Les pages précédentes ont essentiellement traité du problème à 2 corps, lorsque l'on peut s'intéresser à 2 objets en interaction gravitationnelle et négliger d'une part tout le reste de l'Univers, d'autre part la structure interne de ces objets en les considérant comme 2 points matériels.
Ce sous-chapitre présente différents cas où les hypothèses précédentes ne peuvent plus s'appliquer.
Le phénomène des marées est abordé dans le cadre très simplifié d'un modèle statique. Ce modèle, incapable de prédire l'heure et la hauteur d'une marée dans votre port préféré, est néanmoins en mesure de dévoiler le principe du phénomène.
Deux situations sont abordées :
Il est important de comprendre que le champ de marée est un champ différentiel, qui agit sur la structure d'un corps non ponctuel.
Pour en savoir plus : voir le site du SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine), qui propose par exemple un modèle de calcul de marée.
L'examen des horaires de marée montre une nette corrélation entre l'orbite de la Lune et la marée. Ceci apparaît sur la figure ci-jointe, qui montre comment évoluent les horaires des marées hautes et basses, en fonction des levers et couchers de la Lune. Le phasage précis des marées avec la Lune est complexe, comme le montre la suite.
Le coefficient de marée, qui sur une échelle relative de 20 à 120, mesure l'amplitude de la marée, apparaît également corrélé à la Lune, à ses phases en fait.
Dans l'approche statique, développée plus loin, on ne s'intéresse pas à la dynamique de l'écoulement des eaux océaniques, mais seulement au champ de force qui crée la marée.
L'approche statique met en évidence le rôle joué par la Lune sur le champ de marée, et explique la périodicité des marées (de l'ordre de 12h25min).
Si l'approche statique permet de comprendre le phénomène des marées, elle est notoirement insuffisante pour calculer la hauteur de marée en un lieu donné. Un tel calcul nécessite :
On définit usuellement des coefficients de marée, sur une échelle de 20 (marée minimale, dite de morte-eau, d'amplitude 1.22 m à Brest) à 120 (marée maximale, dite de vive-eau, d'amplitude 7.32 m à Brest). L'approche statique permet de comprendre que :
En revanche, le phasage entre les courbes de marée et la course lunaire n'est pas direct. Ce n'est pas étonnant : la mise en mouvement des masses océaniques n'est pas immédiate, et ces dernières ne peuvent pas suivre instantanément, c'est à dire sans déphasage, la phase de l'excitation. On peut aussi noter qu'à la résonance, un système excité n'est pas en phase avec l'excitateur, mais en quadrature.
Les plus fortes marées sont observées aux équinoxes. Deux raisons à cela :
Les phénomènes de marée ont été étudiés depuis l'Antiquité (en particulier par les Grecs et les Romains). Dès 350 avant notre ère, Aristote attribuait les marées à la Lune et au Soleil, ceux-ci attirant l'eau des mers. Pline l'Ancien énonce au 1er siècle dans son Histoire Naturelle : "Sur la nature des eaux, enfin, beaucoup a déjà été dit; mais cette avance et le retrait des flots sont les plus extraordinaires; cependant si ce phénomène offre beaucoup de variété, sa cause réside dans le Soleil et dans la Lune". Il observe les deux marées par jour : "Entre deux levers de la Lune, la mer monte deux fois et redescend deux fois dans chaque intervalle de 24 heures" puis il remarque que "Jamais les marées ne se reproduisent au même moment que le jour précédent, comme si elles haletaient par la faute de l'astre avide qui attire à lui les mers pour s'abreuver".
Il décrit également fort bien le décalage de temps entre les pleines mers et le passage au méridien de la Lune "les phénomènes célestes faisant toujours sentir leurs effets à la Terre avec du retard sur la vue, comme l'éclair, le tonnerre ou la foudre", il décrit la corrélation entre les marées de vives-eaux et les syzygies et entre les marées de mortes-eaux et les quadratures "Au moment de la conjonction, elles égalent les marées de pleine Lune".
Si les faits observationnels semblaient clairs, le mécanisme moteur des marée a dû attendre Newton pour commencer à être dévoilé. Auparavant, c'est plutôt le principe de sympathie qui prévaut : l'eau de la Lune (!) attire l'eau de la Terre.
Galilée propose un modèle en analogie avec un pendule. Descartes (1596 - 1650) apporte une explication cohérente, qui relie les astres par de la matière et les fait se déplacer par des tourbillons. La Lune comprime la matière du ciel, qui écrase l'eau.
La gravitation universelle de Newton permet d'obtenir les bases de la théorie des marées terrestres : les marées sont dues à la différence d'attraction du champ gravitationnel de la Lune entre deux points du globe terrestre.
En ayant remarqué qu'une flaque d'eau ne subit pas de marée, serait-elle aussi grande que le Lac Léman, on s'intéressera à la marée à l'échelle planétaire, en allant jusqu'à supposer la présence d'un océan global couvrant uniformément toute la Terre. Une description plus précise des marées en un lieu donné du globe nécessite un cadre plus précis. Selon le lieu, les phénomènes de marée peuvent présenter des aspects fort différents, non abordés dans ce cours : la topographie des lieux, associée au phénomène de résonance, permet de comprendre les grandes marées rencontrées p.ex. dans la baie du Mont-Saint-Michel.
Du fait de sa masse, la Lune crée un champ gravitationnel dont l'intensité est d'autant plus faible que la distance à la Lune est grande. L'action de ce champ en chaque point de la Terre crée une force dirigée vers le centre de gravité de la Lune.
Pour comprendre l'action du champ gravitationnel de la Lune sur la Terre, on se place dans un référentiel quasi géocentrique, mais tournant avec la Lune.
Dans le référentiel terrestre, le centre de la Terre est au repos, les bourrelets de marée sont fixes, en permanence pointés vers la Lune. Sous ces bourrelets fixes, la Terre défile. Elle tourne en 24h50, soit la période synodique de la Lune. Autrement dit, dans le référentiel terrestre, on voit passer 2 marées hautes par 24h50.
Le champ de marée en un point du globe évolue en fonction de la phase de la Lune et de la rotation terrestre.
Dans un modèle dynamique, plus réaliste, il y a un décalage entre la position de la Lune et la marée.
Difficulté : ☆☆ Temps : 30 min
Le but de cet exercice est de calculer la période des marées sur Terre.
La période de révolution de la Lune autour de la Terre dépend du référentiel de l'observateur. C'est pourquoi on définit une période de révolution sidérale, et une période de révolution synodique, . La première, vue des étoiles, est la durée mise par la Lune pour faire un tour complet autour de la Terre (). La deuxième, vue de la Terre, est la durée entre deux pleines lunes.
La marée haute est en permanence dirigée vers la Lune.
D'où provient la différence entre les deux périodes ? Expliquez avec un schéma.
[2 points]
Connaissant , calculer .
[2 points]
Pourquoi est-il utile de connaître la période de rotation propre de la Terre vue depuis la Lune ? On appellera cette période.
[1 points]
Calculer .
[1 points]
Quelle est la périodicité des marées hautes?
[2 points]
Difficulté : ☆ Temps : 20 min
Le tableau ci-joint fournit les horaires et coefficients des marées sur 1 mois.
Déterminer à l'aide du graphe la période des marées.
[2 points]
Pourquoi certains jours n'y a-t-il qu'une seule marée haute ou qu'une seule marée basse ?
[2 points]
Les animations, dans le cadre d'une théorie statique de la marée et du modèle de l'océan global, montrent comment les bourrelets de la marée suivent la course de la Lune autour de la Terre.
L'approche statique suppose que les masses océaniques réagissent instantanément au champ de marée, ce qui n'est pas vrai, comme cela apparaît sur les prévisions. Les conditions géographiques locales entraînent un horaire des marées également local.
La Terre n'est pas un point, mais a une dimension finie. Or l'intensité du champ gravitationnel de la Lune varie comme l'inverse du carré de la distance à la Lune. Il en résulte une attraction différentielle qui déforme la Terre. On peut estimer la valeur du champ de marée dans le cadre du modèle de l'océan global. On démontre que le module de est de l'ordre de
Calcul du champ de marée. On estime la marée créée par la Lune en un point courant du globe terrestre, que l'on repère par rapport au centre de la Terre. On note la distance , et le rayon terrestre. La composante du champ de marée en représente la différence du champ lunaire entre les points et . Les calculs sont menés au 1er ordre par rapport au petit terme (car ) :
On estime alors le terme de l'équation précédente, en injectant la relation de Chasles , et toujours au premier ordre en :
On trouve alors pour le champ de marée , en introduisant les vecteurs unitaires et tels que et :
On peut comparer les modules des champs de marée et gravitationnel :
Il ressort de cette analyse que l'effet de marée :
Difficulté : ☆☆ Temps : 30 min
On exprime l'ordre de grandeur du module du champ de marée de la Lune sur la Terre de la façon suivante :
avec le rayon de la Terre, , la distance Terre-Lune (), et la masse de la Lune.
Dans le modèle de l'océan global, caractérisé par une distance mesurant l'étendue d'eau, la hauteur de la marée est de l'ordre de 1 m.
En supposant que est, comme le champ de marée, une fonction linéaire de , estimer la hauteur de marée dans les cas suivants :
En déduire pourquoi il n'y a pas de marée dans une flaque d'eau, ni même dans un grand lac.
[2 points]
On souhaite retrouver l'expression du champ de marée de la Lune sur la Terre.
[3 points]
Le Soleil, la Terre et la Lune sont en quadrature quand les axes Lune-Terre et Terre-Soleil sont perpendiculaires. Les effets conjugués de la Lune et du Soleil s'opposent.
Le Soleil, la Terre et la Lune, en conjonction, sont alignés. Les champs de marée de la Lune et du Soleil s'ajoutent.
Dans les 2 cas, la marée due à la Lune reste plus forte que celle due au Soleil (voir exercice ci-dessous).
Il faut aussi garder en tête le décalage entre la position de la Lune et la marée dû aux forces de frottement dans la planète et les océans en particulier.
On a pu remarquer que les champs de marée sont proportionnelles à la masse de l'astre perturbateur d'une part, et inversement proportionnelles au cube de la distance avec l'astre perturbateur.
Il s'ensuit que la Terre est soumise principalement au champ gravitationnel de la Lune. Bien que plus massif, le Soleil a une influence moindre sur les eaux de nos océans!
Toutefois, le Soleil n'a pas une influence nulle sur les marées. Pour certaines configurations, les champs de marée du Soleil et de la Lune s'ajoutent (marées de vive-eau), et pour d'autres, se retranchent (marées de morte-eau).
Le champ de marée en un point du globe évolue en fonction de la phase de la Lune et de la rotation terrestre.
Difficulté : ☆ Temps : 15 min
On se propose de calculer l'influence relative du Soleil sur les marées par rapport à celle de la Lune.
Exprimer les valeurs des champs de marées de la Lune sur la Terre et du Soleil sur la Terre
[1 points]
Ecrire, puis calculer le rapport des champs. Pour les applications numériques, on prendra les valeurs du tableau ci-joint :
Objet | masse (kg) | distance (km) |
---|---|---|
la Terre | ||
Lune | ||
Soleil |
[1 points]
Un corps non ponctuel dans un champ gravitationnel va ressentir le gradient de ce champ. Proche de l'objet massif créant ce champ, ce gradient devient suffisamment grand pour écarteler tout objet étendu qui s'y aventure.
Cet effet, dit effet de marée, rend compte des anneaux planétaires, de la rupture d'objets cométaires...
Io, satellite de Jupiter, possède pratiquement les mêmes masse, diamètre et rayon orbital que la Lune. Sa surface est couverte de volcans (actifs et inactifs) et de lacs de lave. L'activité volcanique est telle que les dépôts volcaniques s'accumulent au rythme d'environ 1 mm d'épaisseur par année sur toute la surface d'Io. De tous les objets du système solaire, Io est celui dont la surface se renouvelle le plus rapidement.
Les volcans d'Io expulsent du gaz à plus de 1 km/s, 20 fois plus vite que ne le fait un volcan terrestre. Ce volcanisme d'Io puise sa source dans l'effet de marée. A cause de la proximité de Io et de la masse de la planète, Jupiter étant 318 fois plus massif que la Terre, les renflements de marée que subit le satellite ont une amplitude de plusieurs kilomètres.
Si, comme la Lune, Io a ses périodes de rotation et de révolution synchronisées, son mouvement est de plus fortement perturbé par 2 autres lunes de Jupiter, Europe et Ganymède, avec lesquels son orbite est résonante.
Sous l'effet de l'attraction des autres satellites, Io est tantôt en avance, tantôt en retard par rapport à sa révolution moyenne, ce qui a pour effet de déplacer le bourrelet de marée, et conduit à une forte dissipation d'énergie : la variabilité et le déplacement des renflements de marée dégradent par friction suffisamment d'énergie pour faire fondre partiellement l'intérieur du satellite et engendrer ainsi une activité volcanique.
La Terre étant 81 fois plus massive que la Lune, l'effet de marée de la Terre sur la Lune est important : cette marée a synchronisé la rotation propre de la lune et sa révolution autour de la Terre. C'est pour cette raison que nous voyons toujours la même face de la Lune.
Sous l'action du champ de marée terrestre, la Lune a été déformée et le bourrelet de déformation est en moyenne aligné dans l'axe Terre-Lune.
Si la Lune ne tournait pas autour de la Terre de façon à présenter toujours la même face, ce bourrelet se déplacerait et créerait des frottements. La période de rotation propre de la Lune a diminué, et s'est ajustée à celle de révolution autour de la Terre, de telle façon que la Lune présente toujours la même face à la Terre. Ces frottements sont nuls lorsque le bourrelet ne se déplace plus.
Ce qui est vrai pour la Lune est aussi vrai pour la Terre : les effets de la marée lunaire continuent de freiner la rotation de la Terre. La journée s'allonge de 2 microsecondes par an.
A l'instar de la Lune, tous les gros satellites du système solaire présentent une rotation synchrone avec celle de leur planète.
Animation montrant la rotation synchrone. La lune présente ainsi toujours la même face à la Terre
Difficulté : ☆☆ Temps : 30 min
La sphère d'influence d'une planète de masse orbitant sur une orbite circulaire de rayon autour de son étoile de masse peut-être définie comme la zone à l'intérieur de laquelle un satellite reste piégé autour de la planète (à l'extérieur de cette sphère, le satellite est capturé en orbite autour de l'étoile). Pour déterminer le rayon de cette sphère, on cherche dans le référentiel tournant avec la planète la position d'équilibre entre les 2 corps et . On note cette position (1er point de Lagrange).
La distance de à la planète étant notée , déterminer les distances de à l'étoile et de au barycentre du système (planète-étoile) en fonction de et . On note cette dernière distance.
[2 points]
Montrer, en identifiant les différents termes, que la relation suivante définit l'état d'équilibre du satellite dans le référentiel barycentrique :
[3 points]
Développer cette relation en ne retenant que les termes d'ordre 0 ou 1 ( et ). En déduire que :
[3 points]
Application numérique :
Calculer pour la Terre () et comparer à la distance Terre-Lune (380 000 km). Calculer pour le Soleil qui orbite autour du centre galactique ( années de lumière, masse ), et comparer à la distance moyenne entre deux étoiles (distance Soleil-Proxima du Centaure = 4.2 AL), ainsi qu'à la distance du nuage de Oort (de l'ordre de ).
[2 points]
Toutes les planètes géantes ont à la fois des anneaux et des satellites. Les anneaux orbitent à proximité de la planète, accompagnés de tout petits satellites. Loin de la planète, il n'y a que des satellites (et des anneaux de poussière instables). La limite de Roche sépare ces 2 régions.
Le champ de marée brise les satellites qui s'aventurent à l'intérieur de cette limite. Elles empêchent aussi les anneaux de s'accréter en satellites.
En Juillet 1994, les fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 ont percuté Jupiter. Lors du précédent périjove, la comète SL9 s'était fragmentée sous l'effet du champ de marée.
La limite de Roche marque la distance minimale à la planète d'existence de gros satellites. Au delà, un satellite peut subsister ; en deçà, il est fragmenté en anneaux. Un exercice permet le calcul de cette limite dans une modélisation simple, illustrée par les schémas suivants :
Difficulté : ☆☆☆ Temps : 45 min
La limite de Roche d'une planète est la distance à partir de laquelle la force de marée sur un satellite est plus importante que les forces de cohésion du satellite. La force du raisonnement de Roche, que nous allons reprendre ici, repose sur l'hypothèse simplificatrice suivante : bien que le satellite naturel soit généralement de forme patatoïdale, on l'imagine constitué de deux sphères ( et ) de rayons , maintenues ensemble par interaction gravitationnelle. On notera cette force de cohésion .
Nous supposons donc qu'un satellite de masse peut être assimilé à deux sphères de masse et de rayon . Ce satellite orbite autour d'une planète de masse (), et de rayon . La distance entre les centres de masse de la planète et du satellite est notée , avec .
Objet | Masse (kg) | Rayon (m) | Masse volumique () |
Soleil | 1400 | ||
la Terre | 5450 | ||
Lune | 3500 | ||
Saturne | 630 | ||
Comète | 200 | ||
Satellites de Saturne | Distance (km) | Rayon (km) | Masse (kg) |
Mimas | 186 000 | 196 | |
Encelade | 238 000 | 260 | |
Téthys | 295 000 | 530 | |
Dioné | 377 000 | 560 | |
Les anneaux de Saturne | Rayon Interne (km) | Rayon Externe (km) | Largeur (km) |
Anneau D | 60 000 | 72 600 | 12600 |
Division Guerin | 72 600 | 73 800 | 1200 |
Anneau C | 73 800 | 91 800 | 18000 |
Division Maxwell | 91 800 | 92 300 | 500 |
Anneau B | 92 300 | 115 800 | 23500 |
Division Cassini | 115 800 | 120 600 | 4800 |
Montrer que la 3ème loi de Kepler appliquée au satellite peut s'écrire :
avec la pulsation du mouvement.
[2 points]
Énoncer les forces d'interaction gravitationnelle et exercées par l'astre massif sur et .
[1 points]
L'étude du mouvement dans le référentiel tournant introduit une accélération d'entraînement. La déterminer, et exprimer le terme d'inertie qui va s'ajouter dans l'écriture de l'équilibre des forces exprimé dans le référentiel tournant. Pour simplifier les calculs, on confond le barycentre du système planète-satellite avec le barycentre de la planète.
[2 points]
On note et les contributions totales (gravitationnelle et inertielle) sur et . Comment appelle-t-on la force , définie comme étant la différence de et ? La calculer.
[2 points]
Calculer la force de cohésion entre et . Estimer d'abord son origine.
[1 points]
Déterminer la limite de Roche , distance à laquelle les termes de cohésion et marée s'équilibrent. L'exprimer en fonction de et de , les masses volumiques respectives de la planète et du satellite.
[2 points]
Calculer la limite de Roche pour le cas du système Terre-Lune. Comparer la limite de Roche de la Terre à la distance Terre-Lune.
[1 points]
Même question pour Saturne et son satellite Mimas, on suppose que le satellite en formation dans ses anneaux a une masse volumique identique à celle de Saturne. Calculer la limite de Roche dans ce cas. La comparer aux rayons des anneaux et aux rayons des satellites de Saturne.
[2 points]
Même question pour Soleil visité par une comète à son périhélie. Comparer au périhélie de la comète de Halley (on supposera que l'expression de l'accélération d'entraînement trouvée dans le cas d'une orbite circulaire garde ici un ordre de grandeur convenable, même si elle ne peut plus s'appliquer a priori).
[1 points]
Les points de Lagrange : un cas particulier du problème à 3 corps, où l'un des 3 corps est de masse négligeable devant les 2 autres.
Dans le référentiel tournant avec les 2 corps massifs, le potentiel résultant de la combinaison des potentiels gravitationnels et rotationnel présente 3 extrema sur la droite contenant les 2 corps. L'un de ces maxima se situe entre les 2 corps, ce que l'on attend intuitivement.
Deux autres maxima se trouvent sur la droite reliant les 2 objets, mais de part et d'autre ...ce qui est plus surprenant. Ils proviennent en fait de la contribution au potentiel du référentiel tournant.
Dans le plan orbital, les équipotentielles du champ montrent 5 point d'équilibre.
Trois de ces points (L1, L2 et L3) sont des selles. L4 et L5 sont des maxima.
Détermination du champ gravitationnel au voisinage des points de Lagrange, pour le système Soleil-Terre.
Illustrer le problème à N-corps dans un cas particulier : 3 corps, dont 1 de masse négligeable devant les 2 autres. Dans ce cas, on ne considère que le champ gravitationnel des 2 corps massifs.
Le problème à 3-corps est insoluble analytiquement dans le cas général. L'astronome mathématicien Joseph-Louis Lagrange en a proposé une solution dans un cas particulier, où l'un des corps est de masse négligeable devant les 2 autres, et subit leurs champs gravitationnels.
Les 2 corps massifs sont supposés en orbite circulaire ; on note la vitesse angulaire de rotation. Le potentiel gravitationnel créé par ces 2 corps est étudié dans le référentiel tournant avec les 2 corps, supposés en orbite circulaire. Les notations sont définis ci-joint.
Le corps de masse négligeable subit le potentiel :
avec les masses respectives des 2 corps massifs, les distances du système aux 2 corps, la distance à leur barycentre, et la vitesse angulaire de rotation des 2 corps. Le dernier terme est introduit par le référentiel tournant.
En posant le rapport des masses , et en notant la plus forte des masses, on obtient :
en ayant introduit la 3e loi de Kepler pour les 2 corps massifs : .
Le gradient de potentiel s'annule en des points particuliers : les points de Lagrange. Leur étude peut être menée analytiquement, mais l'on se contente ici de constater les résultats.
Ces points se situent dans le plan orbital des 2 corps. Les points L1, L2 et L3 sont alignés avec les 2 corps, et L4 et L5 forment avec eux 2 triangles équilatéraux.
Il faut noter que les positions d'équilibre trouvées ne sont pas statiquement stables : ils correspondent en effet à des maximum de potentiel, ou des selles. C'est dynamiquement, avec l'appoint de la force de Coriolis (le référentiel est tournant !) que les points L4 et L5 deviennent stables... et sont occupés par des satellites naturels ou artificiels.
Les animations proposées parcourent les équipotentielles du potentiel dans le référentiel tournant associé au problème de Lagrange, pour différents rapports de masse : 1, 3, 10.
Le balayage des équipotentielles remonte des potentiels les plus négatifs, autour des 2 corps, vers les potentiels croissants. L'animation met en évidence les points de Lagrange, à la jonction de différentes nappes équipotentielles.
L'étude de la stabilité des points de Lagrange n'est pas simple. Il est bienvenu d'exprimer le lagrangien du système, et de faire une analyse par perturbation... ce qui est hors de la portée de ce cours.
Les figures ci-jointes, réalisées par des étudiants du Master professionnel Outils et Systèmes de l'Astronomie et de l'Espace lors d'un projet d'analyse numérique, dévoilent la complexité de l'analyse.
Les astéroïdes troyens sont sur la même orbite que Jupiter, soit en avance de sur Jupiter (point L4), soit en retard de (point L5).
Pour observer continûment le Soleil, le point L1 est idéal. Il tourne autour du Soleil avec la Terre, avec le Soleil en permanence d'un côté et la Terre au côté opposé. C'est donc en L1 qu'a été logiquement installée la sonde SOHO, dédiée à l'observation du Soleil.
En revanche, s'il s'agit d'observer l'Univers froid, mission du satellite Planck, c'est le point L2 qui est idéal. Il tourne avec la Terre, avec le Soleil et la Terre en permanence opposés à la direction de visée. C'est donc en L2 qu'est installé Planck, et que sera le télescope spatial JWST, successeur de Hubble.
L'étude de la stabilité dynamique autour de L4 ou L5 relève d'une approche numérique. Cette dernière montre que le rapport des deux masses doit être assez élevé (contraste plus grand que ) pour permettre la stabilité.
C'est la force de Coriolis, qui apparaît dans le référentiel tournant, qui stabilise les objets autour de L4 ou L5. Elle correspond à une accélération :
avec la vitesse angulaire de rotation, perpendiculaire au plan orbital des deux corps massifs, et la vitesse relative dans le référentiel tournant. Ce rôle stabilisateur est très brièvement illustré en exercice.
Comme L4 et L5 sont dynamiquement stables, on y trouve de nombreux objets.
Difficulté : ☆☆ Temps : 45 min
Représenter l'allure du potentiel gravitationnel local autour de L4 dans le référentiel tournant avec les 2 corps, sachant qu'il y présente un maximum.
Montrer que toute composante de vitesse s'éloignant radialement de L4 donne un terme de Coriolis conduisant à un mouvement de rotation autour de L4.
Montrer que toute composante de vitesse orthoradiale autour de L4 conduit à un terme de Coriolis radial. Déterminer le seul sens de rotation possible pour une orbite stable.
pages_maree-terrestre/lune-maree-sexercer.html
Lien vers la page sur les périodes sidérale et synodique .
La Lune tourne autour de la Terre en 27.3 jours. Mais la Terre tourne autour du Soleil, donc il faut à la Lune un peu plus de temps pour finir une période apparente.
Jeter un coup d'oeil à la page concernant les changements de référentiel
Le changement de référentiel donne, pour la composition des vitesses angulaires :
donc
Le changement de référentiel donne :
On en déduit :
est la durée mise par la Terre pour faire un tour sur elle-même pour un observateur placé sur la Lune.
Cela permet de prévoir l'heure des marées.
Procéder comme pour le calcul de .
Composition des vitesses angulaires :
De la même façon que l'on a calculé :
soit .
Il y a 2 marées hautes par jour, et donc on observe une marée haute toutes les 12h 25min.
pages_maree-terrestre/approche-statique-sexercer.html
Il s'agit d'une règle de trois.
Lieux | dimension caractéristique (km) | hauteur de la marée (m) |
---|---|---|
océan global | 6400 | 1 |
mer | 640 | 0,1 |
lac | 64 | 0,01 |
flaque d'eau |
Dans une flaque d'eau, l'ordre de grandeur du phénomène de marée serait du dixième de micromètre. Il n'est pas pertinent de parler de marée dans ce cas, même pour un grand lac.
Le champ gravitationnel en un point éloigné de vaut .
L'un des points ou a intérêt à être confondu avec le centre de la Terre.
Expression du champ gravitationnel de la Lune au point (centre de laTerre) :
Expression du champ gravitationnel de la Lune au point , côté opposé à la Lune. En ce point, , et :
Le module du champ de marée est alors:
pages_maree-terrestre/soleil-maree-sexercer.html
Se référer au cours, qui montre que l'effet de marée est un effet différentiel.
Avec le notation que l'on identifie sans problème, le champ de marée de la Lune sur la Terre s'écrit : .
Et celui du Soleil sur la Terre : .
Simple application numérique de la question précédente.
Pour la marée, la Lune a une influence plus de deux fois supérieure à celle du Soleil.
pages_effet-de-maree/force-maree-sevaluer.html
Positionner le barycentre.
Identifier les champs gravitationnels et le terme lié au référentiel tournant. Faire un schéma.
Ecrire le principe fondamental de la dynamique dans le référentiel barycentrique.
Faire apparaitre dans le terme d'interaction gravitationnelle et négliger devant dans le terme de rotation.
Rappel : 1 AL 63 000 UA.
pages_effet-de-maree/limite-roche-sexercer.html
Énoncer la 3ème loi de Kepler pour le satellite.
La pulsation du mouvement est , avec la période orbitale.
La 3ème loi de Kepler appliquée au satellite, en orbite de demi-grand axe et période , s'écrit :
Comme , on peut supposer que le barycentre du système (planète-satellite) est confondu avec le centre de la planète.
Déterminer les distances respectives de et à la planète.
Force gravitationnelle agissant sur :
Pour un point du satellite à la distance de la planète, l'accélération d'entraînement est
Le terme d'inertie, fonction de la distance à la planète, confondu au centre de masse du système, s'écrit, avec la pulsation de rotation.
D'où, pour chacune des parties du satellite :
Exprimer et en fonction des termes précédemment établis.
D'après ce qui précède, le bilan dans le référentiel tournant s'écrit:
On peut en déduire :
Dans la cadre du modèle, cette force différentielle rend compte de l'effet de marée entre les 2 composantes du satellite.
La force de cohésion provient de l'attraction gravitationnelle entre et .
Force de cohésion produite par l'interaction gravitationnelle entre et , de masse identique et séparés par la distance :
La limite de Roche correspond à l'équilibre entre les forces de cohésion et celle de rupture, due à l'effet de marée.
Le satellite est à la limite de Roche quand on a l'égalité , pour une distance qui provient de :
Comme
Alors
La valeur observée de la limite de Roche est . Elle croît avec le rayon et la masse volumique de la planète.
La limite de Roche pour la Terre, sur un satellite de densité lunaire, vaut (avec le facteur 2.9) . La distance Terre-Lune se montant à 380 000 km, la Lune se situe bien au-delà de la limite de Roche de la Terre.
Limite de Roche pour Saturne et ses satellites :
Limite de Roche pour Saturne et un satellite en formation dans ses anneaux :
Les satellites sont bien en dehors de la limite de Roche, et les anneaux à l'intérieur.
La limite de Roche pour le Soleil vaut
soit de l'ordre de 5.6 fois le rayon du Soleil, et environ 20 fois moins que le périgée de la comète de Halley, qui ne risque pas d'être détruite par effet de marée. Mais il n'est pas rare que des comètes s'approchant du Soleil soient fractionnées.
pages_points-lagrange/stabilite-dynamique-sexercer.html
Tracer une coupe selon une direction, puis l'autre, sachant que L4 est un sommet
Le potentiel est d'allure parabolique. L4 est un maximum.
L'allure de la courbe de potentiel est :
Munir le plan orbital d'un repère cartésien s'appuyant sur L4, et donner la direction du vecteur rotation par rapport à ce plan
La composante de Coriolis s'écrit .
Etant perpendiculaire à la rotation, elle est nécessairement dans le plan orbital. Etant également perpendiculaire au mouvement, supposé radial, elle est nécessairement orthoradiale : elle va induire un mouvement de rotation autour de L4.
Il est nécessaire que cette composante de vitesse, radiale, soit de plus dirigée vers L4.
La composante de Coriolis s'écrit .
Toujours perpendiculaire à la rotation, elle reste nécessairement dans le plan orbital. Etant également perpendiculaire au mouvement, supposé orthoradial, elle est nécessairement radiale.
Afin que cette composante radiale agisse telle une force de rappel vers L4, un seul sens de rotation est possible : vérifier qu'il s'agit d'une rotation dans le même sens que la rotation orbitale.