Les outils mathématiques en astronomie


Introduction

On trouvera dans cette section quelques rappels essentiels de Physique:

On pourra reconstruire et caractériser l'orbite de la planète de la planète Mars, en utilisant les données d'observation historiques de Tycho Brahé, ou s'intéresser au phénomène de précession du périastre.

Ces deux applications permettent de se familiariser avec l'importance des approximations en astronomie ou en physique en général.

A l'aide de développements, on pourra s'intéresser à la description épicyclique du mouvement keplerien ou à la notion de sphère d'influence.


Importance des approximations

Auteur: S. Renner

L'orbite de la planète Mars

Auteur: S. Renner

Date de création: 17 février 2009

L'objectif de cet exercice est d'établir les caractéristiques de l'orbite de la planète Mars, en utilisant les données d'observation de Tycho Brahé, celles-là mêmes qui furent utilisées par Kepler.

On suppose que les mouvements des planètes s'effectuent dans le même plan, qui est celui de l'écliptique. La position des planètes est alors repérée par une coordonnée, la longitude écliptique. On choisit pour origine des longitudes la direction du point vernal (noté \gamma). La tableau ci-dessous rassemble les données concernant 5 couples d'observations de Mars, effectuées par Tycho Brahé. On y indique la longitude écliptique géocentrique du Soleil, notée l_S (c'est-à-dire l'angle, mesurée depuis la Terre, entre la direction du Soleil et celle du point vernal), et la longitude écliptique géocentrique de Mars, notée l_M (angle vu de la Terre entre la direction de Mars et celle du point vernal).

DATE {\bf l_S} {\bf l_M}
1a 17/02/1585 339°23' 135°12'
1b 05/01/1587 295°21' 182°08'
2a 19/09/1591 185°47' 284°18'
2b 06/08/1593 143°26' 346°56'
3a 07/12/1593 265°53' 3°04'
3b 25/10/1595 221°42' 49°42'
4a 28/03/1587 16°50' 168°12'
4b 12/02/1589 333°42' 218°48'
5a 10/03/1585 359°41' 131°48'
5b 26/01/1587 316°06' 184°42'

Ex: L'orbite de la planète Mars

Auteur: S. Renner

exerciceOrbite de Mars

Difficulté :    Temps : 2h30

Question 1)

L'observation de Mars en opposition a fourni la période qui sépare ces oppositions, ou période synodique notée T_{syn}. Cette période est égale à 780 jours.

En déduire la valeur de la période sidérale de mars, que l'on notera T_M.

Question 2)

Calculer la durée qui sépare les 2 dates successives de chaque couple d'observations. Quelle conclusion peut-on en tirer?

Question 3)

Trouver la relation entre la longitude écliptique héliocentrique de la Terre L_T (angle entre la direction de la Terre et celle du point vernal mesurée depuis le Soleil) et la longitude géocentrique du Soleil l_S. Calculer L_T pour chacune des dates du tableau.

Question 4)

Représenter sur une feuille de papier millimétré l'orbite de la Terre par un cercle de centre S (Soleil) et de rayon égal à 5 cm. Choisir la direction du point vernal selon une des lignes du papier.

Pour chacun des 5 couples d'observations, construire:

  • la première position Ti de la Terre sur son orbite et la direction Tix de Mars telle qu'on l'observe depuis la Terre
  • la seconde position T'i de la Terre sur son orbite et la direction T'ix' de Mars

Montrer que le point Mi représentant Mars est à l'intersection des deux demi-droites Tix et T'ix'.

On déterminera ainsi les 5 positions de M1, M2, M3, M4 et M5 de Mars.

Question 5)

Vérifier que ces 5 points ne sont pas sur un cercle centré sur le Soleil.

Dans ce qui suit, on admet que l'orbite de Mars est une ellipse de faible excentricité, dont la forme ne diffère pas significativement de celle d'un cercle, mais dont le centre n'est pas le Soleil.

Pour déterminer le rayon de ce cercle, on partira d'une première approximation qui est la moyenne des 5 rayons SMi. On tracera le cercle ayant ce rayon sur une feuille de papier calque et on cherchera, par tâtonnement, à le faire passer au mieux parmi les 5 points Mi. Si le rayon du cercle est trop petit, la majorité des points se trouveront toujours à l'extérieur du cercle; inversement, s'il est trop grand, la majorité des points se trouveront toujours à l'intérieur. On modifiera donc le rayon de ce cercle, millimètre par millimètre, pour qu'il passe au mieux parmi les 5 points. Soit alors a la valeur du rayon de ce cercle.

Autre possibilité: connaissant la période sidérale de Mars, calculer son demi-grand axe en UA (unité astronomique, égale à la distance moyenne Terre-Soleil, soit 149 597 871 km). Tracer le cercle correspondant à cette orbite et estimer une erreur en mm sur les positions de Mars.

Question 6)

Mesurer la distance du centre C du cercle ainsi déterminé au point S (Soleil). En déduire l'excentricité de l'orbite e=CS/a.

Calculer la valeur du petit axe b de l'ellipse, et discuter la validité de l'approximation faite ici, qui a conduit à assimiler l'ellipse à un cercle de rayon a.

Question 7)

Sachant que l'excentricité de la Terre est 0.016, l'approximation de l'orbite de la Terre par un cercle centré sur le Soleil est-elle justifiée?

Question 8)

Quelle est la distance minimale de Mars à la Terre lors d'une opposition? A quelle date de l'année ces oppositions favorables se produisent-elles? Quelle est la distance maximale de Mars à la Terre lors d'une opposition? A quelle date de l'année ces oppositions défavorables se produisent-elles?

Question 9)

Afin de vérifier la loi des aires, mesurer l'aire balayée par le rayon-vecteur Soleil-Mars entre le 6 août et le 7 décembre 1593 et celle balayée entre le 26 janvier et le 28 mars 1587. En déduire la valeur moyenne de l'aire balayée par jour dans chacun des deux cas. On pourra, pour cela, compter les carreaux du papier.


Précession du périastre

Auteur: S. Renner

Date de création: 06 janvier 2011

L'objectif de cet exercice est de quantifier la précession du périastre d'un satellite en orbite autour d'un corps central légèrement aplati aux pôles.

Il est conseillé de s'intéresser au préalable à la résolution du problème à 2 corps.


Ex: Précession du périastre

Auteur: S. Renner

exercicePrécession du périastre

Difficulté :    Temps : 1h30

On considère le mouvement d'un satellite de masse $m$ par rapport à un corps central de masse  $M$ et de rayon $R$. On note $a$ le demi-grand axe du satellite, r sa distance au corps central, et $e$ son excentricité supposée faible (e<<1).

Sous l'effet de sa rotation, le corps central est légèrement aplati aux pôles. En conséquence, le potentiel gravitationnel pour un satellite évoluant dans le plan équatorial est donné par : $$\displaystyle V(r)= - \frac{G M}{r} \Big{(} 1 + \alpha \frac{R^2}{r^2}  \Big{)},$$\alpha est une constante <<1 qui caractérise l'applatissement. On peut montrer qu'alors l'équation du mouvement du satellite s'écrit: $$\displaystyle \frac{d^2}{d\theta^2} \Big{(} \frac{1}{r} \Big{)} + \frac{1}{r} = \frac{GM}{C^2} + \frac{3 \alpha GM R^2}{C^2 r^2} \equiv K_1 + \frac{K_2}{r^2},$$\theta est la position angulaire du satellite sur sa trajectoire (anomalie vraie), et C=r^2 \dot{\theta} le moment cinétique.

Question 1)

Comparer K_1 et \frac{K_2}{r^2}, et en déduire que la trajectoire du satellite est peu modifiée sous l'effet de l'applatissement du corps central, par rapport au problème à 2 corps classique.

Question 2)

Montrer que la solution de l'équation du mouvement peut s'écrire: $$\displaystyle r = \frac{q}{1+e \cos (1+ \epsilon) \theta},$$ avec \epsilon <<1, et exprimer q et \epsilon en fonction de $a$, $e$, $R$ et \alpha.

Question 3)

Quelle est alors l'allure de la trajectoire? Exprimer l'avance \Delta \theta du périastre de la trajectoire, c'est-à-dire l'angle dont les axes de l'ellipse ont tourné après une révolution du satellite.

Question 4)

Déterminer:

a) l'avance du périgée d'un satellite artificiel d'altitude h=1000 km autour de la Terre ($R= 6378$ km, \alpha=542 \times 10^{-6}).

b) l'avance du périastre du satellite Pan (a=133583 km et période orbitale  T=0.575 jours) autour de Saturne (R=60268 km, \alpha=8149 \times 10^{-6}).

c) l'avance du périhélie de Mercure (a=0.387 UA \simeq 58 \times 10^{6} km, T \simeq 88 jours) autour du Soleil (R=696000 km, \alpha = 10^{-5}). La précession observée du périhélie de Mercure s'élève en fait à 43''/siècle. Commenter.


Dimensions et unités

Auteur: Stéphane Erard

Dimensions et unités physiques

Les formules mathématiques utilisées en Astronomie définissent des relations entre grandeurs physiques. Ces grandeurs ont une dimension physique, et sont mesurées dans une certaine unité.

La dimension est inhérente à une grandeur physique, sa valeur est fonction de l'unité utilisée. On distingue sept types de grandeurs physiques, ou dimensions, indépendantes. Toute quantité physique peut s'exprimer comme combinaison de ces grandeurs de base.

Le système officiel en vigueur est le SI (Système International d'unités) ou MKSA, qui définit les unités de mesure des sept grandeurs indépendantes (voir par exemple la définition de la seconde). Différents systèmes d'unités ont été utilisés au cours de l'histoire, et d'autres systèmes sont en usage dans des domaines particuliers. En Astronomie, on utilise couramment des unités en rapport avec les phénomènes étudiés, par exemple l'unité astronomique, l'année-lumière, le parsec, ou le décalage vers le rouge pour les distances.

Table 1
Grandeur de base Dimension Unité S. I. Symbole S. I.
Longueur L mètre m
Masse M kilogramme kg
Temps T seconde s
Intensité de courant I Ampère A
Température Θ Kelvin K
Quantité de matière N mole mol
Intensité lumineuse J candela cd

Deux autres grandeurs sont utilisées en complément de celles-ci. Elles sont dépourvues de dimension physique (elles peuvent être comprises comme des rapports de longueurs ou de surfaces), mais peuvent s'exprimer dans différentes échelles. En pratique, on préfère l'échelle qui n'introduit pas de coefficient dans les fonctions trigonométriques (en radians, par opposition aux degrés pour les angles plats).

Table 2
Grandeur dérivée Dimension Unité S. I. Symbole S. I.
Angle plan 1 radian rad
Angle solide 1 stéradian sr

Ecrire une équation aux dimensions consiste à remplacer dans une formule les grandeurs par leurs dimensions et à négliger les coefficients de proportionnalité.

exempleExemple

La définition de la vitesse donne la dimension physique de cette grandeur :

v= \frac{dx}{dt}

L'équation aux dimensions est :

[V] = LT^{-1}

et la vitesse se mesure en m/s dans le Système International.


Equation aux dimensions

On peut toujours multiplier ou diviser des grandeurs quelconques entre elles, mais on ne peut additionner que des grandeurs physiques de même dimension — l'inverse reviendrait littéralement à additionner les torchons et les serviettes.

Les équations ou formules doivent donc être homogènes : chaque membre (et chaque terme) d'une équation doit avoir la même dimension physique. La vérification de l'homogénéité d'une formule ou d'un résultat de calcul doit être un réflexe en physique : c'est un moyen efficace pour éliminer les erreurs de calcul, et éviter les non-sens.

exempleExemple

Le principe fondamental de la dynamique donne la dimension physique de la force :

f = m \frac{d^2r}{dt^2}

L'équation aux dimensions est :

[F]= MLT^{-2}

et l'unité SI de la force est le kg\;m\;s^{-2} (couramment appelée Newton).

Les constantes qui apparaissent dans les lois physiques ont également une dimension. On peut dériver celle-ci en posant l'équation aux dimensions. La valeur numérique dépend encore une fois du système d'unités utilisé.

exempleExemple

L'attraction universelle (loi de Newton) s'écrit :

F= \frac{Gmm'}{r^2}

où G est la constante de gravitation. La dimension de G est donc

[G]= [F]L^2M^{-2}=L^3T^{-2}M^{-1}

La valeur numérique doit se mesurer expérimentalement, et dépend du système d'unités adopté.

Les fonctions mathématiques n'acceptent que des arguments sans dimension, ou dédimensionalisés. En pratique, ce sont des nombres purs ou des rapports de quantités de même grandeur.

exempleExemple

L'équation de Boltzmann donne la population d'un niveau d'énergie atomique ou moléculaire en fonction de la température :

N_i \propto e^{- \frac{E_i}{kT}}

La quantité kT est donc homogène à une énergie.

On peut en déduire la dimension physique de la constante de Boltzmann k :

Les équations aux dimensions permettent également de dériver les ordres de grandeur de phénomènes physiques, éventuellement en utilisant des modèles dérivés d'hypothèses simples.

exempleExemple

L'équation barométrique dérive d'un modèle basique d'atmosphère isotherme. Elle donne la pression P en fonction de l'altitude z sous ces hypothèses très simplifiées :

P(z) = P_0\; e^{-\frac{Mgz}{RT}}

P_0 est la pression au sol, M la masse molaire moyenne, R la constante des gaz parfaits, g l'accélération de la pesanteur, et T la température (supposée constante) de l'atmosphère.

La quantité h = RT/Mg est donc homogène à une distance — c'est l'altitude à laquelle la pression est réduite d'un facteur 2,7 dans ce modèle. Elle est appelée échelle de hauteur, et donne une estimation de l'épaisseur de la basse atmosphère des planètes.

On peut l'évaluer dans la troposphère terrestre :

M \sim 28 \ 10^{-3} kg \,  mol^{-1} (masse molaire de l'azote, principal constituant)

T ~ 280 K (température au sol)

g \simeq 10\; ms^{-2}

R \simeq 8\; JK^{-1}mol^{-1}

Ce qui donne pour l'échelle de hauteur h ~ 8 km.

De façon similaire, chaque grandeur possède une dimension tensorielle : scalaire, vecteur, ou tenseur d'ordre supérieur. La dimension tensorielle se préserve de la même façon que la dimension physique (chaque terme d'une équation doit avoir la même dimension tensorielle).

exempleExemple

Le principe fondamental de la dynamique peut s'écrire de manière vectorielle, et donne la direction de la force :

\vec{f} = m \frac{d^2\vec{r}}{dt^2}

On peut aussi l'écrire de manière scalaire en utilisant les normes :

f = m \frac{d^2r}{dt^2}

Les tenseurs d'ordre 2 sont utilisés pour décrire des quantités qui en chaque endroit dépendent aussi de la direction. Des exemples de tenseurs d'ordre 2 sont donnés par le tenseur métrique de la relativité générale, ou par les tenseurs de contrainte et de déformation en mécanique des milieux continus.


En savoir plus: Analyse dimensionnelle

L'analyse des dimensions d'un problème complexe permet de prédire la forme d'une loi physique, dans le cas fréquent où elle s'exprime comme produit des grandeurs qui interviennent.

Théorème de Vaschy-Buckingham

Si une loi physique s'écrit comme une relation entre n grandeurs indépendantes ayant k dimensions physiques indépendantes : \Psi(a_1;a_2;\dots;a_n) = 0

on peut l'exprimer comme une relation entre (n-k) nombres sans dimensions : \Phi(C_1;C_2;\dots;C_{n-k}) = 0

ceux-ci étant des produits de puissances des grandeurs de départ : C_i = \prod a_j^{\alpha_j}

En particulier, si (n-k) = 2 on peut toujours écrire C_1 = f(C_2)


Ex: analyse dimensionnelle

exerciceEx: analyse dimensionnelle

Difficulté :    Temps : 20 min

Question 1)

On étudie les oscillations d'un pendule à l'aide d'une simple analyse dimensionnelle. Enumérer les paramètres physiques qui interviennent dans ce problème.

Question 2)

Combien de grandeurs et de dimensions indépendantes interviennent dans le problème ? Combien de nombres sans dimension peut-on construire avec celles-ci ?

Question 3)

Dériver ces nombres sans dimension.

Question 4)

Ecrire une relation décrivant le problème. Commenter.


Obtention pragmatique de développements

Auteurs: Alain Vienne, S. Renner

Séries du problème des 2-corps

Auteur: Alain Vienne

Souvent, lorsque l'on considère le problème des 2 corps et quand l'excentricité e de l'orbite est petite, on a besoin de l'approximation suivante:

V=M+2e \sin M + \frac{5}{4}e^2 \sin 2M  +O (e^3)

\frac{r}{a}=(1+\frac{e^2}{2})-e\cos M - \frac{e^2}{2} \cos 2M  +O (e^3)

r et V sont les coordonnées polaires du corps, V étant compté à partir du péricentre (anomalie vraie). M est le temps ou plus précisément c'est l'anomalie moyenne M=\frac{2\pi}{T} (t-t_0) avec T la période, t le temps et t_0 l'instant de passage au péricentre. a et e sont respectivement le demi-grand axe et l'excentricité de l'orbite.

Dans l'exercice qui est proposé ci-après, on utilisera en plus des anomalies moyennes et vraies, l'anomalie excentrique. L'animation qui est donnée ici visualise leur évolution dans le cas d'une excentricité de 0,7.

Evolution des 3 anomalies (respectivement vraie, excentrique et moyenne)
figures/kepler.gif
Crédit : Astrophysique sur Mesure / Bessou

Si l'existence des développements ci-dessus est admise, l'astronome s'autrorise alors une démarche pragmatique pour les obtenir. Sa démarche n'a pas la rigueur du mathématicien. Dans le cas présenté ici, elle n'a pas non plus une grande efficacité si on souhaite "pousser" le développement plus loin en ordre.Elle a le seul avantage de pouvoir "se tirer d'affaire" dans le cas qui le préoccupe.

Dans l'exercice qui est proposé, on utilisera au besoin le développement de Taylor, l'intégration d'un développement, la substitution de développements.

complementExercices reliés

Pour la recherche de la solution du problème des 2-corps, on peut voir cet exercice. Il y aussi celui qui utilse le théorème de Lagrange. D'autres exercices sur le problème de 2 corps existent sur ce site. On en trouvera, entre autres, sur l'équation de Kepler et son inversion, sur les solutions géométriques du problème de 2 corps, sur le problème de 2 corps perturbé et sur l'excentricité limite dans les développements du problème de 2 corps.


Ex : Séries du problème des 2-corps

Auteur: Alain Vienne

exercice Séries du problème des 2-corps

Difficulté : ☆☆   Temps : 1h

introductionIntroduction

Quand on intègre le problème des 2-corps, la loi des aires permet d'écrire:

M=(1-e^2)^{3/2} \int_0^V \frac{dv}{(1+e \cos v)^2}

Question 1)

On utilisant cette relation et en négligeant les termes d'ordre supérieur ou égal à 3 en excentricité, montrer que l'on a:

M=V-2e \sin V +\frac{3}{4}e^2 \sin 2V + O(e^3)

Question 2)

On sait que \frac{r}{a} = 1 - e \cos E et M=E-e\sin E (E est l'anomalie excentrique). En déduire le développement de \frac{r}{a} en puissance de e et en fonction de M (limité à l'ordre 2)

Question 3)

A partir du développement obtenu à la première question, déduire celui qui donne V en fonction de M (limité à l'ordre 2 en e).

remarqueRemarque

Dans cette dernière question, le calcul est fait "en crabe", il faut donc veiller à la discussion sur l'ordre en excentricité. Plus généralement, tous ces calculs supposent l'existence des développements recherchés. Cette supposition et l'unicité ont permis d'éviter de se soucier des conditions d'application des théorèmes utilisés.


Séries du problème des 2-corps (Lagrange)

Auteur: S. Renner

Date de création: 10 avril 2013

Dans le problème des 2 corps, lorsque l'excentricité e de l'orbite est petite, on peut écrire :

V=M+2e \sin M + \frac{5}{4}e^2 \sin 2M  +O (e^3),

V est l'angle entre la direction du péricentre et la position du corps sur son orbite (anomalie vraie), M est le temps ou plus précisément l'anomalie moyenne M=\frac{2\pi}{T} (t-t_0), avec T la période, t le temps et t_0 l'instant de passage au péricentre.

L'animation donnée ci-après montre l'évolution des anomalies vraie et moyenne (et excentrique) dans le cas d'une excentricité e=0.7.

Evolution des 3 anomalies (respectivement vraie, excentrique et moyenne)
figures/kepler.gif
Crédit : Astrophysique sur Mesure / Bessou

Dans l'exercice proposé, on établit le développement ci-dessus à l'aide du théorème d'inversion de Lagrange.


Ex : Séries du problème des 2-corps (Lagrange)

Auteur: S. Renner

exercice Séries du problème des 2-corps (Lagrange)

Difficulté : ☆☆   Temps : 1h

introductionIntroduction

Quand on intègre le problème des 2-corps, la loi des aires permet d'écrire:

M=(1-e^2)^{3/2} \int_0^V \frac{dv}{(1+e \cos v)^2}

Question 1)

On utilisant cette relation et en négligeant les termes d'ordre supérieur ou égal à 3 en excentricité, montrer que l'on a:

M=V-2e \sin V +\frac{3}{4}e^2 \sin 2V + O(e^3)

Question 2)

Utiliser le théorème d'inversion de Lagrange pour montrer que V=M+2e \sin M + \frac{5}{4}e^2 \sin 2M  +O (e^3).


Description épicyclique du mouvement keplerien

Auteur: S. Renner

Date de création: 3 février 2010

Souvent en dynamique du système solaire, l'excentricité est très faible, et il est donc utile de considérer des approximations au premier ordre en excentricité, en particulier pour des systèmes vus dans des repères tournants. Cette approche est par exemple intéressante pour décrire la dynamique des anneaux planétaires, ou les effets de l'aplatissement d'une planète sur les orbites de satellites.

On propose ici un exercice qui porte sur la description du mouvement keplerien par des épicycles : le mouvement elliptique d'une particule P autour d'un foyer F est vu dans un repère centré sur un point G (le centre guide) en orbite circulaire uniforme autour de F (de rayon a égal au demi-grand axe de la particule, et de vitesse angulaire égale au moyen mouvement n=2 \pi/T, où T est la période orbitale de P).

L'exercice est largement inspiré du livre Solar System Dynamics (C.D. Murray & S.F. Dermott, 1999).


Ex: Description épicyclique du mouvement keplerien

Auteur: S. Renner

exerciceDescription épicyclique du mouvement keplerien

Difficulté : ☆☆   Temps : 2h

introductionIntroduction

Dans le problème à deux corps, on considère le mouvement d'une particule P sur une ellipse de foyer F et de demi-grand axe a. On note n le moyen mouvement de la particule, et f son anomalie vraie.

Soit G un point fictif tournant autour du foyer F sur une orbite circulaire de rayon a égal au demi-grand axe de P, avec une vitesse angulaire égale au moyen mouvement n de la particule. On note M l'angle entre la ligne FG et la direction du péricentre de la particule (c'est donc l'anomalie moyenne de P et on a n = dM/dt).

remarqueRemarque

Les questions 5 à 8 correspondent exactement à la représentation de Ptolémée du mouvement du Soleil autour de la Terre : un mouvement circulaire de rayon R=a avec la Terre au foyer F, et uniforme par rapport à F' (appelé l'équant). Le modèle de Ptolémée était donc du premier ordre en excentricité, et le triomphe de Kepler fut d'élaborer une théorie à l'ordre 2.

Question 1)

Ecrire les coordonnées x, y de P dans le repère orthonormé ($G$,{\bf \hat{x}},{\bf \hat{y}}) tel que {\bf \hat{x}}={\bf FG}/a.

Question 2)

A partir de la loi des aires, montrer que: \displaystyle dM= \frac{(1-e^2)^{3/2}}{(1+e \cos f)^2} df.

Question 3)

Ainsi en intégrant on obtient: \displaystyle M= (1-e^2)^{3/2} \int_0^{f} \frac{du}{(1+e \cos u)^2} . Montrer à l'aide de cette relation que \displaystyle f-M \simeq 2 e \sin M + O(e^2).

Question 4)

En déduire que par rapport à G, la particule P suit une orbite elliptique de demi-grand axe 2ae et de demi-petit axe ae. Dans quel sens s'effectue ce mouvement et avec quelle période?

Question 5)

Soit R la distance entre P et le centre O de l'ellipse. Montrer que \displaystyle R \simeq a (1 - \frac{1}{2}  e^2 \sin ^2 M).

Question 6)

Montrer qu'au premier ordre en excentricité, la trajectoire de P est alors un cercle centré sur O, et que l'angle \widehat{POF} est confondu avec l'anomalie excentrique E.

Question 7)

On note g l'angle \widehat{FF'P}, où F' est le second foyer (vide) de l'ellipse. Ecrire \cos g et en déduire que cos g \simeq \cos M + O(e^2). On rappelle que FP+F'P=2a, et on utilisera le développement: r/a \simeq 1 - e \cos M + (e^2/2)(1 \cos 2 M) (voir cet exercice).

Question 8)

Ainsi, le mouvement de la particule P, vu du foyer F', est uniforme avec une vitesse angulaire égale au moyen mouvement n. Que peut-on dire des droites F'P et FG?


Sphère d'influence

Auteur: S. Renner et A. Vienne

Date de création: 3 mars 2010

Nous allons définir la notion de sphère d'influence en s'intéressant au problème à trois corps Soleil + Jupiter + satellite, de masses respectives M>>m>>m' (qui constitue ce que l'on appelle un problème de Kepler perturbé).


Ex: Sphère d'influence

Auteurs: S. Renner, A. Vienne

exerciceSphère d'influence

Difficulté : ☆☆   Temps : 3h

introductionIntroduction

On considère le système gravitationnel formé du Soleil $S$ de masse M_\odot \equiv 1, de Jupiter J de masse $m$ petite devant 1 (m=1/1047) et d'un troisième corps A de masse m_{A} petite devant $m$ (par exemple un astéroïde ou une sonde spatiale). On note K la constante de gravitation universelle, \overrightarrow{r}=\overrightarrow{SJ}, \overrightarrow{p}=\overrightarrow{SA}, et \overrightarrow{\Delta}=\overrightarrow{p}-\overrightarrow{r}.

Question 1)

Ecrire les équations du mouvement héliocentrique de J (c'est-à-dire de \overrightarrow{r}).

Question 2)

Quelle est la nature du mouvement de J si la quantité m_{A} est négligeable?

Question 3)

On suppose désormais que le mouvement de J est circulaire (c'est-à-dire que m_A est négligeable et que r est constant). Montrer que l'équation du mouvement héliocentrique de A (c'est-à-dire de \overrightarrow{p}) est \frac{d^{2}\overrightarrow{p}}{dt^{2}}=\overrightarrow{A_{0}} + \overrightarrow{A_{1}}  \textrm{, avec }  \overrightarrow{A_{0}}=-K\frac{\overrightarrow{p}}{p^{3}} \textrm{ et }  \overrightarrow{A_{1}}=-Km \Big{(} \frac{\overrightarrow{\Delta}}{\Delta^{3}}+ \frac{\overrightarrow{r}}{r^3} \Big{)}.

Question 4)

Montrer que l'équation du mouvement jovicentique de A (c'est-à-dire de \overrightarrow{\Delta}) est \frac{d^{2}\overrightarrow{\Delta}}{dt^{2}}= \overrightarrow{B_{0}}+ \overrightarrow{B_{1}} \textrm{, avec } \overrightarrow{B_{0}}=-Km\frac{\overrightarrow{\Delta}} {\Delta^{3}} \textrm{ et } \overrightarrow{B_{1}}=-K \Big{(} \frac{\overrightarrow{p}}{p^{3}}-\frac{\overrightarrow{r}}{r^3} \Big{)}.

Question 5)

Dans la suite, on cherche à étudier la surface $(S)$ définie par \frac{\left\Vert \overrightarrow{A_{1}}\right\Vert } {\left\Vert \overrightarrow{A_{0}}\right\Vert } =\frac{\left\Vert \overrightarrow{B_{1}}\right\Vert } {\left\Vert \overrightarrow{B_{0}}\right\Vert }. On va voir notamment qu'elle a presque la forme d'une sphère, appelée sphère d'influence de Jupiter. Justifier cette appellation en expliquant ce qui se passe pour le mouvement de A lorsque celui-ci est respectivement très à l'intérieur ou très à l'extérieur de cette sphère.

Question 6)

On pose \displaystyle u=\frac{\Delta}{r} et \varphi=\textrm{angle}(\overrightarrow{JS},\overrightarrow{JA}). Montrer que l'on a A_{1}=\frac{Km}{\Delta^{2}}\sqrt{1-2u^{2}\cos\varphi+u^{4}}.

Question 7)

Montrer que l'on a B_{1}=\frac{K}{r^{2}}\sqrt{1+\Big{(}\frac{r}{p}\Big{)}^{4}-2\Big{(} \frac{r}{p}\Big{)}^{3} \frac{\overrightarrow{p}.\overrightarrow{r}}{r^{2}}} .

Question 8)

En exprimant \displaystyle \Big{(} \frac{p}{r} \Big{)}^{2} et \displaystyle  \frac{\overrightarrow{p}.\overrightarrow{r}}{r^{2}} en fonction de \varphi et u, montrer que B_{1}=\frac{K}{r^{2}}\frac{\sqrt{1+(1-2u\cos\varphi+u^{2})^{2} -2(1-u\cos\varphi)\sqrt{1-2u\cos\varphi+u^{2}}}}{1-2u\cos\varphi+u^{2}}.

Question 9)

En déduire que l'équation de la surface (S) peut s'écrire m^{2}=f(u,\varphi), et donner l'expression de f(u,\varphi).

Question 10)

Puisque m est petit devant 1, on peut considérer que, sur la surface (S), u est également petit. Montrer que le développement de f(u,\varphi) suivant les puissances de u, limité à son terme de plus bas degré vaut \displaystyle u^{5}\sqrt{1+3\cos^2\varphi}. Justifier alors le mot sphère dans l'expression sphère d'influence qui désigne la surface (S).

Question 11)

Calculer le rayon de la sphère d'influence de Jupiter sachant que $r=5.2$ UA.


Réponses aux exercices

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Exercice 'Orbite de Mars'


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Exercice 'Précession du périastre'


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Exercice 'Ex: analyse dimensionnelle'


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Exercice ' Séries du problème des 2-corps'


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Exercice ' Séries du problème des 2-corps (Lagrange)'


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Exercice 'Description épicyclique du mouvement keplerien'


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Exercice 'Sphère d'influence'