Auteur: Alain Vienne
On propose ici une application simple et directe du thèorème de Pythagore. Il faut le considérer ici comme une révision des "années collège et lycée" de l'étudiant. Notre expérience d'enseignement montre que cela n'est pas inutile.
On considère un satellite à une certaine altitude. Il s'agit de savoir sur quelle partie de la Terre il sera visible. Cet excercice peut s'appliquer directement pour savoir d'où est visible une montagne.
L'exercice proposé dans la partie "intégrale de Rieman" est plus complet et calcule notamment la surface correspondante.
Difficulté : ☆ Temps : 20 mn
Soit un satellite artificiel de hauteur , sur quelle partie de la Terre (supposée sphérique) est visible le satellite?
Le rayon de la Terre étant de km, à quelle distance maximale du point de la Terre survolé par le satellite peut-on voir le satellite d'altitude km?
Auteurs: Arnaud Beck, Stéphane Erard
Quand le Soleil est au zénith, impossible de le regarder à l'oeil nu sans être ébloui voire même se brûler la rétine. Pourtant, le soir tombé, on peut admirer le Soleil couchant sans la moindre gêne.
Cela s'explique simplement par la diffusion des rayons solaires par les molécules de l'atmosphère. En effet, quand les rayons du Soleil rencontrent une molécule, une partie d'entre eux est déviée ou absorbée. Et plus le nombre de particules qu'ils rencontrent est grand, plus la proportion de rayons déviés est grande et l'énergie lumineuse reçue par l'observateur sera réduite d'autant.
Dans cet exercice, on propose de quantifier le nombre de particules rencontrées par un rayon de Soleil en fonction de sa position dans le ciel par rapport à un observateur potentiel. Le parcours atmosphérique est également calculé dans le cas général.
Difficulté : ☆ Temps : 1h
Le nombre de particules atmosphériques rencontrées par un rayon de Soleil le long de son parcours est appelé densité de colonne, et est égal à :
où est la coordonnée le long du trajet du rayon et est la densité atmosphérique au point de coordonnée .
On peut approximer la densité atmosphérique à faible altitude (là où elle est la plus dense) par:
où est l'altitude (mesurée verticalement), est la densité au niveau du sol, et est l'échelle de hauteur caractéristique de l'atmosphère. Cette expression est une forme de la loi barométrique.
La figure ci-dessous représente la situation. Le centre de la Terre est au point C, l'observateur en O. Le point S représente le point de coordonnée sur le trajet du rayon de Soleil, et d'altitude . est la hauteur du Soleil sur l'horizon (vu par l'observateur) et R est le rayon de la Terre.
Dans le cas du Soleil couchant (), donner l'expression de l'altitude en fonction de la coordonnée .
Donner l'expression de , la densité de colonne au Soleil couchant (). On remarque que la densité de particules décroît rapidement avec l'altitude et devient petite pour ; on peut donc tronquer l'intégrale à une altitude maximum telle que (l'atmosphère est fine par rapport à la taille de la planète).
Reprendre les questions 1) et 2) pour donner l'expression de , la densité de colonne pour une position quelconque du Soleil dans le ciel. En plus de l'hypothèse précédente, on évite cette fois les situations proches de l'horizon ; on a donc .
Le Soleil est au zénith quand . Calculer le rapport . Pour l'application numérique on prendra km, km (échelle de hauteur de l'atmosphère terrestre).
Difficulté : ☆ Temps : 30 min
Le rapport de l'exercice précédent est appelé masse d'air en Astronomie. C'est le chemin optique parcouru dans l'atmosphère par rapport à la position zénitale. Suffisamment loin de l'horizon, on a en bonne approximation , où i est l'angle zénital (compté à partir de la verticale). Cette valeur correspond à l'approximation plan-paralléle. On cherche toujours à observer les astres sous faible masse d'air (< 2) pour limiter l'extinction atmosphérique.
On veut maintenant calculer exactement la longueur du chemin optique parcouru par les rayons lumineux dans l'atmosphère pour étudier la validité de l'approximation précédente.
Reprendre la question 3 de l'exercice précédent : dériver une relation entre l'altitude et la coordonnée pour une hauteur quelconque.
On exprimera cette relation en fonction de l'angle zénital (compté à partir de la verticale locale).
Résoudre en .
Tracer en fonction de l'angle zénital et comparer avec l'approximation usuelle en sécante ().
Quel est le domaine de validité de l'approximation en sécante ? Quels autres phénomènes affectent la diffusion dans ces conditions ? Conclusion ?
Auteur: Stéphane Erard
Depuis l'antiquité jusqu'au XVIIe siècle, plusieurs conceptions de la lumière se sont succédées. Il était notamment impossible de dire si la lumière se propage instantanément ou à vitesse finie. En 1676, Ole Römer met en évidence une vitesse de propagation finie, dont il estime un ordre de grandeur correct à partir de l'observation des satellites de Jupiter. Cette méthode est reproduite ici.
Difficulté : ☆ Temps : 60 min
En 1668, Gian Domenico Cassini a publié les premières éphémérides des satellites galiléens. L'intérêt de ces phénomènes était de fournir une horloge visible et consultable partout sur Terre : les débuts d'éclipse des satellites. Ceux-ci permettent de déterminer la longitude du lieu d'observation par comparaison avec une horloge locale.
Dans les années suivantes, Römer mit néanmoins en évidence des écarts importants avec ses propres observations de Io, le plus proche satellite de Jupiter, et le plus rapide. Ces écarts augmentaient (jusqu'à 11 minutes) puis diminuaient avec une périodicité d'un an.
On considère la situation de la Figure 1, lorsque Io est en émersion au point D (il sort de l'ombre de Jupiter). Durant un premier événement la Terre est au point L de son orbite, lors du suivant elle est en K.
Si la lumière se propage instantanément, quel intervalle sépare les deux événements ?
Même question en supposant que la lumière se déplace à la vitesse c. Remarques sur la Figure 1 ? Préciser les approximations implicites qu'on a fait.
Calculer en unités astronomiques la distance Terre-Jupiter à l'opposition (lorsque les deux planètes sont au plus près).
On effectue une première observation d'éclipse à l'opposition. A quel moment peut-on effectuer une seconde observation pour laquelle le décalage sera maximum ?
On observe 261 jours après l'opposition. De quels angles se sont déplacés Jupiter et la Terre sur leurs orbites depuis l'opposition ? Quel est l'angle Jupiter-Soleil-Terre à ce moment ?
Calculer la distance Terre-Jupiter en unités astronomiques au moment de la deuxième observation.
Le second événement est observé avec 13,5 min de retard par rapport à un phénomène régulier. En déduire une estimation de la vitesse de la lumière.
pages_pythagore/exo-visibilite-satellite.html
Faites un dessin en y plaçant les points (centre de la Terre), (satellite) et (un lieu de la Terre où est tangent à la Terre. On note le rayon de la Terre.
Ce sont tous les points de la Terre dont la séparation angulaire (dans la direction Nord-Sud, cela correpond à la différence en latitude) est plus petite que . On peut écrire aussi
radians. La distance maximale est , soit km.
pages_pythagore/exo-pythagore.html
Dans le triangle rectangle COS, le théorème de Pythagore donne:
soit
Aide au calcul :
Cette intégrale est une des intégrales gaussiennes calculées ailleurs.
On peut développer l'expression précédente de au premier ordre :
La densité de colonne vaut alors :
Dans ce cas, on utilise le théorème de Pythagore généralisé (ou loi des cosinus)
La loi des cosinus donne :
Quand le Soleil est au zénith, les rayons ne rencontrent que 3% des molécules qu'ils rencontrent lorsque le Soleil est sur le point de se coucher, et la différence de diffusion est en proportion. Cela explique l'énorme différence d'énergie lumineuse perçue, et qu'on puisse regarder le Soleil couchant à l'œil nu.
pages_pythagore/exo-pythagore.html
On a comme précédemment :
Soit
On a une équation de second degré :
dont le discriminant est :
et les solutions :
Seule la solution positive représente une distance :
L'approximation en sécante diverge près de l'horizon, où elle ne représente plus une solution physique.
Pour convertir les masses d'air en densité de colonne, il faut fixer une valeur pour la masse d'air 1. On prend naturellement l'échelle de hauteur fournie par la loi barométrique, ou dérivée d'une mesure de pression locale.
On voit que l'approximation par la sécante est très bonne jusqu'à des distances zénitales au-delà de 80° — les télescopes professionnels refusent de pointer si bas sur l'horizon.
Avec l'augmentation de la masse d'air, les rayons lumineux sont non seulement atténués, mais également déviés - on peut voir dans certaines conditions des objets situés sous l'horizon géométrique. L'intérêt de l'expression dérivée ci-dessus est donc limité, la correction optique de réfraction étant en pratique plus importante.
pages_pythagore/exo-vitesse-lumiere.html
Si la lumière se propage instantanément les événements sont observés à intervalles réguliers, qui ne dépendent que du mouvement de Io. Cet intervalle est simplement la période de révolution de Io autour de Jupiter (T ~ 42h 28 min).
Si la lumière se propage à vitesse finie, le premier événement est observé avec un décalage , le second avec . L'intervalle entre les observations est donc . Attention, en général les points D, L et K ne sont pas alignés comme sur la figure, et .
On a considéré implicitement que tous les mouvements de révolution s'effectuent dans le même plan, ce qui n'est pas tout à fait vrai. Cette hypothèse conditionnera la précision du résultat sur l'estimation de c.
On appelle la distance Soleil-Jupiter mesurée en unités astronomiques, supposée constante. La distance Terre-Jupiter à l'opposition est alors ua.
Lors de la conjonction (lorsque les deux planètes sont éloignées au maximum) l'observation est impossible : le Soleil s'interpose devant Jupiter. La seconde observation s'effectue donc soit avant soit après la conjonction, lorsque l'écart angulaire entre Jupiter et le Soleil est suffisamment grand pour observer de nouveau les satellites (typiquement ~ 20°).
On donne la période sidérale de Jupiter, 4335,35 jours, bien connue à l'époque.
En 261 jours, la Terre s'est déplacée d'un angle
Jupiter s'est déplacée de
L'angle Jupiter-Soleil-Terre est donc à ce moment
La distance Soleil-Jupiter est de 5,2 unités astronomiques.
On considère le triangle JST. La loi des cosinus (ou théorème d'Al-Kashi) donne :
Soit
La différence de trajet est
On a donc
L'unité astronomique (distance Terre-Soleil) et la distance Jupiter-Soleil étaient les plus gros facteurs d'incertitude à l'époque. Römer semble avoir trouvé une valeur de (soit une erreur de 30%, mais un ordre de grandeur correct), et pensait surtout avoir démontré que la lumière se propage à vitesse finie.
Cette étude peut être considérée comme le premier exemple historique d'effet Doppler-Fizeau, c'est-à-dire la variation de période apparente d'un phénomène régulier avec le déplacement de l'observateur.