Analyser spectralement la lumière est à la base de l'astrophysique. Cette section a pour but de rappeler quelques principes de physique permettant une analyse spectrale efficace. L'instrumentation nécessaire s'appuie sur le réseau de diffraction, bien plus efficace pour disperser la lumière qu'un prisme. Mais la mise en oeuvre du réseau nécessite un environnement précis.
Plus la résolution d'un spectre stellaire théorique est élevée :
Définir les notions de résolution spectrale : élément de résolution ; pouvoir de résolution ; intervalle spectral élémentaire.
Le pouvoir de résolution spectrale mesure la capacité à distinguer deux longueurs d'onde différentes et . Il est mesuré par la quantité :
Le pouvoir de résolution est d'autant plus élevé que l'élément de résolution (également appelé résolution spectrale élémentaire ou élément spectral) est petit.
Le pouvoir de résolution peut être exprimé avec les diverses grandeurs spectrales (longueur d'onde , fréquence ) :
Il peut également être traduit en une vitesse, via l'équivalent Doppler:
Instrument | Pouvoir de résolution typique | @ 500 nm (nm) | vitesse (km/s) |
Prisme | 500 | 1 | 600 |
Réseau | 5000 | 0.1 | 60 |
Réseau blazé | 50000 | 0.01 | 6 |
La justification de ce qui précède procède en 2 étapes :
Selon la résolution spectrale, des raies bien marquées, comme celles du sodium à 589.0 et 589.6 nm, apparaîtront plus ou moins clairement, avec l'identification de raies fines entre les 2 éléments du doublet, ou bien noyées dans le flux continu.
Difficulté : ☆ Temps : 10 min
Un spectromètre assure un pouvoir de résolution 25 000 dans le visible à 500 nm.
Déterminer la largeur d'un élément spectral élémentaire.
Le spectromètre en question, par transformée de Fourier, travaille en unité de nombre d'onde, exprimée en . Exprimer le nombre d'onde et la résolution dans ce système d'unité.
Difficulté : ☆ Temps : 20 min
Le spectre ci-joint (voir l'appliquette) a été enregistré aux alentours de 440.5 nm. Il s'agit d'estimer sa résolution, en fait limitée par la résolution instrumentale.
Vaut-il mieux effectuer la mesure sur une raie fine ou une raie large ?
Estimer alors la résolution instrumentale
Même s'il reprend les bases théoriques, ce cours suppose que le réseau a déjà été étudié en physique. Un réseau est alimenté en faisceau parallèle par une fente source, et en donne une série d'images colorées.
Caractériser les interférences constructives d'un réseau ; voir la distribution de l'énergie dans la figure d'interférence.
On note la période du réseau, le nombre de traits, la longueur d'onde étudiée. La condition d'interférences constructives s'écrit :
avec , entier, l'ordre d'interférence. Le signe dans cette relation concerne un réseau par transmission, le signe un réseau par réflexion. C'est ce dernier cas qui nous intéresse, car il correspond au cas du réseau blazé.
Cette condition rend compte que le déphasage entre les amplitudes complexes issues de 2 traits consécutifs, vaut (ou bien, de façon équivalente, que la différence de marche vaut ).
La diffraction par une fente du réseau détermine les différentes directions vers lesquelles la lumière est envoyée, chacun des fentes du réseau se comportant comme une source secondaire.
Les interférences entre ces différentes sources secondaires construisent les franges d'interférences, d'autant plus fines que le réseau comporte un nombre important de traits (cf. calcul de l'intensité de la figure d'interférence).
L'intensité de la figure d'interférence est issue du double effet de la diffraction par une seule fente et des interférences par fentes. On s'intéresse dans un premier temps au phénomène d'interférence seul. On note le déphasage entre 2 fentes consécutives, et l'amplitude complexe. On mène les calculs dans l'approximation de Fraunhofer, pour montrer que l'intensité diffractée vaut :
La sommation des amplitudes conduit à :
Le traitement de la somme des termes d'une suite en progression géométrique donne :
On calcule l'intensité en factorisant le numérateur et le dénominateur par l'exponentielle complexe de l'angle moitié (de module unité), pour aboutir à :
Le terme d'intensité est important uniquement lorsque le dénominateur s'annule. Dans ce cas, le numérateur s'annule également et, par continuité du rapport, le pic d'intensité tend vers . Chaque pic correspond à un ordre d'interférence. La largeur de ce pic est donnée par les variations du numérateur, qui oscille fois plus rapidement que le dénominateur ; elle est donc fois inférieure à la largeur entre 2 ordres consécutifs.
L'inconvénient du réseau par transmission ici décrit est qu'il n'est a priori pas efficace : l'essentiel de l'énergie passe dans l'ordre 0, inintéressant pour la dispersion. Un concept technologique spécifique pare cet inconvénient : le réseau blazé.
La déviation des ordres diffractés par le réseau dépend de l'ordre d'interférence.
La déviation des ordres diffractés par le réseau dépend de la longueur d'onde de l'onde plane incidente.
La déviation des ordres diffractés par le réseau dépend du pas du réseau (ou nombre de traits par millimètre).
Etude du réseau en physique.
Caractériser la dispersion d'un réseau, càd sa capacité à distinguer les différentes couleurs.
Rappel : la condition d'interférences constructives s'écrit :
avec l'ordre d'interférence (entier), le pas du réseau, la longueur d'onde d'étude.
La dispersion angulaire relie, à incidence fixée, les variations de l'angle de sortie avec . Elle est obtenue par différentiation de la relation du réseau :
La dispersion croît avec l'ordre et la fréquence spatiale du réseau . La résolution dépend des paramètres du réseau, mais aussi de la précision avec laquelle on peut déterminer l'angle .
A couleur fixée, mais ordre d'interférence variable, la différentiation de la relation constitutive du réseau s'écrit :
Un pas d'interférence, correspondant à , correspond à un intervalle angulaire :
Ce pas varie directement avec la couleur de l'onde considérée.
Le nombre de traits du réseau fixe la largeur angulaire de la tache image : la figure d'interférence envoie la lumière de façon significative dans un intervalle angulaire fois moindre qu'un ordre :
Le pouvoir de résolution théorique du réseau s'écrit, s'il est limité par la seule diffraction, en application de ce qui précède :
Le pouvoir de résolution théorique augmente avec le nombre de traits éclairés et avec l'ordre d'interférence.
AN : avec un réseau blazé de 100 mm, 100 traits/mm et travaillant à l'ordre 40, le pouvoir de résolution théorique atteint 400 000.
L'inconvénient du réseau par transmission ici décrit est qu'il n'est toujours pas efficace : la dispersion spectrale est d'autant plus grande que l'ordre du réseau est élevé, mais l'essentiel de l'énergie reste dans l'ordre 0, inintéressant pour la dispersion. De plus, la superposition des ordres mélange les couleurs.
Les animations montrent la création des ordres d'interférence par interférences constructives, pour différents ordres et couleurs. Attention : ces animations supposent indûment valide à courte distance l'approximation de Fraunhofer, qui décrit la diffraction uniquement à grande distance de l'objet diffractant.
Voir comme la déviation varie avec :
Un réseau-échelle ou réseau blazé (a blaze of color = resplendissant de couleur) traite efficacement la dispersion : il envoie la puissance lumineuse incidente dans des ordres élevés du spectre, avec une grande dispersion spectrale. Il s'agit d'un réseau par réflexion, très couramment utilisé en instrumentation astrophysique.
Une deuxième dispersion, dite dispersion croisée, des ordres diffractés par un réseau blazé permet d'obtenir un spectre sur un large intervalle spectral divisé en plusieurs ordres. L'intensité dans chaque ordre est modulée par la fonction d'Airy de la fente d'entrée.
Introduire les propriétés du réseau blazé, dont l'intérêt est d'envoyer l'énergie diffractée dans un ordre d'interférence non nul.
Le réseau par transmission n'est pas efficace. La diffraction envoie essentiellement l'énergie dans l'ordre 0, qui n'est pas dispersif, ce qui n'est guère intéressant. L'intérêt du réseau blazé est d'envoyer le flux dans un ordre d'interférence non nul dans les conditions de l'optique géométrique (les conditions usuelles d'utilisation sont proches du cas , où est l'angle de blaze). Cet ordre dépend de la couleur étudié.
D'un point de vue énergétique, le montage optique d'un réseau blazé s'arrange pour voir essentiellement la tache de diffraction du réseau (déterminée par une facette élémentaire).
Par rapport au réseau par transmission, le réseau blazé permet un travail dans un ordre d'interférence élevé, assurant un pouvoir de résolution théorique élevé. Mais, à lui seul, le réseau blazé n'assure pas une dispersion optimale : les ordres restent superposés, aboutissant à la confusion des couleurs si chèrement dispersées. Il faut adjoindre au réseau blazé un deuxième élément dispersif, assurant une dispersion dans une direction perpendiculaire, qui permet de distinguer les différents ordres.
Avec 2 dispersions à angle droit, la source doit nécessairement être ponctuelle (en pratique, souvent une fibre).
Le réseau est alimenté en faisceau parallèle par une fente source ou un trou source. Le montage de principe est donc simplement un montage conjuguant la source à son image en passant via 2 lentilles équivalentes par un faisceau parallèle. Le réseau donne en fait une série d'images colorées de la fente source.
En pratique, c'est évidemment plus complexe.
L'insertion du réseau dans le spectromètre nécessite :
L'appliquette ci-joint permet de lire le schéma optique de l'instrument CRIRES (CRyogenic high-resolution IR Echelle Spectrometer) du VLT.
Un montage optique couramment utilisé avec un réseau blazé est celui de type Littrow, où une optique unique alimente le réseau en lumière parallèle et collecte le faisceau dispersé. Les facettes du réseau blazé sont éclairées sous une incidence quasi-nulle (mais correspondant à une incidence élevée par rapport au plan du réseau).
Etude du réseau en physique.
Lier le pouvoir de résolution spectrale d'un instrument disperseur avec réseau aux conditions de formation d'image.
Le rôle de l'optique géométrique ne doit pas être oublié : il peut dimensionner la résolution effective du réseau. Avec la largeur de la fente et la focale du miroir collimateur, la taille angulaire de la fente vue dans l'espace image est :
Le pouvoir de résolution limité par la largeur de la fente d'entrée s'écrit :
où subsistent les conditions géométriques de l'éclairement du réseau. Dans les conditions d'un réseau blazé éclairé quasi normalement aux facettes, et avec le signe + correspondant au réseau par réflexion :
Un pouvoir de résolution optimal nécessite une source de petite taille et une grande focale. Avec une focale de l'ordre du mètre, une fente de 100 micromètres (en fait une fibre), et , le pouvoir de résolution géométrique vaut 40 000.
La finesse de la fente d'entrée assure la finesse des images monochromatiques ; mais fermer la fente est réalisé au détriment de la luminosité. Assurer une longue focale nécessite un grand réseau, ce qui a un coût.
Le pouvoir de résolution réel est conditionné par la plus petite valeur du pouvoir théorique ou limité par l'image géométrique de la fente d'entrée :
Un instrument bien dimensionné est conçu de façon à accorder la taille de la fente et la résolution optimale définie par la diffraction. Des informations sur le réseau, on conclut que le pouvoir de résolution du réseau, inférieur au pouvoir de résolution théorique, dépend :
Un pouvoir de résolution élevé nécessite une fente d'entrée très étroite.
Difficulté : ☆☆ Temps : 20 min
Le montage du spectromètre HARPS assure un pouvoir de résolution de l'ordre de 120 000. La focale de l'optique de chambre valant 1.56 m, en déduire la taille de la fente d'entrée, sachant que par ailleurs l'illumination du réseau a lieu dans les conditions .
[1 points]
Le flux collecté par le télescope a un diamètre de 3.6 m, qui devient dans l'instrument 20 cm. En déduire le grossissement.
[1 points]
Déduire de ce qui précède l'ordre de grandeur du champ de vue sur le ciel.
[2 points]
pages_resolution-spectrale/resolution-spectrale-sexercer.html
pages_reseau-dispersion/reseau-dispersion-sexercer.html
pages_reseau-blaze/reseau-blaze-sexercer.html
pages_spectro-reseau/spectro-reseau-sexercer.html
pages_interference/resolution-spectrale-sexercer.html
Appliquer la définition.
L'application numérique donne :
soit 0.02 nm.
Pour calculer , c'est simple. Pour , il faut revenir à la définition.
Avec , calculer la différentielle .
La définition de donne :
Mais écrire
est faux (faire l'application numérique pour s'en convaincre !). En revanche, la différentiation logarithmique s'écrit :
Et alors l'application de la définition donne :
On en déduit :
pages_interference/resolution-spectrale-sexercer.html
Réfléchir aux causes d'élargissement de la raie.
La raie large est élargie par d'autres phénomènes que la résolution spectrale de l'instrument. La résolution instrumentale doit être mesurée sur une raie fine.
Estimer la largeur d'une raie à mi-hauteur
La solution est graphique.
La largeur à mi-hauteur est de l'ordre de 0.020 nm, la résolution est donc de l'ordre de :