m1 et m2 les masses des deux composantes, a1 et a2 les demi-grands axes des orbites des deux composantes autour du centre de gravité du système on a :
La résolution de ce système donne alors les masses individuelles m1 et m2 des deux étoiles.
En fait, les choses ne sont pas si simples. L'observation de l'étoile pendant une durée de temps supérieure à la période permet d'obtenir l'orbite apparente de l'étoile la plus faible autour de la plus brillante. La période est directement déduite de ces observations. En revanche, l'orbite observée n'est que la projection sur le ciel de l'orbite réelle. Il s'agit d'une ellipse, mais son demi-grand axe n'est pas celui de l'orbite réelle. Il existe néanmoins des moyens géométriques ou analytiques qui permettent de retrouver l'inclinaison de l'orbite mais dont le développement dépasse le cadre de ce cours.
Le rayon des étoiles peut facilement être déterminé dans le cas de binaires à éclipses. Une binaire à éclipses est une étoile binaire dont le plan de révolution est dans la ligne de visée de l'observateur (la Terre). Les deux composantes de la binaire ne sont pas résolues et la luminosité mesurée par l'observateur est la somme des luminosités des deux composantes de la binaire. Lorsqu'une des composantes passe entre l'observateur et l'autre étoile - on parle alors d'éclipse - une partie de la lunière de celle-ci est masquée à l'observateur. Il y a alors diminution de la luminosité totale de l'étoile binaire (somme des luminosités des deux composantes).
Si l'on connaît la masse des deux étoiles, la période du système nous permet, par la troisième loi de Kepler, de connaître la distance qui les sépare. On a alors la vitesse de ces étoiles. La durée des deux éclipses donne alors le rayon des deux composantes.
D'autres techniques presque* directes permettent d'obtenir le rayon de certaines étoiles. On peut citer les occultations par la Lune où l'on mesure le temps que met une étoile à disparaître derrière le limbe lunaire ou l'interférométrie qui permet, pour des étoiles suffisamment proches ou grosses, de mesurer directement le diamètre.
*moyennant tout de même un modèle d'assombrissement centre-bord du disque stellaire c'est-à-dire la manière dont la lumière se distribue sur le disque stellaire (le bord étant plus sombre que le centre).
Le gaz à la surface de l'étoile peut être considéré, en première approximation, comme un corps noir. Un corps noir est un corps idéal qui réémet tout le rayonnement qu'il reçoit sous forme d'un spectre continu (qui suit la loi de Planck) avec un maximum à une longueur d'onde λm qui ne dépend que de sa température T (selon la relation de Wien : λm T = cte = 3.10-3 m.K). La longueur d'onde λm détermine la couleur de l'étoile.
La température de la surface d'une étoile variant d'environ 3000 kelvins à quelques dizaines de milliers de kelvins, λm varie environ entre 150 et 3000 nm. Ceci correspond à un maximum situé entre le proche ultraviolet et le proche infrarouge en passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Les étoiles les plus chaudes apparaissent ainsi très bleues et les plus froides sont rouge sombre.
Le flux F d'énergie émis par un corps noir à sa surface ne dépend lui aussi que de la température selon la relation de Stefan-Boltzmann F=σT4 avec σ = 5,67.10-8 W/m2/K. La luminosité totale L émise par un corps noir est le produit de sa surface par le flux F. La luminosité L d'une étoile représentée par un corps noir sphérique de rayon R, donc de surface égale à 4πR2, est par conséquent égale à L=4πR2 σT4 .
À rayon égal, une étoile chaude, donc bleue d'après la relation de Wien, émettra donc plus d'énergie qu'une étoile froide et plus rouge. De même, une étoile de grand rayon, comme une géante rouge par exemple, émettra plus d'énergie qu'une naine rouge de même température mais de rayon inférieur.
La luminosité apparente d'une étoile est la puissance du rayonnement électromagnétique émis par cette étoile qui arrive à l'observateur. La luminosité bolométrique est la luminosité sur l'ensemble du spectre électromagnétique. Sinon, il faut préciser dans quelle bande de longueur d'onde on intègre le flux.
La luminosité apparente d'un objet dépend de sa luminosité absolue et de sa distance. On conçoit bien en effet que plus un objet est intrinsèquement brillant, plus il va être brillant sur le ciel de même que plus il va être loin, moins il va être brillant.
On définit également la notion de magnitude. Initialement, c'est l'intensité de la sensation visuelle produite par une étoile. Les étoiles visibles ont ainsi été classées en 6 ordres de grandeur par les astronomes anciens, de la première magnitude pour les plus brillantes à la sixième pour les étoiles tout juste visibles à l'oeil nu. À cette hiérarchie s'est substitué un classement plus quantitatif coïncidant avec la première définition : Si F est le flux d'une étoile dans une bande de longueur d'onde donnée, la magnitude est définie par , où est une constante.
La magnitude absolue d'une étoile est la magnitude qu'aurait l'étoile si elle était située à 10 parsecs de la Terre. La magnitude absolue permet ainsi de comparer des étoiles ayant des distances différentes. La magnitude absolue est égale à , où D est la distance de l'étoile en parsecs et A est l'absorption interstellaire.
Connaissant la magnitude absolue d'un objet, sa magnitude apparente permet de déterminer sa distance même si il est trop loin pour avoir une parallaxe mesurable. Vice versa, connaissant la magnitude apparente d'une étoile et sa distance, on peut déterminer sa magnitude absolue.
L'indice de couleur d'une étoile est la différence de sa magnitude dans deux bandes différentes. Selon le système photométrique utilisé, un indice de couleur permet d'avoir des informations quantitatives sur les paramètres physiques d'une étoile (température, métallicité, magnitude absolue...).
Lorsque l'on fait varier la température d'un corps noir, la répartition de l'énergie avec la longueur d'onde varie. Ainsi pour un corps noir à 6000 K, le maximum d'émission est dans le jaune. La quantité d'énergie émise dans une bande spectrale autour du jaune (à travers un filtre de couleur jaune) est plus grande que la quantité d'énergie émise dans une bande spectrale centrée sur le bleu. Inversement, un corps noir à 12000 K émet plus dans le bleu que dans le jaune. La mesure de la quantité de lumière émise dans ces deux bandes renseigne ainsi sur la température de l'objet observé.
Comme la lumière du Soleil, la lumière d'une étoile peut être décomposée par un prisme ou un réseau selon toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. La décomposition de la lumière selon la longueur d'onde s'appelle un spectre. Celui-ci peut-être de trois natures fondamentales : continu, avec des raies d'émission ou avec des raies d'absorption.
La lumière, ou onde électromagnétique, est composée de photons. Autrement dit, le photon est la particule qui transmet l'interaction électromagnétique. L'énergie E d'un photon dépend de sa fréquence ν selon la formule simple E=hν où h est la constante de Planck (h≈6,626.10-34 m2kg/s).
On appelle spectre continu un spectre dans lequel la lumière est émise à toutes les longueurs d'onde. C'est le cas par exemple dans un gaz à haute température. Les particules qui constituent le gaz (atomes et ions, électrons si le gaz est ionisé) ont une distribution continue de vitesses. Les collisions aléatoires entre les particules émettent des quantités aléatoires d'énergie et donc des photons à toutes les fréquences (ou à toutes les longueurs d'onde). Le corp noir donne un exemple typique et idéal de spectre continu.
L'énergie de liaison d'un électron dans un atome ou dans une molécule (de même que l'énergie vibrationnelle ou rotationnelle d'une molécule ou encore l'énergie des nucléons dans un noyau atomique) ne peut pas prendre n'importe quelle valeur : on dit qu'elle est quantifiée. Les lois physiques qui régissent ce phénomène sont regroupées dans la branche de la physique appelée physique quantique. Lors du passage d'un système quantique d'un niveau d'énergie E1 à un autre E2 plus petit, par exemple dans le cas d'un électron qui passe d'un niveau d'énergie à un autre moins exité dans un atome, un photon est émis à la fréquence ν qui correspond à la différence entre les deux niveaux d'énergie : ν=(E1-E2)/h. L'accumulation de photons émis à cette fréquence donne ce que l'on appelle une raie d'émission et le spectre résultant est un spectre d'émission. Inversement, si un photon de cette fréquence atteint un atome dont un électron est au niveau E2, il fait passer cet électron au niveau E1. Le photon est alors absorbé et l'on parle de raie d'absorption et de spectre d'absorption.
L'analyse du spectre des étoiles permet de connaître un certain nombre de leurs propriétés :
Nous allons voir comment.
Une raie d'absorption correspond au saut d'un électron dans un atome d'un niveau à un niveau plus énergétique par absorption d'un photon. Mais les atomes sont dans des états plus ou moins ionisés suivant la température (et la pression). De même, les niveaux d'énergie occupés par les électrons ne sont pas les mêmes selon la température. Les raies ne se forment donc pas toutes à la même température. La distribution des raies renseigne donc sur la température (ou plutôt la distribution de températures) dans la photosphère de l'étoile.
Le type spectral d'une étoile est une lettre donnée selon l'allure de son spectre et l'intensité de ses raies. Il permet de classer les étoiles en température. Des types les plus chauds aux plus froids on a : OBAFGKM.
Un moyen mnémotechnique a été inventé par les anglo-saxons avec la phrase : "Oh Be A Fine Girl Kiss Me!" qui peut aisément se transformer en "Oh Be A Fine Guy Kiss Me!" pour ne pas choquer les féministes les plus virulentes ou même en "Oh Be A Fine Gay Kiss Me!" pour être politiquement correct en toutes circonstances.
Chaque type spectral peut être affiné en rajoutant un nombre compris entre 0 et 10 (ainsi une étoile F3 est un peu plus chaude qu'une F4 et une A9 plus qu'une F0). On adjoint souvent la classe de luminosité au type spectral de manière à bien définir une étoile. Le Soleil est ainsi une G2V c'est-à-dire une étoile G2 de la séquence principale.
La première naine brune GL 229 B (dans une binaire) a été observée en 1995 ; la première naine brune de champ en 1997. Depuis, plusieurs dizaines d'objets plus froids que 3000 K ont été découverts. L'observation récente de ces objets stellaires plus froids que le type M a amené les astronomes à définir deux nouveaux types spectraux encore plus froids : les types L et T (comme les autres lettres utilisées pour définir les types spectraux, les lettres L puis T n'ont pas de signification particulière ; elles ont été choisies car elles étaient disponibles).
La séquence complète est donc maintenant OBAFGKMLT qui peut se retenir par la phrase : « Oh Be A Fine Girl (Guy, Gay...) Kiss My Lips Tenderly ».
L'observation du spectre d'une étoile et son analyse permet donc, entre autres, de connaître sa température effective.
Chaque composante du système binaire tourne autour du barycentre du système. La vitesse de chaque composante varie donc périodiquement. L'observation du décalage spectral des raies des deux composantes donne les variations de la vitesse radiale de chaque objet. Les masses individuelles des deux étoiles ne sont alors connues qu 'à l'inclinaison du système près. Si l'inclinaison est connue par d'autres moyens (binaire à éclipses, observations interférométriques…) les masses sont alors connues.
Outre la température et la pression, la forme des raies spectrales nous renseigne sur d'autres paramètres stellaires :
Un diagramme de Hertzsprung-Russell (ou diagramme HR en abrégé) a une ordonnée dans une échelle de magnitude absolue et une abscisse dans une échelle de température. On parle de diagramme théorique lorsque l'abscisse est la température effective et l'ordonnée la magnitude absolue bolométrique toutes deux calculées à partir de modèles théoriques de structure interne et de modèles d'atmosphères stellaires. On parle de diagramme observé lorsque abscisse et ordonnée sont des paramètres observés (par exemple une magnitude absolue MV en fonction de l'indice de couleur B-V).
Connaissant la distance d'une étoile, sa magnitude apparente et sa température, il est possible de la placer sur un diagramme HR observationnel. Les étoiles se répartissent selon des séquences dans le diagramme :
L'explication de la structure de ce diagramme est donnée par les mécanismes de l'évolution stellaire et détaillée plus loin.
En supposant qu'une étoile rayonne comme un corps noir, sa luminosité est : avec L la luminosité de l'étoile, R son rayon et T sa température.
En prenant le logarithme, on obtient :
On reconnaît l'équation d'une droite dans un diagramme (log T, log L). Les lignes d'égal rayon sont donc des droites sur le diagramme HR.
Les étoiles ont donc une grande variété de propriétés physiques :
où est le rayon du Soleil et sa luminosité.
Pourquoi les étoiles brillent-elles ? Parce qu'elles sont chaudes ! Mais pourquoi sont-elles chaudes ? Parce que quelque chose les chauffe !
Les étoiles brillent car leur surface, ou photosphère, est composée de gaz ionisé très chaud - entre 3000 et 50000 K - qui émet de la lumière. Mais pourquoi la surface est-elle si chaude et pourquoi émet-elle ? C'est-à-dire où l'étoile puise-t-elle son énergie ?
On connaît la masse du Soleil, environ 2.1030 kg.
On connaît la quantité de lumière émise par le Soleil, environ 4.1026 Watts.
On connaît enfin l'âge du Soleil : 4,6 milliards d'années. On suppose que la formation du système solaire a été brève devant son âge et on mesure l'âge des météorites par la mesure de la composition en isotopes radioactifs de longue période comme l'uranium 238 ou 235 et les produits de leurs désintégrations, plomb 206 et 207.
On peut maintenant tester différentes hypothèses quant à la nature de l'énergie interne du Soleil, et donc, des étoiles :
La température, la pression et la densité au coeur des étoiles atteignent des valeurs gigantesques. À titre d'exemple, la température au centre du Soleil est d'environ 15 millions de kelvins, la pression est de plusieurs centaines de milliards d'atmosphères et la densité est de plusieurs centaines de milliers de kilogrammes par mètres cubes. Dans ces conditions, les atomes d'hydrogène (protons) ont une vitesse suffisante pour vaincre la force de répulsion électrostatique et peuvent entrer en collision et fusionner pour former de l'hélium, en perdant de la masse et en libérant de l'énergie sous forme de neutrinos et de photons à haute énergie. C'est ce que l'on appelle la fusion nucléaire. Elle est d'autant plus importante que la température et la densité sont grandes.
Les neutrinos interagissent très peu avec la matière et sont tout de suite éjectés de l'étoile.
Les photons, au contraire, mettent plusieurs siècles à quitter l'étoile en ce sens qu'un photon issu d'une réaction de la fusion de deux atomes est presque immédiatement réabsorbé par un autre atome qui réémet à son tour un autre photon et ainsi de suite jusqu'à atteindre la surface de l'étoile où il part vers le milieu interstellaire.
La surface de l'étoile est donc chauffée par les réactions nucléaires qui ont lieu au cœur de l'étoile.
Deux forces agissent globalement sur l'étoile :
Ces deux forces sont en équilibre tant que la fusion peut se produire dans l'étoile. En effet, imaginons que l'étoile se dilate sous l'effet de la pression. Sa densité va diminuer (puisque l'on a la même quantité de matière dans un volume plus grand). Le taux de réactions nucléaires va également diminuer (il est facile de comprendre que les réactions sont plus faciles si la densité est plus grande puisque les particules sont plus proches de leurs voisines). Moins d'énergie étant produite, la température va baisser. Une dilatation (hypothétique) de l'étoile entraîne donc une diminution de la densité et de la température. Or, la pression est directement proportionnelle à ces deux paramètres. Elle va donc également baisser et la gravité fera se contracter l'étoile.
À l'inverse, si l'étoile se contracte, la densité va augmenter, va faire croître la production d'énergie par fusion donc la température et la pression qui va faire se dilater l'étoile.
On peut maintenant esquisser une définition de ce qu'est une étoile : une étoile est donc une boule de gaz, en équilibre, et qui émet de la lumière grâce aux réactions nucléaires qui ont lieu en son sein.
L'espace compris entre les étoiles de notre Galaxie n'est pas vide ; il est constitué d'un mélange extrêmement dilué de gaz et de poussières : le milieu interstellaire, que nous désignerons par l'abréviation MIS dans la suite de chapitre.
Dans ce milieu, le gaz et les grains de poussière sont intimement mêlés. Un milieu interstellaire est présent dans toutes les galaxies spirales, spirales-barrées et irrégulières. Il est quasiment inexistant dans les galaxies elliptiques et lenticulaires.
Le milieu interstellaire est bien visible sur la photo de la galaxie du Sombrero ci-contre. Les zones sombres signalent la présence des poussières qui absorbent la lumière des étoiles. Les poussières, et le gaz associé, sont concentrés dans un disque étroit autour du plan moyen de la galaxie. La photo donne une idée de ce que verrait un observateur extérieur à notre galaxie en l'observant par la tranche.
Le gaz est principalement constitué d'hydrogène, l'élément le plus abondant de l'univers ; ce dernier existe sous forme atomique ou moléculaire. Le gaz interstellaire contient aussi quelques traces d'éléments plus lourds, également sous la forme d'atomes ou de molécules.
La poussière interstellaire se présente sous la forme de grains extrêment petits, dont la taille typique est de l'ordre d'une fraction de micron (1 micron = un millionième de mètre). La composition chimique des grains de poussière interstellaire est variée : on y trouve du graphite, des silicates, des carbonates.
Le milieu interstellaire, mélange de particules gazeuses (atomes et molécules) et de grains de poussière, dans la proportion de 1012 à 1, est extrêmement ténu : on y rencontre des densités de gaz, en nombre de particules par cm3, qui varient de quelques unités dans les zones les plus diffuses, à quelques dizaines ou centaines de milliers dans les régions les plus denses. Ces densités sont extêmement faibles : le milieu interstellaire est plus ténu que les vides les plus poussés que l'on sait réaliser en laboratoire.
Bien qu'extrêmement ténu, le milieu interstellaire occupe un espace si vaste qu'il représente une masse de 10 à 15% de celle de l'ensemble des étoiles de notre Galaxie, c'est-à-dire de l'ordre de 10 à 15 milliards de fois la masse de notre Soleil. Les grains de poussière représentent 1% de la masse totale du milieu interstellaire.
La photographie de la galaxie Centaurus A montre que le milieu interstellaire a une structure extrêmement complexe. On y observe des régions sombres, nuages où le gaz et la poussière sont intimement mêlés, qui côtoient des zones brillantes, appelées nébuleuses, principalement composées de gaz illuminé par les étoiles voisines.
Le gaz et la poussière ne sont pas les seuls constituants du MIS. Ce dernier baigne en effet dans un rayonnement électromagnétique couvrant toutes les longueurs d'onde, depuis les rayonnements gamma et X, les plus énergétiques correspondant aux très courtes longueurs d'onde, jusqu'au rayonnement radio, le moins énergétique, en passant par les rayonnements ultraviolet, visible et infrarouge.
Ces rayonnements sont produits par les étoiles, les enveloppes et nébuleuses qui leur sont associés à certaines étapes de l'évolution stellaire, et également au sein des différentes composantes (nuages, poussières, nébuleuses...) du MIS, au cours de processus physiques extrêmement variés.
A côté du rayonnement électromagnétique, le MIS est baigné par un rayonnement de type corpusculaire : le rayonnement cosmique, constitué de particules animées de très grandes vitesses, proches de celle de la lumière.
Ces particules sont d'une part, des noyaux d'atomes qui portent une charge électrique positive, essentiellement des protons (noyaux d'atomes d'hydrogène) et des particules alpha (noyaux d'atomes d'hélium) et, d'autre part, des électrons.
Les particules du rayonnement cosmique sont produites lors des explosions de supernovae, ultime étape de l'évolution des étoiles les plus massives. Les particules sont libérées par l'explosion de l'étoile et éjectées dans le milieu interstellaire avec une très grande énergie. Elles peuvent être accélérées en traversant les champs magnétiques, de structures et d'intensités extrêmement variées, qui baignent le MIS.
Le milieu interstellaire est observable directement, notamment en lumière visible, sous la forme de nébuleuses diffuses plus ou moins brillantes et contrastées. La plus brillante (elle est visible à l'œil nu) et l'une des plus célèbres, est la nébuleuse d'Orion, représentée dans la figure ci-contre.
Il s'agit d'un nuage d'hydrogène atomique soumis au rayonnement ultraviolet intense émis par quelques étoiles très lumineuses et chaudes (de type spectral O ou B) dont les quatre plus brillantes, formant le trapèze d'Orion, sont visibles sur la photo.
Ces étoiles émettent l'essentiel de leur rayonnement dans le domaine ultraviolet, c'est-à-dire de longueur d'onde inférieure à 300 nm. Les plus énergétiques de ces photons, ceux dont la longueur d'onde est inférieure à 91,2 nm, peuvent ioniser l'atome d'hydrogène en lui arrachant un électron. Une région, composée d'un mélange de protons et d'électrons, appelée région HII, se forme autour des étoiles brillantes.
Les zones brillantes et diffuses que l'on observe sur les photographies, sont dues au rayonnement fluorescent qui est produit lorsque l'électron se recombine sur le proton pour former un atome d'hydrogène. Celui-ci est formé dans un état d'énergie élevée et se désexcite en émettant des photons sous forme de cascades radiatives. Le rayonnement émis s'étend du domaine visible jusqu'aux domaines infrarouge et radio.
L'hydrogène est le constituant principal de l'univers et donc du milieu interstellaire des galaxies. Si les nébuleuses d'hydrogène ionisé sont directement observables en lumière visible (cf page précédente), il a fallu attendre l'avènement de la radioastronomie pour observer l'hydrogène atomique sous la forme neutre.
L'atome d'hydrogène est constitué d'un proton et d'un électron en "orbite" autour de lui. L'électron se comporte comme s'il était animé d'un mouvement de rotation sur lui-même. Spontanément, mais avec une très faible probabilité d'une fois tous les 11 millions d'années, le sens de rotation de l'électron s'inverse : ceci entraîne l'émission d'une onde électromagnétique de longueur d'onde 21 cm (de fréquence 1420 MegaHertz), dans le domaine radio.
La raie 21 cm a été observée pour la première fois en 1951 en utilisant des radiotélescopes implantés aux USA, en Australie et aux Pays-Bas. Cette raie est observable partout dans notre Galaxie ; son intensité est plus grande dans une zone étroite correspondant à la Voie Lactée, c'est-à-dire dans le disque où est concentrée la grande majorité des étoiles de notre Galaxie. La raie 21 cm est émise au sein de nuages de gaz principalement constitués d'hydrogène neutre et appelés régions ou nuages HI.
La raie 21 cm, peu absorbée par le MIS, permet d'observer toute notre Galaxie, y compris les régions situées au-delà du centre. La distribution spatiale des nuages HI, déterminée à partir des variations d'intensité de la raie 21 cm a permis de montrer que notre Galaxie possédait une structure spirale.
La figure ci-contre montre la distribution de l'intensité de la raie 21 cm dans notre Galaxie, en fonction de la longitude et de la latitude galactiques. Les zones brillantes correspondent au maximum d'intensité et donc d'abondance de HI. Cette dernière est maximale dans le plan moyen de la Galaxie (la ligne brillante qui traverse toute la figure). Mais on peut voir que l'hydrogène neutre est présent partout et peut s'étendre à de très hautes latitudes galactiques. Des "ponts" d'hydrogène ayant la forme de filaments reliant le plan de notre Galaxie et ses zones extérieures, son halo, sont nettement visibles sur la figure.
La matière interstellaire n'existe pas que sous la seule forme des nuages atomiques HI, elle est aussi distribuée dans des nuages moléculaires d'extension, de masse, de densité, de température et de morphologie extrêmement variées.
Les nuages moléculaires géants sont constitués d'un mélange de poussières et de gaz composé de plus d'une centaine de molécules différentes (voir plus loin). Ils s'étendent sur plusieurs parsecs, voire dizaines de parsecs. Leur masse peut atteindre plusieurs millions de fois celle du Soleil. Ils ont une densité moyenne typique de 1000 particules/cm3 et leur température varie entre 10 et 150 K. La nébuleuse de l'Aigle en est un exemple typique.
Les nuages moléculaires géants sont le siège de la formation des étoiles et sont souvent associés à des régions HII, comme on peut le voir sur l'image de la nébuleuse RCW 38. Ces régions HII sont créées par les étoiles très chaudes et très lumineuses qui se sont formées il y a moins de 10 à 100 millions d'années, c'est-à-dire tout récemment à l'échelle cosmique. Les étoiles se forment donc au sein des nuages moléculaires de façon continue, et encore de nos jours.
A l'autre extrémité de la séquence des nuages interstellaires, on trouve les nuages diffus qui sont vus en absorption devant des étoiles. Leurs masses (quelques dizaines à quelques centaines de masses solaires) et leurs densités (entre dix et quelques centaines de particules/cm3) sont beaucoup plus faibles. Ils sont composés surtout d'atomes neutres (H, C, N, O...) ou ionisés (C+, Mg+, Si+...). Les plus denses d'entre eux contiennent quelques molécules simples neutres (H2, CO, CH, CN, OH, H2O...) ou ionisées (CH+...). Tous ces constituants sont identifiés par leur spectre en absorption devant celui de l'étoile située derrière.
De propriétés physiques voisines, les nébuleuses par réflexion sont des nuages de gaz et de poussières qui diffusent la lumière d'étoiles situées au sein du nuage ou dans son environnement immédiat. Un bel exemple est fourni par la nébuleuse du Caméléon.
Les nuages moléculaires sombres et les globules se présentent comme des taches sombres plus ou moins régulières masquant la lumière d'étoiles situées en arrière plan. L'un des plus fameux est la nébuleuse de la Tête de Cheval.
Ces nuages interstellaires ont un contenu moléculaire aussi riche que celui des nuages géants, leur densité est comparable, voire plus élevée (quelques dizaines de milliers de particules/cm3), mais ils sont plus froids (une température de l'ordre de 10 K, voire moins). Les poussières dans ces zones denses absorbent plus ou moins complètement la lumière des étoiles situées derrière, d'où leur aspect de taches sombres, particulièrement visibles dans la photographie du globule B 68.
Les nuages sombres peuvent présenter des formes plus complexes comme c'est le cas par exemple des globules de Thackeray.
Les observations en infrarouge ont permis de mettre en évidence la présence de sources ponctuelles au sein de certains nuages sombres. Quelques sources IR ont été identifiées comme des étoiles en formation, dont seul le rayonnement infrarouge, moins absorbé par les poussières, parvient à sortir du nuage.
Le télescope spatial Hubble a même permis de détecter un disque protoplanétaire en formation.
La présence de proto-étoiles et de disques proto-planétaires dans les nuages sombres montrent qu'ils sont, comme les nuages moléculaires géants, le siège d'une formation continue d'étoiles qui se poursuit à l'époque actuelle.
Les premières observations de molécules dans le MIS remontent à 1941 : les molécules CH, CH+ et CN ont été détectées dans un nuage diffus, grâce à leurs raies observées en aborption dans le domaine visible du spectre de l'étoile Dzeta Ophiuchii.
L'avènement de la radioastronomie en ondes centimétriques et décimétriques, outre la découverte de l'hydrogène atomique, a permis la découverte du radical hydroxyle OH (en 1963) et des premières molécules polyatomiques : l'ammoniac NH3 (en 1968), l'eau H2O et le formaldéhyde H2CO (en 1969).
C'est le développement de la radioastronomie dans le domaine des ondes millimétriques et sub-millimétriques, à partir des années 1970, qui a permis de découvrir la plupart des molécules interstellaires. La première molécule découverte dans ce domaine de longueur d'onde est la molécule de monoxyde de carbone CO. C'est la molécule la plus abondante, après H2 : elle sert de traceur du gaz moléculaire dans notre Galaxie et les galaxies extérieures.
A ce jour, 200 molécules ont été identifiées dans le MIS. On peut en consulter la liste sur les sites suivants : http://aramis.obspm.fr/mol/index.html et http://www.cv.nrao.edu/~awootten/allmols.html
On y trouve des molécules simples bien connues, comme par exemple le chlorure de sodium NaCl (sel de cuisine !). Beaucoup de molécules organiques ont été détectées ; parmi les plus courantes : le méthane CH4, l'alcool éthylique C2H5OH, l'acide acétique CH3COOH (qui entre dans la composition du vinaigre !), l'acétone CH3COCH3, et même un sucre : le dihydroxyacétone (CH2OH)2CO.
Une des molécules les plus complexes découvertes jusqu'ici est une longue chaîne carbonée de 13 atomes : le cyanodécapentayne HC11N. Elle fait partie de la famille des cyano-poly-ines dont tous les éléments plus simples : HC3N, HC5N, HC7N et HC9N ont également été détectées dans le MIS. Des fullerènes comme C60 ou C70 ont aussi été détectés.
Il est remarquable que dans un ultra-vide, que sont en fait les nuages interstellaires, où règnent des conditions physiques extrêmes, puissent se former des molécules, et en particulier des molécules organiques, aussi complexes. L'acide aminé le plus simple, la glycine : NH2CH2COOH, est une molécule moins complexe que les molécules les plus complexes détectées à ce jour. Néanmoins, toutes les tentatives de détection de la glycine dans le MIS ont échoué jusqu'ici.
Une autre caractéristique de la composition chimique du MIS est la présence de cations (ions chargés positivement), et en particulier, de cations moléculaires, tels : CH+, SO+, H3+, HCO+, HCS+, N2H+, H3O+, HOCO+, H2COH+, HCNH+, HC3NH+. Comme nous le verrons plus loin, les cations jouent un rôle fondamental dans la chimie interstellaire. Les anions (ions chargés négativement) sont aussi présents dans le MIS, mais en nombre beaucoup plus restreint.
Les molécules interstellaires sont formées à partir des éléments les plus abondants de l'univers, à savoir : H, C, N, O et S. On trouve cependant des molécules contenant des éléments beaucoup plus rares. En vous référant à l'une des deux listes de molécules interstellaires indiquées dans le cours :
Pouvez-vous citer cinq molécules interstellaires contenant du silicium Si ?
Combien de molécules différentes contiennent du chlore, Cl ? Pouvez-vous les citer ?
Même question, mais pour des molécules contenant du phosphore, P.
Le nombre, la diversité, la complexité (en particulier des composés organiques) des molécules détectées dans les nuages interstellaires sont la preuve qu'une chimie active et très élaborée est en œuvre dans le MIS.
Aux faibles densités et températures qui règnent dans ce milieu, les collisions entre particules sont extrêmement rares : elles se produisent néanmoins et peuvent se transformer en collisions réactives, c'est-à-dire en réactions chimiques conduisant à la transformation d'espèces chimiques. On peut citer en exemple la réaction suivante :
C+ + H2O → HCO+ + H
L'animation ci-dessous présente la suite des réactions qui conduisent à la formation de la molécule CO, la plus abondante après H2. On parle de réactions en phase gazeuse. Seules les réactions exothermiques, c'est-à-dire qui se produisent spontanément en libérant de l'énergie, participent à la chimie du MIS compte tenu des faibles températures prévalant dans ce milieu.
La synthèse des molécules complexes observées dans le MIS est le résultat d'un ensemble de plusieurs milliers de réactions chimiques en phase gazeuse. Ces réactions chimiques se classent en différents types qu'il n'est pas possible de détailler ici.
Différentes catégories de réactions chimiques, trop nombreuses pour être détaillées dans ce cours, peuvent conduire à la formation des molécules interstellaires. L'un des processus chimiques les plus efficaces, parce que libérant spontanément une grande quantité d'énergie est la recombinaison, sur un électron, d'un ion moléculaire qui se casse en plusieurs "morceaux" : c'est pourquoi on nomme ce type de réaction une recombinaison dissociative.
Un exemple de recombinaison dissociative est donné dans l'animation qui présente la formation de CO dans la page précédente, il s'agit de la dernière réaction qui conduit à CO :
HCO+ + e- → CO + H
Pouvez-vous indiquer les ions moléculaires les plus simples, observés dans le mileu interstellaire, dont la recombinaison dissociative conduit à : CS, N2, H2O et HCN ?
Quelles sont les deux molécules di-atomiques observées auxquelles peut conduire la recombinaison dissociative de l'ion HCO+, dont la formule développée est H-C+=O ?
La recombinaison dissociative de l'ion moléculaire H3CO+ peut conduire aux espèces CO (monoxyde de carbone), HCO et H2CO (formaldéhyde), toutes trois observées dans le milieu interstellaire. Pouvez-vous écrire les réactions chimiques correspondantes ?
L'enchaînement de réactions chimiques en phase gazeuse peut conduire à la formation des molécules interstellaires, même les plus complexes. Cette production de molécules requiert cependant la présence de la molécule H2, nécessaire au démarrage de toute cette chimie interstellaire active et complexe.
Or, on ne peut pas former H2 directement par collision réactive entre deux atomes d'hydrogène car cette réaction ne peut se produire spontanément dans les conditions physiques qui règnent dans le MIS. La formation de H2 interstellaire se produit à la surface des grains de poussière suivant le schéma illustré ci-dessous :
Les atomes d'hydrogène qui se déplacent dans le MIS du fait de l'agitation thermique, entrent en collision avec un grain de poussière et se collent à sa surface : c'est le phénomène d'adsorption. Ils ne restent pas immobiles mais sont au contraire animés d'une grande mobilité sur cette surface, se déplaçant très rapidement d'un site à un autre. Il arrive que deux atomes d'hydrogène, présents au même moment sur un même site, se recombinent pour former une molécule, le grain de poussière servant en quelque sorte de "catalyseur". La molécule formée peut alors être ré-injectée dans l'espace environnant : c'est le processus de désorption.
Des expériences de laboratoire et des études théoriques ont montré que la formation de H2 sur les grains de poussière est un processus efficace. A tel point que, si les conditions sont favorables (en particulier en l'absence de rayonnement UV au plus profond des nuages moléculaires), tout l'hydrogène existe sous la forme moléculaire. Cet hydrogène moléculaire initie la chimie interstellaire en phase gazeuse et la formation de molécules de plus en plus complexes.
Les processus conduisant à la formation de H2 sur des grains de poussière peuvent également entrer en jeu pour former d'autres molécules, jusqu'aux plus complexes des molécules organiques observées. Une chimie intestellaire à la surface des grains de poussière, au moins aussi active et efficace, coexiste donc avec la chimie gazeuse. Elle semble même plus efficace que cette dernière pour former les molécules les plus complexes.
Des études théoriques et des mesures de laboratoire, couplées à des modèles élaborés de chimie interstellaire, ont permis de comprendre la richesse et la complexité de cette dernière. Les processus chimiques en œuvre, même dans les conditions extrêmes qui prévalent dans le milieu interstellaire, participent pleinement à la "complexification" de la matière cosmique, qui conduit des particules élémentaires aux constituants de la vie.
Outre la grande diversité de ses composantes (poussières, gaz, rayonnements électromagnétiques et cosmiques, champs magnétiques), les autres caractéristiques fondamentales du milieu interstellaire sont l'extrême variété et complexité des structures qu'on y rencontre (nuages de gaz, globules, filaments, nébuleuses diffuses, ondes de choc) et des processus physiques et chimiques qui s'y déroulent.
Les processus chimiques enrichissent les nuages de gaz interstellaire en molécules organiques complexes et en poussières. C'est au sein de ces nuages, par contraction gravitationnelle et fragmentation du nuage, que se forment les nouvelles étoiles.
Au centre de la nébuleuse protostellaire, se situe le cœur très chaud de l'étoile en formation, où les molécules et les poussières sont dégradées en leurs constituants atomiques, enrichissant en éléments lourds la matière originelle de l'étoile nouvellement formée.
Les molécules et les poussières subsistent cependant dans les zones extérieures de la nébuleuse proto-stellaire, et en particulier dans le disque où se formeront les futures planètes. La chimie interstellaire contribue ainsi à l'enrichissement en composés complexes de la matière qui formera les éventuelles futures planètes.
Parmi les étoiles nouvellement formées, les plus massives d'entre elles exploseront en supernovae, ré-injectant dans le MIS environnant de nouveaux éléments lourds qui entreront à leur tour en jeu dans la chimie interstellaire... et le cycle recommence !
Ainsi, à l'instar des autres constituants de l'univers : étoiles, galaxies, amas de galaxies et de l'univers dans son ensemble, le milieu interstellaire au sein des galaxies est en perpétuelle évolution : il participe au recyclage de la matière cosmique et à sa "complexification" et joue un rôle déterminant dans l'évolution des galaxies et de leurs composantes.
Les étoiles se forment par effondrement gravitationnel de nuages de gaz interstellaire composés principalement d'hydrogène (~70-75 % de la masse) et d'hélium (25-30 %) avec une faible teneur en éléments plus lourds (< 2 %), appelés (improprement) métaux en astrophysique. Contrairement à l'hydrogène et à la majeur partie de l'hélium qui se sont formés au cours de la nucléosynthèse primordiale (juste après le Big-Bang), les éléments lourds sont le produit des réactions de fusion nucléaire de générations précédentes d'étoiles.
Une étoile passe sa vie à s'opposer à l'effondrement gravitationnel. Au fur et à mesure qu'une étoile se contracte, sa densité augmente. Ceci entraîne une augmentation de la pression jusqu'à ce que celle-ci équilibre la contraction gravitationnelle.
L'augmentation de la pression s'accompagne d'une augmentation de la température qui peut alors atteindre les quelques millions de degrés nécessaires à la fusion de l'hydrogène. Au cœur d'une étoile ont donc lieu des réactions de fusion nucléaire qui transforment des noyaux légers en noyaux plus lourds et produisent de l'énergie sous forme de photons et de neutrinos selon la fameuse formule d'Einstein E=mc2. Les réactions nucléaires permettent de maintenir la température élevée et donc la pression nécessaire à la stabilité de l'étoile. Les réactions nucléaires créent de l'énergie qui a tendance à augmenter la température. Or, le taux de réactions nucléaires croît avec la température. Les réactions devraient donc s'emballer. Ce n'est pas le cas car la pression augmente avec la température. Si la température augmentait, les forces de pression deviendraient supérieures aux forces de contraction gravitationnelle. Le milieu se dilaterait et la densité diminuerait. La pression et donc la température suivraient cette diminution ce qui calmerait les réactions nucléaires. La température et le taux de réactions nucléaires sont ainsi autorégulées et l'intérieur d'une étoile est donc en équilibre.
Les étoiles ainsi formées peuvent avoir des masses allant de quelques centièmes à quelques dizaines de masses solaires. Plus l'étoile est massive, plus la pression et la température au centre sont fortes.
Les étoiles naissent dans un même nuage moléculaire sous forme d'amas de quelques parsecs eux-mêmes souvent situés au sein d'associations de quelques dizaines de parsecs. Les amas sont constitués d'étoiles de différentes masses, les étoiles de faible masse étant les plus nombreuses. Dans ces structures, les étoiles sont mutuellement attirées par les forces de gravitation. Ces amas vont se disperser ensuite d'autant plus vite qu'ils seront moins massifs. En effet, les étoiles d'un amas peuvent échanger de l'énergie lors de leurs passages proches ou lors de perturbations externes par un nuage moléculaire massif. Si une étoile gagne suffisament d'énergie pour atteindre une vitesse supérieure à la vitesse de libération du système elle quitte l'amas. L'amas est alors moins massif et l'énergie gravitationnelle moindre permettant aux autres étoiles membres de quitter l'amas d'autant plus facilement.
Les étoiles qui se forment dans le disque galactique commencent ainsi leur vie dans des amas ouverts de quelques dizaines ou centaines de masses solaires. De tels amas mettront typiquement quelques dizaines ou centaines de millions d'années pour perdre toutes leurs étoiles qui iront « vivre leur vie » dans la Voie Lactée.
Il existe, par ailleurs, des amas beaucoup plus massifs, appelés amas globulaires, qui se sont formés, dans notre Galaxie, il y a plus de 12 milliards d'années, en même temps que les premières étoiles. Ces amas globulaires contenant jusqu'à des millions d'étoiles ont une masse suffisante pour avoir survécu jusqu'à maintenant aux perturbations gravitationnelles de la Galaxie et de ses composantes.
Un amas stellaire est un groupe d'étoiles nées d'un même nuage moléculaire et qui sont encore liées par la gravitation. Les étoiles qui composent un amas ont donc même âge et même composition chimique. On distingue deux types d'amas qui dépendent des conditions dans lesquelles ils se sont formés :
Les étoiles tirent donc principalement leur énergie de réactions de fusion nucléaire. La durée de vie d'une étoile n'est donc pas illimitée puisque l'étoile à une masse limitée. Pour fusionner, deux noyaux doivent donc d'abord vaincre une force de répulsion électrostatique d'autant plus forte qu'ils sont chargés (et donc lourds). L'élément qui fusionne le premier dans les étoiles est donc l'hydrogène. Pour vaincre cette force électrostatique, ils doivent avoir une énergie cinétique suffisante et donc une vitesse suffisante. Ceci revient à dire que la température doit être très élevée puisque la température n'est rien d'autre qu'une mesure macroscopique de la distribution de vitesse des particules. De plus, comme la réaction de fusion de l'hydrogène est celle qui fournit le plus d'énergie, et que l'hydrogène est de loin l'élément le plus abondant, la majeure partie de la vie d'une étoile se passera à fusionner de l'hydrogène. L’endroit du diagramme HR où les étoiles fusionnent de l’hydrogène dans leur cœur s'appelle la séquence principale. Lors de cette phase, les paramètres globaux de l’étoile évoluent peu (la luminosité augmente de quelques dizaines de pourcents, le rayon de quelques pourcents) ce qui explique que la majorité des étoiles se placent sur cette séquence.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, plus une étoile est massive, moins elle vit longtemps. En effet, plus la masse est grande, plus la pression et la température à l'intérieur de l'étoile seront fortes. Or l'efficacité des réactions de fusion croit avec la température. Les deux grands types de réactions qui transforment l'hydrogène en hélium sont le cycle pp (pour proton-proton) qui domine dans les étoiles de petite masse (comme le Soleil) et le cycle CNO (pour Carbone-Azote-Oxygène qui agissent globalement comme catalyseurs) dans les étoiles de grande masse. Or, le taux de production d'énergie du cycle p-p est proportionnel à T4 et celui du cycle CNO à T20, l'égalité de ces deux taux étant équivalent aux alentours de 1,2 masse solaire. Les étoiles libèrent donc d'autant plus d'énergie qu'elles sont massives et vivent donc moins longtemps car elles épuisent plus vite leur carburant.
En fonction de leur masse, les étoiles ne vivront donc pas la même durée. Mais leur fin pourra également être très différente. Les étoiles peu massives vont vivre tranquillement très longtemps et finir paisiblement tandis que les étoiles massives brilleront beaucoup avant de finir dans un cataclysme.
Pour des étoiles dont la masse est inférieure à la moitié de la masse du Soleil, également appelées naines froides, il n'y a pas de fusion d'éléments plus lourds après la fusion de l'hydrogène. Le temps que ces étoiles vont passer sur la séquence principale est supérieur à l'âge actuel de l'Univers (environ 14 milliards d'années). Les modèles d'évolution stellaire prévoient que ces étoiles finiront en naines blanches d'hélium de la même manière que les étoiles un peu plus massives finiront en naine blanche de carbone et d'oxygène (voir plus loin).
Il existe une masse limite inférieure en dessous de laquelle la température centrale n'est pas suffisante pour initier la fusion de l'hydrogène (environ 8 millions de kelvin). Cette masse se situe entre 0,07 et 0,08 masse solaire. Au-dessous de cette limite, on ne parle plus d'étoile mais de naine brune. Une naine brune est le résultat de la contraction gravitationnelle d'un nuage de masse inférieure à 0,08 masse solaire. Cette contraction chauffe la naine brune et sa température effective initiale se situe autour de 3000 K. Mais, comme aucune autre source d'énergie ne peut maintenir cette température et que l'objet perd de l'énergie par rayonnement, il se refroidit pour atteindre quelques centaines de kelvins au bout de quelques centaines de millions d'années.
Entre 0,5 et 7 masses solaires, seuls l'hydrogène puis l'hélium vont pouvoir fusionner dans l'étoile. Sur la séquence principale, il y aura d'abord fusion de l'hydrogène dans le cœur. Puis l'hydrogène va fusionner dans une couche autour d'un cœur d'hélium. L'étoile va alors gonfler pour former une géante rouge. Sur le diagramme HR, elle va « monter » le long de la branche des géantes (c'est-à-dire que sa température effective va baisser en même temps que son rayon va augmenter suffisamment pour faire croître la luminosité). Une fois arrivée en haut de la branche des géantes, la fusion de l'hélium au cœur va s'allumer. L'étoile va « redescendre » (contraction et réchauffement de la surface).
La fusion de l'hélium va alors produire du carbone et de l'oxygène d'abord dans le cœur (l'étoile garde alors une luminosité presque constante dans le bas de la zone des géantes) puis en couche (ce qui va de nouveau faire « monter » l'étoile dans le diagramme HR le long de ce que l'on appelle la branche asymptotique).
Arrivée en haut de la branche asymptotique, l'étoile a perdu ses couches externes par l'effet des vents stellaires. La majeure partie de l'étoile est éjectée dans le milieu interstellaire sous forme de gaz enrichi. Le cœur de C et O est désolidarisé de l'enveloppe éjectée et se contracte et s'échauffe à luminosité constante. Cette phase est masquée (dans le domaine visible du spectre) par le gaz et les poussières éjectés. Lorsque sa température atteint environ 10 000 K, le flux UV devient intense et balaye et ionise les couches expulsées formant une nébuleuse planétaire.
Le cœur continue de se contracter mais la masse n'est pas suffisante pour atteindre la température de fusion du carbone. Il continue de se contracter jusqu'à ce que la pression de dégénérescence des électrons s'oppose à la gravité. On a alors formé une naine blanche de C et O. La naine blanche n'a plus de source d'énergie et continue à rayonner en se refroidissant. Sa température diminue inexorablement.
À partir de la séquence principale, des éléments de plus en plus massifs fusionnent au cœur de l'étoile. Les éléments moins massifs continuent de fusionner en couches enrichissant les couches plus profondes en produits de fusion. De forts vents stellaires sont également observés. Finalement, le noyau de fer dépasse la masse limite de Chandrasekhar et s'effondre. Le vide créé aspire la matière de l'étoile qui rebondit et crée une onde de choc qui expulse violemment toutes les couches externes : c'est la supernova de type II.
Le résidu du cœur de fer effondré forme une étoile à neutrons ou un trou noir selon sa masse. Si elle est inférieure à 3 masses solaires environ, la force nucléaire forte s'oppose à la gravité (la densité dans une étoile à neutrons est en effet de l'ordre de la densité d'un noyau atomique). Sinon, aucune force ne peut s'opposer à la gravitation et l'on a un trou noir.
État | Température (K) | Densité (g/cm3) | Durée |
---|---|---|---|
Fusion de l'Hydrogène | 4.107 | 5 | 7.106 ans |
Fusion de l'Hélium | 2.108 | 700 | 5.105 ans |
Fusion du Carbone | 6.108 | 2.105 | 600 ans |
Fusion de l'Oxygène | 1,5.109 | 107 | 6 mois |
Fusion du Silicium | 2,7.109 | 3.107 | 1 jour |
Effondrement du cœur | 5,4.109 | 3.109 | 1/4 seconde |
Rebond | 1,3.1010 | 4.1014 | qqs millisecondes |
Explosive | environ 109 | variable | 10 secondes |
Nous venons de voir ce qu'il advient d'une étoile massive en fin de vie : une supernova de type II. Il existe un autre type de supernovae, les supernovae de type Ia, qui ont une cause différente.
Comme nous l'avons déjà vu, une grande proportion des étoiles vivent en couple. Lorsque les deux masses sont différentes, la plus massive peut devenir une naine blanche de C/O tandis que son compagnon est encore sur la séquence principale.
Lorsque la secondaire devient géante, ses couches externes peuvent être accrétées par la naine blanche qui acquiert de la masse. Si le taux d'accrétion est suffisamment grand, la masse atteint la masse limite de Chandrasekhar (1,4 masse solaire) et l'étoile finit par exploser en fusionnant son carbone, son oxygène… jusqu 'à former des éléments du pic du fer. Contrairement à une SN II, aucun débris ne subsiste et la totalité des éléments produits vont enrichir le milieu interstellaire.
Le tableau suivant donne les caractéristiques des supernovae de types Ia et II.
Type de Supernova | Thermonucléaire (Type Ia) | Effondrement du cœur (Type II) |
Luminosité Maximum | 3.109 soleils (MB = -19.5) | quelques 108 soleils (MB = -18.5 +/- 1) |
Spectre | Pas de raies d'hydrogène, raies de nombreux métaux | raies d'hydrogène + spectre continu |
Emplacements | systèmes stellaires vieux (amas globulaires, bulbe galactique, galaxies elliptiques) | systèmes stellaires jeunes (amas ouverts jeunes, régions de formation d'étoiles, galaxies spirales) |
Étoile précurseur | Naine blanche dans un système binaire | Étoile massive |
Mécanisme déclencheur | Transfert de masse du compagnon | Effondrement du cœur de fer |
Mécanisme de l'explosion | explosion thermonucléaire du cœur carbone/oxygène qui fusionne pour former du fer | Onde de choc de rebond de la surface de l'étoile à neutrons : neutrinos |
Résidu | rien ! | étoile à neutrons ou trou noir |
Débris expulsés | éléments du pic du fer (principalement du fer) | Tous types d'éléments lourds (principalement de l'oxygène) |
Voici un tableau qui récapitule quelques propriétés des résidus stellaires.
Objet | Taille | Masse | Densité |
---|---|---|---|
Naine blanche | environ celle de la Terre | de l'ordre de celle du Soleil (mais inférieure à 1,4 fois sa masse). | 1 tonne/cm3 |
Étoile à neutrons | une dizaine de kilomètres | entre 1,4 fois et 3 fois la masse du Soleil | 109 tonnes/cm3 |
Trou noir | inconnue mais on ne peut rien « voir » à l'intérieur de l'« horizon » du trou noir qui vaut quelques kilomètres | plus grande que 3 fois la masse du Soleil | inconnue mais forcément plus grande que celle d'une étoile à neutrons en moyenne |
Voici un récapitulatif des phases d'évolution stellaire en fonction de la masse initiale de l'étoile.
La température centrale de l'étoile est inférieure à la température de fusion de l'hydrogène. L'objet est une étoile avortée : une naine brune. | ||
L'hydrogène fusionne en hélium lorsque l'étoile est sur la séquence principale mais, ensuite, la température centrale de l'étoile est inférieure à la température de fusion de l'hélium. L'étoile finit en nébuleuse planétaire avec formation au centre d'une naine blanche d'hélium. Il faut tout de même noter que le temps d'évolution sur la séquence principale est supérieur à l'âge de l'Univers et que cette évolution est hypothétique (aucune naine blanche d'hélium ne peut encore être observée). | ||
Fusion de l'hydrogène, puis de l'hélium. Ensuite la température centrale de l'étoile est inférieure à la température de fusion du carbone. L'étoile finit en nébuleuse planétaire avec formation au centre d'une naine blanche de carbone et d'oxygène. | ||
Fusion de l'hydrogène sur la séquence principale puis fusion de l'hélium, puis du carbone, puis de l'oxygène... lors de la phase de supergéante rouge. L'étoile finit par avoir une structure en pelure d'oignon avec un cœur de fer entouré d'éléments de plus en plus légers en train de fusionner. L'étoile finit par exploser en supernova de type II. | ||
si | Le résidu de la supernova donne une étoile à neutrons (éventuellement observable sous forme de pulsar) | |
si | Le résidu de la supernova donne un trou noir de masse stellaire. |
Puisque le Soleil est une étoile comme les autres, il est naturel de se demander si celles-ci sont entourées d'un cortège planétaire comme l'est notre astre du jour. Si elles existent, à quoi ressemblent ces planètes ? Sont-elles semblables aux planètes du système solaire ou bien sont-elles très différentes ? Enfin, on peut se poser la question excitante de savoir si sur certaines de ces "exoplanètes" peut se développer une forme de vie.
Nous vivons une époque extraordinaire où l'on peut commencer à donner une réponse scientifique à ces questions.
Le présent chapitre fait le point sur l'ensemble de ces questions, depuis les récentes découvertes aux perspectives futures jusque dans les années 2020 - 2030.
Une planète se distingue d'une étoile essentiellement par le fait qu'elle n'a pas de source d'énergie interne durable sur des milliards d'années. Une telle source durable d'énergie ne peut être que d'origine nucléaire. Une planète est donc un corps sans énergie nucléaire interne. Les calculs montrent que les réactions thermonucléaires ne peuvent s'amorcer qu'au-dessus environ 13 fois la masse de Jupiter. Cette valeur fixe donc la limite au-dessus de laquelle un astre ne peut plus, selon la présente définition, être appelé "planète".
Une autre différence entre une étoile et une planète est la manière dont elle se forme. Une étoile se forme par effondrement d'un nuage de gaz, alors que généralement, une planète se forme par condensation des particules de silicates ("poussières") et de glace dans un disque ("protoplanétaire") de matériaux divers qui est en orbite autour d'une étoile.
Les deux définitions précédentes conduisent à peu près au même résultat : une exoplanète est un corps de masse maximum environ 13 masses de Jupiter en orbite autour d'une étoile. Toutefois, il y a des exceptions à cette coïncidence :
Rien n'empêche que certaines planètes commencent, au cours de leur formation, par être moins massives que 13 fois Jupiter et qu'elles "grossissent" jusqu'à atteindre une masse supérieure à cette limite.
Rien n'empêche que certains astres se forment par effondrement d'un nuage de gaz et de poussières mais n'atteignent pas la masse limite de 13 Jupiter. Ce sont des planètes selon la première définition, mais elles ne sont pas en orbite autour d'une étoile. On les appelle planètes flottantes.
L'exploration du système solaire a montré à quel point les planètes de notre système planétaire diffèrent entre elles ; Il est donc intéressant de voir comment cette diversité se manifeste dans d'autres systèmes planétaires. On peut se poser de nombreuses questions à ce sujet :
De plus, il sera très intéressant de voir comment ces propriétés sont corrélées au type de l'étoile "parente", à sa position dans la Galaxie...
Une autre motivation, plus profonde, est de chercher à terme s'il peut y avoir une forme de vie dans certaines exoplanètes.
Détecter une exoplanète, beaucoup moins lumineuse que son étoile et de plus extrêment près d'elle, vu depuis la Terre, est une tâche extrêmement difficile. Plusieurs méthodes ont cependant été proposées pour réaliser cet exploit, et la plupart d'entre elles marchent ! Nous allons ici présenter les principales, en ne brossant pour chacune d'elles que les grandes lignes, en commençant par les techniques les plus "naturelles" (imagerie directe) et en allant vers les méthodes de plus en plus "tarabiscotées".
La méthode la plus naturelle à laquelle on pourrait penser a priori est celle de l'imagerie directe, à savoir essayer de détecter, sur une image, la faible lueur d'une planète à côté de son étoile parente. Cette méthode se heurte cependant à deux obstacles majeurs :
La combinaison de ces deux effets va faire que la planète risque d'être complètement noyée dans le halo de lumière de l'étoile. En raison de ces difficultés, la détection directe de planètes a longtemps été hors de portée, et c'est par d'autres méthodes que les premières exoplanètes ont été découvertes. Mais les techniques d'observation ont aujourd'hui suffisamment progressé pour rendre l'imagerie directe de planètes enfin possible. Et à ce jour, une trentaine d'exoplanètes ont été détectées par cette méthode. (voir le nombre actualisé de planètes détectées sur le site exoplanet.eu)
Nous allons dans ce chapitre voir tout d'abord plus en détail pourquoi l'observation directe est si difficile, avant de nous pencher sur les différentes techniques d'observation et les premiers résultats, spectaculaires, qui ont été obtenus.
Il y a deux régimes différents par lesquels on peut recevoir la lumière émanant d'une planète :
Sur la figure, on voit que le spectre réfléchi est prépondérant aux longueurs d'onde visibles. Aux plus grandes longueurs d'onde, l'émission thermique de la planète l'emporte sur le flux réfléchi. Plus la planète est proche de l'étoile, donc chaude, plus la transition entre les deux régimes se fait à petite longueur d'onde.
Pour ces deux régimes, le paramètre crucial pour l'observation d'une exoplanète est le rapport entre le flux lumineux et celui de son étoile. Ce rapport est toujours très petit, mais sa valeur peut cependant fortement varier en fonction de la taille de la planète et de sa distance à l'étoile, ainsi que du régime (réfléchi ou thermique) dans lequel on observe.
Pour le flux stellaire réfléchi par la planète, ce rapport vaut, pour toutes les longueurs d'onde :
où A est l'albédo (pouvoir réflecteur) de la planète et un "facteur de phase" qui indique la portion relative de la surface éclairée de la planète visible par l'observateur (analogue aux phases de la Lune ou de Vénus). est le rayon de la planète et sa distance à l'étoile.
L'albédo dépend plus ou moins de la longueur d'onde en fonction du type et des conditions physiques de la planète.
Le flux thermique dépend quant à lui de la température de la planète. Si l'on néglige les sources de chaleur interne, cette température est fournie par le flux incident de l'étoile qui chauffe la planète. Elle est donnée par :
où S est un facteur caractérisant l'effet de serre. Ce dernier mesure la proportion du rayonnement de la planète qui ne peut s'en échapper car absorbé par son atmosphère. Le flux thermique a un spectre donné par la loi de Planck qui dépend de la température.
Spectre du corps noir
Le rapport de flux thermique planète/étoile est alors très dépendant de la longueur d'onde :
On remarque que, aussi bien dans le régime thermique que dans le régime réfléchi le rapport de flux planète/étoile est extrêmement faible. Comme par ailleurs la planète est, vue par l'observateur, très proche de son étoile, ce dernier est "ébloui" par l'étoile au détriment de la planète. Ceci illustre l'extrême difficulté de l'observation directe d'exoplanètes.
La réponse à cet inconvénient consiste à amoindrir fortement le flux de l'étoile sans amoindrir celui de la planète. Il y a pour cela deux techniques : la coronographie et l'extinction interférométrique de l'étoile.
Difficulté : ☆
Quel est le rapport de flux réfléchi Terre/Soleil sachant que l'albédo de la Terre vaut 0.4 et =0.5 ?
Le cas le plus favorable pour l'observation directe est celui d'une planète loin de son étoile, pour qu'elle sorte du halo de celle-ci, et qui soit de plus de grande taille et très chaude afin que son flux thermique soit élevé. Ce cas idéal est malheureusement difficile à trouver, car en principe plus une planète est loin de son étoile, plus elle est froide. Par exemple, Jupiter, qui a une surface 100 fois plus grande que celle de la Terre, n'a pas un flux 100 fois plus grand du fait de sa température de surface beaucoup plus faible.
Il existe cependant un type de systèmes planétaires pour lesquels on peut trouver ce cas idéal d'une planète lointaine et chaude, à savoir les systèmes jeunes, pour lesquels les planètes conservent encore une grande partie de l'énergie thermique emmagasinée lors de leur formation. On pense ainsi que Jupiter, lorsqu'il était âgé de seulement 100 millions d'années, était beaucoup plus chaud qu'aujourd'hui et environ 1000 fois plus lumineux ! C'est donc vers l'observation de tels systèmes jeunes que se sont tournés les efforts de détection directe... et ces efforts ont enfin payé. Après la première image directe obtenue en 2004, plusieurs dizaines de détections ont eu lieu depuis. Les deux résultats les plus spectaculaires étant sans doute le système autour de l'étoile HR8799, avec pas moins de 4 planètes détectées, et la découverte de la planète autour de β Pictoris, dont l'existence avait été prévue depuis plus de 10 ans par l'observation du disque de poussière autour de cette étoile.
Il faut souligner que, même pour ces cas idéaux de planètes externes et chaudes, la détection directe relève toujours de la prouesse technique, tout le problème étant de faire ressortir la faible luminosité de la planète juste à côté de son éblouissante étoile hôte.
Pour résoudre le problème majeur de l'imagerie directe, à savoir faire ressortir la faible lumière de la planète à côté d'une étoile infiniment plus brillante, il faut arriver à masquer la lumière de l'étoile sans toucher à celle de la planète. Pour celà, on utilise 2 techniques : la choronographie et l'extinction interférométrique.
Cette technique est sans doute la plus intuitive. Schématiquement, elle consiste à cacher l'étoile par une pastille (masque coronographique) dans le plan de l'image produite par le télescope. Elle a permis, dès les années 1980, de détecter des disques de poussières autour de nombreuses étoiles, et elle est aujourd'hui utilisée avec succès pour la détection d'exoplanètes (voir page précédente).
Une technique plus sophistiquée pour amoindrir le flux d'une étoile est d'utiliser un interféromètre constitué d'au moins 2 miroirs. On fait interférer "négativement" le flux stellaire passant par l'un des miroirs avec celui passant par un autre miroir. Cette interférence destructive éteint l'étoile, et on peut arranger la configuration de l'interféromètre pour que le flux issu de la planète ne soit pas éteint. En effet, comme les rayons lumineux issus de la planète viennent d'une direction légèrement différente de celle de l'étoile, le chemin parcouru par ces rayons n'est pas le même.
Au vu de la difficulté d'observer directement une exoplanète, d'autres méthodes peuvent être envisagées, qui vont chercher à observer le mouvement induit par la planète sur son étoile.
On présente souvent les lois de Kepler en disant que l'orbite d'une planète est une ellipse dont son étoile occupe l'un des foyers. Mais l'on pourrait tout aussi bien dire que le couple étoile-planète tourne autour du centre de gravité de ce système. Certes, la masse de l'étoile étant beaucoup plus grande que celle de la planète, ce centre de gravité sera très proche du centre de l'étoile, mais pas tout à fait. Et ce "pas tout à fait" a ici une importance cruciale, car il fait que l'étoile a elle aussi un mouvement, décrivant une petite orbite autour du centre de gravité de son système.
Ainsi, pour une planète de masse Mpl dont l'orbite autour de son étoile de masse M* est une ellipse de demi-grand axe a, le mouvement de l'étoile autour du centre de gravité du système est une ellipse de demi-grand axe a* :
Dans le cas simplifié où la planète est sur orbite circulaire, est constant et il en est donc de même de a* de sorte que l'étoile suit une trajectoire circulaire autour du centre de masse.
La période orbitale de l'étoile sera la même que celle de la planète et est donnée par la 3ème loi de Kepler :
où est la constante de la gravitation,
Du fait de la faible masse de la planète, le mouvement de l'étoile est très limité, mais il peut cependant s'observer, et ce de trois manières différentes :
Cette méthode, même si elle n'est pas la plus simple dans son principe, est la première à avoir permis la découverte d'une exoplanète autour d'une étoile de type solaire en 1995. Elle a été pendant plusieurs années la méthode par laquelle la quasi-totalité des exoplanètes était trouvée. Même si aujourd'hui beaucoup d'autres méthodes moissonnent avec succès de nouvelles planètes, il n'en reste pas moins que plus de 2/3 des exoplanètes découvertes à ce jour l'ont été par la méthode des vitesses radiales.
Le principe de cette méthode est de détecter le mouvement d'une étoile en observant l'effet Doppler sur la lumière qui nous en provient. Quand l'étoile a un mouvement qui la fait se rapprocher de nous, sa lumière est décalée vers le bleu, alors qu'elle est décalée vers le rouge quand elle s'éloigne. L'amplitude de ces décalages est proportionnelle à la vitesse de l'étoile. Dans le cas simplifié où l'orbite de l'étoile (due à une planète) est parfaitement circulaire, la vitesse VR à laquelle elle s'éloigne ou se rapproche de nous varie en fonction du temps suivant :
où K est l'amplitude de la variation de , donnée par :
où i est l'angle entre la ligne de visée de l'observateur et la perpendiculaire au plan de l'orbite de la planète. L'effet Doppler est maximum quand cet angle est égal à 90°, c'est-à-dire quand on regarde l'orbite "par la tranche". Quand i est nul, la vitesse de l'étoile n'a pas de composante radiale. Dans ce cas, même si une planète est présente, cette méthode ne permet pas de la détecter.
L'amplitude de l'effet Doppler induit par le mouvement de l'étoile est de l'ordre de K/c, où c est la vitesse de la lumière, c'est-à-dire de quelques m/s (la vitesse d'un homme qui court !) divisés par 300 000 km/s ! (voir ce petit exercice, pour calculer cet effet pour la Terre et pour Jupiter). Il s'agit donc de mesurer des effets extrêmements fins. A l'heure actuelle, on peut détecter des vitesses radiales de l'ordre de ∼0.5 m/s, c'est-à-dire qu'une "exo Terre" est presque à notre portée.
On voit que cette méthode favorise la détection de planètes massives et proches de leur étoile, car l'amplitude K est directement proportionnelle à Mpl et inversement proportionnelle à . Et de fait, les premières planètes détectées par effet Doppler étaient des "Jupiter chaud", c'est-à-dire des planètes de la masse de Jupiter mais situées extrêmement près de leur étoile (plus près que Mercure). Le plus célèbre de ces Jupiter chaud est la planète 51 Pégase b, la toute première à avoir été détectée.
Depuis 1995, quantité d'autres exoplanètes ont été découvertes par cette méthode. Et si initiallement la plupart d'entre elles étaient des Jupiter chaud (car ce sont les plus faciles à détecter), celles découvertes aujourd'hui sont de tout type : "Jupiter froid", "Neptune-chaud", "super-Terre", etc. Voir l'Encyclopédie des planètes extrasolaires pour une liste actualisée de toutes les exoplanètes découvertes par effet Doppler.
Difficulté : ☆☆☆
Sachant que l'Unité Astronomique (UA) vaut m, et que la masse du Soleil est de kg, quelle est l'amplitude K de variation de la vitesse d'une étoile de 1 masse solaire pour :
L'astrométrie consiste à mesurer un autre effet induit par la planète sur son étoile, non plus ses variations de vitesse (comme pour la méthode Doppler), mais les variations de sa position apparente sur le fond du ciel par rapport aux autres étoiles.
Cette méthode relève vraiment du défi, car par exemple, le mouvement induit par Jupiter sur le Soleil vu depuis l'étoile la plus proche (4 années-lumière) n'est que de 0.004" (environ 0.000001 degré !), soit beaucoup moins que la résolution des télescopes au sol les plus performants. La seule solution est de réaliser des observations ultra-précises sur des intervales de temps très longs, ou bien d'utiliser des télescopes spatiaux.
Cette méthode n'a, pour l'instant, pas encore porté ses fruits : elle a permis l'observation de planètes déjà détectées par d'autres méthodes mais encore pas la découverte de nouveaux objets. Cela devrait changer avec l'observatoire spatial européen GAIA.
On peut aussi mesurer une autre conséquence indirecte de la présence d'une planète : la variation de la distance entre l'étoile et l'observateur. La meilleure méthode pour mesurer cette variation est de mesurer la variation de temps que met la lumière à nous parvenir de l'étoile. A chaque instant cette variation est donnée par :
Pour mesurer cette variation le plus simple est de mesurer les variations de temps d'arrivée d'un signal périodique. est alors le retard ou l'avance de l'instant d'arrivée du signal par rapport à un instant "nominal" (sans perturbation). Tout le problème est d'avoir à sa dispostion un système stellaire possédant un tel signal périodique. On connaît 2 types de systèmes possédants de tels signaux :
C'est la méthode qui a actuellement le "vent en poupe". Son principe est simple : si on a la chance d'observer un système étoile-planète exactement "par la tranche", alors on peut assister à un transit de la planète devant son étoile. Lors de ce transit une petite fraction de la lumière stellaire est cachée par la planète et donc le signal lumineux en provenance de l'étoile chute légèrement le temps du transit (voir Figure).
La chute de luminosité est de l'ordre de (Rpl/R*)2, où Rpl est le rayon de la planète et R* celui de l'étoile. L'effet est certes petit, mais il est bien plus important que le rapport de luminosité directe entre la planète et l'étoile, qui est lui de l'ordre de (Rpl/d)2, où d est cette fois-ci la distance de la planète à l'étoile (voir exercice page suivante).
Difficulté : ☆
Quelle est la chute de luminosité relative induite par la Terre (rayon de 6400 km) sur le Soleil (rayon de 700 000 km) si on pouvait l'observer en transit ?
Même question pour un transit de Jupiter (rayon polaire de 66 000 km et rayon équatorial de 71 000 km).
La principale difficulté de cette méthode n'est pas tant l'amplitude de l'effet à mesurer que le fait qu'il faut une situation très favorable et a priori peu probable pour voir un transit, à savoir être exactement aligné avec l'orbite planétaire (voir exercice page suivante). De ce fait, la solution est de réaliser un très grand nombre d'observations d'étoiles, pour être sûr d'avoir au moins une chance d'être dans une configuration favorable.
Le premier transit planétaire a été observé en 1999, et depuis lors, plus de 2000 planètes ont été observées par cette méthode. Le rythme de détection s'est très fortement accéléré ces dernières années, avec l'arrivée du télescope spatial français COROT et du télescope KEPLER de la NASA, tous deux dédiés à ce type d'observations.
Difficulté : ☆☆
Vous êtes sur la lointaine planète RX92 et vous cherchez des exoplanètes autour du Soleil par la méthode des transits. On suppose que les planètes sont des points sur le disque du Soleil, c’est-à-dire qu’on ne prend pas en compte leur taille. Nous allons calculer quelle est la probabilité que, vue de RX92, une planète soit détectable par transit, c’est-à-dire qu’elle passe devant le Soleil (figure du haut).
Pour cela, regardons le système vu de côté au moment où la planète est « au milieu du Soleil » (dessin du milieu). La condition pour que le transit soit visible est que, à ce moment-là, le disque de la planète se projette sur le disque du Soleil.
Dans le cas limite, c’est-à-dire quand la planète passe juste « au bord » du Soleil, on a le triangle rectangle de la figure du bas où l’hypoténuse mesure (rayon de l’orbite de la planète), et où le côté opposé mesure (rayon du Soleil). On a alors : où est l’angle entre la ligne de visée et le plan de l’orbite de la planète autour du Soleil.
Comme est très petit, , où l'angle est exprimé en radians.
Si, pour une planète donnée du Soleil, l'angle entre le plan de son orbite et la ligne de visée, appelons-le , est plus petit que , les transits sont détectables de RX92.
L'angle peut prendre toutes les valeurs entre 0 et radians, mais seules les valeurs entre 0 et donnent un transit détectable. La probabilité de transits détectables est donc égale au rapport /
Quelle est la probabilité d'observer les transits de la Terre devant le Soleil ?
Même question pour Jupiter.
C'est une application de la théorie d'Einstein de la gravitation. Celle-ci prédit que lorsqu'un corps de masse M (déflecteur) est à une distance b projetée sur le ciel ("paramètre d'impact") de la ligne de visée d'une source lointaine, l'éclat apparent de cette dernière est amplifié par un facteur . Lorsque la source et le déflecteur se déplacent l'un par rapport à l'autre sur le plan du ciel, le paramètre d'impact b varie au cours du temps. Il en est donc de même du facteur d'amplification qui devient une fonction du temps A(t).
La probabilité d'observer un tel évènement est très faible. De ce fait, cette méthode de l'extrême nécessite d'observer un large champ stellaire pendant très longtemps pour avoir une chance d'assister à un phénomène de lentille.
Cette méthode de l'extrême a porté ses fruits : plus de 80 planètes ont été ainsi détectées à ce jour.
Un peu de philosophie :
La notion de vie est fondamentalement subjective : nous déclarons vivant un "objet" (comme on dit "objet d'attention" ou "objet d'amour") avec lequel nous pouvons avoir des relations riches et intéressantes. Parmi ces relations, il y a le fait de pouvoir projeter sur lui des comportements qui nous sont propres comme l'autonomie. Il n'y a donc strictement parlant pas d'organisme vivant mais seulement des relations vivantes à des organismes.
Cela dit, c'est une constatation empirique que tout objet avec lequel nous entretenons une relation vivante a une architecture physico-chimique complexe (molécules, cellules, organes, ...). Aucune théorie philosophique, psychologique ou biochimique n'a jamais expliqué cette corrélation, on ne peut que la constater. Elle permet de faire le chemin inverse et d'attribuer, à titre d'hypothèse méthodologique, le caractère de biologiquement vivant à un objet dont l'architecture physico-chimique est complexe et présente des caractéristiques analogues à celles des organismes terriens. C'est la démarche suivie par les astronomes qui cherchent "la vie" en dehors de la Terre (exobiologie). Dans cette démarche, il s'agit alors de savoir quelles sont les caractéristiques que l'on va retenir. Ce choix est partiellement arbitraire.
Une fois admise la démarche biochimique décrite précédemment, elle permet de préciser dans quel type de planète on peut s'attendre à rencontrer une vie biologique. Pour que cette dernière puisse prospérer, un certain nombre de conditions sont requises. Ces conditions sont généralement admises par les astronomes, mais ils restent ouverts à des écarts et des variantes.
La condition principale est qu'il faut un milieu liquide car il favorise énormément le transport des matériaux nécessaires à une activité biochimique.
L'eau est un liquide à priori prometteur car c'est l'un des plus abondants de l'univers (les autres étant par exemple l'alcool ou le méthane et l'ammoniaque qui peuvent également être liquides, quoique à des températures beaucoup plus basses). De plus elle a l'avantage d'être un des meilleurs solvants ce qui favorise les réactions et échanges biochimiques. On est ainsi conduit à favoriser les circonstances permettant la présence d'eau liquide.
Une autre condition universelle est qu'il faut, dans le cadre des concepts thermodynamiques traditionnels, une source d'énergie "noble" (c'est-à-dire sous forme non thermique) à entropie très basse. Elle doit par ailleurs être permanente car son interruption conduirait à la destruction des organismes. La meilleure source d'énergie permanente, abondante et de basse entropie connue à ce jour est le rayonnement des étoiles.
Le meilleur endroit identifié à ce jour où on trouve à la fois de l'eau liquide et une source permanente et intense de lumière est une planète située à une distance de son étoile telle que sa température est d'environ 300 K. De plus elle doit être suffisamment massive pour empêcher l'eau de s'échapper de la planète, mais pas trop sinon l'eau est confinée dans des couches profondes et sans lumière d'une atmosphère d'hydrogène (ce dernier point est toutefois sujet à discussion). On est ainsi conduit à chercher en priorité une vie biologique sur une planète de 1 à quelques masses terrestres située à une distance de 0,2 UA (pour les étoiles de type M) à 1,5 UA (pour les étoiles de type F) de son étoile (bien que des satellites de planètes géantes riches en eau et chauffés par effet de marée comme Europe, satellite de Jupiter, soient envisageables). Cette distance critique, dépendant du type d'étoile, définit ce qu'on appelle la zone d'habitabilité de l'étoile.
Alors que dans le système solaire on peut envoyer des missions qui feront de l'analyse in situ voire du retour d'échantillons pour analyser la structure biochimique d'échantillons, dans le cas des exoplanètes on en est réduit à faire de la télédétection. Celle-ci peut a priori prendre plusieurs formes :
Il y a deux approches pour détecter une activité biologique dans le spectre d'une planète : l'analyse spectrale de sa surface et celle de son atmosphère.
Une approche directe consiste à chercher et à détecter directement des organismes sur la surface de la planète grâce à leurs propriétés spectrales. Un exemple est de chercher un analogue des caractéristiques spectrales d'une végétation qui révèlent un pouvoir réflecteur très renforcé au-dessus de 725 nm (ce qui fait que les plantes réfléchissent 60 fois plus de lumière dans l'infrarouge que dans le vert).
Au lieu de détecter directement le spectre de la lumière réfléchie par des organismes comme des plantes, on peut chercher à détecter des sous-produits non biologiques d'une activité biochimique. C'est le cas par exemple des gaz rejetés dans l'atmosphère comme l'oxygène (sous-produit de la photosynthèse) ou du méthane (sous-produit de la décomposition des organismes). D'ailleurs l'oxygène lui-même a comme sous-produit l'ozone que l'on peut également chercher à détecter.
Il y avait en juillet 2012 plus d'une centaine de programmes de recherche d'exoplanètes en cours ou en projet. Parmi les 90 projets qui utilisent des instruments au sol, plus de 20 ont déjà donné lieu à des détections. Parmi la vingtaine de projets spatiaux opérationnels ou en projet, 4 ont déjà donné des résultats, Corot et Kepler par la méthode des transits, le Hubble Space Telescope en astrométrie et le satellite infrarouge Spitzer qui détecte l'émission thermique de la planète en spectroscopie.
Les projets du sol privilégient aujourd'hui la technique des transits alors que la majorité des exoplanètes découvertes l'ont été par la méthode des Vitesses Radiales (VR). L'observation d'un transit aboutit à la détection de planète mais peut aussi donner des informations sur sa taille et la composition de son atmosphère. Au-delà des techniques de VR et de transit, d'autres projets recherchent l'émission directe des planètes, soit en imagerie visible, millimétrique ou sub-millimétrique, soit en détection radio, soit avec de la photométrie, de la spectroscopie ou de la spectro-polarimétrie.
Quelques projets du sol recherchent des signatures d'exoplanètes par astrométrie ou micro-lentilles gravitationelles. Les projets de l'espace privilégient l'astrométrie et les techniques des transits mais exploitent aussi les fenêtres infrarouges, inaccessibles du sol, pour faire de la photométrie, de l'imagerie et de la spectroscopie.
A ce jour (juillet 2012) on a détecté plus de 770 planètes dont 475 par la méthode des vitesses radiales. Comme on l'a vu, celle-ci ne fournit que la période orbitale (d'où l'on peut déduire le demi-grand axe de l'orbite), l'excentricité de l'orbite et le produit .
239 planètes ont été détectées par la méthode des transits dans 205 systèmes planétaires (en 2012). Cette méthode donne la période orbitale, l'inclinaison de l'orbite (forcément voisine de 90°), le rayon de la planète et, lorsqu'on lui associe des mesures de vitesse radiale, sa masse. La connaissance de la masse et du rayon donne accès à la valeur de la densité qui permet de dire si la planète est plutôt rocheuse (densité de l'ordre de 5 grammes par centimètre cube), glacée (densité de l'ordre de 1 gramme par centimètre cube) ou gazeuse (densité inférieure à 1 gramme par centimètre cube).
En outre, on peut observer le spectre de l'étoile pendant le transit de la planète. L'atmosphère de la planète produit alors des raies d'absorption dans le spectre de l'étoile d'où l'on peut déduire la composition chimique de l'atmosphère.
Mais le tournant le plus important depuis les premières détections indirectes est la détection de la lumière provenant directement d'une planète. C'est ce qui a pu être fait pour la planète très jeune (donc encore très chaude) 2M1207-3932 et pour HD 209458b et TrES-1. Ces deux dernières transitent périodiquement devant leur étoile ; il se produit donc un phénomène d'éclipse secondaire lorsque c'est l'étoile qui passe, une demi-période plus tard, devant la planète. C'est cette éclipse secondaire qui a été détectée, d'où l'on déduit par soustraction la quantité de flux (en l'occurrence thermique) émis par la planète.
Les propriétés des exoplanètes sont rassemblées dans ce catalogue régulièrement mis à jour.
De ces découvertes, on peut tirer quelques leçons intéressantes.
Un des principaux résultats de cette recherche est qu'une proportion importante d'étoiles possèdent au moins une planète, même s'il est difficile de quantifier cette proportion qui dépend de la région de la Galaxie et du type d'étoile. Entre 3 et 4.5% des étoiles de type solaire ont des planètes géantes de période inférieure à 100 jours (c'est-à-dire plus près de l'étoile que Mercure). Des planètes plus petites et plus loin de l'étoile sont beaucoup plus fréquentes et pourraient concerner 40% des étoiles dans le voisinage solaire (voir la figure). La méthode des micro-lentilles gravitationnelles, qui sonde des étoiles beaucoup plus loin dans la Galaxie, semble montrer qu'une étoile possède, en moyenne, 1.6 planètes entre 0.5 et 10 unités astronomiques. Il y aurait donc plus de planètes que d'étoiles dans la Galaxie.
Les paramètres orbitaux des exoplanètes révèlent des systèmes beaucoup plus chahutés que le système solaire, où les orbites des planètes sont bien circulaires, dans le même plan, avec une séparation claire entre les planètes terrestres situées près de l'étoile et les planètes géantes, plus éloignées du Soleil.
Une grande proportion des planètes, notamment des planètes géantes, découvertes à ce jour sont beaucoup plus près (jusqu'à 100 fois) de leur étoile que ne l'est Jupiter du Soleil. Cela a constitué une grande surprise car la théorie prévoit qu'une planète géante doit se former à au moins 5 UA de son étoile. Cette disparité s'explique maintenant par le phénomène de "migration" : une fois qu'une planète commence à se former relativement loin de son étoile dans le disque protoplanétaire, un phénomène d'interaction gravitationnelle entre le disque et la planète en formation se produit. Elle a pour effet de freiner la planète qui du coup se rapproche de son étoile, migre, jusqu'à ce que l'interaction s'arrête. Ces planètes étant très proches de leur étoile, celle-ci les porte à une température élevée (jusqu'à 1200 K).
Une autre surprise a été de constater que la majorité des orbites planétaires sont assez ou très excentriques : elles forment des ellipses plus ou moins allongées au lieu d'être quasi circulaires comme dans le système solaire. On n'est pas sûr à ce jour de connaître l'explication de ce phénomène. Une explication pourrait être que, quand deux planètes migrent, elles le font à des vitesses différentes, et doivent alors forcément se perturber ou se rencontrer. Cette interaction se traduit par une augmentation des excentricités, voire par l'éjection d'une des deux planètes.
Difficulté : ☆
Le rayon du Soleil est de 700 000 km. Est-ce qu'une planète tournant autour d'une étoile de type solaire et dont le demi grand-axe, a, est de 0,01 UA peut avoir une excentricité, e de 0,55 ? Pourquoi ? On rappelle que
Dans plusieurs systèmes planétaires, les planètes orbitent dans un même plan, comme c'est le cas dans le système solaire. Dans certains autres systèmes, les orbites des planètes sont inclinées les unes par rapport aux autres.
Les orbites de la plupart des planètes sont dans un plan perpendiculaire à l'axe de rotation de l'étoile. C'est la conséquence directe du processus de formation. Quand l'étoile se forme, le disque circumstellaire qui l'accompagne est perpendiculaire à son axe de rotation. Si les planètes se forment dans ce disque sans autre perturbation, elles vont garder une orbite perpendiculaire à l'axe de l'étoile.
La découverte de plusieurs planètes avec des orbites inclinées par rapport à l'axe de rotation de l'étoile, voire même sont rétrogrades, montre que les processus de formation ont parfois été plus agités.
Les configurations orbitales des exoplanètes sont donc très variées et nécessitent de diversifier les modèles de formation et d'évolution des systèmes planétaires.
Actuellement, à peu près la moitié des exoplanètes découvertes sont plus massives que 10 fois la masse de la Terre. Cependant, les planètes les plus massives sont évidemment les plus faciles à détecter. Avec l'augmentation de la sensibilité des instruments, il semble que les petites planètes sont beaucoup plus nombreuses que les grosses.
Plusieurs planètes rocheuses ont été découvertes. Ainsi COROT-7b a une densité largement supérieure à celle de la Terre et pourrait donc avoir un noyau métallique comme Mercure. A l'inverse, on a trouvé, pour plusieurs planètes, des rayons élevés qui se traduisent par des densités étonnamment basses que l'on ne sait pas encore expliquer.
La méthode des transits permet de séparer la lumière de l'étoile+planète de la lumière de l'étoile seule, obtenue quand la planète est derrière l'étoile. En faisant la différence entre ces deux flux, on obtient la lumière de la planète qui peut être étudiée en spectroscopie. C'est ainsi qu'on a trouvé de l'hydrogène, de l'oxygène, du sodium, de la vapeur d'eau et du dioxyde de carbone dans diverses planètes.
Une observation intéressante est que les étoiles pour lesquelles on a trouvé une ou des planètes géantes, sont plus riches en éléments lourds (carbone, oxygène, fer, ...) que la moyenne des étoiles. Par contre les planètes plus petites ne semblent pas montrer de préférence pour les étoiles métalliques. On hésite encore sur l'explication à donner à cette corrélation. Elle peut être due soit au fait que l'étoile et son cortège planétaire sont issus d'un nuage moléculaire riche en éléments lourds, soit au fait que l'étoile a été enrichie en éléments lourds par la chute de planètes.
Dans ce cours, nous ferons de la planétologie comparée.
Nous explorerons les propriétés physiques et chimiques des corps du Système Solaire et montrerons qu'elles ne sont pas le fruit du hasard mais au contraire découlent de lois physiques relativement simples.
Nous décrirons la structure et l'échelle des distances dans le Système Solaire ainsi que la carte d'identité de chaque planète. Grâce à la moisson d'images ramenée par les sondes d'exploration planétaire, nous étudierons des vues saisissantes, précises et instructives des planètes, astéroïdes et comètes.
Qu'est ce que la planétologie comparée ?
Cela consiste à comparer les propriétés des planètes telluriques (c'est-à-dire Mercure, Vénus, la Terre, Mars) et mettre en évidence leurs similitudes et leurs différences. Nous appliquerons également cette analyse aux astéroïdes et comètes qui sont les briques élémentaires (planétésimaux) ayant servi à fabriquer ces planètes.
Pourquoi faire cette comparaison ?
Pour comprendre par exemple pourquoi Vénus (de même taille et de même masse que la Terre) est le siège d'un effet de serre emballé, avec une température au sol de 460°C, pourquoi sur Mars (qui est deux fois plus petite que la Terre) on observe des structures géologiques gigantesques, ou encore pourquoi la Lune est un astre mort alors que la Terre, sa très proche voisine déborde de vie. Autant de questions pour tenter de retracer l'histoire et l'évolution des autres planètes, afin de comprendre in fine les origines de la formation de notre propre Terre, son évolution et aussi son probable devenir.
Pour commencer, nous allons explorer le Système Solaire interne et analyser les propriétés physiques et chimiques des planètes telluriques.
Commençons avant toute chose par définir le Système Solaire.
Le Système Solaire est l'ensemble de l'espace gouverné par l'attraction gravitationnelle du Soleil. Il comprend notamment :
L'unité astronomique (UA) est, par convention le demi-grand axe de l'orbite de la Terre. Sa valeur est de 149,598 millions de kilomètres. Cette unité est surtout utilisée pour mesurer les distances dans le Système Solaire.
Les orbites des planètes sont à peu près dans un même plan (le plan de l'écliptique). C'est le résultat du processus de formation du Système Solaire qui est né à partir d'un nuage de gaz et de poussière qui s'est aplati au fur et à mesure de sa contraction.
Les orbites sont des ellipses, dont le Soleil occupe l'un des foyers.
Exception à la règle : Pluton n'est pas dans le plan de l'écliptique. En fait, Pluton est un objet à part : il fait partie des objets transneptuniens et a, depuis 2006, le statut de "planète naine".
Nous définirons dans ce paragraphe les principaux paramètres qui caractérisent l'orbite d'une planète.
Ce tableau est une feuille de calcul (type excel) et permet de tracer des graphes. Amusez-vous à en faire afin de mieux comprendre les propriétés des planètes. Par exemple :
Les rayons moyens des orbites des planètes s'échelonnent entre 58 millions de kilomètres pour Mercure (la plus proche du Soleil) à près de 4500 millions de kilomètres pour Neptune (la plus lointaine).
La période de révolution s'allonge logiquement lorsqu'on s'éloigne du Soleil. En effet, l'attraction gravitationnelle du Soleil se manifeste par une force qui attire la planète vers lui. Cette force est d'autant plus grande que l'on est proche du Soleil. Dans le même temps, la planète doit parcourir son orbite assez vite pour contrebalancer cette force et rester sur son orbite. Ainsi, plus la planète est proche du Soleil, plus elle doit tourner vite, c'est-à-dire plus sa période doit être courte (0,24 année pour Mercure et 164 ans pour Neptune ! )
Les excentricités des orbites sont globalement proches de zéro, ce qui traduit des orbites quasi-circulaires. Notez cependant la forte excentricité de Mercure (0,206), ainsi que la valeur relativement élevée de celle de Mars (près de 0,1).
A y regarder de plus près, il existe une relation précise reliant le demi-grand axe (a) et la période orbitale (P), c'est la fameuse troisième loi de Kepler (1618) :
Cette relation est une conséquence de la loi de la gravitation universelle, mais elle a été établie par Kepler de façon empirique bien avant que Newton ne démontre ses fameuses lois.
Cette loi énonce que la constante est toujours la même pour un système donné (Soleil + planète, ou encore Jupiter + ses satellites). En conséquence, cette relation s'avère extrêmement utile et d'une grande simplicité d'application car elle permet, connaissant a de déterminer P (ou inversement).
La lecture des propriétés physiques des planètes (rayon, masse et densité) permet de distinguer deux classes de planètes :
Encore une fois, Pluton se distingue en ne ressemblant ni aux planètes telluriques, ni aux planètes géantes : pas assez dense, mais trop petite pour être une planète géante. Pluton fait vraiment partie d'une classe à part.
En se rappelant que l'eau a une densité de 1, on voit que Saturne, avec une masse de 95 masses terrestres pour une densité de 0,69 devrait flotter sur l'eau si l'on trouvait un océan assez grand pour la contenir !
Dans la table des paramètres orbitaux, T est la période de rotation. Là aussi, une distinction s'établit entre les planètes telluriques et les planètes géantes. Ces dernières ont des périodes de rotation autour de 10-15 heures alors que les planètes telluriques montrent une belle cacophonie de rotations. Notez ainsi la rotation extrêmement lente de Vénus, et de surcroît dans le sens inverse (-243 jours), ce qui est unique dans le Système Solaire.
Dans cette partie, nous allons vous guider à travers les propriétés étonnantes et variées des quatre planètes telluriques : Mercure, Vénus, la Terre et Mars, qui constituent ce que l'on appelle le "Système Solaire interne". Une "promenade" vous est proposée pour chaque planète. Puis, la fiche "Résumé" de chaque planète vous indique quelles sont les propriétés importantes à retenir.
Située à une distance moyenne de 58 millions de km du Soleil et avec une taille de 4900 km, Mercure est à la fois la plus proche et la plus petite des planètes internes. Son orbite très elliptique, c'est-à-dire très allongée (l'excentricité est de 0,2) mène la planète au plus près à 46 millions de km et au plus loin à 70 millions de km du Soleil. C'est un objet brillant du ciel et connu depuis l'antiquité.
Comme la Lune, Mercure n'a pas d'atmosphère. Si vous vous teniez à la surface de Mercure, vous seriez plongés dans l'obscurité de l'espace, car l'atmosphère ne diffuse pas la lumière du Soleil. En effet, c'est la diffusion de la lumière solaire par les particules de l'atmosphère (phénomène de diffusion Rayleigh) qui est responsable du bleu du ciel sur Terre. A cause de l'absence d'atmosphère qui retient la chaleur, les variations de température diurne/nocturne sont très fortes de 430°C (le jour) à -170°C (la nuit).
Toujours située au voisinage du Soleil (à une distance angulaire de moins de 27°), Mercure se présente comme un très mince croissant, difficilement observable. Mercure a une rotation lente (58 jours alors que sa période orbitale est de 88 jours), ce qui rend encore plus difficile toute observation à partir du sol. En effet, les grands télescopes au sol, avec leurs détecteurs ultra-sensibles, ne se risqueraient pas à pointer un objet si proche de notre étoile. Il aura donc fallu attendre les années 1974-1975 et le survol de la planète par la sonde NASA - Mariner 10, envoyée vers Mercure par la NASA, pour avoir les premières images de la surface.
Ces images révèlent une surface caractérisée par une intense cratérisation. Tout comme la Lune, Mercure présente une surface criblée de cratères de toutes tailles.
Caloris Basin est la plus importante structure du relief hermien (de Mercure). C'est un bassin de près de 1350 km de diamètre, créé sans doute par un impact géant au tout début de la formation de Mercure. Ce bassin a ensuite été rempli de lave.
A ce jour, deux sondes NASA ont visité la planète Mercure : Mariner 10, la pionnière, dans les années 1974-1975 et Messenger, qui a effectué son premier survol de la planète en 2008. Une des plus grandes surprises de Mariner a été de découvrir que Mercure possédait un champ magnétique similaire à celui de la Terre, bien que beaucoup plus faible. En 1991, des astronomes ont pu, grâce à des observations radar, mettre en évidence des points brillants aux pôles. Est-ce de la glace d'eau ? Comment peut-elle subsister aux températures extrêmes de Mercure ? La glace pourrait subsister au fond des cratères perpétuellement à l'ombre, donc jamais exposés aux rayons du Soleil.
Beaucoup de mystères entourent encore la planète Mercure. C'est pourquoi elle est l'enjeu de deux grosses missions spatiales. La sonde Messenger de la NASA, après son premier survol et les nouvelles images extraordinaires qu'elle a délivrées de la surface, est parvenue à destination en 2011. Sa mission s'est terminée en 2015. Par ailleurs, Bepi Colombo, mise en oeuvre par la mission l'agence spatiale européenne (ESA) et son homologue japonais (JAXA), comportera deux orbiteurs (chargés de l'étude à la fois de la planète et de la magnétosphère générée par son faible champ magnétique). Cette mission sera lancée en 2018.
Qui ne connaît pas Vénus ? Vénus est le troisième objet le plus brillant du ciel (après le Soleil et la Lune). Sa magnitude visuelle (échelle d'intensité logarithmique utilisée par les astronomes) est de -4,6 à son maximum. La planète est située à une distance angulaire maximum de 48° du Soleil.
C'est l'étoile du berger qui a fait rêver de tout temps l'homme au lever comme au coucher du Soleil. On l'a longtemps appelée la sœur jumelle de la Terre à cause de sa taille et sa masse très comparables à celles de la Terre.
Mais en fait, Vénus, c'est plutôt l'anti-Terre. Jugez-en vous-même : toujours par le pouvoir de l'imagination, transportons-nous sur la planète. La température au sol est prodigieusement élevée (730 K, soit 450°C). On est écrasé par une pression au sol de 90 fois la pression sur Terre. L'atmosphère irrespirable (96% de CO2) est tellement dense qu'elle absorbe la lumière du Soleil de telle sorte que la pénombre est perpétuelle. Évoluer dans l'atmosphère vénusienne, c'est quelque chose à mi-chemin entre voler et nager, car la densité de l'air n'est que de 1/10 fois celle de l'eau.
Pour terminer ce tableau apocalyptique, il y a des pluies sur Vénus, mais des pluies d'acide sulfurique (H2SO4). Mais ce n'est qu'un moindre mal car les pluies se vaporisent avant même d'arriver au sol ! Les vents au sol sont très faibles, sans doute à cause de la rotation extrêmement lente de la planète.
Vénus a la rotation sur elle-même la plus lente du Système Solaire (en sens inverse des autres planètes, ce qui est rare). Ce qui fait que sa période sidérale (225 jours) est plus courte que sa rotation propre (243 jours). La surface, protégée par une atmosphère opaque, a longtemps été inaccessible. Après les pionnières, la soviétique Venera 4 (en 1967) et l'américaine Mariner 5 en 1967, ce sont plus d'une vingtaine de sondes qui visiteront Vénus jusqu'à la dernière en date, Venus Express, entrée en orbite le 11 avril 2006.
L'atmosphère épaisse de Vénus rend invisible à l'oeil sa surface, mais elle est transparente aux ondes radio. Ainsi, la sonde Magellan, grâce à son radar, a permis de révéler la surface de Vénus et d'en établir une cartographie complète entre 1991 et 1994.
La Terre et Vénus sont comparables en densité et en composition chimique, et ont également des surfaces relativement jeunes. Cependant, Vénus n'a pas d'océan. La surface a été modelée par le volcanisme, les impacts et les déformations de la croûte. On n'a pas constaté sur Vénus de volcans en activité. Par contre, de grandes variations de dioxyde de soufre (SO2) dans l'atmosphère laissent à penser que les volcans sont sans doute encore actifs.
Plus de 1000 volcans de plus de 20 km de large constellent la surface de Vénus. Il y a sans doute près d'un million de volcans de plus d'un kilomètre de large. Le plus gros de la surface de Vénus est couvert de vastes coulées de lave. Ainsi, au nord une région appelé Ishtar Terra est un bassin rempli de lave, grand comme l'Europe.
L'intérieur de Vénus est probablement très similaire à celui de la Terre, avec un noyau d'environ 3000 km de rayon et un manteau rocheux en fusion recouvrant la majorité de la planète.
Vénus n'a pas de satellites, ni de champ magnétique intrinsèque. L'atmosphère très dense freine le processus de cratérisation de la surface : il n'existe pas de cratères plus petits que 1-2 km sur Vénus. La raison est que les météores brûlent dans l'atmosphère avant d'arriver au sol.
Chaque cratère est entouré d'une couche brillante et rugueuse d'éjectas qui sont les débris excavés et éjectés par l'impact. Au centre des cratères, on reconnaît le pic central caractéristique des cratères d'impacts. Ce pic matérialise le rebond élastique de la croûte suite à la collision.
La surface de Vénus est tellement chaude que très peu de chaleur supplémentaire, comme celle apportée par les impacts, suffit pour fondre les roches. Certains cratères de Vénus montrent ainsi que les éjectas retombent partiellement en fusion, comme ici, où l'on voit les éjectas, qui n'ont pas eu le temps de solidifier, s'écouler sur le sol en pente.
Les images de la Terre vue de l'espace, comme cette impressionnante photo prise par les astronautes de Apollo 17, révèlent la beauté et la fragilité de notre planète. L'atmosphère qui nous semble si épaisse de notre perspective apparaît de l'espace comme un film très fin. Les frontières disparaissent, et il apparaît clairement que notre planète existe comme une seule entité.
Ce qui frapperait l'œil d'un extraterrestre, c'est la présence de ces immenses masses océaniques, car en effet, la Terre est la seule planète qui possède de l'eau liquide à sa surface (71% de la surface). L'eau existe à l'état liquide seulement dans une gamme de température de 0 à 100°C. Cette gamme de températures est remarquablement étroite quand on la compare à la gamme complète de températures que l'on trouve dans le Système Solaire. La présence de l'eau à l'état vapeur dans l'atmosphère est responsable en grande partie de la météorologie terrestre.
L'apparition de la vie primitive dans les océans a été rendue possible grâce à la présence d'eau liquide. Une vie extraterrestre pourrait donc exister sur d'autres planètes en concomittance avec la présence de l'eau liquide
Le Lune est en rotation synchrone avec la Terre, c'est-à-dire que la Lune fait exactement un tour sur elle-même pendant le temps qu'elle met à faire le tour de la Terre. De ce fait, la Lune nous montre toujours la même face (en réalité on en voit 59%, soit plus de la moitié de sa surface est visible grâce aux petits mouvements de la Lune sur son axe de rotation)
Un lever de Terre ne peut être observé qu'en orbitant autour de la Lune ou en marchant à sa surface. On ne peut pas simplement rester sur place et attendre que la rotation fasse le travail. Pourquoi ? À cause de la rotation synchrone, la Lune expose toujours la même face à la Terre. Ainsi, un observateur sur la surface visible de la Lune, verrait la Terre telle une lanterne, éternellement suspendue à la même place dans le ciel. Chaque mois, la Terre passerait par un cycle complet de phases.
Pour en savoir plus, dirigez vous vers les éclipses de Lune .
Depuis les années soixante, les satellites artificiels nous transmettent des images de la Terre qui permettent d'étudier, les mouvement de la banquise, les températures, les phénomènes météo, etc., comme par exemple, ici l'ouragan Mitch. Même, si des phénomènes climatiques peuvent avoir des effets destructeurs, les effets de l'atmosphère sont globalement, et de très loin, protecteurs (contre les radiations, les petites météorites, rétention de la chaleur par effet de serre…)
Sur Terre, on recense relativement peu de cratères d'impact (environ 200). Le meilleur exemple conservé est celui du Meteor Crater, situé en Arizona aux Etats-Unis d'Amérique (1,2 km de diamètre). En comparaison, la Lune est complètement criblée de cratères. Pourquoi ? La réponse est : l'érosion. C'est ce phénomène seulement présent sur Terre (eau, vent, volcanisme) qui est responsable de la disparition systématique des traces de cratères d'impact.
Notre planète bouge !
La surface terrestre est constituée de plaques qui bougent les unes par rapport aux autres, s'entrechoquant pour former des montagnes, ou au contraire, se séparant pour former des mers ou des océans. Ces mouvements sont connus sous le nom de tectonique des plaques et donnent lieu aux tremblements de terre.
Le volcanisme est une autre manisfestation de l'activité interne de la Terre. Les volcans matérialisent la remontée de magma en des points précis.
Comme Vénus, l'atmosphère de Mars est composée de CO2, mais est beaucoup moins dense que celle de Vénus. On a une pression si faible (100 fois plus faible que sur Terre) que votre corps enflerait si vous vous teniez à la surface de Mars, sans une combinaison spatiale. En fait température et pression sont incompatibles avec de l'eau liquide. Le fait de voir des lits asséchés sur Mars nous enseigne que l'atmosphère a donc dû être différente dans le passé.
Ce film de la rotation complète de Mars a été réalisé avec des images de Hubble. Le jour martien (23h37mn) est sensiblement égal à celui de la Terre. Mars est autant incliné que la Terre, ce qui permet des saisons comme sur Terre, mais qui sont plus marquées à cause de l'excentricité de Mars. La couleur caractéristique de la « planète rouge » est due à l'oxydation des minéraux de fer (la rouille). Mars a deux calottes polaires bien visibles depuis la Terre à partir d'un télescope. Chaque calotte polaire a une composante permanente constituée de glace d'eau au pôle nord et d'une mixture de glace de CO2 et H2O au pôle sud. Cette composante permanente grossit au fur et à mesure de l'arrivée de l'hiver martien (la température chute à –140°C).
On a aussi une composante saisonnière constitué de glace de CO2 qui apparaît avec la venue de l'hiver et qui provient du gel de l'atmosphère.
Les conditions actuelles sur Mars ne permettent pas la présence d'eau liquide à la surface et donc de la vie. En effet la surface de Mars est complètement stérilisée (rayons UV, ...). Cependant le fait de voir des lits asséchés sur Mars nous enseigne que l'eau a coulé dans le passé, et donc que la vie a pu exister.
La surface de Mars comporte relativement peu de cratères.
Olympus Mons est un gigantesque volcan qui fait 25 km de haut et 700 km de diamètre. C'est le plus grand volcan du Système Solaire. Olympus Mons et les volcans de la région de Tharsis sont des volcans similaires aux volcans hawaiiens. Sur Terre, le plus grand d'entre eux fait 9 km de haut à partir du plancher océanique et 120 km de diamètre. Remarquez les cratères d'impact au sommet du volcan.
Les hivers, et globalement la température moyenne sur Mars, sont plus froids que sur Terre et la température peut chuter jusqu'à -140°C. En effet, Mars étant située 1,5 fois plus loin du Soleil, elle reçoit 57% d'énergie en moins. De plus, l'atmosphère peu dense empêche un effet de serre conséquent (augmentation de seulement 3°C contre 33°C pour la Terre). Toutefois, la température peut atteindre environ 20°C en plein été aux basses latitudes.
Voici quelques figures montrant l'atlas de Mars, avec ses vallées (Valle Marineris) ou probalement l'eau a coulé dans le passé, ses plaines et ses montagnes (Tharsis Montes).
Les cinq mondes de type terrestre -Mercure, Vénus, la Terre, la Lune, Mars- ont été à priori formés dans le même moule à partir de la nébuleuse primitive. Pourtant nous avons vu dans le chapitre précédent que leurs surfaces présentent une grande diversité géologique. Par exemple, Mercure et la Lune sont des mondes complètement criblés de cratères. Vénus, elle, a un relief perturbé fait de plaines volcaniques et de volcans. Mars, malgré sa taille intermédiaire, abrite les plus grands volcans du Système Solaire et est la seule planète avec la Terre où le ruisselement de l'eau a principalement modelé la surface. Enfin, la Terre a un relief reprenant un peu toutes les caractéristiques vues sur les autres surfaces planétaires avec en plus, trait non anodin, une biosphère qui recouvre quasi complètement la surface de la planète.
Notre objectif dans ce chapitre est de comprendre pourquoi et comment ces différences géologiques ont pu apparaître. En effet, prenons l'exemple de la cratérisation. Nous constatons que les surfaces des planètes sont inégalement cratérisées. Ainsi, les surfaces de Mercure et de la Lune sont criblées de cratères de toutes tailles alors que pour la Terre et Vénus, ces mêmes cratères sont rares. Mars par contre est un cas intermédiaire entre ces deux extrêmes. Pourquoi existe-t-il de telles différences ?
Prenons comme exemple le système Terre-Lune. La Lune, notre plus proche voisine a une surface complètement criblée de cratères, alors que la surface de la Terre semble relativement indemne. Pourtant les deux astres sont soumis au même environnement météoritique, au même flux d'impacteurs. La Terre aurait-elle été épargnée par rapport à la Lune par un quelconque mécanisme protecteur ?
La réponse est NON
La Terre a bel et bien subi autant d'impacts que la Lune, et ce n'est pas l'atmosphère (absente sur la Lune) qui aurait pu arrêter les plus gros bolides cosmiques. Donc si la Terre n'a pas été exempte d'impacts, où sont alors les cicatrices ? Sur Terre on ne dénombre qu'environ 200 cratères d'impacts dont la plupart sont méconnaissables, alors que la surface de la Lune arbore des milliers de cratères. L'explication c'est l'EROSION. C'est ce phénomène qui a effacé les traces d'impacts sur Terre alors qu'il est absent sur la Lune. Les acteurs de l'érosion sur Terre sont par ordre d'importance :
Ainsi donc l'érosion est responsable des disparités de cratérisation des surfaces planétaires. Mais a-t-on résolu pour autant l'origine profonde de ces disparités ? En effet, pourquoi l'action du volcanisme (qui est le mécanisme d'érosion à prendre en considération sur des échelles de temps géologiques) est-il si différent d'une planète à l'autre ? C'est l'objet de la partie suivante.
Structure interne des planètes
La composition globale des planètes telluriques est rocheuse, c'est-à-dire constituée de silicates, de fer et de nickel. Ce qui donne une densité d'environ 5 (rappel : la densité de l'eau est 1).
Les planètes telluriques se sont formées par accrétion de planétésimaux. En conséquence, durant cette phase d'accrétion initiale, les planètes sont restées :
Ensuite, à cause de la gravitation, on assiste à la chute des matériaux les plus lourds (fer, nickel) vers le centre : c'est le phénomène de la différenciation qui conduit à la formation d'un noyau plus dense. Le manteau est constitué de silicates. Le refroidissement de la surface donne ensuite lieu à la formation de la croûte solide. Pour la Terre, La densité décroît du noyau (12) jusqu'à la croûte (3) en passant par le manteau (5).
L'activité géologique d'une planète dépend de sa structure interne (manteau liquide, épaisseur de la croûte, ...) et sa structure interne dépend de sa température interne. Nous allons voir ci-après comment l'énergie est emmagasinée dans l'intérieur de la planète, et comment elle s'échappe vers l'extérieur.
Trois principales sources d'énergie contribuent à chauffer l'intérieur d'une planète : l'accrétion, la différenciation et la radioactivité. Une quatrième source appelée effet de marée, n'est pas importante pour les planètes telluriques, mais joue un rôle majeur pour les satellites galiléens (les satellites de Jupiter), en particulier pour Io.
Les intérieurs de planètes se refroidissent lentement, au fur et à mesure que leur énergie interne s'évacue. A ce jour, 4,6 milliards d'années après la formation des planètes, l'énergie initiale due à l'accrétion et à la différenciation a été presque complètement évacuée. Aujourd'hui, la majeure partie du flux de chaleur provient de la radioactivité naturelle.
La chaleur emmagasinée dans la planète s'échappe continuellement de l'intérieur. Cette évacuation se fait de l'intérieur chaud vers la surface plus froide au travers de quatre processus principaux : la conduction, la convection, le volcanisme et la tectonique des plaques.
On peut se demander quelle est notre source d'énergie principale sur Terre : le rayonnement solaire ou l'énergie interne ? A la surface, l'énergie provenant de l'intérieur est 10 000 fois moins importante que celle provenant du Soleil.
L'abondance des cratères permet de dater l'âge des surfaces et la fin du volcanisme :
Pourquoi de telles différences ?
L'énergie interne disponible est proportionnelle au volume : (R est le rayon de la planète)
Le refroidissement est proportionnel à la surface :
Il en résulte que la durée de l'activité est proportionnelle au rayon de la planète.
La taille est donc le facteur ultime qui détermine la durée pendant laquelle la planète restera chaude. Les grosses planètes resteront chaudes longtemps, tout comme une grosse pomme de terre restera chaude plus longtemps que les petites.
Bien que toutes les planètes telluriques soient de composition très similaire et qu'elles se soient formées à peu près au même moment, nous avons appris que leurs histoires géologiques ont différé, principalement à cause de leur taille.
L'atmosphère des planètes telluriques est le fluide gazeux qui entoure leur surface. Ce gaz est maintenu par l'attraction gravitationnelle et est entraîné avec la planète. On caractérise ces atmosphères par plusieurs aspects tels que leur température, leur composition, la présence de nuages et leur météorologie.
L'étude de ces différents aspects est bien évidemment couplée et permet à la fois de mieux comprendre ces atmosphères et leur interaction avec la surface (et les océans dans le cas de la Terre), ainsi que le type de climat associé et son évolution dans le temps.
De plus, l'étude des atmosphères planétaires permet de contraindre la formation des planètes et leur histoire. Finalement, la comparaison de l'histoire des atmosphères (i.e. la planétologie comparée) permet de comprendre les paramètres physico-chimiques qui sont à l'origine de leur évolution distincte.
Le Soleil est la source d'énergie principale reçue par les planètes. La température d'équilibre à la surface des planètes dépend de leur distance au Soleil. Plus on est près du Soleil plus il fait chaud (Mercure) et plus on est loin plus il fait froid (Mars). Le mécanisme physique qui permet ce chauffage est l'absorption par la surface du rayonnement solaire émis dans le domaine Ultra-Violet (UV) et visible.
En fonction des propriétés de la surface (composition, relief, océans, calotte polaire, ...) et de la latitude, le sol absorbera plus ou moins efficacement ce rayonnement, tandis que l'énergie solaire non-absorbée sera réfléchie par la surface vers l'espace. Le coefficient de réflexion, caractérisant la part d'énergie réfléchie, est appelé albédo. Il dépend aussi de la composition chimique de l'atmosphère et de la couverture nuageuse.
La surface de la planète absorbe l'énergie solaire dans le domaine UV-visible, puis elle se refroidit en émettant un rayonnement Infrarouge (IR). Ce rayonnement IR se dirige vers l'espace en traversant l'atmosphère de la planète, avec laquelle elle peut interagir. Les gaz à effet de serre tels que l'eau (H2O), le dioxyde de carbone ou gaz carbonique (CO2), et le méthane (CH4) présents dans une atmosphère absorbent le rayonnement IR et le re-émettent dans toutes les directions, et notamment vers la surface, favorisant ainsi une accumulation de l'énergie thermique, et par conséquent une augmentation de la chaleur.
Ainsi, la température moyenne à la surface peut être supérieure à la température d'équilibre de la planète (cas de Vénus et de la Terre). L'effet de serre est notablement présent lorsque l'on a une atmosphère relativement transparente dans le domaine UV-visible et opaque dans l'infrarouge. On notera que la présence de nuages peut aussi augmenter l'effet de serre (par exemple les nuages d'acide sulfurique sur Vénus). L'effet de serre augmente la température à la surface de Vénus, la Terre et Mars, respectivement de 500, 35 et 5°C.
L'inertie thermique du sol, la période de rotation et l'atmosphère sont les paramètres principaux qui contrôlent le contraste de température entre le jour et la nuit d'une planète. Lorsqu'une planète a une période de rotation lente (comme Mercure et la Lune), la température du jour est beaucoup plus élevée que celle de la nuit, tandis qu'une rotation rapide permettrait une plus grande homogénéité de température entre le jour et la nuit. L'inertie thermique du sol joue un rôle équivalent à la période de rotation (comme pour Mars). En effet, plus elle est faible (c'est-à-dire que la température varie rapidement), plus il y a de contraste jour-nuit. Inversement plus l'inertie thermique est forte, moins il y a de contraste jour-nuit. En règle générale, pour les planètes sans atmosphère, la variation de température diurne est un compromis entre la période de rotation et l'inertie thermique : elle varie de 150, 300 et 600°C pour respectivement Mars, la Lune et Mercure. La basse atmosphère peut aussi intervenir dans le cas où les échanges thermiques sont importants, c'est le cas sur Vénus et la Terre (variation diurne d'environ 10°C). Dans ce cas, le pouvoir radiatif élevé et la convection vont permettre d'homogénéiser les basses couches de l'atmosphère.
Planète | Tjour (°C) | Tnuit (°C) |
---|---|---|
Mercure | 430 | -170 |
Vénus | 460 | 450 |
Terre | 15 | 5 |
Lune | 120 | -170 |
Mars | -23 | -93 |
La composition actuelle des atmosphères des planètes telluriques est très diverse. Mercure et la Lune n'ont presque pas d'atmosphère (pression < 10-15 bars). Vénus et Mars ont une composition atmosphérique proche, avec principalement du CO2 et quelques pourcents d'azote (N2). Cependant, la pression au sol de Vénus est environ 100 fois supérieure à celle de la Terre, et celle de Mars environ 100 fois inférieure. L'atmosphère de la Terre est, quand à elle, composée principalement d'un mélange d'azote (N2 ) et d'oxygène (O2) que l'on appelle l'air.
Sur Vénus, l'activité volcanique importante rejette une grande quantité de composés soufrés dans l'atmosphère, donnant naissance à des nuages d'acide sulfurique (H2SO4) qui nous empêchent de voir la surface. Une faible quantité de vapeur d'eau est encore présente dans l'atmosphère. Les vents près de la surface y sont quasiment nuls, mais augmentent considérablement avec l'altitude, avec des vitesses pouvant atteindre 300 km/h.
Sur la Terre, la vapeur d'eau est présente en quantité variable ( < 4%) en fonction des régions sèches ou humides qui dépendent fortement du climat. En s'élevant dans l'atmosphère, la vapeur d'eau se refroidit et se condense pour former des nuages (composés de goutelettes d'eau ou de cristaux de glace). La circulation des masses atmosphériques induit des vents de quelques km/h, mais pouvant atteindre des centaines de km/h lors de fortes tempêtes.
Sur Mars, on trouve aussi un peu d'oxygène, de monoxyde de carbone (CO) et des traces de vapeur d'eau dans l'atmosphère, mais les faibles pressions atmosphériques empêchent d'obtenir de l'eau liquide en surface. Néanmoins, de la glace d'eau et de dioxyde de carbone se forment en hiver sur les calottes polaires à cause des faibles températures. Pendant l'été martien, de fortes tempêtes peuvent soulever les poussières rendant la surface invisible. Des vents de quelques centaines de km/h sont fréquents en altitude.
Planète | Composition atmosphérique | Pression au sol (bars) | Vent, climat | Nuages |
---|---|---|---|---|
Mercure | Atomes de O, Na, He, K, H, Ca | 10-15 | Aucun, trop peu d'atmosphère | Aucun |
Vénus | 96.5% CO2, 3.5% N2, 0.015% SO2, <0.01% H2O, CO | 90 | Vent faible à la surface, pas de tempête violente. Fort vents en altitude | Nuages d'acide sulfurique : H2SO4 |
Terre | 78% N2, 21% O2, 0.9 % Ar, <4% H2O, 0.034% CO2 | 1 | Vents, cyclones | Nuage d'eau, pollution |
Lune | Atomes de He, Ar, Na, K | 10-15 | Aucun, trop peu d'atmosphère | Aucun |
Mars | 95.3% CO2, 2.7% N2, 1.6% Ar, 0.13% O2, 0.07% CO, <0.03% H2O | 0.006 | Vents, tempêtes de poussières | H2O et CO2, poussières |
Les saisons existent lorsqu'il y a une variation de l'ensoleillement durant l'année, qui est due à l'obliquité de l'axe de rotation de la planète sur le plan de l'écliptique (voir le tableau). C'est le cas pour la Terre et Mars pour lesquelles cet angle atteint environ 23°-25°. Par contre, sur Vénus, il n'y a pratiquement pas de saisons, puisque son obliquité n'est que de 3°. Pour en savoir plus sur les saisons sur la Terre consultez le cours sur les saisons.
Pendant la phase initiale de formation des planètes telluriques (il y a environ 4,56 milliards d'années), les planètes ont peut-être acquis une atmosphère primaire composée principalement d'hydrogène (H2) et d'hélium (He) à 99%, comme dans le Soleil ou Jupiter. Cependant cette hypothèse est très incertaine, et si c'était le cas, l'atmosphère primitive s'est probablement échappée très rapidement. Soit à cause de la faible gravité de ces planètes, soit soufflée par le vent solaire et par l'intense rayonnement UV du Soleil jeune, en même temps que la nébuleuse primitive, environ 10 millions d'années après la formation du Soleil.
Une atmosphère secondaire s'est formée ensuite par le dégazage des gaz piégés dans les roches - due à l'activité volcanique - ainsi que par des impacts de planétésimaux (astéroïdes, comètes) contenant des gaz volatils tels que H2O et CO2. Ces atmosphères secondaires étaient probablement semblables et composées principalement de H2O, CO2, N2, SO2 et à un degré moindre des gaz rares (Ar, Ne, He, Xe, Kr). La très faible abondance relative des gaz rares par rapport aux abondances solaires (10-4-10-12) est une preuve que ces atmosphères sont secondaires, puisque les gaz rares ne peuvent s'échapper que par des processus classiques. Les variations de composition initiale des roches formant ces planètes ainsi que leur faculté à absorber et dégazer les différents volatiles ont pu conduire à des atmosphères secondaires quelque peu différentes.
Pendant la formation des atmosphères secondaires (environ 10-100 millions d'années après la formation de la planète), leur composition et leur température ont été modifiées par de nombreux facteurs tels que : la chimie, l'activité biologique (Terre), l'échappement atmosphérique, l'échange entre atmosphère/surface/océan (e.g. cycle du carbone) et l'effet de serre. Chacun de ces facteurs est complexe et nous ne détaillerons dans cette partie que l'échappement atmosphérique d'origine thermique et le cycle du carbone.
C'est la gravité des planètes qui retient leur atmosphère. Si un corps ou une molécule acquiert une vitesse supérieure à une certaine vitesse appelée vitesse de libération il quitte définitivement la planète. Chaque planète a une vitesse de libération (Vlib) différente qui dépend de sa gravité (g) et de son rayon (R) : . Les vitesses de libération pour Vénus, la Terre et Mars sont respectivement de 10, 11 et 5 km/s (ou encore 36 000, 39 600 ou 18 000 km/h resp.).
A cause de l'agitation thermique, une molécule de masse molaire m, dans une atmosphère de température T, a une vitesse thermique (Vt) proportionnelle à . Si la vitesse thermique est supérieure à la vitesse de libération il y a échappement de l'atmosphère. En pratique, ce sont principalement les atomes légers présents dans la très haute atmosphère peu dense (exosphère, P~10-11 bar) qui peuvent atteindre des vitesses thermiques suffisantes pour s'échapper sans qu'il y ait de collisions avec d'autres atomes. Sur la Terre et Mars, l'hydrogène (H) présent dans l'exosphère s'échappe ainsi quotidiennement. Sur Vénus, il existe d'autres processus d'échappement non thermiques complexes qui peuvent être beaucoup plus efficaces, comme par exemple le criblage de l'atmosphère par des particules énergétiques. En effet, contrairement à la Terre, Vénus n'a pas de bouclier magnétique (plus connu sous le nom de magnétosphère) pour la protéger.
Ce qu'il faut retenir, c'est que la vitesse de libération d'une planète est le paramètre clé qui lui permet de conserver ou non son atmosphère. De plus, en règle générale, que le processus d'échappement soit d'origine thermique ou non-thermique, plus la molécule est légère et plus la température est élevée, plus elle s'échappe facilement de la planète. Par conséquent, les processus d'échappement jouent un rôle important dans la modification de la composition atmosphérique.
Planète | R (km) | g (m/s2) | Vlib (km/s) |
---|---|---|---|
Mercure | 2439 | 3,70 | 04,2 |
Vénus | 6051 | 8,83 | 10,4 |
Terre | 6378 | 9,80 | 11,2 |
Mars | 3189 | 3,72 | 05,0 |
Le gaz carbonique (CO2) présent dans l'atmosphère se dissout dans l'eau de pluie et se dépose sur le sol sous forme d'acide carbonique (H2CO3). Les minéraux contenant des silicates (tel que la wollastonite : CaSiO3) réagissent avec le CO2 dissous pour former des roches carbonatées (telle que la calcite : CaCO3) et du quartz (SiO2). Par ailleurs, le ruissellement des pluies peut aussi éroder les roches continentales carbonatées et transporter l'ion bicarbonate (HCO3-) dans les océans pour se combiner avec du calcium (Ca) et former à nouveau de la calcite. Aujourd'hui ce sont principalement certains organismes marins qui fabriquent ainsi leur squelette minéralisé et leur coquille, cependant des réactions chimiques abiotiques plus lentes le permettent aussi. Avec le temps, le calcaire se dépose dans les fonds marins et s'y accumule sous forme de sédiments. Le déplacement des plaques tectoniques enfouit ces roches carbonatées par le mécanisme de subduction. La pression et la température intense de ce mécanisme permettent de combiner le calcaire et le quartz en minéraux silicatés (tels que la wollastonique). Cette transformation produit à nouveau du gaz carbonique qui se mélange au magma et qui est réinjecté dans l'atmosphère par l'activité volcanique. Après ce cycle du carbone, on retrouve le gaz carbonique présent initialement dans l'atmosphère.
Sur Terre, le temps de résidence du CO2 atmosphérique n'est que de quelques années. Dans l'océan il est de quelques siècles (en surface) à quelques centaines de milliers d'années (fonds marins), et dans le sous-sol (lithosphère) de quelques 100 millions d'années, à cause de la tectonique qui est un phénomène géologique lent. S'il n'y avait pas de recyclage, le CO2 atmosphérique disparaîtrait en 400 000 ans. En revanche, il faudrait seulement 20 millions d'années pour injecter 1 bar de CO2 dans l'atmosphère par volcanisme. Le cycle du carbone est un mécanisme qui permet de moduler/réguler la composition atmosphérique en gaz carbonique et la température d'une atmosphère (Effet de serre).
Il y a 4,5 milliards d'années le Soleil jeune était moins lumineux de 30% environ. Depuis cette époque, l'albédo des planètes a probablement varié à cause d'une couverture nuageuse différente, de la présence de calotte polaire ou de l'activité volcanique éjectant une quantité importante de poussières dans l'atmosphère. Les variations de l'albédo, du flux solaire et de l'effet de serre ont certainement modifié les températures de surface. D'autres facteurs comme la variation temporelle de l'inclinaison et de l'excentricité de la planète (sur Terre de 40 000 à 100 000 ans – cycle de Milankovitch) modifie l'illumination des planètes par le Soleil, et ont conduit à des changements climatiques importants (âges glaciaires).
La proximité entre Vénus, la Terre et Mars nous font penser que leur composition initiale était semblable. Actuellement, Vénus et Mars ont une composition proche (CO2, N2), mais ont une énorme différence de pression et de température. La Terre, elle, a une composition différente (N2, O2).
Quelle a pu être l'évolution de la composition de leur atmosphère, ainsi que de leur surface (océans, calotte polaire) et de leur température, pouvant expliquer de telles différences ? Pourquoi l'eau est-elle abondante sur Terre, alors que Vénus est pratiquement sèche et Mars aride ? Les paragraphes suivants permettront de comprendre la succession des évènements qui semblent expliquer les différentes atmosphères actuelles.
Mercure n’a probablement pas eu une atmosphère primitive comme les autres planètes telluriques à cause de sa proximité avec le Soleil. De plus, sa faible masse et les températures élevées autorisent une vitesse de libération faible. Ainsi son atmosphère secondaire formée par le dégazage des roches s’est rapidement échappée au cours du temps, aidée aussi par l’intense flux du rayonnement UV solaire.
Il faut noter que la cratérisation intense de la surface nous indique que l'atmosphère a disparu avant la fin du bombardement tardif de planétésimaux (environs 700 millions d'années après sa formation). Par conséquent, il est difficile d’établir une chronologie plus détaillée des processus physiques qui ont permis l’échappement de son atmosphère, puisque les traces potentielles d'érosion ont dû être effacées avec le bombardement tardif.
Vénus a probablement possédé autant d'eau que sur la Terre. Avec une température probablement inférieure à 100°C (le Soleil jeune était moins intense), l'eau se trouvait sous forme liquide formant des océans. Cependant, Vénus étant plus proche du Soleil, sa température était nécessairement plus chaude que celle de la Terre, permettant progressivement une évaporation plus importante des océans. Une grande quantité de vapeur d'eau augmente l'efficacité de l'effet de serre et par conséquent la température, qui à son tour fait croître à nouveau l'évaporation. Lorsque la température dépasse celle du point critique de l'eau (374°C), l'eau se retrouve à l'état gazeux sous forme de vapeur d'eau et il n'y a plus de pluie qui permet de soustraire le gaz carbonique. Le cycle du carbone est stoppé, ce qui entraîne une augmentation irrémédiable de la quantité de CO2 par le volcanisme et par conséquent de la température de l'atmosphère. On désigne cette situation par "emballement de l'effet de serre".
D'autre part, les fortes températures de la basse atmosphère permettent à la vapeur d'eau de s'élever par convection dans la haute atmosphère. Dans cette région, des réactions photochimiques avec le rayonnement UV solaire permettent de photodissocier (ou briser) la molécule d'eau (H2O) pour séparer l'hydrogène (H) et l'oxygène (O). L'hydrogène étant léger s'échappe de l'atmosphère. L'oxygène peut aussi être éliminé soit par des processus d'échappement non-thermiques, soit par l'oxydation des sols, qui sont perpétuellement régénérés par l'activité volcanique. Au final, on obtient une atmosphère sèche, ce qui explique bien l'absence de vapeur d'eau sur Vénus.
La rupture du cycle du carbone, augmente le gaz carbonique dans l'atmosphère. Une partie du gaz carbonique est tout de même soustraite par des transformations chimiques (sans eau) avec les roches silicatées de surface, produisant des roches carbonatées. L'équilibre est atteint pour des pressions de gaz carbonique et des températures observées de 90 bar et 430°C.
Après la formation de la Terre, le faible flux solaire aurait dû geler l'eau, mais l'absence de glaciers il y a 4 milliards d'années semble indiquer que la température était bien plus clémente et qu'il y avait des océans. A cette époque, suite au dégazage, le gaz carbonique était beaucoup plus abondant qu'aujourd'hui permettant ainsi un effet de serre bien plus important. Cet effet a permis de maintenir une température moyenne proche de celle d'aujourd'hui (~ 15°C). Au fur et à mesure, l'intensité du Soleil a augmenté et le niveau de gaz carbonique a diminué à cause du cycle du carbone qui a transformé la plupart du gaz carbonique en roches carbonatées. A l'heure actuelle, on trouve uniquement des traces de gaz carbonique dans l'air. Par ailleurs, le développement intense de la vie sur Terre (il y a environ 2 milliards d'années) a favorisé l'augmentation de l'oxygène dans l'atmosphère grâce à la photosynthèse des plantes. Le cycle du carbone et le développement de la vie explique que notre atmosphère actuelle est composée principalement d'azote et d'oxygène.
Sur Terre, il y a un équilibre stable entre l'effet de serre et le cycle du carbone qui permet de réguler les températures moyennes entre 5 et 20°C évitant ainsi un effet de serre divergent comme sur Vénus. Lorsque la température augmente, l'humidité augmente à cause des pluies plus fréquentes, ce qui altère plus les sols et diminue la quantité de gaz carbonique. Par conséquent, l'effet de serre diminue et la température baisse. Inversement, si la température diminue fortement jusqu'à la congélation de l'eau ( 0°C), il s'arrête de pleuvoir et le cycle du carbone s'interrompt. Le volcanisme, lui, persiste et provoque l'augmentation de la quantité de gaz carbonique. Cette fois-ci, l'effet de serre augmente et la température avec, permettant la fonte des glaces et des calottes polaires, puis l'évaporation des océans jusqu'à réanimer le cycle de l'eau (évaporation et pluies) et par conséquent celui du carbone. Un autre paramètre important pouvant altérer cet équilibre est l'activité de l'homme (aérosols, agriculture, combustion, etc), responsable de l'augmentation artificielle du niveau de gaz carbonique et d'autres gaz à effet de serre (CH4, polluants, etc). L'activité humaine doit absolument être maîtrisée pour éviter d'atteindre la zone dangereuse du régime d'emballement de l'effet de serre comme sur Vénus, qui serait un point de non-retour.
Les traces de lits de rivières à la surface de Mars sur des terrains géologiques anciens (Tharsis) prouvent que l'eau a coulé à la surface de Mars pendant les premiers 500 millions d'années. Un océan d'environ 150 mètres de profondeur a pu exister. La température était donc supérieure à 0°C et la pression supérieure à quelques bars, ce qui implique une forte concentration de gaz à effet de serre (CO2, H2O) et surtout un climat chaud et humide. Dans ces conditions, le cycle du carbone a transformé la majeure partie du gaz carbonique en roches carbonatées, comme sur Terre.
Par la suite, le bombardement tardif de planétésimaux (environs 700 millions d'années après la formation) et la relative faible gravité de la planète a probablement éliminé une partie de l'atmosphère soufflée par des impacts. D'autre part, la datation des terrains géologiques a permis de constater que les rivières ont disparu au bout d'environ 1 à 2 milliards d'années, ce qui coïncide avec la baisse de l'activité volcanique. Mars est une petite planète qui s'est refroidie plus rapidement que la Terre et Vénus, arrêtant ainsi volcanisme et activité tectonique et empêchant la régénération du gaz carbonique atmosphérique. Il faut noter que la variation temporelle (de 100 000 ans à 1 million d'années) de l'inclinaison et de l'excentricité de la planète a accentué la formation de calottes polaires et le refroidissement à la surface.
L'arrêt du cycle du carbone, l'érosion de l'atmosphère et les changements climatiques ont contribué à des degrés différents à diminuer la quantité de gaz à effet de serre jusqu'aux pressions actuelles (7 mbar), refroidissant ainsi l'atmosphère jusqu'aux températures actuelles (-50°C). Une partie de l'eau s'est congelée sur les calottes polaires, et une autre a disparu en s'infiltrant dans les sous-sols sous forme de pergélisol. Une dernière partie s'est échappée de l'atmosphère à la suite de la photodissociation de l'eau (comme sur Vénus).
Pourquoi n'y a-t-il plus d'eau sur Vénus alors qu'il y en a sur la Terre ?
Comment peut-on augmenter l'effet de serre ?
Que se passerait-il si la température de la Terre augmentait de 100°C ?
Aucune étude de planétologie comparée ne saurait être complète sans inclure une analyse des corps les plus nombreux du Système Solaire : les astéroïdes et les comètes.
Le premier jour de l'année 1801, Giuseppe Piazzi découvrit un objet qu'il pensa d'abord être une comète. Mais après que son orbite fut mieux déterminée, il apparut évident que ce n'était pas une comète mais qu'il s'agissait plus vraisemblablement d'une petite planète. Piazzi l'appela Cérès, en l'honneur du dieu sicilien de l'agriculture. Cette découverte marqua le début de l'exploration et de la recherche sur la population astéroïdale. Mais que sont les astéroïdes, d'où viennent-ils et que nous apprennent-ils ?
Petits objets rocheux de taille n'excédant pas quelques centaines de kilomètres de diamètre, les astéroïdes ont souvent été appelés, au milieu du siècle, "les vermines du ciel". Les petites traînées qu'ils laissaient sur les plaques photographiques étaient considérées comme des nuisances. Les astéroïdes occupent principalement la région de transition, entre les planètes telluriques et les planètes géantes, c'est-à-dire entre 2,1 et 3,3 UA. Quoique les astéroïdes aient subi une substantielle évolution collisionnelle depuis leur formation, la plupart d'entre eux n'ont pas eu à souffrir d'une grande évolution géologique, thermique ou orbitale. Et c'est là que réside le principal intérêt de l'étude des astéroïdes. De par leur petitesse, ces objets ont très vite évacué la chaleur originelle de la nébuleuse protosolaire figeant ainsi la composition initiale de cette dernière. Ainsi l'étude des petits corps nous renseigne sur les conditions initiales qui ont prévalu à la naissance du Système Solaire. En particulier, les météorites, qui sont des fragments d'astéroïdes, sont les preuves fossiles des événements qui ont affecté les premiers temps de la formation du Système Solaire.
Les astéroïdes sont aussi importants parce qu'ils sont la source de la plupart des météorites. De plus, certains astéroïdes, les géocroiseurs, ou en anglais Earth Crossing Asteroids (ECA) présentent un danger pour la Terre car leurs orbites croisent celle de notre planète. On sait que la Terre, comme tous les corps du Système Solaire, a eu un passé violent. Pour preuve, la constellation de cratères dont est ornée la surface lunaire. De telles cicatrices sur Terre ont été masquées et érodées par l'activité terrestre. Il est rituel quand on parle de ce sujet, d'évoquer la chute d'un astéroïde ou d'une comète, il y a 65 millions d'années, à la frontière du Crétacé et du Tertiaire et qui fut peut-être responsable de l'extinction des dinosaures. Le cratère d'impact, retrouvé près de la côte de la péninsule du Yucatán près du village de Chicxulub (golfe du Mexique) a un diamètre estimé d'au moins 180 km.
Un troisième et dernier intérêt que l'on peut trouver à l'étude des astéroïdes est d'aspect économique. Les ressources sur Terre ne sont pas inépuisables, et on peut envisager, dans un futur proche pouvoir exploiter les ressources minières des astéroïdes. On estime qu'un kilomètre cube d'astéroïde de type M, c'est-à-dire métallique, contient 7 milliards de tonnes de fer, 1 milliard de tonne de nickel, et suffisamment de cobalt pour satisfaire la consommation mondiale pendant 3000 ans. Les astéroïdes peuvent constituer d'avantageuses bases spatiales de pré-colonisation du Système Solaire. En effet, grâce à leurs ressources minières, ils peuvent pourvoir les colons en matériaux de construction, ainsi que leurs besoins en eau, oxygène, carbone et azote. De plus, de part leur faible masse et donc faible gravité, l'énergie requise pour quitter l'astéroïde-hôte est beaucoup plus faible que celle nécessaire pour quitter la Terre.
En 2009, on recense environ 500 000 astéroïdes, dont 200 000 sont numérotés et seulement plus d'une centaine ont une dimension supérieure à 100 km. Un astéroïde obtient son numéro et son nom quand un nombre suffisant d'observations a été effectué pour déterminer ses éléments orbitaux avec précision. Le rythme annuel des découvertes est actuellement de plusieurs milliers, ceci grâce aux programmes automatiques de recherche. Il y a certainement encore des centaines de milliers d'autres astéroïdes qui sont trop petits, trop sombres ou trop distants de la Terre pour être détectés. Le plus gros astéroïde du Système Solaire, Cérès, a un diamètre de 940 km et une masse de 1,18 1021 kg. A lui seul, il représente environ un tiers de la masse totale de la ceinture principale (voir définition plus loin). Puis viennent par ordre de taille, Vesta (576 km), Pallas (538 km) et Hygiéa (429 km). Ensuite, les tailles décroissent très vite car seulement 30 astéroïdes ont un diamètre supérieur à 200 km, 200 astéroïdes ont un diamètre supérieur à 100 km et on estime à un million le nombre d'astéroïdes de taille kilométrique.
La grande majorité des astéroïdes occupe une "ceinture" située entre Mars et Jupiter, et connue sous le nom de ceinture principale, qui s'étend entre 2,1 et 3,3 UA du Soleil. Un petit nombre ont leur demi-grand axe plus grand ou plus petit, ou une excentricité telle qu'ils n'appartiennent pas à cette région (figure ci-contre). Faisons un petit tour du Système Solaire des astéroïdes en commençant par les plus proches de notre étoile.
Nous rencontrons tout d'abord le groupe des Aten (les groupes d'astéroïdes sont souvent dénommés d'après le nom du premier membre découvert, en l'occurrence ici, 2062 Aten), qui a un demi-grand axe a < 1,00 UA donc tourne autour du Soleil en moins d'une année terrestre. Il est à noter que ces objets croisent l'orbite de la Terre (distance à l'aphélie Q ≥ 0,983). Ensuite, nous avons encore deux autres groupes d'astéroïdes, le groupe des Apollo (a > 1,00 UA et distance au périhélie q ≤ 1,02) et le groupe des Amor (a > 1,00 UA et 1,02 < q ≤ 1,30). Les objets Amor ne croisent donc, actuellement, que l'orbite de Mars. L'ensemble des Objets Aten-Apollo-Amor sont souvent dénommés OAAA, ou NEAs, (acronyme des mots anglais Near Earth Asteroids) ou encore géocroiseurs. Ce sont ces objets qui présentent un danger de collision potentiel avec la Terre et qui sont étroitement surveillés. Plus loin du Soleil, nous trouvons le groupe de Hungaria entre 1,82 et 2,00 UA, bien en dehors de l'orbite de Mars (1,52 UA). A cause de l'excentricité de son orbite, Mars a « nettoyé » la région entre 1,38 et 1,66 UA. Enfin, nous atteignons la région très peuplée de la ceinture principale d'astéroïdes (CPA). Cette région est clairement entrecoupée d'espaces vides d'astéroïdes : les lacunes de Kirkwood. Nous reparlerons de ces lacunes et de leur signification un peu plus loin.
A la frontière de la ceinture principale d'astéroïdes, on trouve le groupe de Cybeles (3,2 UA), et plus détaché se trouve le groupe de Hildas à 4 UA du Soleil. Ensuite, sur la même orbite que Jupiter, aux points de Lagrange L4 et L5, une population d'objets suit et précède la planète géante d'un angle de 60° avec le Soleil : les Troyens. Plusieurs centaines d'astéroïdes de ce type sont connus ; parmi les plus gros sont 624 Hektor (222 km), 588 Achilles (147 km) et 617 Patroclus (149 km). Il existe aussi un petit nombre d'astéroïdes (appelés Centaures) dans la partie externe du Système Solaire : 2060 Chiron se situe entre Saturne et Uranus ; l'orbite de 5335 Damocles commence près de Mars, et va jusqu'au delà d'Uranus ; 5145 Pholus orbite de Jupiter jusqu'à Neptune. Il y en a probablement beaucoup d'autres, mais de telles orbites croisant celles des planètes géantes sont instables, et hautement susceptibles d'être perturbées dans le futur. La composition de ces objets est probablement plus proche de celle des comètes que de celle des astéroïdes ordinaires. En particulier, Chiron est désormais considéré comme une comète. D'ailleurs, astéroïdes et comètes, loin de former deux populations bien distinctes ont des liens très étroits.
Pour conclure ce panorama des astéroïdes, il faut signaler la présence de deux autres populations d'astéroïdes situées encore plus loin du Soleil. La première est la ceinture d'Edgeworth-Kuiper (ou objets trans-neptuniens) située au delà de l'orbite de Neptune entre 30 et 100 UA environ. Son existence a été prédite conjointement par Edgeworth (1949) et Kuiper (1951) pour expliquer l'origine des comètes à courte période. La première observation d'un objet trans-neptunien a été faite beaucoup plus tardivement (pour des raisons techniques évidentes, dues à la faible magnitude de ces objets) par Jewitt et Luu en 1992. Il s'agit de 1992 QB1 qui a un demi-grand axe de 44,2 UA. A une distance aussi lointaine, on pense que ces objets pourraient constituer un réservoir de comètes, avec une composition de glaces et de roches. L'étude de ces corps est l'objet de la mission NASA New Horizons, lancée en 2006, et qui a atteint la ceinture de Kuiper après 2015.
Aux confins du Système Solaire se trouve un vaste nuage de comètes, que l'on pense être de forme sphérique : le nuage de Oort. Composé probablement de 1012 objets, il s'étend au-delà de l'orbite de Pluton entre 30 000 UA et une année-lumière ou plus. C'est très probablement le réservoir des comètes à longue période. Il n'a encore jamais été observé directement.
La figure donnant la distribution des astéroïdes en fonction de leur demi-grand axe montre clairement que certaines régions sont vides d'astéroïdes. Ces lacunes, découvertes en 1867 par D. Kirkwood qui leur a donné son nom, représentent des périodes orbitales interdites et non des distances héliocentriques interdites. En effet, les astéroïdes, proches des lacunes de Kirkwood, possèdent une orbite suffisamment allongée pour leur permettre de traverser ces lacunes fréquemment. Ainsi, la Figure ci-contre qui est un instantané des positions des astéroïdes le 17 Mai 2005, ne révèle pas de lacunes.
Les lacunes de Kirkwood correspondent à des périodes orbitales qui sont commensurables avec la période de révolution de Jupiter. Une telle commensurabilité a lieu quand la période de révolution d'un astéroïde est un multiple p/(p+q) de la période de révolution de Jupiter, où p et q sont des entiers de l'ordre de l'unité. Traditionnellement, ces commensurabilités s'appellent résonances de moyen mouvement et se notent (p+q):p. Ainsi, la résonance 3:1 concerne les astéroïdes qui effectuent trois révolutions pour une effectuée par Jupiter.
Les résonances sont très importantes pour comprendre la dynamique des astéroïdes de la ceinture principale. En effet, les résonances sont des zones chaotiques du Système Solaire et on montre qu'elles gouvernent les mécanismes responsables du transfert des astéroïdes de la ceinture principale d'astéroïdes (CPA) vers les astéroïdes géocroiseurs. Ainsi, un astéroïde tombant dans une résonance (par le biais de collisions ou perturbations par un autre astéroïde proche de lui) est très (quelques millions d'années) vite éjecté de la CPA.
Les astéroïdes présentent une grande diversité de tailles, de formes et de couleurs. Nous avons vu que la taille des astéroïdes varie entre un millier de kilomètres pour le plus gros (Cérès) et quelques mètres de diamètre pour les plus petits.
Les masses actuellement connues pour les trois plus gros astéroïdes sont :
1 Cérès 1,18 1021 kg
2 Pallas 0,216 1021 kg
4 Vesta 0,275 1021 kg
Ce qui donne des densités de :
1 Cérès 2,12 (± 40%) g.cm-3
2 Pallas 2,62 (± 35%) g.cm-3
4 Vesta 3,16 (± 45%) g.cm-3
La connaissance des densités des petits corps apporte quelques indications sur la composition interne, par comparaison avec les densités des météorites.
Les formes des astéroïdes peuvent être plus ou moins déterminées, comme la période de rotation, à partir de la courbe de lumière. Pour les astéroïdes suffisamment grands (D > 150 km), la forme d'équilibre gravitationnelle est la sphère. Par contre, la forme des astéroïdes plus petits, issus des collisions, est certainement irrégulière. Cependant, un certain nombre de fragments peuvent se réaccumuler, sous l'effet de l'autogravitation et former un aggloméré sphérique. C'est ce qu'on appelle un « tas de gravats » ou en anglais, « rubble pile ».
C'est une question qui a longtemps accupé les esprits des scientifiques depuis les premières années de la découverte des astéroïdes. En effet, faisant écho à la fameuse loi de Titius-Bode, on s'attendait à trouver entre Mars et Jupiter (2,8 AU) une seule et unique planète au lieu des myriades de petits corps que l'on connaît aujourd'hui. La CPA serait-elle le résultat d'une planète ayant explosé en milliers de débris ? En fait, on pense plutôt aujourd'hui que la CPA est la conséquence d'une planète n'ayant jamais pu se former. Pourquoi ? Parce que la formation précoce de Jupiter a eu pour conséquence d'exciter (d'accélérer les vitesses) les planétésimaux présents entre Mars et Jupiter, empêchant ainsi tout phénomène d'accrétion. Rappelons que la formation des planètes s'est faite par accrétion (voir la figure formation), c'est-à-dire collisions constructives (coalescence), entre planétésimaux. Or, à cause de la présence de Jupiter, les collisions dans la CPA actuelle sont destructives.
Même avec les plus grands télescopes du monde, un astéroïde apparaîtra toujours comme un petit point brillant, car c'est un corps relativement petit et distant. Pour avoir une idée véritable de la surface d'un astéroïde et en avoir une image précise, il faut envoyer une sonde planétaire. Ces dernières années ont, par chance, permis à des missions spatiales de ramener des images spectaculaires de ces petits corps.
Ida est la première image (avec Gaspra) d'un astéroïde. Elle a été prise par la sonde Galileo en route vers Jupiter. Ida a pour dimensions 56x24x21 kilomètres. On peut voir que la surface de Ida est couverte de cratères, témoignant du fait qu'aucun corps du Système Solaire (même aussi petit qu'un astéroïde) n'a été épargné par les collisions.
Les images de Mathilde ont surpris en révélant des collisions intenses observées grâce aux cratères en surface. L'imageur de la sonde a trouvé au moins cinq cratères de plus de vingt kilomètres de diamètre sur le côté jour de l'astéroïde. On se demande comment Mathilde a pu rester intact après des collisions aussi violentes, et c'est pourquoi on pense que l'astéroïde a une structure en "rubble pile". La valeur de la densité autour de 1,3 semble conforter cette hypothèse.
433 Eros a une place particulière dans la population astéroïdale. Tout d'abord c'est un des plus gros géocroiseurs (33x13x13 km), d'autre part il a fait l'objet d'une mission dédiée de la NASA : la mission NEAR (Near Earth Asteroid Rendez-vous). En effet, la sonde NEAR a étudié Eros sous toutes ses coutures, passant une année en orbite autour de l'astéroïde, pour finalement y "atterrir" le 12 février 2001.
La sonde Hayabusa de l'agence spatiale japonaise (JAXA) a atteint l'astéroide Itokawa en 2005, autour duquel elle s'est mise en orbite proche (prenant des photographies à environ 10 km de d'altitude). La sonde est ensuite parvenue, de façon spectaculaire et pour la première fois, à "atterir" sur l'astéroïde le 19 novembre pour y prélever directement des échantillons ! Ayant ensuite redécollé, Hayabusa fait route vers la Terre pour y larguer sa récolte en 2010.
Les astéroïdes sont de petits rochers dont la composition consiste essentiellement en des silicates (pyroxène, olivine) et des métaux. La spectroscopie, appliquée à l'observation de ces corps, permet de décomposer la lumière qu'ils renvoient, et ainsi d'obtenir leur spectre, qui permet de caractériser la composition chimique des astéroïdes. Le pourcentage de lumière réfléchie, caractérisé par l'albédo, est un autre paramètre important qui permet d'affiner cette composition. Par exemple, savoir si on a affaire à un matériau brillant ou sombre est important. Albédo et spectres permettent de classer les astéroïdes en types taxonomiques (la taxonomie est la science qui a pour objet de décrire les corps afin de pouvoir les identifier, les nommer et les classer) :
Il existe encore une douzaine d'autres types plus rares mais qui sont des variantes de ces 3 types principaux.
Après le succès retentissant de la mission NEAR vers l'astéroïde EROS, l'exploration spatiale vers les petits corps a pris une nouvelle dimension, avec l'ambition de ramener des échantillons d'astéroïdes. Pas moins de deux missions spatiales sont en route avec cet objectif. HAYABUSA 2 de l'agence spatiale japonaise (JAXA) ramènera un échantillon de l'astéroïde primitif (162173) Ryugu en 2020, tandis que son homologue de la NASA, la mission OSIRIS-REX ira explorer le géocroiseur (101955) Bénou, pour revenir sur Terre avec sa précieuse cargaison en 2023.
Les comètes sont connues depuis l'Antiquité. Certaines sont visibles dans le ciel à de rares occasions (~10 ans). Suivant les différentes cultures, la croyance populaire associait les comètes à un symbole de bon ou de mauvais présage. Elles ont une orbite elliptique et inclinée par rapport au plan de l'écliptique. Certaines sont périodiques, c'est-à-dire qu'elles sont visibles régulièrement comme la comète de Halley (période 77 ans), d'autres non. Plus de 2000 comètes sont recensées actuellement. Les plus grandes ou celles qui s'approchent suffisamment de la Terre sont observables à l'oeil nu, mais la plupart d'entre-elles ne sont visibles qu'avec un télescope. Parmi les grandes comètes observées ces dernières décennies, on citera les comètes Hale-Bopp et Hyakutake.
Le noyau des comètes est composé d'un mélange de glace et de poussière ; de faible densité (0,1 à 1), il est poreux et friable. On peut associer ce noyau à une "boule de neige sale" plutôt compacte, que l'on pourrait séparer facilement avec ses mains, tant le noyau est fragile. Un noyau cométaire peut avoir un diamètre de 1 à 20 km, une masse de 108 à 1012 tonnes et il tourne sur lui-même avec une période de rotation de 4 à 70 heures.
Les noyaux cométaires sont relativement petits et peu massifs comparés aux planètes. Par conséquent, leur gravité est faible. Si nous étions sur une comète, un simple saut nous éjecterait de sa surface et nous empêcherait de retomber sur celle-ci. Ce même effet explique pourquoi les comètes ne peuvent pas conserver d'atmosphère. Les noyaux cométaires sont tellement petits qu'ils sont difficilement observables depuis la Terre. Cependant, la mission spatiale ESA Giotto a permis d'observer de près le noyau de la comète de Halley en 1986.
Quand les comètes s'approchent du Soleil, le rayonnement solaire qui les atteint est plus intense et permet de sublimer les glaces. Cet échappement gazeux entraîne avec lui des poussières. On observe :
Structure d'une comète
Les poussières sont principalement constituées de silicates dont la composition ressemble à celle des olivines (Fe2SiO4, Mg2SiO4) ou des pyroxènes (FeSiO3, MgSiO3). Les glaces du noyau sont composées essentiellement d'eau avec quelques pourcents de glace de monoxyde de carbone (CO).
Des composés minoritaires moléculaires ont été observés dans les atmosphères cométaires : on citera par exemple CO, CO2, CH3OH, H2CO, CH4, NH3, HCN, H2S, CS, SO, SO2, ainsi que des nitriles et des hydrocarbures. La photodissociation et l'ionisation de ces molécules à partir du rayonnement UV solaire permet de produire d'autres molécules, ions et atomes tels que CN, NH, NH2, C2, CH, OH, CO+, H2O+, O, H.
Nos connaissances actuelles sur l'origine des comètes indiquent que celles-ci proviennent de deux grands réservoirs différents : le Nuage de Oort et la ceinture de Kuiper.
Le premier réservoir entoure notre Système Solaire et se situe entre 50 000 et 100 000 UA. C'est le nuage de Oort d'où proviennent les nouvelles comètes dont les trajectoires présentent des inclinaisons quelconques par rapport au plan de l'écliptique et ont de longues périodes (Périodes ~50-5000 ans) comme la comète de Halley (77 ans) ou Hale-Bopp (4 000 ans). Les comètes de ce réservoir se seraient formées à l'intérieur du Système Solaire en même temps qu'il se formait lui-même. Les perturbations gravitationnelles des planètes géantes nouvellement créées auraient par la suite éjecté ces comètes du Système Solaire formant ainsi le nuage de Oort. On estime qu'environ 1000 milliards de comètes pourraient être présentes dans ce réservoir. Du fait de leur grand éloignement par rapport au Soleil, on pense que les nouvelles comètes provenant du nuage de Oort ont une composition qui reflète celle des régions externes de la nébuleuse primitive. L'étude des comètes permet donc de mieux comprendre la composition et les conditions physico-chimiques de la nébuleuse primitive. N. B. : à ce jour, le nuage de Oort n'a jamais été observé directement.
La ceinture de Kuiper est le deuxième réservoir de comètes. On peut la représenter comme un tore, entourant le plan de notre Système Solaire, et qui se serait formée en même temps que celui-ci au-delà de Neptune (de 30 UA jusqu'à une distance inconnue). On pense que les comètes de la famille de Jupiter proviennent principalement de ce réservoir. Elles ont comme caractéristiques d'avoir des périodes orbitales courtes (entre 3 et 15 ans) et des inclinaisons faibles. Depuis 1992, environ 1300 objets de la ceinture de Kuiper ont été détectés (2009), confirmant ainsi l'existence de ce réservoir cométaire.
Le rayon des comètes diminue à chaque passage près du Soleil d'environ 1 mètre, en moyenne. Au bout de 1000 passages, elles perdent pratiquement toute leur masse et s'éteignent définitivement. D'autres catastrophes peuvent détruire les comètes prématurément : la rencontre et chute avec une planète (Shoemaker-Levy 9) ou le Soleil (famille Kreutz), ou encore la désintégration à cause de la proximité du Soleil (Linear S4). Une vingtaine de comètes brisées ont été observées durant le siècle passé, ce type d'évènement étant peu fréquent mais pas rare.
En 1993, la comète Shoemaker-Levy 9 (SL9) est découverte ; elle appartient à la famille de Jupiter. Des observations plus précises montrent alors que la comète s'est fragmentée en une vingtaine de morceaux. A son dernier passage au voisinage de Jupiter (juillet 1992), elle aurait atteint la limite de roche et les forces de marée de la planète ont été suffisamment fortes pour détruire sa cohésion et la briser en une vingtaine de morceaux. On calcule que cette comète entrera en collision avec Jupiter vers le 25 juillet 1994.
Pendant une semaine environ, les différents morceaux de SL9 tombent successivement sur Jupiter, entraînant des explosions d'intensités différentes. La fréquence de collisions d'une comète telle que SL9 sur Jupiter est de l'odre de une tous les 500 à 6000 ans selon différentes études. On peut donc aisément considérer la chute de la comète SL9 sur Jupiter comme l'IMPACT DU XX SIECLE ! Par ailleurs, la comète Brooks 2 en 1886 est passée à environ 70 000 km de la surface de Jupiter. Cette comète s'est brisée en 2 morceaux mais n'est pas tombée sur Jupiter comme la comète SL9.
Le groupe de comètes dont le périhélie est inférieur à 0,01 UA appartient à la famille Kreutz. Ces comètes passent tellement près du Soleil au périhélie qu'elles peuvent tomber sur le Soleil dont le rayon est d'environ 0.0023 UA. On estime à environ 50 000 comètes appartenant à la famille de Kreutz.
Le diamètre de ces comètes (difficile à mesurer) semble être assez petit (environ quelques dizaines de mètres). La comète Ikeya-Seki est un exemple d'une comète brillante de cette famille. Cependant il est assez difficile d'observer ces comètes à cause de leur proximité du Soleil. Le satellite SOHO qui étudie le Soleil, a des instruments assez adaptés pour observer ces comètes.
La comète Linear S4 était une nouvelle comète provenant du nuage de Oort. A son dernier passage en juillet 2000, son périhélie était à environ 0,76 UA du Soleil. Cette comète d'environ 500 m de diamètre a eu une augmentation de son activé entre le 18 et le 23 juillet 2000, impliquant une fragmentation progressive de son noyau en une vingtaine de petits morceaux de 50 à 120 m de diamètre.
On pense que l'augmentation de l'activité cométaire juste avant le périhélie due à la proximité du Soleil et la rotation du noyau sont à l'origine de la destruction de la comète Linear S4. Cependant, les raisons exactes de cette désintégration sont encore mal comprises. Malgré tout, il apparaît clairement que les comètes peuvent être de nature très "friable".
Une autre comète de la famille de Jupiter s'est parée d'une célébrité récente. Il s'agit de 17P Holmes, découverte par l'astronome du même nom en 1892. Cette comète est maintenant très connue pour son activité évènementielle d'octobre 2007, où sa luminosité a brutalement augmenté de 15 ordres de grandeur (soit 1 million de milliards de fois !), passant de la magnitude 17 à 2,8. Elle est ainsi devenue visible à l'oeil nu, prenant l'apparence d'une étoile jaune brillante. L'origine de cet éclat provient vraisemblablement d'un dégazage soudain lié à son passage au plus près du Soleil en mai 2007, peut-être lié à son fractionnement. La taille visible de la chevelure cométaire a ainsi augmenté considérablement pour atteindre la dimension apparente de Jupiter.
En moyenne les comètes sont-elles plus grandes que les astéroïdes ?
Y a-t-il plus de comètes répertoriées que d'astéroïdes ?
Nous avons constaté que la diversité des objets du Système Solaire est d'une grande richesse. L'étude détaillée de ces objets nous donne une vision de leur histoire, et permet aussi de mieux comprendre la formation et l'évolution de notre système planétaire. Finalement, l’étude de ces objets fournit des contraintes sur les environnements physico-chimiques qui peuvent permettre l’apparition de la vie.
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Il s'agit simplement d'une règle de 3.
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Le rayon de la Terre est 6378 km, et la distance Terre-Soleil est de 1,50 x 108 km,
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Appliquer la loi
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La chute de luminosité est de l'ordre de (Rpl/R*)2 (voir page précédente)
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L'orbite de la Terre autour du Soleil a un rayon de km. L'orbite de Jupiter a un rayon de km. le Soleil a un rayon de km.
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Calculer la distance de la planète à l'étoile quand elle est au périapse de son orbite, et comparer cette distance au rayon de l'étoile.