Le phénomène des marées est abordé dans le cadre très simplifié d'un modèle statique. Ce modèle, incapable de prédire l'heure et la hauteur d'une marée dans votre port préféré, est néanmoins en mesure de dévoiler le principe du phénomène.
Deux situations sont abordées :
Il est important de comprendre que le champ de marée est un champ différentiel, qui agit sur la structure d'un corps non ponctuel.
Pour en savoir plus : voir le site du SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine), qui propose par exemple un modèle de calcul de marée.
L'examen des horaires de marée montre une nette corrélation entre l'orbite de la Lune et la marée. Ceci apparaît sur la figure ci-jointe, qui montre comment évoluent les horaires des marées hautes et basses, en fonction des levers et couchers de la Lune. Le phasage précis des marées avec la Lune est complexe, comme le montre la suite.
Le coefficient de marée, qui sur une échelle relative de 20 à 120, mesure l'amplitude de la marée, apparaît également corrélé à la Lune, à ses phases en fait.
Dans l'approche statique, développée plus loin, on ne s'intéresse pas à la dynamique de l'écoulement des eaux océaniques, mais seulement au champ de force qui crée la marée.
L'approche statique met en évidence le rôle joué par la Lune sur le champ de marée, et explique la périodicité des marées (de l'ordre de 12h25min).
Si l'approche statique permet de comprendre le phénomène des marées, elle est notoirement insuffisante pour calculer la hauteur de marée en un lieu donné. Un tel calcul nécessite :
On définit usuellement des coefficients de marée, sur une échelle de 20 (marée minimale, dite de morte-eau, d'amplitude 1.22 m à Brest) à 120 (marée maximale, dite de vive-eau, d'amplitude 7.32 m à Brest). L'approche statique permet de comprendre que :
En revanche, le phasage entre les courbes de marée et la course lunaire n'est pas direct. Ce n'est pas étonnant : la mise en mouvement des masses océaniques n'est pas immédiate, et ces dernières ne peuvent pas suivre instantanément, c'est à dire sans déphasage, la phase de l'excitation. On peut aussi noter qu'à la résonance, un système excité n'est pas en phase avec l'excitateur, mais en quadrature.
Les plus fortes marées sont observées aux équinoxes. Deux raisons à cela :
Les phénomènes de marée ont été étudiés depuis l'Antiquité (en particulier par les Grecs et les Romains). Dès 350 avant notre ère, Aristote attribuait les marées à la Lune et au Soleil, ceux-ci attirant l'eau des mers. Pline l'Ancien énonce au 1er siècle dans son Histoire Naturelle : "Sur la nature des eaux, enfin, beaucoup a déjà été dit; mais cette avance et le retrait des flots sont les plus extraordinaires; cependant si ce phénomène offre beaucoup de variété, sa cause réside dans le Soleil et dans la Lune". Il observe les deux marées par jour : "Entre deux levers de la Lune, la mer monte deux fois et redescend deux fois dans chaque intervalle de 24 heures" puis il remarque que "Jamais les marées ne se reproduisent au même moment que le jour précédent, comme si elles haletaient par la faute de l'astre avide qui attire à lui les mers pour s'abreuver".
Il décrit également fort bien le décalage de temps entre les pleines mers et le passage au méridien de la Lune "les phénomènes célestes faisant toujours sentir leurs effets à la Terre avec du retard sur la vue, comme l'éclair, le tonnerre ou la foudre", il décrit la corrélation entre les marées de vives-eaux et les syzygies et entre les marées de mortes-eaux et les quadratures "Au moment de la conjonction, elles égalent les marées de pleine Lune".
Si les faits observationnels semblaient clairs, le mécanisme moteur des marée a dû attendre Newton pour commencer à être dévoilé. Auparavant, c'est plutôt le principe de sympathie qui prévaut : l'eau de la Lune (!) attire l'eau de la Terre.
Galilée propose un modèle en analogie avec un pendule. Descartes (1596 - 1650) apporte une explication cohérente, qui relie les astres par de la matière et les fait se déplacer par des tourbillons. La Lune comprime la matière du ciel, qui écrase l'eau.
La gravitation universelle de Newton permet d'obtenir les bases de la théorie des marées terrestres : les marées sont dues à la différence d'attraction du champ gravitationnel de la Lune entre deux points du globe terrestre.
En ayant remarqué qu'une flaque d'eau ne subit pas de marée, serait-elle aussi grande que le Lac Léman, on s'intéressera à la marée à l'échelle planétaire, en allant jusqu'à supposer la présence d'un océan global couvrant uniformément toute la Terre. Une description plus précise des marées en un lieu donné du globe nécessite un cadre plus précis. Selon le lieu, les phénomènes de marée peuvent présenter des aspects fort différents, non abordés dans ce cours : la topographie des lieux, associée au phénomène de résonance, permet de comprendre les grandes marées rencontrées p.ex. dans la baie du Mont-Saint-Michel.
Du fait de sa masse, la Lune crée un champ gravitationnel dont l'intensité est d'autant plus faible que la distance à la Lune est grande. L'action de ce champ en chaque point de la Terre crée une force dirigée vers le centre de gravité de la Lune.
Pour comprendre l'action du champ gravitationnel de la Lune sur la Terre, on se place dans un référentiel quasi géocentrique, mais tournant avec la Lune.
Dans le référentiel terrestre, le centre de la Terre est au repos, les bourrelets de marée sont fixes, en permanence pointés vers la Lune. Sous ces bourrelets fixes, la Terre défile. Elle tourne en 24h50, soit la période synodique de la Lune. Autrement dit, dans le référentiel terrestre, on voit passer 2 marées hautes par 24h50.
Le champ de marée en un point du globe évolue en fonction de la phase de la Lune et de la rotation terrestre.
Dans un modèle dynamique, plus réaliste, il y a un décalage entre la position de la Lune et la marée.
Difficulté : ☆☆ Temps : 30 min
Le but de cet exercice est de calculer la période des marées sur Terre.
La période de révolution de la Lune autour de la Terre dépend du référentiel de l'observateur. C'est pourquoi on définit une période de révolution sidérale, et une période de révolution synodique, . La première, vue des étoiles, est la durée mise par la Lune pour faire un tour complet autour de la Terre (). La deuxième, vue de la Terre, est la durée entre deux pleines lunes.
La marée haute est en permanence dirigée vers la Lune.
D'où provient la différence entre les deux périodes ? Expliquez avec un schéma.
[2 points]
Connaissant , calculer .
[2 points]
Pourquoi est-il utile de connaître la période de rotation propre de la Terre vue depuis la Lune ? On appellera cette période.
[1 points]
Calculer .
[1 points]
Quelle est la périodicité des marées hautes?
[2 points]
Difficulté : ☆ Temps : 20 min
Le tableau ci-joint fournit les horaires et coefficients des marées sur 1 mois.
Déterminer à l'aide du graphe la période des marées.
[2 points]
Pourquoi certains jours n'y a-t-il qu'une seule marée haute ou qu'une seule marée basse ?
[2 points]
Les animations, dans le cadre d'une théorie statique de la marée et du modèle de l'océan global, montrent comment les bourrelets de la marée suivent la course de la Lune autour de la Terre.
L'approche statique suppose que les masses océaniques réagissent instantanément au champ de marée, ce qui n'est pas vrai, comme cela apparaît sur les prévisions. Les conditions géographiques locales entraînent un horaire des marées également local.
La Terre n'est pas un point, mais a une dimension finie. Or l'intensité du champ gravitationnel de la Lune varie comme l'inverse du carré de la distance à la Lune. Il en résulte une attraction différentielle qui déforme la Terre. On peut estimer la valeur du champ de marée dans le cadre du modèle de l'océan global. On démontre que le module de est de l'ordre de
Calcul du champ de marée. On estime la marée créée par la Lune en un point courant du globe terrestre, que l'on repère par rapport au centre de la Terre. On note la distance , et le rayon terrestre. La composante du champ de marée en représente la différence du champ lunaire entre les points et . Les calculs sont menés au 1er ordre par rapport au petit terme (car ) :
On estime alors le terme de l'équation précédente, en injectant la relation de Chasles , et toujours au premier ordre en :
On trouve alors pour le champ de marée , en introduisant les vecteurs unitaires et tels que et :
On peut comparer les modules des champs de marée et gravitationnel :
Il ressort de cette analyse que l'effet de marée :
Difficulté : ☆☆ Temps : 30 min
On exprime l'ordre de grandeur du module du champ de marée de la Lune sur la Terre de la façon suivante :
avec le rayon de la Terre, , la distance Terre-Lune (), et la masse de la Lune.
Dans le modèle de l'océan global, caractérisé par une distance mesurant l'étendue d'eau, la hauteur de la marée est de l'ordre de 1 m.
En supposant que est, comme le champ de marée, une fonction linéaire de , estimer la hauteur de marée dans les cas suivants :
En déduire pourquoi il n'y a pas de marée dans une flaque d'eau, ni même dans un grand lac.
[2 points]
On souhaite retrouver l'expression du champ de marée de la Lune sur la Terre.
[3 points]
Le Soleil, la Terre et la Lune sont en quadrature quand les axes Lune-Terre et Terre-Soleil sont perpendiculaires. Les effets conjugués de la Lune et du Soleil s'opposent.
Le Soleil, la Terre et la Lune, en conjonction, sont alignés. Les champs de marée de la Lune et du Soleil s'ajoutent.
Dans les 2 cas, la marée due à la Lune reste plus forte que celle due au Soleil (voir exercice ci-dessous).
Il faut aussi garder en tête le décalage entre la position de la Lune et la marée dû aux forces de frottement dans la planète et les océans en particulier.
On a pu remarquer que les champs de marée sont proportionnelles à la masse de l'astre perturbateur d'une part, et inversement proportionnelles au cube de la distance avec l'astre perturbateur.
Il s'ensuit que la Terre est soumise principalement au champ gravitationnel de la Lune. Bien que plus massif, le Soleil a une influence moindre sur les eaux de nos océans!
Toutefois, le Soleil n'a pas une influence nulle sur les marées. Pour certaines configurations, les champs de marée du Soleil et de la Lune s'ajoutent (marées de vive-eau), et pour d'autres, se retranchent (marées de morte-eau).
Le champ de marée en un point du globe évolue en fonction de la phase de la Lune et de la rotation terrestre.
Difficulté : ☆ Temps : 15 min
On se propose de calculer l'influence relative du Soleil sur les marées par rapport à celle de la Lune.
Exprimer les valeurs des champs de marées de la Lune sur la Terre et du Soleil sur la Terre
[1 points]
Ecrire, puis calculer le rapport des champs. Pour les applications numériques, on prendra les valeurs du tableau ci-joint :
Objet | masse (kg) | distance (km) |
---|---|---|
la Terre | ||
Lune | ||
Soleil |
[1 points]
pages_maree-terrestre/lune-maree-sexercer.html
Lien vers la page sur les périodes sidérale et synodique .
La Lune tourne autour de la Terre en 27.3 jours. Mais la Terre tourne autour du Soleil, donc il faut à la Lune un peu plus de temps pour finir une période apparente.
Jeter un coup d'oeil à la page concernant les changements de référentiel
Le changement de référentiel donne, pour la composition des vitesses angulaires :
donc
Le changement de référentiel donne :
On en déduit :
est la durée mise par la Terre pour faire un tour sur elle-même pour un observateur placé sur la Lune.
Cela permet de prévoir l'heure des marées.
Procéder comme pour le calcul de .
Composition des vitesses angulaires :
De la même façon que l'on a calculé :
soit .
Il y a 2 marées hautes par jour, et donc on observe une marée haute toutes les 12h 25min.
pages_maree-terrestre/approche-statique-sexercer.html
Il s'agit d'une règle de trois.
Lieux | dimension caractéristique (km) | hauteur de la marée (m) |
---|---|---|
océan global | 6400 | 1 |
mer | 640 | 0,1 |
lac | 64 | 0,01 |
flaque d'eau |
Dans une flaque d'eau, l'ordre de grandeur du phénomène de marée serait du dixième de micromètre. Il n'est pas pertinent de parler de marée dans ce cas, même pour un grand lac.
Le champ gravitationnel en un point éloigné de vaut .
L'un des points ou a intérêt à être confondu avec le centre de la Terre.
Expression du champ gravitationnel de la Lune au point (centre de laTerre) :
Expression du champ gravitationnel de la Lune au point , côté opposé à la Lune. En ce point, , et :
Le module du champ de marée est alors:
pages_maree-terrestre/soleil-maree-sexercer.html
Se référer au cours, qui montre que l'effet de marée est un effet différentiel.
Avec le notation que l'on identifie sans problème, le champ de marée de la Lune sur la Terre s'écrit : .
Et celui du Soleil sur la Terre : .
Simple application numérique de la question précédente.
Pour la marée, la Lune a une influence plus de deux fois supérieure à celle du Soleil.